FAO au Burundi

FBSA Moso : une appréciation positive de la Coordination et des bénéficiaires

29/01/2016

Depuis son lancement en novembre 2013, le Programme FBSA Moso enregistre des progrès importants dans ses activités centrées sur les quatre piliers de la sécurité alimentaire promouvant une approche multi acteurs ou multipartenaires. Bien de réalisations sont visibles sur terrain et les bénéficiaires témoignent de l’avantage déjà tiré des actions menées conjointement par les partenaires aux compétences complémentaires (ONGs de droit belge collaborant avec les organisations de la société civile au niveau local, organisations multilatérales (SNU) et bilatérales (CTB)». La FAO appuie le MINAGRIE à assurer la mission de coordination des interventions des différents partenaires qui sont le  Fonds d’Equipements des Nations Unies (FENU ou UNCDF pour United Nations Capital Development Fund) avec les trois communes, Caritas International Belgique/Soprad, Croix Rouge  Belgique/Croix Rouge du Burundi ; Louvain Coopération au Développement/UCODE-AMR, WSM Solidarité Mondiale/AGAKURA/ADISCO, et du Collectif Stratégies Alimentaires/CAP. Lors d’une tournée de la Coordination du Programme en novembre 2014, bien des réalisations étaient remarquables et les bénéficiaires étaient ravis d’être trouvés à l’œuvre. En novembre dernier, la Coordination du Programme a pu visiter certains bénéficiaires pour notamment les entendre témoigner du stade atteint et de  l’impact que le projet a déjà eu sur eux.

La Coordination du Programme, se réjouit des résultats déjà atteints.  « Les différentes activités menées se traduisent par l’augmentation de la production agricole et celle des revenus. Les meilleurs bénéficiaires commencent à acheter des parcelles agricoles, des animaux et à épargner », a indiqué,  M. Nabor BARANCIRA, Coordinateur de ce Programme, reconnaissant tout de même la multiplicité des activités et la complexité du travail de coordination pour amener tous les partenaires à travailler et penser en termes de programme et non de projet en assurant la cohérence et la cohésion au moment de la planification, de l’exécution et du rapportage. Selon lui, le pas franchi est déjà « appréciable » surtout que les équipes de terrain sont soudées  et logées dans le même bâtiment à Ruyigi avec partage des frais de même que dans les communes. Ce qui permet des contacts et échanges quotidiens. Des synergies/complémentarités sont développées entre différents acteurs d’abord au cours des réunions mensuelles de planification et de suivi et ensuite au cours de la mise en œuvre sur terrain.

Beaucoup de travaux sont à l’actif de ces organisations. Le Coordinateur du Projet cite notamment la production de semences certifiées (bases et commerciales) par les exploitants eux-mêmes; la mise sur pied de boutiques d’intrants fonctionnelles, l’introduction du transport par les ânes; la promotion des exploitations familiales intégrées (EFI) par approche « intégration agro-sylvo-zootechnique (IASZ) couplées avec la lutte anti-érosive (courbes de niveau avec plantation d’herbes fixatrices) et l’agroforesterie, lescompostières, la diffusion de caprins à travers la chaîne de solidarité communautaire (CSC) et l’utilisation de foyers améliorés dans les ménages, la relance des Centres d’Enseignement des Métiers(CEM) avec plusieurs filières dont des non traditionnelles et l’accompagnement d’un entreprenariat local pour les lauréats des CEM et les artisans; la structuration des groupements qui débouche sur l’accès au crédit grâce à la caution solidaire, la lutte contre l’ignorance et l’obscurantisme par le démarrage d’une composante alphabétisation fonctionnelle ciblant prioritairement les femmes, la naissance de groupes d’autopromotion autour de tontines IGG (Imirwi yo Gushigikirana no Gufatana mu nda)et la prise en charge communautaire de la malnutrition à travers les Foyers d’Apprentissage et Réhabilitation Nutritionnelle(FARN) et la généralisation de jardins de cuisine. Cette appréciation est bien reflétée dans les témoignages de bénéficiaires contactés.

