Directeur général QU Dongyu

Acteurs du changement – Faire en sorte que tous les pays d’Asie et du Pacifique soient plus dynamiques, plus sains, plus prospères et que leur situation soit globalement améliorée

Éditorial de M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

20/02/2024

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Nous savons tous que nous vivons dans un monde en évolution. C’est particulièrement flagrant dans la vaste région que constituent l’Asie et le Pacifique. Ces 20 dernières années, les économies de nombreuses nations de la région ont quitté la catégorie des pays les moins avancés pour rejoindre celle des pays à revenu intermédiaire. Toutefois, les changements positifs qui aident à rendre nos vies meilleures, plus saines et plus prospères n’interviennent pas au même rythme dans tous les pays, et dans certains cas ne sont pas répartis équitablement au sein d’un même pays.

D’un côté, l’Asie et le Pacifique abritent désormais trois des cinq plus grandes économies mondiales qui, avec d’autres pays de la région, contribuent à nourrir une bonne partie du reste du monde – ces pays concentrent en effet la majorité de l’aquaculture, de la production rizicole et du secteur des protéines en croissance rapide.

D’un autre côté, la faim reste très répandue dans certaines zones de la région: plus de 371 millions de personnes sont sous-alimentées en Asie et dans le Pacifique, soit la moitié de la population mondiale. Près de deux milliards de personnes n’ont pas les moyens de s’offrir une alimentation saine. Malgré des progrès considérables, la pauvreté reste un problème pour de nombreuses familles. Parallèlement, les inégalités persistent entre les pays et en leur sein, entre les hommes et les femmes, pour les jeunes et les populations autochtones, et entre les villes et les zones rurales.

Afin de relever ces défis, la FAO cherche de plus en plus à tirer parti de la science et de l’innovation, y compris des nouvelles technologies – surtout les solutions numériques – développées dans les secteurs public et privé, en particulier dans le cadre des quatre priorités régionales définies en vue de parvenir aux quatre améliorations (en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, sans que personne ne soit laissé de côté).

Priorités régionales de la FAO pour l’Asie et le Pacifique

La première priorité de la FAO pour l’Asie-Pacifique est de transformer les systèmes agroalimentaires de la région afin qu’ils soient plus efficaces, plus inclusifs, plus durables, et qu’ils donnent accès à une alimentation saine à un coût plus abordable. Accroître la production agricole est incontournable si l’on veut assurer la sécurité alimentaire et nutritive, mais le processus pour y parvenir doit être respectueux du climat. Dans cette optique, nous aidons les pays à renforcer la résilience et l’adaptation face au climat, à développer l’agriculture bas‑carbone, à moderniser les systèmes semenciers, à mettre en œuvre une gestion agricole intégrée, à maîtriser les nuisibles et maladies transfrontières, à diffuser les bonnes pratiques agricoles et à assurer des transferts de technologies à l’intention des petits exploitants et des exploitants familiaux. Nous encourageons aussi les communautés locales à adopter une numérisation et une mécanisation accrues.

La deuxième priorité régionale est d’accélérer la gestion durable des ressources naturelles, aux fins de la conservation de la biodiversité et de l’action climatique. La FAO joue un rôle de chef de file dans la mise au point d’une nouvelle génération d’analyses et d’outils à l’appui de la conception et d’un meilleur ciblage des investissements dans les systèmes agroalimentaires. En Asie et dans le Pacifique, nous aidons les pays à définir des stratégies et à élaborer des propositions pour accéder au financement de l’action climatique et réaliser leurs ambitions dans ce domaine au niveau des systèmes agroalimentaires et du développement rural.

La troisième priorité est de soutenir la transformation rurale inclusive au service de sociétés rurales équitables, au moyen de la croissance économique, de la création d’emplois et de l’assistance aux populations vulnérables, en vue de réduire les inégalités, sans laisser aucun pays ni personne de côté. L’ initiative 1000 villages numériques, l’initiative Main dans la main et l’initiative «Un pays, un produit prioritaire» de la FAO favorisent les moyens d’existence durables et les revenus décents dans la région Asie-Pacifique, tout en encourageant une large participation des femmes et des jeunes à la transformation des systèmes agroalimentaires.

La quatrième priorité vise à réaliser tous ces objectifs dans le contexte particulier des petits États insulaires en développement (PEID) de la région. À la FAO, nous travaillons avec les PEID afin de mettre en œuvre par anticipation des actions de lutte contre les multiples dangers et risques, tout en enclenchant le processus qui conduira à la formulation du plan d’action 2024-2030 pour la région Pacifique relatif à l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture. Ce plan est indispensable pour assurer la durabilité et la résilience de l’agriculture et des ressources naturelles telles que le sol et l’eau.

En œuvrant à ces priorités, nous accélérons et transposons à plus vaste échelle les résultats concrets dont nous sommes responsables sur le terrain grâce à la mise en œuvre du Cadre stratégique de la FAO pour 2022-2031 ainsi que des stratégies pertinentes.

Des plans d’investissements et des partenariats sur mesure

En Asie et dans le Pacifique, nous aidons aussi les pays à promouvoir des plans d’investissements sur mesure en matière de réduction de la pauvreté, comportant des mesures de protection sociale, de lutte contre les pertes et gaspillages de nourriture, de conservation de l’eau et de renforcement des capacités d’adaptation en fonction des besoins des pays et de la région.

Parallèlement, nous continuons de développer la coopération Sud-Sud et triangulaire et d’étendre les partenariats et les alliances stratégiques avec un vaste éventail d’acteurs, y compris les institutions financières internationales, le secteur privé, les différents organes des institutions régionales, la société civile, etc. Par l’intermédiaire de ces partenariats, nous visons à combler les carences d’investissement et de financement afin de faire en sorte que les financements atteignent ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les petits exploitants et les exploitants familiaux.

Ces avancées et d’autres sujets seront au centre des débats de la 37e session de la Conférence régionale pour l’Asie et le Pacifique, qui rassemblera les ministres des pays de la région membres de la FAO à Colombo (Sri Lanka) du 19 au 22 février.

Les changements dont nous avons besoin restent nombreux. Mais si nous nous unissons pour déployer une volonté et un engagement politiques forts, des politiques favorables, suffisamment d’investissements et des modèles commerciaux innovants, cette région pourra être actrice de ces changements – et continuer d’inspirer le monde.

Site Internet: FAO