FAO au Burundi

La formation participative au niveau des Centre de Formation et de Démonstration a changé la vie des bénéficiaires

Aménagement des kitchen gardens dans un CFD
04/01/2016

Cette initiation a été faite sous forme de séances de formation et d’animation participative d’un Centre de Formation et de Démonstration(CFDs)  organisé dans le cadre du projet  “Appui à la mise en place et à la gestion de potagers et poulaillers familiaux (PPF) pour l’amélioration de la nutrition familiale au Burundi” du  14 au 18 décembre 2015. Pour précision, le but  de ce projet  est  d’améliorer, diversifier l'alimentation des familles les plus pauvres et  relever leur niveau de vie par des revenus complémentaires issus de la production des légumes dans les micro-jardins potagers et poulaillers dans le cadre de l’intensification  ( cultures et élevage à haute valeur nutritionnelle et générateurs de revenus) des activités agricoles sensibles à la nutrition au Burundi. La formation dont il est question a impliqué, au total, 11 Centres de Formation et de Démonstration (CFD) situés en provinces de Kayanza (communes Kayanza et Gatara), Ngozi (communes Nyamurenza et Ngozi), Kirundo (communes Kirundo et Bugabire), Gitega (communes Gitega et Nyarusange) et Bujumbura Rural (communes Nyabiraba, Kabezi et Mutimbuzi) ont été visités et couverts médiatiquement.

Une formation pratique

Au niveau de chaque CFD, des petites séances de présentation des outils participatifs, notamment des jeux de pierres,  des focus groupes, des sketchs ; des théâtres ; jeux de rôle  et autres ont été faites. La formation était ponctuée d’une animation participative conduite à l’aide des chants et danses. Les participants ont appris différentes typologies de Kitchen Garden (KG). Il s’agit des kitchen gardens en escaliers à 5, 4 et 3 étages avec couvertures des trous entre les piquets à l’aide des sacs en jutes et matériels locaux (eragrostis, branchages des eucalyptus ; feuilles de bananier, et  branches de bambous) ; les kitchen gardens en  sac et en pneu. Ainsi, comme résultat dans chaque CFD, 3 KG en escaliers de 5 étages, 3KG en escaliers de de 4 étages, 3 en escaliers de 3 étages, 5KG en sac, 5KG en panier, 5 KG en pneu et 10 KG en plastique ont été installés. Pour les typologies en escalier, la fermeture des trous entre les piquets   était réalisée comme suit : 1KG en sac  et 2 autres en matériel local.

« Ce  modèle d’aménagement des CFDs en KG  a été conçue pour permettre aux bénéficiaires de faire des choix préférés eu égard à leurs moyens et l’espace disponible »,  a indiqué Speciose NDIKUMANA, spécialiste des jardins potagers à la FAO Burundi.  Les bénéficiaires ont également appris le creusage des compostières destinées à la préparation du compost localement également connu sous le vocable de fumure organique.

 

Soulignons que dans les  kitchen gardens ; les plants  maraichers, tels que les choux, les poireaux, les carottes, les oignons rouges et blancs, les amarantes, les aubergines, les céleris, les tomates et poivrons sont déjà plantés. Lors des animations des groupes les messages portaient sur le rôle des plantes maraichères dans la lutte contre la malnutrition mais également la reconnaissance envers le projet et la FAO pour leur appui.

Selon Mme NDIKUMANA,  l’aménagement des  KG au sein des  CFD’s est  en cours.  Les pépinières maraichères sont en général mises sur pied,  les plants ayant  déjà été repiqués au  niveau des KG. Selon ce consultant, dix communes de la zone cible sont en avance dans l’exécution des travaux au sein des CFD’s. Notons que la formation était couplée des activités de visibilité en préparation à l’élaboration d’un guide Illustré sur le fonctionnement des CDFs et l’installation des kitchen  gardens.

 

Les bénéficiaires témoignent

 

« Nous ne produisions pas de produits maraichers dans notre localité jusqu’au début de ce projet c’est la raison pour laquelle le taux de malnutrition était élevé. Actuellement, ce fléau est en recul car nous n’avons plus de problème d’accès aux légumes », a indiqué’ Mme Béatrice Manirambona de la colline Shinge en commune Nyamurenza. Les bénéficiaires de la formation considèrent que les techniques maraîchères apprises auront l’effet curatif pour eux. « Les cultures maraichères sont pour nous une pharmacie accessible à tous et qui est en train de contribuer à la lutte contre la malnutrition parmi nos enfants »  a souligné M. Aloys Niboye de la colline Shinge en commune Nyamurenza de la province de Ngozi. Le projet est aussi venu faire reculer les maladies carentielles : « Les enfants des populations autochtones Batwa de notre localité souffraient de kwashiorkor. Les actions de sensibilisation pour la production de produits maraichers ont porté des fruits et cette maladie est en recul chez nous », a souligné, Mme Mathilde Nshimirimana, assistante de la zone Cewe « en commune Kirundo.

Les responsables agronomiques sont persuadés que les CFD’s vont appuyer les DPAE dans la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles, surtout en matière de lutte contre la malnutrition. Ces techniques sont très appréciées, car elles sont selon les bénéficiaires, « accessibles aux riches et aux pauvres ». La promotion des KG est « une solution à la malnutrition, pour notre localité caractérisée par l’exigüité des terres. Grâce à la consommation de produits maraichers, les hommes nous trouvent plus belles », a indiqué Mme Prudencienne Nyabenda de la colline Murago en commune et province Kayanza. Daphrose Habonimana, colline Gitwenge, commune Gatara a la même appréciation : ‘Nos corps étaient desséchés, mais grâce à la consommation de légumes, regardes combien je suis belle.

Dans certaines localités ce n’est qu’avec le projet qu’ils ont commencé à consommer certaines légumes. Déogratias Nibirantije de la colline Rusuguti, commune Ngozi affirme avoir offert généreusement son terrain au CFD, convaincu qu’il allait effectivement « profiter à un plus grand nombre ». Les légumes sont devenus disponibles avec le projet : « Que ce projet soit étendu à d’autres localités. Avant, pour préparer mon repas, je cherchais et la farine et les légumes. Actuellement, je n’achète plus que la farine car je produis des légumes en suffisance’ a indiqué M. Dieudonné Nduwayo, de la colline Biziya, commune Nyarusange. Avec le projet les bénéficiaires ont abandonné les  mauvaises  pratiques : « Avant, nous croyons que consommer des patates douche et des haricots suffisait comme menu. Grâce aux leçons apprises au CFDs, nous sommes en train de compléter ce repas avec des légumes et notre santé s’est améliorée », a souligné Mme Espérance Niboye de colline Yaranda en commune Kirundo. Les kitchen gardens sont aussi venus résoudre le problème de terre notamment chez les minorités Batwa: « Nous les Batwa avons accueillis avec joie ce projet. Comme nous avons de petits lopins de terres, l’installation de jardins potagers est une solution à la lutte contre la malnutrition, a indiqué M. Salvator Niyongendako de la colline Mwumba, commune Nyabiraba. Les bénéficiaires promettent de partager avec les autres villageois les connaissances apprises. Les CFDs constituent un pôle d’attraction pour  le reste de la communauté. 

Selon Mme Ndikumana de la FAO, le CFD ne sert pas uniquement à lutter contre la malnutrition, il est également « un lieu de rencontre qui sert à l’amélioration des rapports sociaux et la résolution pacifique des conflits entre populations rurales isolées ».