L’Artisanat, un volet prisé par les bénéficiaires

Pour ce volet, la mission s’est rendue, entre autres localités,  à Rusange (commune Gisuru) pour se rendre compte des progrès réalisés par un artisan modèle détenteur d’un garage. NIRERA Serges, l’artisan,  avait suivi une formation en outils de gestion lui donnée par ADISCO. « La formation que j’ai suivi et dispensée par ADISCO m’a été très utile. Auparavant j’avais commencé avec environs 100.000 Fbu, mais j’ai pu gagner à tel enseigne que j’ai pu fonder ce garage dans lequel j’effectue des réparations de vélos et de motos pour la communauté. J’attends même un crédit pour avoir des pièces de rechange plus importantes telles que les pièces pour moteur, les générateurs, et autres », a indiqué NIRERA.

Les revenus de son activité lui ont même permis de s’acheter une vache. Il a tellement renforcé ses capacités qu’il réalise d’importantes réparations et encadre même certains membres de sa communauté qui le sollicité : « je peux maintenant réparer des générateurs, des motopompes et des groupes électrogènes. J’encadre actuellement quatre personnes qui m’ont demandé de leur apprendre la réparation », a-t-il  indiqué.

La fabrication du savon est une autre activité  visitée au centre d’enseignement des métiers de  la commune  Gisuru. Le centre héberge les métiers tels que la menuiserie, la couture, la soudure, la fabrication des savons, la mécanique vélo/moto. Auparavant, il y avait aussi la vannerie et l’apiculture, mais ces sections ont été interrompues, faute de candidats. Le centre a déjà formé 71 lauréats pour deux promotions. La troisième promotion est en cours de démarrage. Après la formation, les lauréats vont démarrer leurs propres microprojets, mais partent avec un kit de démarrage remboursable », a indiqué le  Directeur de ce centre, M. Etienne Ntakarutimana. Les filles ont plus d’engouement à la couture et à la savonnerie, alors que les garçons se tournent souvent vers la mécanique et la soudure », a souligné le Directeur du Centre. Les candidats doivent avoir le niveau de sixième année d’études primaires ou au-delà.

A part les métiers déjà cités, le Programme entend appuyer une coopérative démarré en Aout 2015 et qui qui vend le matériel de couture tel que les doublures, les fils, les tirettes, les rubans élastiques, les ciseaux, les pagnes pour dames, etc. « Notre coopérative progresse bien. Par exemple, nous avions commencé avec un seul rouleau de doublure, mais nous en avons sept », a souligné Mme Dorothée NIYONKURU, membre du comité de surveillance de la coopérative. Cette Coopérative attend un appui sous forme de leasing. Avec celui-ci, la Coopérative entend même mettre dans sa boutique des pièces de rechange pour les machines à coudre. « Pour le moment, celui qui a besoin de ce matériel doit aller les acheter à Mwanza en Tanzanie », a indiqué Mme NIYONKURU.

L’agriculture et l’élevage, base de survie des ménages

L’élevage est une autre activité appuyée par le Programme FBSA Moso. A Ntende (commune Gisuru), l’équipe de Coordination  du Programme a visité un éleveur appuyé par Louvain Coopération. M. Venant NIMPAGARITSE, l’éleveur,  gère une étable de vaches parmi lesquelles deux qui lui ont été attribuées par le programme sous forme de crédit remboursable sur une période de deux ans. Le Programme lui est très utile : «  L’une des grands bienfaits de ce programme est qu’il nous a permis d’avoir du fumier. Nous avons même pu fertiliser nos champs de haricots et de maïs ».  

NIMPAGARITSE possède deux grands et verdoyants champs de manioc. Une d’entre eux est étalé sur deux hectares ; l’autre  sur un peu plus d’un hectare. Il a installé ces champs en tant que multiplicateur des semences. « Je fertilise aussi mes champs de manioc avec le fumier que j’obtiens de mon élevage. Je gagnerai beaucoup à partir de la récolte et même des boutures de manioc, c’est de l’argent. Ma famille ne souffrira pas de faim », a-t-il souligné.

