Les populations de Sassandra sensibilisées aux pratiques de pêche respectueuses de l’environnement.

A Sassandra en Côte d’Ivoire, la pêche est tributaire de la mangrove. Celle-ci joue différents rôles (zone de frayeur, de nurserie, de repos, d’abri, de protection, etc) dans la chaîne de valeur des pêcheries. Les arbres qui la composent, communément appelés “palétuviers”, servent aux pêcheurs pour la fabrication et la réparation des pirogues. Réputé pour apporter une douce saveur et une forte brillance aux poissons fumés, le palétuvier est hélas très prisé par les transformatrices (fumeuses de poissons) pour l’enfumage. Outre les usages dans le secteur des pêcheries, les palétuviers servent aussi de matériaux de construction de charpentes, d’abri, de bois de cuisine, de bois de production du charbon, au lotissement urbain, etc. Ces différents usages ont fait naître dans la région, le commerce du bois de mangrove avec des demandes de plus en plus fortes, provoquant ainsi la destruction de tout ou partie de cet écosystème de marais fragile. En effet, ces bassins de reproduction et de développement de bon nombre de produits de la mer (poissons, mollusques, crustacés, crevettes etc), sont passés de 1.100 km² en 1966 à 99 km² en 2006. Or, de l’abondance et de la bonne santé des mangroves dépend une bonne production de la pêche.

La célébration de la journée mondiale de la pêche, a donc été l’occasion pour l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) d’insister sur les risques encourus par des mauvaises pratiques qui nuisent à l’activité de la pêche au plan économique, environnemental et social. Pour preuve, de Janvier à décembre 2018, la production de poissons à Sassandra, a chuté de 337.212 kg à moins de 200.000 kg. Ce qui représente une baisse de 54% de la valeur marchande du poisson dans la commune.

Cette sensibilisation a été rendue possible à travers le projet Initiative Pêche Côtière (IPC) Afrique de l’Ouest mis en œuvre avec la collaboration de la Convention d’Abidjan, qui exécute le volet gestion durable des mangroves. Le projet IPC existe depuis près d’un an à Sassandra. Il a permis à 60 transformatrices et mareyeuses du débarcadère de Sassandra de renforcer leur capacité en gestion organisationnelle, en comptabilité simplifiée et en business plan. Ces femmes travaillent désormais en synergie au sein d’associations et de coopérative légalement constituées. Ce qui leur permet d’adopter de bonnes pratiques dont la création de four en argile en lieu et place de four métallique explique Mr Koné Aboubakar, Administrateur National du projet à la FAO. Egalement c’est plus de 175 hectares de mangroves qui sont gérés de façon durable en 2020 en vue de la reconstitution du couvert dégradé, la restauration et la protection de l’existant révèle Dr Yacoub Issola coordonnateur du projet mangrove, à la Convention d’Abidjan.

La gestion durable de l’environnement et de ses ressources passe par l’implication forte des acteurs politiques ivoiriens. A cet effet, le Ministère des Ressources animales et halieutiques s’est doté d’un Plan Stratégique de Développement de l’Elevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PSDEPA) 2014-2020, d’un plan national de lutte contre la pêche Illicite Non déclarée et Non réglementée (pêche INN), qui ont pour objectif de réduire la pauvreté et la faim en milieu rural par la création d’emplois a indiqué, Armand Zegbeu, Coordonnateur National du Projet IPC au ministère des Ressources Animales et Halieutiques.

L'Initiative Pêche Côtière (IPC) est un effort mondial visant à préserver les ressources marines et à garantir que les pêcheries côtières contribuent à la sécurité alimentaire ainsi qu'au développement économique et social. Elle fournit un soutien pratique aux pêcheries côtières de six pays : Indonésie, l’Équateur, le Pérou, le Cabo Verde, la Côte d'Ivoire et le Sénégal et est financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).

Pour plus d’informations :

Initiative Pêche Côtière (IPC)

Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM)

Convention d’Abidjan