FAO en Côte d'Ivoire

Autosuffisance de la Côte d’Ivoire en tilapia : la FAO promeut les systèmes hors sol à eau recirculée et biofloc.

15/09/2022

86% de la consommation de la Côte d’Ivoire en protéine halieutique provient des importations. Le programme FISH4ACP de la FAO en appui aux efforts du Gouvernement veut contribuer à inverser la tendance.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers son programme FISH4ACP a organisé le mercredi 24 et jeudi 25 août 2022 respectivement à Abatta et Gonzagueville dans le District d’Abidjan, une visite de partage d’expériences portant sur deux systèmes de pratiques de l’aquaculture hors sol. Ce sont les systèmes à eau recirculée et biofloc.

L’objectif de cette visite destinée à une vingtaine de pisciculteurs venus de l’ensemble du pays, est de leur permettre de découvrir et de comprendre le fonctionnement de ces deux systèmes de production afin d’en mesurer les spécificités en termes de productivité, de coût d’installation et de rentabilité. 

Justifiant de l’intérêt de cette visite de partage d’expériences, Traoré Foungnigué Epse Djiré, Administratrice Nationale du programme FISH4ACP pour la Côte d’Ivoire s’est voulue formelle : « les études récentes menées dans le cadre du projet FISH4ACP (2021) ont estimé l’offre de produits d’élevage du tilapia à environ 7000 tonnes/an, constituant près de 90% de la production aquacole avec un marché intérieur est fortement dépendant des importations.  C’est un secteur prioritaire pour l’Etat de Côte d’Ivoire que la FAO veut accompagner. » a-t –elle fait savoir.

« Les systèmes hors sol à eau recirculée et biofloc peuvent être une solution à la question de l’autosuffisance de la Côte d’Ivoire en produit halieutiques particulièrement le tilapia. Ces deux systèmes offrent plusieurs avantages. Ils permettent de produire du poisson de qualité et en quantité et offrent l’avantage d’une flexibilité de dimensions, d’une productivité de l’élevage améliorée par le contrôle des conditions de production. En outre, la particularité des structures visitées tient également au fait qu’elles ont été construites au moyen de matériaux quasiment tous locaux, ce qui permet des coûts d’installation relativement bas. » a expliqué Mme Djiré

Cette initiative du programme FISH4ACP de la FAO a été saluée par les pisciculteurs conviés à cette visite de partage d’expérience.

Mamadou Koné, administrateur d’une société d’aquacole dans la région de l’Agneby Tiassa s’est dit heureux de découvrir cette nouvelle technique de production de poisson. « Nous produisons jusque-là, nos poissons dans les étangs. Avec cette technique hors sol à eau recirculée, la production sera plus rapide et en quantité. Mais le problème qui pourrait se poser est celui de l’alimentation en électricité des bassins » a-t-il fait remarquer.

Marie Thérèse Yédagne Epouse Bressouqui tient un ferme piscicole en cage flottante dans la ville de Bonoua s’est félicitée de cette technique qui peut être rentables pour les pisciculteurs. Elle a cependant attiré l’attention sur les difficultés de leur secteur d’activité. « Les difficultés du secteur sont principalement au niveaux des intrants (alevins et les aliments) qui représentent   60 à 70% du coût la production. Pour avoir un kilogramme de poisson de bonne qualité, il nous faut 1,7 kilo d’aliment qui nous revient à plus de 2000 fcfa. »  « En vue de s’assurer la compétitivité des pisciculteurs locaux, nous sollicitons l’Etat pour réduire ou supprimer les taxes sur les intrants. » a-t-elle plaidé.

Formation des acteurs de la chaine de valeur de l’aquaculture du tilapia sur la cartographie des incidences

Une semaine avant cette visite de partage d’expériences, une quinzaine de participants, représentants de coopératives d’aquaculteurs, d’Organisation non Gouvernementale, de la recherche, de microfinance et du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques ont été formés par l’administrateur national du projet pour la FAO, Mme Traoré Djiré Foungnigué. Ils ont eu droit à des exposés et particulièrement des exercices pratiques.

Selon elle, dans le cadre du projet et avec l’appui technique de la FAO, les acteurs de la chaine de valeur ont défini une vision visant à multiplier par neuf la production actuelle de tilapia pour atteindre environ 70 000 tonnes à l’horizon 2031. L’ensemble des activités à mener pendant les 10 ans pour atteindre la vision est défini dans une stratégie opérationnelle.

La mise en œuvre de ces activités se fera en étroite collaboration avec les acteurs de la chaîne de valeur qui participeront au suivi et à l’évaluation régulière du projet.

Pour rappel, le programme FISH4ACP est une initiative mondiale de développement des chaînes de valeur de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), financée par le ministère Fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ) et l’Union européenne (UE) à hauteur de 55 millions de dollars USD pour 12 chaînes de valeurs choisies par un processus sélectif dans 12 pays ACP.