FAO en Côte d'Ivoire

Prévention et renforcement de la cohésion sociale dans la zone frontalière Nord de la Côte d’Ivoire : des initiatives innovantes de la FAO et de ses partenaires au profit des commuanutés.

05/08/2024

En Côte d'Ivoire, la rivalité entre différentes communautés pour l’exploitation et le contrôle des terres et des ressources naturelles est une source importante de tension qui conduit souvent à̀ des conflits communautaires. Cette pression sur les ressources naturelles est davantage aggravée par le changement climatique et plus récemment par l’arrivée massive de près de 60000 réfugiés venus avec du bétail. Les régions du Bounkani et du Gontougo, dans le nord-est du pays, n’échappent pas à cette réalité.

 Par ailleurs, dans la zone nord-ouest (Odienné), en plus de l’existence de conflits entre agriculteurs et éleveurs, les différentes crises qui ont secoué le pays ont favorisé l’émergence de nombreux jeunes à risque susceptibles d’être enrôlés par les groupes extrémistes. En réponse à ces défis, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires que sont l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)  et le Programme des Nations Unies pour l’Environnent (PNUE)  ont obtenu du Fonds de Consolidation de la paix (PBF) deux projets, l’un dans les régions nord-est et l’autre le long de la bande frontalière de la Guinée.

 Après plus de trois années de mise en œuvre, les deux projets enregistrent des résultats significatifs. Ces résultats ont eu pu être recueillis au cours d’une mission organisée sur le terrain par une équipe de la FAO du 18 au 27 juillet 2024.

Dans la sous-préfecture de Tagadi, située dans le département de Bondoukou, le projet a permis la mise en place d’une zone sylvopastorale de 300 hectares servant d’aire de repos et de pâturage au bétail. Grace à cette infrastructure et les activités de sensibilisation, les conflits connaissent une baisse notable.  De 37 conflits déclarés en 2023, seulement 09 conflits ont été enregistré en 2024 selon le représentant de la communauté peulh. « Avec ce parc, notre bétail a désormais accès à l’eau et à la nourriture. Ce qui nous permet aussi d’éviter les déplacements qui font qu’il y a des dégâts de cultures des agriculteurs Lobi et Koulango », s’est réjoui Sangaré Ousmane, bouvier peul exerçant dans la zone frontalière entre la Côte d’Ivoire, le Ghana, et le Burkina Faso.                                                                                                             

N’Dri Kouadio Clément, le Sous-Préfet de Tagadi, s’est félicité de l’impact positif du projet. « Le parc qui a été délimité sert à la plupart des éleveurs. Ce qui a réduit considérablement les nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs », a-t-il fait observer.

A Songori, (Bondoukou), un forage agricole à motricité solaire a été mis en place pour la desserte en eau de 5 hectares de maraîchers irrigués en plus de la réhabilitation d’un ancien site minier. Cette disponibilité en eau a permis à 47 femmes de produire pendant deux cycles culturaux dans l’année. Cette infrastructure a impacté positivement la productivité et donc renforcé l’autonomisation financière des exploitantes agricoles.  Kouman Atta, l’une des bénéficiaires du projet qui ne cache pas sa joie, prend l’engagement au nom de son groupement de produire toutes les saisons de l’année afin de mettre à la disposition des populations du Gontougo, des produits maraichers frais et de meilleure qualité.

 Dans le Bounkani, trois villages ont bénéficié du projet.  Ce sont Niadegue, Panzarany. Leomidouo. Dans les deux premiers villages, plus de 15 hectares de périmètre rizicole et 6 ha de maraicher ont été aménagés et irrigués. Le chef de village de Panzarany, Ouattara Mamourou, visiblement heureux n’a pas manqué de témoigner sa reconnaissance à la FAO.  « Depuis plus de 10 ans nous n’avons jamais eu autant de sacs de riz et de légumes. Voilà que maintenant nous allons manger jusqu’à la prochaine récolte. C’est grâce à ce riz que nous arrivons à manger sans payer de riz et aider les réfugiés qui sont avec nous. Tout le monde est content. On demande à la FAO de faire la même chose pour le deuxième bas-fond et de construire le barrage ».

Dans la zone nord-ouest précisément à Gleleban (région du Denguélé), deux groupements maraîchers ont bénéficié d'un appui technique agricole, de semences et d’intrants ainsi que de 2 motopompes. Les superficies emballées sont passées cette année de 2,5 à 5,5 hectares de maraîcher. Les membres de ces groupements ont diversifié leurs sources de revenu en cultivant 10 hectares de riz pluvial et 1 hectare de manioc. En outre, en vue de favoriser l’insertion professionnelle de 45 jeunes à risque, 5 étangs piscicoles de 400 ares ont été terrassés.  En plus des bénéficiaires initiaux, cette ferme servira à la formation de 25 jeunes volontaires promoteurs de paix.

Malgré ces résultats, certains défis demeurent selon les autorités locales. « Nous saluons cet appui de la FAO qui va contribuer à améliorer le niveau de revenu des femmes des différents groupements qui, par ailleurs du fait de la qualité de l’axe routier, parviennent à écouler facilement leurs produits. Cependant, nous plaidons pour la pérennisation des acquis par la construction de forages afin de mieux maitriser la question de l’eau. Dans notre localité, la saison sèche est un peu longue. Ces forages permettront à ces femmes de produire sur les 12 mois de l’année », a plaidé Théophile Coulibaly, le Sous-Préfet de Gbeleban.

Un plaidoyer appuyé par le Sous-Préfet de Tagadi qui sollicite en plus de l’unique forage installé dans le parc à bétail, d’autres forages afin de permettre aux bovins de s’abreuver et de s’alimenter sereinement sans qu’ils soient tentés de s’introduire dans les champs d’igname et d’anacarde.