FAO au Burundi

LA FAO au Burundi : Intégration de l’approche CEP/FARN / Kitchen Garden dans l’amélioration de l’état nutritionnelle et de la sécurité alimentaire

11/11/2015

L’intégration de l’agriculture et la nutrition est au centre de  certaines interventions de la FAO et de l’UNICEF dans le cadre du  projet Scaling Up Nutrition (SUN) mis en œuvre dans les communes Kiremba, Marangara et Tangara de la province NGOZI. La FAO s’occupe particulièrement  de la production agricole dans la lutte contre la malnutrition des populations vulnérables. Dans ce projet, l’UNICEF, utilise la production agricole,  notamment les légumes, générées par cette technologie novatrice, pour l’éducation nutritionnelle menée à travers les Foyens d’Apprentissages et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARNs). Pour d’amples éclaircissements sur  le rôle de la FAO, le Journal Burundi Eco a approché le Représentant de la FAO au Burundi, Monsieur Mohamed HAMA GARBA pour fournir des détails sur les résultats et impacts de ce projet. .

B.E Le Projet « Scaling Up Nutrition» est mis en œuvre sur base d’une intégration d’une série d’approches, quelles sont ces approches et quelles sont  leurs orientations globales ?

H.G: Effectivement, parler des actions intégrées dans un projet ou programme, c’est parler de la présence dans la zone d’action  d’un certain nombre d’acteurs. Pour le cas du projet Scaling Up Nutrition,  les approches ou actions qui sont utilisées dans ce projet sont l’approche Champ Ecole Paysan, l’approche FARN et l’approche jardin de cuisine, communément appelé kitchen garden.

 Le rôle de la FAO dans ce projet, est de promouvoir une agriculture  sensible à la nutrition,  notamment la culture  des légumes à haute valeur nutritionnelle  à travers les jardins de cuisine ou kitchen garden,   et le renforcement des capacités des petits producteurs par les Champs Ecoles Paysans à vocation nutritionnelle.

Ces actions, côté FAO, cadrent bien  avec les Objectifs Stratégiques de  l’organisation visant à Améliorer la résilience des moyens d'existence face à des menaces ou en situation de crise. Ces objectifs visent également à  Réduire la pauvreté rurale ; Œuvrer à des systèmes agricoles et alimentaires inclusifs et efficaces ; et Contribuer à éliminer la faim, l'insécurité alimentaire et la malnutrition

B.E : Quelles sont les populations ciblées par cette intégration ?

H.G Dans la zone d’intervention de ce projet, ce sont les enfants de  moins de cinq ans, les filles en âge de procréer, les femmes enceintes et  les femmes allaitantes qui bénéficient de notre appui, car  constituant des groupes de personnes très vulnérabilisées par la malnutrition.

B.E : Quel est le bien-fondé de l’intégration de l’approche CEP/FARN / Kitchen Garden ?

H.G :  Il y’a plusieurs niveaux :

Les KG sont des petites parcelles aménagées à l’intérieur de la cour familiale. Elles permettent de produire des légumes à haute valeur nutritive disponibles presque toute l’année et surtout à portée de main de la mère de famille, car ce sont des petites parcelles se trouvant dans ou très proche de la concession familiale. Sa proximité et sa taille  rendent l’entretien facile.

Les Champs Ecoles Paysans (CEP)  : interviennent dans le cadre de la formation des bénéficiaires en technique de confection, d’entretien des kitchen gardens, de la production des légumes, du petit élevage, mais également en matière de connaissance sur la nutrition en général.

FARN quiinterviennent ensuite  à la prise en charge communautaire des enfants malnutris à travers  l’éducation nutritionnelle.

 A ce niveau, nous avons constaté, après des enquêtes menées avec nos collègues de l’UNICEF,  qu’une bonne proportion d’enfants en état de malnutrition pris en charge dans les FARN en sortent généralement guéris, mais rechutent fréquemment dès qu’ils   retournent dans les ménages. Ceci est le plus souvent dû à l’indisponibilité des aliments riches en certains micronutriments comme les légumes. La mise en place des K.G et leur dissémination dans la communauté permettent d’améliorer la disponibilité de ces légumes.

Dans les familles, il devient donc possible de continuer le travail entrepris dans les FARN et éviter ainsi une rechute des enfants pris en charge.

B.E : Comment se fait l’intégration de ces approches ?

 H.G : Le processus d’intégration desdites approches commence  d’abord par une  identification des  acteurs clés au niveau communautaire.

