FAO au Burundi

Quand les interventions de la FAO riment avec la protection sociale au Burundi.

22/10/2015

Dans le cadre de la célébration du 70ème anniversaire de la FAO, le thème choisi pour cet événement spécial est la «protection sociale et agriculture : briser le cercle vicieux de la pauvreté rurale ». La FAO définit la protection sociale comme étant un mélange de politiques, programmes et interventions qui visent à protéger les personnes pauvres et souffrant d’insécurité alimentaire et à les extirper de la pauvreté et de la faim.

Au Burundi, diverses interventions de la FAO concourent directement ou indirectement à cet objectif. Il s’agit entre autres, des activités à Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO) qui accompagnent les travaux d’aménagements, les interventions en matière de lutte contre la malnutrition (particulièrement la promotion des jardins de cases), le petit élevage, les cultures hors sols (pisciculture intégrée et champignons) l’organisation des foires aux semences ainsi que la promotion des Champs Ecoles Paysans (CEP). Souvent, c’est la synergie des approches et interventions qui ont été à la base de l’amélioration des conditions de vie de populations rurales et en tenant compte du genre.

Travaux à Haute Intensité en Mains d’Œuvre (HIMO)

La FAO continue à faire la promotion des activités HIMO à travers différents projets qui mettent en avant surtout les aménagements. Ainsi, ces activités procurent de l’emploi à des populations rurales, permettant in fine, l’accès à des revenus et à la protection sociale.

La création d’emplois temporaires permet également aux groupes vulnérables d’accéder aux ressources, de se regrouper pour initier des activités génératrices de revenu diversifiées mais également subvenir aux besoins sociaux (éducation des enfants, soins de santé etc.).

Lutter contre la malnutrition à travers la promotion des jardins de case

Les jardins de case ou kitchen garden constituent une technologie phare de la FAO. Elle  est en train de contribuer au recul de la malnutrition chronique. Cette technologie est  promue dans tous les coins du pays, particulièrement en province de Ngozi (dans le cadre du projet conjoint FAO-UNICEF, SUN). Dans cette province, plus de 34 484 jardins de case ont été installés et ont contribué, aux côtés des autres interventions, à faire reculer le taux de malnutrition, surtout parmi les enfants. Moins de deux ans après le démarrage de cette initiative, cette province ne fait plus la queue en ce domaine. La protection sociale ne peut pas être effective si les besoins vitaux tels qu’une bonne nutrition ne sont pas satisfaits.

Le petit élevage

La promotion du petit élevage de chèvres, de porcs et surtouts de poules est soutenue par la FAO en vue de diversifier les moyens d’existence et d’améliorer la situation nutritionnelle des ménages des populations vulnérables.

La consommation des œufs et de la viande permet d'améliorer la sécurité alimentaire des ménages et de contribuer à corriger les nombreuses carences nutritionnelles observées surtout chez les enfants en bas âge et les femmes enceintes. En cas de nécessité, les revenus tirés du petit bétail appuient pour les soins de santé et/ou le financement de la scolarité des enfants. La chaîne de solidarité communautaire autour du petit élevage facilite le suivi du bétail et l’expansion de cette initiative dans la communauté environnante.

Cultures hors sols (pisciculture et myciculture)

L’exiguïté des terres est un grand défi pour les populations rurales burundaises. Les conflits fonciers font, de loin, le gros des sujets des cours et tribunaux du Burundi. C’est pour tenter de remédier à ce problème que la FAO fait la promotion des cultures hors sols, en l’occurrence les champignons et la pisciculture. Sources de revenus consistants, ces produits constituent une solution toute trouvée pour une population rurale, pressée par des besoins urgents.

De plus, le développement de la pisciculture intégrée permet aux ménages bénéficiaires d’améliorer la situation nutritionnelle par la consommation de protéines d’origine animale.

Les foires agricoles

Les foires agricoles ont été initiées par la FAO pour pourvoir en intrants agricoles, surtout les semences aux populations rurales vulnérables. Ces intrants constituent un capital de base, qui permet souvent de se préparer aux saisons agricoles. Les aléas climatiques et les déplacements incessants des populations font que cette intervention est perçue comme salvatrice pour elles. De plus, les foires agricoles, lorsqu’elles sont suivies notamment par une saison de pluie prolifique, ont un impact, au moins indirects sur l’accroissement futur des revenus des ménages. 

Les Champs Ecoles Paysans (CEP)

Approche phare de la FAO, les CEP ou Farmer Field School (FFS) ont été introduits en 2008. Elle sert de canaux dans la mise en œuvre de plusieurs projets. Les membres des CEP (entre 20 et 30) contribuent à la dissémination des technologies novatrices dans la communauté. Cette approche vise le développement des capacités paysannes à travers l’apprentissage par action, par observation, par l’expérimentation et la découverte dans leurs propres champs.

 Les agri-éleveurs membres des CEP sont encouragés à prendre leurs propres décisions concernant le fonctionnement de leurs exploitations, dans lesquelles ils mettent en application leurs expériences antérieures et testent de nouvelles technologies. Les échanges et le partage de connaissances entre agri-éleveurs sont fortement stimulés. L’entraide mutuelle, la solidarité et l’accès aux connaissances constituent une forme de protection sociale dont bénéficient les membres des CEP.

 Aussi, les bénéficiaires de la FAO regroupés au sein des CEP et OPA’s bénéficient beaucoup des séances de renforcement de capacités sur des thématiques variés et adaptés à leurs besoins. Ces formations leurs servent notamment à améliorer leurs connaissances en matières de gestion de structures associatives, des ressources naturelles comme l’eau et les sols mais également de s’autonomiser, y compris au niveau social, à travers l’accès aux revenus.

 Signalons que la commémoration du 70ème anniversaire de la FAO coïncide avec la célébration du 35ème anniversaire de la Journée Mondiale de l’Alimentation. Comme en 1945, la FAO considère qu’investir dans l’agriculture reste le moyen le plus efficace pour sauver les gens de la pauvreté dans les zones rurales. A noter enfin que ces deux anniversaires interviennent dans la foulée du Sommet mondial des Nations Unies sur le développement, tenu à New York en septembre 2015, et au cours duquel 193 pays ont convenu d’un nouvel Agenda mondial pour le développement durable et se sont engagés à éradiquer la faim d’ici à 2030.