FAO au Cameroun

Des champs pour encourager l’agriculture familiale dans l’Extrême Nord du Cameroun

22/04/2020

Sur fond de menace d’insécurité alimentaire et nutritionnelle[1], la FAO Cameroun a accompagné la mise en place de Champs écoles paysans.  Grâce à ce dispositif, les petits producteurs appuyés pourront contribuer à l’amélioration de la disponibilité alimentaire à l’échelle locale : une meilleure productivité et une production locale accrues seront ainsi obtenues.

Le contexte socio-politique des six dernières années dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun a favorisé l’installation d’Organismes internationaux qui travaillent au quotidien à la mobilisation des ressources, en vue de venir en aide aux populations vulnérables. Il s’agit principalement des personnes déplacées internes, des réfugiés, retournés et membres des communautés hôtes, victimes des affres perpétrés par la secte Boko Haram.

L’un des projets phares de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans la région s’intitule « Sécurité alimentaire et normalisation des conditions de vie des populations retournées, déplacées et vulnérables dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun ». Sur financement du Fonds central d'intervention d'urgence des Nations Unies (UNCERF), ce projet vise d’une part à former des producteurs aux techniques agricoles et d’autre part, à créer des Champs écoles paysans (CEP) dans les différentes zones d’intervention.

Le champ école paysan est un cadre d’échanges regroupant vingt à vingt-cinq personnes, réunies au cours d’une saison culturale afin de suivre le développement d’une culture et apprendre à résoudre les difficultés liées à l’organisation, la production et la gestion. Il s’agit d’une méthode de formation et de vulgarisation participative dans laquelle les champs sont les premières ressources andragogiques et où les agriculteurs apprennent à partir des faits observés. A l’Extrême-Nord, les bénéficiaires ont ainsi pu développer des spéculations en cultures maraichères (carottes, tomates, oignons, morelle noire, gombo) avec l’accompagnement technique du partenaire de mise en œuvre et du gouvernement, à travers le Ministère de l’Agriculture et du développement rural (MINADER).

C’est ainsi que dix groupes CEP ont été constitués dans cinq arrondissements des trois départements d’implémentation du projet à savoir le Mayo-Tsanaga, le Mayo-Danay et le Logone-et-Chari. Pour une cible de départ planifiée à 500 personnes, l’activité a finalement suscité l’intérêt de 587 bénéficiaires. 253 femmes et 334 hommes que les CEP ont enrichis de nouvelles pratiques telles que la fabrication de bio-pesticides, le compostage et l’analyse agroécosystème pour ne citer que celles-là. De plus, les champs écoles paysans ont permis d’intégrer et d’impliquer des personnes en situation de handicap dans les différentes activités liées à la production, favorisant ainsi leur autonomisation. Par-dessus tout, les CEP ont constitué un cadre de rapprochement des communautés, une plateforme d’échanges constructifs autour de sujets d’intérêt commun, avec à la clé le partage de pratiques ancestrales, contribuant à la cohabitation pacifique ; bien au-delà des replis identitaires et ethniques, ainsi que des spécificités religieuses, les bénéficiaires travaillent ensemble pour atteindre des résultats communs.  

Selon Reine Deudjeu, Spécialiste CEP pour la FAO dans la région de l’Extrême-Nord, les défis rencontrés sont davantage matériels. « L’une de nos difficultés majeures est le manque de matériels adéquats pour l’irrigation, la zone d’intervention se trouvant dans la partie soudano-sahélienne, avec un sol très aride », confie-t-elle. Un autre défi concerne la promotion de cette activité, de sorte qu’au terme de l’accompagnement, les communautés bénéficiaires soient effectivement autonomes. A ce sujet, Madame Deudjeu ajoute : « nous y croyons fermement et souhaitons par ailleurs dans la mesure du possible, mettre en place les autres piliers de la caisse de résilience qui sont vraiment intéressantes pour les activités génératrices de revenus ». Ces autres piliers incluent une dimension financière telle que l’accès aux crédits et une dimension sociale à travers notamment la création d’un groupement ou d’une association. Les trois dimensions sont complémentaires (en plus de la dimension technique en cours à travers les CEP), et permettront d’accroitre les opportunités socio-économiques des bénéficiaires tout en facilitant leur préparation aux risques multiples.



[1] Source : résultats de l’analyse Cadre Harmonisé, mars 2020