FAO au Cameroun

Lutte contre la dégradation des terres : Un projet pour les régions du Nord et de l’Extrême-Nord voit le jour

08/05/2023

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) accompagne le gouvernement du Cameroun dans sa mise en œuvre du mécanisme de Neutralité en matière de dégradation des terres (NDT).  

Au Cameroun, le Nord et l’Extrême-Nord font partie des régions confrontés aux défis de la dégradation des terres, des écosystèmes et du changement climatique. Cette zone soudano-sahélienne a été écologiquement évaluée comme étant la plus fragile avec près de 5 millions d'hectares de terres fortement dégradées. En effet, la forte exposition de ces régions à la sécheresse et aux pluies irrégulières provoque des pénuries d'eau qui entraînent une réduction de l'humidité des sols et une érosion des sols.Comme causes directes, les pratiques agricoles et d’élevage non durables, la surexploitation du bois pour la production de charbon, la mauvaise gestion des incendies et les changements climatiques. Indirectement, la croissance démographique, les conflits fonciers et l’insécurité contribuent également à cette dégradation de ces terres.   Si aucune action est prise,les rendements des cultures pluviales telles que le riz, l’oignon, le maïs et l'arachide, etc., devraient chuter de manière significative d'ici 2050.

Pour résoudre ce problème, le Cameroun s'est engagé à restaurer plus de 12 millions d'hectares de paysages déboisés et dégradés à travers le pays d'ici 2030 dans le cadre de l'initiative AFR100 [1]. A travers cette initiative, le Cameroun a défini ses objectifs nationaux volontaires de neutralité de dégradation des terres et cherche à les atteindre en suivant une approche de mise en œuvre municipale, qui préconise que 90 % de ses communes dans les « zones prioritaires[2] » luttent contre la dégradation des terres et atteignent la neutralité.

C’est dans cet environnement qu’intervient la FAO par le projet intitulé « Promouvoir la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) et l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre dans les paysages de production de la zone agro écologique soudano-sahélienne du Cameroun ». Pour le budget d’un milliard trois cent vingt millions FCFA, il vise à renforcer les techniques de restauration des terres agricoles pour lutter contre les facteurs de la dégradation, afin d’augmenter la fertilité des sols, la production des cultures et de fait de maximiser les moyens de subsistance ruraux durables, en intégrant les aspects environnementaux et de changements climatiques.

Le Ministre de l'environnement, de la protection de la nature et du développement durable (MINEPDED), HELE Pierre a présidé la cérémonie officielle de lancement des activités dudit projet, accompagné du Représentant de la FAO au Cameroun, Dr Athman Mravili, le Mardi 25 avril 2023 dans la ville de Garoua. Y ont pris part, les autorités de la ville de Garoua, les Représentants des administrations publiques et parapubliques, les partenaires techniques et financiers ainsi que les coopératives, les ONGs locales et les populations autochtones.

Dans son allocution d’ouverture, le MINEPDED a indiqué que ce projet « permettra de faire progresser le mécanisme de neutralité dans la dégradation des terres au niveau municipal dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord conformément à la stratégie nationale ». Athman Mravili, Représentant de la FAO a renchéri en soulignant que cette progression se fera « selon une approche communautaire très participative et inclusive dans l’optique de contribuer non seulement à l’amélioration des moyens de vie des populations mais aussi de consolider la paix sociale au sein de nos communautés ».

En effet, outre les axes d’intervention autour de l’agriculture, la pêche et de l’élevage, ce projet vise le renforcement du système communautaire de gestion des conflits liés aux ressources naturelles. Les communes cibles sont Garoua 3, Lagdo et Pitoa dans la région du Nord ainsi que Gazawa, Kaélé et Maga à l’Extrême-Nord.

A l’issue de deux jours d’échanges sur la mise en œuvre du projet, des recommandations ont été formulées parmi lesquelles établir une synergie concertée d’actions avec les initiatives de restauration existantes afin d’éviter des chevauchements d’actions similaires et favoriser l’atteinte efficiente des indicateurs de la NDT.  



[1] L’AFR100 (Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains) est un effort mené au plan national, dont l’objectif est de restaurer 100 millions d’hectares de paysages déboisés et dégradés en Afrique d’ici 2030.

[2] Avec une vue nationale sur l’ensemble du pays et suivant l’analyse du PAN-LCD, un consensus est émergé sur des paysages forestiers les plus dégradés (zones prioritaires) :

  1. La Zone Soudano-Sahélienne- les Régions du Nord et de l’Ouest;
  2. La Zone Forestière Monomodale (Régions Sud-Ouest et Littoral), surtout dans la zone côtière où il y a une forte dégradation forestière, des mangroves et une forte expansion des agro-industries ;
  3. La Zone des hauts plateaux et transition Hautes Savanes – les Régions du Nord-Ouest et de l’Ouest ;
  4. La Zone forestière bimodal en transition au Zone de Hautes Savanes – La Région du Centre.