Alphabétisation des adultes

Telle est un des autres volets explorés suivi par UCODE au Centre d’alphabétisation de Bugama. Réunis en classe,  les bénéficiaires ont été trouvés en train d’apprendre à lire et à écrire. « Vous nous visitez, au moment où nous sommes à la vingt-deuxième leçon centrée sur la thématique de l’épargne », a indiqué Cyrille BAREMERWA, un instituteur du Centre. Les bénéficiaires apprennent deux  jours par semaine, précisément deux heures par jour. C’est une formation de six mois basée sur la méthodologie fonctionnelle d’enseignement des adultes agréée par l’UNESCO et adaptée au système d’enseignement national.  

« Quand je suis venu à ce centre, je ne savais ni lire ni écrire. Celui qui ne sait pas lire et écrire, est en deçà du développement. Maintenant, je sais comment gérer et épargner mes petites récoltes suites aux autres connaissances que l’on nous donne ici», a indiqué Gordien SIBOMANA, un des personnes en cours de formation. « Même si j’ai été élu, je ne savais pas lire. Pour le moment,  je sais déjà écrire certaines choses», a indiqué Marthe NYANZIRA, un autre bénéficiaire.

Un hangar pour la sécurisation des récoltes

Ce genre d’activité a été visité au centre communal Gisuru, précisément au sein de la coopérative TUGIRURUNANI TWITEZIMBERE qui gère un hangar de stockage. Les membres de cette association ont, avec l’appui de CAPAD, d’abord eu leurs capacités renforcées notamment en matière de gestion des organisations sur plusieurs plans. La coopérative fonctionne grâce aux contributions des membres et aux crédits de la COOPEC. « Cette coopérative perçoit un kilo sur cinquante stockés par un membre, et deux kilos stockés par un non membre. Celui qui amène sa récolte pour conservation dans le hangar doit également amener le produit lui exigé pour la lutte contre les parasites », a indiqué, Bernard NDAYEGAMIYE, membre de la coopérative.  La coopérative est très bénéfique pour les membres qui améliorent leurs moyens de vie.  « Cette coopérative a été salutaire pour moi. Elle m’a donné deux cent mille  francs,  une somme qui m’a permis d’acheter quatre chèvres. Maintenant, j’en ai douze ; elles ont mis bas à des jumeaux. J’ai  pu rembourser ma dette par la vente de mes récoltes. En contractant un autre crédit de six cent mille francs, j’ai pu acheter trois taurillons. J’obtiens beaucoup de fumier et je suis confiant que je rembourserai sans aucun problème,  a indiqué NDAYEGAMIYE,  précisant  qu’il est maintenant un des multiplicateur de semences, grâce à ses revenus ».

D’autres bénéficiaires ont aussi une appréciation positive de cette infrastructure.  « Le hangar nous est d’une grande utilité, maintenant, le kilo de haricot peut coûter entre 250 et 600 francs. Celui du riz varie de 450 à 800 francs, ce qui n’était pas le cas auparavant. Au départ, nous croyions que l’on allait voler nos récoltes dans le stock, mais ceci  n’était pas vrai », a indiqué un autre membre de la coopérative ».

« Nous sommes arrivés à une étape satisfaisante. CAPAD nous a enseigné à conserver nos récoltes. Auparavant, nous gaspillions ce que nous avions récolté. Grâce au crédit de  cent mille franc que l’on m’a donné, j’ai pu cultiver le haricot pour la saison dite ‘impeshi’ (saison cultural B). J’ai pu conserver au hangar quatre-vingt kilos, a indiqué  un bénéficiaire du nom de Mpfayokurera. J’aspirais avoir une parcelle et j’ai pu, l’avoir. J’avais aussi acheté un vélo, il fonctionne encore et facilite mes déplacements. Pour le stockage et très bientôt, le hangar ne va plus suffire», a souligné un autre bénéficiaire.

Les bénéficiaires témoignent qu’ils se sentent de plus en plus autonomes et saluent l’appui leur ayant donné cette capacité. « Cette commune Gisuru, vous l’avez sauvé de l’esclavage à travers  CAPAD. Cette organisation  doit être applaudie. Même si je sens quelque difficultés pour le moment, serai satisfait avec la récolte », a souligné un autre membre de la coopérative. « L’on nous enseigne de ne pas toujours compter sur les gratuités, surtout pendant cette période de crise au Burundi. Avec la formation reçue, nous pouvons suivre et gérer  nos affaires », a indiqué le président  de la coopérative.