Ensuite, il y’a l’organisation des réunions  de sensibilisation sur les problèmes de malnutrition et puis  un diagnostic participatif des causes de cette malnutrition, entendons par-là les  causes immédiates, les causes sous-jacentes et les causes profondes.  Enfin de compte, on élabore encore de façon participative avec les communautés les  propositions des solutions à ces  causes identifiées. Ces solutions sont  discutées à travers des réunions auxquelles participent ce qu’on appelle les « mamans-lumières », les agents de santé communautaires, les moniteurs agricoles, les chefs de colline et les leaders des Comités de Développement  Collinaire.

L’accès des membres des CEP est prioritairement donné aux ménages avec des enfants mal nourris ayant fréquenté les FARNs.  La production générée dans les Champs Ecoles sert à fournir des produits utilisés pour les démonstrations  culinaires organisées au niveau des FARNs ainsi qu’au niveau des groupes et membres des champs Ecoles. Ces  démonstrations culinaires servent non seulement à la constitution des menus équilibrés, mais aussi à l’introduction de la consommation des aliments à haute valeur nutritionnelle qui, jusque-là, étaient méconnus de la population  locale. Avec cette proche, les ménages  consomment par exemple des épinards riches en fer ; les  carottes riches en vitamines A, les betteraves riches en fer  et en vitamines A. Ils consomment aussi le  soja riche en protéines et des œufs, ce qui ne fait pas du tout partie des habitudes alimentaires des populations ici. Un peu plus de viande avec le petit élevage (poulet, lapins, etc.).

B.E : Concrètement, quels sont les résultats et l’impact de cette intégration 

H.G : 58  facilitateurs  des CEP et des Kitchen gardens dont des moniteurs agricoles, des Agents de Santé Communautaires, et des Mamans lumières, ont déjà été formés dans le cadre de ce projet. Cette formation a permis la création de 53 champs écoles regroupant presque 1590 personnes (à raison de 30 membres par CEP) dans les 3 communes d’intervention du projet.

D’autre part,  plus de 34 484 Kitchen  gardens et  62 FARNs sont déjà installés dans les zones où il existe déjà des Champs Ecoles. Et maintenant qu’il y’a assez de facilitateurs des Champs Ecoles et de FARN formés,  le nombre de ménages atteint sera considérable. L’  objectif initial était d’atteindre 5000 ménages d’ici la fin du projet. Ce nombre est déjà largement dépassé- en moins de 2 ans du projet, suite bien sûr à un grand engouement de la population vis-à-vis de cette approche d’intégration CEP/FARN / kitchen garden. 

En terme d’impact on peut dire que :

  • L’intégration de ces approches a permis la présence      de nombreuses variétés des légumes dans les ménages et sur le marché      local.
  •  Les ménages      qui participent aux CEP et ayant fréquenté les FARN consomment plusieurs      types de légumes.
  •  Il y a      également amélioration de l’état nutritionnel des enfants ayant fréquentés      les FARNs.
  • On enregistre moins de rechutes chez les enfants      ayant fréquenté ces foyers
  • Avec les récoltes des CEP, les bénéficiaires ont      constitué de petits fonds qui leur permettent d’acheter certains      ingrédients supplémentaires pour les démonstrations culinaires

B.E : Quelle est l’ampleur de cette intégration en termes de couverture ?

H.G : Dans les 3 communes d’intervention du projet,  et comme je l’avais du dis tout a l’heure autour de 1600 ménages sont membres des CEP  et 6500  ménages ont eu au moins un enfant ayant fréquenté un FARN.  Ce sont des effectifs importants  prouvant une adhésion massive à cette approche intégrée.

B.E: Y a-t-il des contraintes particulières ? Si oui, quelles sont les  voies de sortie pour les contourner ?

H.G: Eu égard à l’engouement de la population à l’approche CEP et Kitchen Garden, il y’a eu une grande affluence des gens qui veulent être pris en compte dans le projet, malheureusement,  la capacité de les accueillir est limitée. Particulièrement ceux qui demandent des semences. Cependant, nous sommes en train d’installer des CEP spécialisées dans la production de certaines semences, afin d’apprendre à certains de pouvoir produire leurs propres semences. A défaut, nous allons essayer de spécialiser certaines organisations locales en production de semences. L’autre contrainte est liée à la pérennisation des acquis du projet.

 Pour contourner  ces défis, il est envisagé la  promotion des réseaux des CEP, la constitution des AGRs, la mise en place des boutiques de vente d’intrants, et le renforcement des capacités  des acteurs clés au niveau communautaire.