FAO en Côte d'Ivoire

Lutte contre la déforestation et la sècheresse : La FAO fait découvrir les modèles réussis d’agroforesterie

27/05/2022

En marge des activités officielles de la COP 15, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a organisé une visite de terrain en vue de faire découvrir les modèles réussis de restauration et d’agroforesterie développés par la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) et par un producteur de cacao modèle.

Ainsi, à l’invitation de la FAO, une délégation composée de professionnels et dirigeants d’entreprise, chercheurs, d’enseignants-chercheurs, d’étudiants, de membres de la société civile, s’est rendue, le lundi 16 mai 2022, dans la forêt classée de Yapo-Abbé dans la commune d’Azaguié. Cette forêt, jadis fortement dégradée par l’agriculture et les prélèvement ligneux pour le chemin de fer, a été intégralement restaurée par la SODEFOR grâce à des techniques appropriées. La SODEFOR y expérimente également une association d’arbres d’espèces locales à l’hévéa sur une superficie de 52 hectares. Les plants d’hévéa et les arbres forestiers semblent cohabiter parfaitement.  Selon le Colonel Moumouni Lougué, Directeur de Centre de Gestion d’Agboville, ce modèle d’agroforesterie pourrait être reproduit en zone rurale dans les plantations villageoises d’hévéa. Pour cela, une évaluation plus systématique de ce système agroforestier devrait être entreprise en partenariat avec les institutions de recherche agronomique et forestière. L’avantage serait qu’en plus des revenus de l’hévéa, les producteurs, surtout s’ils ont leurs parcelles sécurisées au niveau foncier, pourraient également bénéficier des bois, à maturité des arbres forestiers», a-t-il fait remarquer.


Le Colonel a également indiqué qu’à la fin de la phase expérimentale, cette technique si elle était confirmée, pourra servir à la reconversion progressive à la forêt des parcelles d’hévéa créées par des contrevenants dans plusieurs des 234 forêts classées que gère la SODEFOR ; Elles couvrent au total un peu plus de 4 millions d’hectares, soit 13% de la superficie du territoire national. Le modèle ne fait appel qu’aux espèces locales d’arbres forestiers: le Niangon (Heritiera utilis), l’Acajou Bassam (Khaya ivorensis), le Makoré (Tieghemella heckelii), etc. sont quelques-uns de ces arbres forestiers utilisées dans la zone d’Azaguié.

 En sa qualité d’entreprise publique, La SODEFOR réalise ces travaux depuis sa création en 1966. A partir de la fin des années quatre-vingt-dix, elle a développé une stratégie de collaboration avec le secteur privé, notamment les industriels du bois qui participent désormais à ces travaux d’aménagement au termes de conventions particulières.

La délégation a par la suite, au sein de la même forêt classée, visité un bloc expérimental d’essai de comportement et de parcelles conservatoires d’une soixantaine d’espèces forestières locales de bois d’œuvre à longue révolution, mis en place et géré par le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) sur 400 hectares depuis 1979. Les visiteurs ont pu y adminer par exemple des pieds de Framiré, de Kapokier, d’Ilomba, de Kondroti, etc.).

La seconde partie de la sortie a consisté à visiter un cacaoculteur, Ambroise N’Koh. Sur un domaine de 50 hectares, il a développé une plantation de cacaoyers de 15 hectares,modèle excellent d’une agroforesterie qui associe plantations agricoles 100% bio et arbres forestiers. Ambroise N’Koh a remporté l’International Cocoa Awards de la qualité 2019-2021, lors du Salon de Chocolat de Paris en Octobre 2019.

Son exploitation comporte outre le cacao, 5 hectares de café, 5 hectares de légumineuses (soja, arachide, etc.) et 25 hectares de réserve forestière.

Justifiant l’intérêt de cette visite de terrain, David Solano, Expert en mobilisation des Ressources au sein de la Représentation de la FAO en Côte d’Ivoire, a indiqué que le pays envisage de restaurer progressivement son couvert forestier à travers la technique de l’agroforesterie. Il a ajouté que la SODEFOR pratique déjà cette technique avec des résultats sont satisfaisants qui peuvent être répliqués chez les communautés dans le domaine rural. L'agroforesterie rend les plantations plus durables, plus résilientes, plus diversifiées et plus productives, avec des productions de meilleure qualité.