FAO en Côte d'Ivoire

Sassandra : sensibilisation sur la loi régissant la pêche et sur la préservation des mangroves

15/02/2022

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans le cadre des activités de l'Initiative Pêche Côtière - Afrique de l’Ouest (IPC-AO), a initié une séance de sensibilisation au profit des acteurs de la pêche artisanale de Sassandra sur la loi de 2016 relative à la pêche et à l’aquaculture et sur l'urgence de préserver les mangroves, un écosystème essentiel pour la vie des communautés côtières

A Sassandra, ville côtière située à environ 300 kilomètres d’Abidjan, la pêche artisanale constitue l’une des principales activités économiques. Selon les chiffres du rapport 2020 du bureau de l’aquaculture et des pêches de Sassandra, cette activité génère environ 5 000 emplois directs comprenant 70% de femmes.

Cependant la loi qui régit ce secteur est encore méconnue des acteurs de Sassandra. A l’initiative de la FAO à travers son projet IPC-AO, des séances de sensibilisation ont été organisées les 03 et 04 février 2022 à l’intention des autorités coutumières, des associations de jeunesse, des pêcheurs, des mareyeuses et des transformatrices.

Pour Armand Zegbeu, point focal du projet IPC-AO au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, cette séance vise à mieux faire connaître aux acteurs de la pêche artisanale la loi qui régit ce secteur. « La loi de 2016 vient pallier les insuffisances et les limites de la loi de 1986. Nous avons estimé qu’il était important pour nous de mieux la vulgariser. A cet effet, un manuel a été distribué aux acteurs lors des séances de sensibilisation. J’invite donc les acteurs à se l’approprier et à en tenir compte dans l’exercice de leur activité. Passée l’étape de la sensibilisation, la loi devra être appliquée » a-t-il fait remarquer.

La loi de 2016 est constituée de cinq titres, de 14 chapitres et de 121 articles. Cette nouvelle loi par exemple, en son article 10, interdit de faire usage dans l’exercice de la pêche, de matière explosive, de substances ou d’appât toxiques susceptibles d’affaiblir, d’étourdir, d’exciter ou de tuer les poissons, ou de contaminer leur habitat.

En outre, l’article 30 dispose que les produits des pêches, transformés ou non soient soumis à des contrôles sanitaires et vétérinaires rigoureux. 

Les bénéficiaires de cette sensibilisation ont salué l'initiative. « Cette sensibilisation a été très instructive pour nous. Nous avons appris que la loi nous interdit de pêcher les espèces en voie de disparition. Ces espèces sont les requins marteaux, les dauphins et tous autres mammifères marins » a souligné M. Koranteng Daniel, qui exerce la pêche comme sa source principale de revenus.

M. Kacou Charles Niazou, un pêcheur qui exerce cette activité depuis 25 ans a promis se conformer à la loi en sollicitant une licence de pêche auprès des autorités compétentes. « Je ne savais pas qu’il fallait absolument avoir une licenceavant d’exercer l’activité de la pêche artisanale. Je m’engage aujourd’hui à me mettre en conformité dans les meilleurs délais » s’est-il engagé.

Les mangroves, un écosystème essentiel

Les pêcheurs, les mareyeuses et les transformatrices ont aussi été invités durant ces séances de sensibilisation, à contribuer à la protection et la restauration des mangroves de Sassandra. Ces arbres précieux forment un écosystème particulier qui abrite de nombreuses espèces de poissons, de mollusques et de crustacés. A travers leurs fonction de zone de frayère, les mangroves sont indispensables pour certaines espèces marines comme  les carpes, les silures, les mâchoirons, les crabes et les écrevisses qui viennent y pondre.

« Ces espèces végétales, aux adaptations particulières constituent un gîte important dont la disparition impactera de façon négative sur la reproduction et le développement de nombreuses espèces. D’où l’intérêt de cette sensibilisation pour expliquer l’utilité des mangroves pour les chaînes de valeur des pêches. A terme, les changements de comportement contribueront à inverser les problèmes de réduction des stocks et de diminuer les captures qui ont des répercutions négatives sur l’activité économique des acteurs des chaînes de valeur des pêches » a expliqué Dr Yacoub Issola, Expert National, Coordonnateur du Projet IPC-AO à la Convention d’Abidjan.

Mme Tchriffo Germaine, transformatrice à Sassandra s’est engagée à ne plus utiliser le bois de mangrove pour fumer les poissons. « J’ai remarqué que du fait de la destruction de la mangrove, le poisson se fait rare. Ce qui impacte négativement notre activité. Je m’engage non seulement à ne plus utiliser le bois de mangrove, mais je vais également sensibiliser mes collègues transformatrices à œuvrer à la protection et à la restauration des mangroves » a-t-elle indiqué.

Au total, 80 participants composés d’une vingtaine de pêcheurs et d’une quarantaine de mareyeuses ont pris part aux deux séances de sensibilisation.

Au terme de l’activité, des cache-nez et un dispositif de lavage des mains ont été offerts par le projet IPC-AO aux communautés et acteurs du secteur de la pêche exerçant sur le site du débarcadère de Sassandra en vue de freiner l’avancée de la pandémie de COVID-19.

Pour rappel, le projet IPC-AO qui bénéficie du financement du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) est mis en œuvre par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à travers la Convention d'Abidjan qui travaille sur la composante de la restauration des mangroves.