FAO en Côte d'Ivoire

Transformation de produits halieutiques avec les Fours FTT : une délégation malienne à l’école ivoirienne.

30/01/2023

Les transformatrices ivoiriennes exerçants au débarcadère Mohamed VI de Locodjro dans la commune d’Attecoubé ont développé une expertise dans le fumage de poissons avec les Fours FTTs. Cette expertise est régulièrement partagée avec leurs consœurs d’autre pays dont le Mali.

Dans le cadre d’une mission d'échanges et de partage d'expérience organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une délégation malienne composée d'actrices de la pêche, d'agents du Laboratoire de Technologie Alimentaire et de l'Institut d’Économie Rurale étaient en Côte d’Ivoire du 24 au 28 janvier 2023.

Dr Kossobo Abdoulaye Aziz, co-consultant technique dans la coordination du projet à la FAO Mali, qui conduisait la délégation malienne a indiqué que cette mission avait pour objectif de capitaliser les leçons apprises auprès des transformatrices ivoiriennes utilisant les fours FTT ou d’autres fours ou techniques de transformation-conservation du poisson et se partager également les bonnes pratiques.

Ainsi sur le terrain, la délégation malienne a pu s'inspirer de l'expertise ivoirienne du fumage de poisson avec les fours FTT. Les fours FTT sont en effet un système bâti sur les acquis des modèles de fours améliorés existants et qui sont déjà largement adoptés sur le continent africain, tel le Chorkor. Ils sont nés des efforts collaboratifs entre la FAO et le Centre National de Formation des Techniciens des Pêches et de l’Aquaculture du Sénégal. Il comprend un four à braise, une plaque à graisse, un générateur de fumée, et un répartiteur d'air. Cette technique est une réponse au besoin d’améliorer les opérations de séchage et de fumage de poisson à petite échelle.

Les fours FTT permettent également, une commercialisation de produits de meilleure qualité et plus sûrs notamment grâce à l’absence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques/HAP, fournissant en même temps un rendement plus élevé et des pertes après captures marginales.

Transformatrice de produits halieutiques, Sana dite Wony Tiéminta, directrice d’un centre de formation en pisciculture au Mali et membre de l’Union nationale des femmes intervenant dans la filière de la pêche, s’est félicitée de cette initiative de la FAO.

« On a eu l’impression d’être à l’école. C’est une chose d’apprendre les connaissances dans un cahier, c’en est une autre de les pratiquer sur terrain. D’ores et déjà, on a le sentiment d’avoir une solution dans nos bagages pour retourner au pays », a-t-elle indiqué.

« Au Mali, aujourd’hui, nous avons énormément de problèmes, surtout pour l’exportation du poisson fumé à cause du taux élevé de HAP dans nos produits », explique Sana qui pense que le système de four FTT « est la solution à nos problèmes au Mali ».

Selon elle, il serait judicieux de faire venir à Abidjan les jeunes artisans Maliens pour apprendre la technique d’installation des fours FTT, car au regard des défis dans la transformation des produits halieutiques, « c’est une synergie qui s’impose d’elle-même ».

Au Mali, rapporte-t-elle, « c’est principalement les fours traditionnels qui sont utilisés et depuis quelques années, il y a eu les fours Chorkors ». Sinon, généralement, « nous utilisons les insecticides et des produits chimiques pour maintenir le poisson fumé en état pour la conservation ».

Avec cette pratique, « on a de la peine à exporter ce poisson fumé », confie Wony Tiéminta. Cette visite facilitée par la FAO Mali dans le cadre de l’appui institutionnel au gouvernement, est un appui considérable aux acteurs maliens de la pêche artisanale qui pourront se donner les moyens pour avoir des produits compétitifs sur le marché régional.

Pour Koné Aboubakar, administrateur national du projet Initiative Pêche Côtière – Afrique de l’Ouest (IPC-AO) de la FAO qui a facilité cette visite sur le terrain, en Côte d’Ivoire, a fait observer que le projet IPC-AO a pour objectifs entre autres, l’amélioration des conditions de travail des acteurs de la pêche artisanale et la dissémination des bonnes pratiques dans le secteur de la pêche artisanale pour de meilleurs produits de la pêche destinés aux marchés. 

L’Initiative Pêches Côtières (IPC) pour rappelle est une initiative mondiale et collaborative financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), qui rassemble des agences des Nations Unies et des organisations internationales de conservation de la nature pour l’amélioration de la gestion des pêches et la protection de la biodiversité marine dans les zones côtières. Elle vise aussi à offrir une meilleure gouvernance et un renforcement de la chaîne de valeur des produits de la mer.