FAO au Cameroun

Un projet d’urgence pour améliorer la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables à Logone Birni, Cameroun

30/06/2022

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutient le gouvernement camerounais pour le relèvement des ménages les plus vulnérables touchés par les violences intercommunautaires dans cet arrondissement de la région de l’Extrême-Nord.

Les kotokos, arabes choas, mousgoums et massa sont les quatre principales communautés qui peuplent l’arrondissement de Logone Birni et se partagent sur un même espace, les trois activités majeures de la zone que sont l’élevage, l’agriculture et la pêche.

L’agriculture extensive, peu performante et consommatrice d’espaces agraires est pratiquée par près de 80% de la population locale, exerçant ainsi une pression accrue sur les ressources naturelles du lac Tchad. L’élevage quant à lui est caractérisé par des effectifs de troupeaux et des ressources fourragères rares. De plus, les phénomènes de changement climatique qui se traduisent par une pluviométrie en baisse année après année forçant la résilience des populations, ont réduit le nombre et le volume des mares, la charge en poissons et la production agropastorale. Ces multiples facteurs ont poussé les pêcheurs à adopter des techniques de pêches inadaptées voire interdites, qui provoquent des incidents et/ou des accidents au moment de l’abreuvement des animaux et font naitre des conflits entre pêcheurs, éleveurs et agriculteurs.

C’est dans ce contexte qu’ont éclaté de violents affrontements le 5 décembre 2021, entre les communautés mousgoum et arabe choa dans l’arrondissement de Logone Birni. Ce conflit qui s’est par la suite disséminé dans le reste du département du Logone-et-Chari, a eu d’importantes répercussions sur le quotidien de plus de 27 000 personnes[1], obligées de fuir les violences en laissant derrière elles leurs moyens d’existence. Avec l’amélioration de la sécurité dans les zones d’origine, des retours progressifs sont enregistrés. Au 22 février 2022, une évaluation multisectorielle a fait état de 1 428 ménages retournés dans 48 localités.

Soutenir le relèvement des ménages les plus vulnérables

C’est dans cet environnement qu’intervient la FAO par le projet d’appui d’urgence pour améliorer la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables,touchés par les violences intercommunautaires à Logone Birni. Les cibles sont des ménages issus de populations déplacées internes, retournées et membres des communautés hôtes de l’arrondissement. A travers ce projet, la FAO vise à réduire l’insécurité alimentaire d’au moins 1523 ménages, par la restauration de leurs capacités productives.

La cérémonie officielle de lancement des activités dudit projet s’est déroulée le lundi 27 juin 2022 à l’esplanade de la sous-préfecture de Logone Birni. Elle était présidée par Gabriel Mbairobe, Ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER), ainsi que le Dr Taiga, son homologue au ministère de l’élevage, des pêches et industries animales (MINEPIA) et le Dr Athman Mravili, Représentant de la FAO au Cameroun. Pour les accompagner, les autorités administratives et traditionnelles régionales et locales, ainsi que les acteurs humanitaires intervenant dans la région de l’Extrême-Nord.

Dans son allocution, le Dr Taiga a insisté sur le message de paix porté par la délégation en mission aux populations locales, « parce que sans la paix, on ne peut rien produire ». C’est aussi pour cette raison que le renforcement du système communautaire de gestion des conflits liés aux ressources naturelles constitue un des axes prioritaires dans la mise en œuvre de ce projet. Les autres axes d’interventions autour de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, « selon une approche communautaire très participative et inclusive dans l’optique de contribuer non seulement à l’amélioration des moyens de vie des populations mais aussi de consolider la paix sociale au sein de nos communautés », a renchéri Athman Mravili pour la FAO.

Ne laisser personne en arrière

« La FAO par le lancement de ce projet vient une fois de plus manifester sa volonté d’accompagner le gouvernement camerounais pour voler au secours des populations vulnérables, lutter contre la pauvreté et éradiquer la famine », a déclaré le Ministre Gabriel Mbairobe dans son discours de circonstance. Pour soutenir le gouvernement camerounais dans la réponse à cette crise, l’Organisation a mobilisé 500 000 USD de ses ressources propres. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un Programme de coopération technique; à cet effet, l’Organisation apportera au pays, différentes formes d’expertise à travers son personnel, sous la double tutelle technique du MINADER et du MINEPIA qui travailleront avec la FAO à la réalisation des activités sur le terrain.

Les conflits intercommunautaires et les déplacements qu’ils créent sont une cause majeure de faim et d'insécurité alimentaire pour de nombreuses personnes dans le monde. Les projets de la FAO comme celui-ci visent à en réduire les effets, en donnant des moyens d'action aux victimes et aux communautés d'accueil et en améliorant leurs moyens d’existence grâce à un meilleur accès aux ressources. La réalisation d’un monde #FaimZéro requiert de travailler à la réduction des conflits et aider les communautés rurales en crise à être résilientes et autonomes.



[1] 25.706 personnes déplacées internes dans les arrondissements de Kousseri, Logone Birni, Makary, Waza et Goulfey et 1.785 personnes réfugiées vers le Tchad