Directeur général QU Dongyu

Réunion régionale d’examen pour l’Afrique concernant les pays les moins avancés: la FAO appelle à des mesures urgentes et audacieuses à l’appui des populations les plus vulnérables du monde

22/02/2021

Rome/Lilongwe, le 22 février 2021 – Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a demandé aujourd’hui que soient engagées de toute urgence des mesures audacieuses de protection et de renforcement de la résilience des populations les plus vulnérables, notamment dans les pays les moins avancés (PMA). 

Il a prononcé son allocution lors de la Réunion régionale d’examen pour l’Afrique, préparatoire à la cinquième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés qui doit se tenir à Doha en janvier 2022.

Trente-trois des 46 PMA se trouvant en Afrique, la réunion examinera la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul dans cette région. Cette réunion est organisée par le gouvernement du Malawi, qui préside le Groupe des PMA, en collaboration avec le Bureau du Haut-Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (UN-OHRLLS) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

Lors d’une séance où étaient rassemblés des ministres de PMA africains, des partenaires du développement, des chefs de secrétariat d’organismes des Nations Unies et d’autres organisations internationales et régionales, ainsi que des représentants de la société civile, ont été abordés les acquis d’expériences et leurs enseignements, en envisageant la manière de reconstruire en mieux; le Directeur général de la FAO s’y est exprimé pour avancer des solutions visant à transformer les systèmes agroalimentaires et assurer le redressement au sortir de la covid-19.

Il a réitéré la nécessité de garantir le fonctionnement des chaînes de valeur agricoles et alimentaires nationales, afin d’atténuer les effets de la pandémie sur les systèmes agroalimentaires et les moyens de subsistance des populations rurales pauvres.

«Sans mesures de cet ordre, nous risquons de voir l’actuelle crise sanitaire de muer en crise alimentaire et économique», a-t-il mis en garde.

Le Directeur général de la FAO a aussi souligné qu’il était nécessaire de transformer les systèmes agro-alimentaires afin de pouvoir nourrir des populations en expansion et proposer une alimentation saine et abordable pour tous, de manière économiquement rentable et dans le respect de l’environnement.

De plus, la transformation des systèmes agro-alimentaires s’avère indispensable pour réagir efficacement à la pandémie de covid-19 et reconstruire en mieux ce qu’elle aura défait. Il s’agit d’obtenir une productivité accrue, une diversification, une plus grande résilience, de produire des interventions intelligentes en matière de nutrition et de soutenir le dynamisme du secteur privé, notamment ses petites et moyennes entreprises, dans le but de créer des emplois de qualité et de permettre la reprise, a souligné le Directeur général de la FAO.

L’innovation, le recours accru aux technologies et à la numérisation, des partenariats à tous les niveaux – des pouvoirs publics au secteur privé sans oublier la société civile – ainsi que l’acquisition de connaissances et le partage des expériences entre PMA sont essentiels pour reconstruire en mieux, a déclaré M. Qu.

Il a poursuivi en soulignant le rôle clé que jouaient l’alimentation et l’agriculture dans la concrétisation des objectifs du Programme 2030, qualifiant l’agriculture d’«outil le plus inclusif et le plus efficace pour mettre un terme à la pauvreté et la faim».

«Nous cherchons à atteindre ces objectifs en œuvrant à l’amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et à l’instauration de conditions de vie meilleures pour tous, soit les Quatre améliorations», a déclaré M. Qu.

Cette séance était présidée par M. Saulos Klaus Chilima, vice-président de la République du Malawi et Ministre de la planification, du développement économique et des réformes du secteur public.

En inaugurant la séance, Mme Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, a souligné que l’Afrique faisait face à sa première récession en 25 ans, avec plus de 30 millions de personnes supplémentaires qui, selon les estimations, basculeront dans la pauvreté, les PMA étant à cet égard les plus gravement touchés.

M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, a souligné que la covid-19 avait crûment révélé l’importance de se préparer à des crises de cet ordre, d’appliquer une approche «Un monde, une santé» et de disposer d’une couverture médicale universelle.

Les différentes interventions ayant mis en relief les conséquences de la pandémie de covid-19 pour les PMA, ont été échangés des plans nationaux de redressement, les enseignements à retenir et des préconisations en matière de politiques publiques. 

Quel appui de la FAO aux PMA?

La FAO a mis en place plusieurs initiatives destinées à s’attaquer aux difficultés et aux vulnérabilités dont souffrent les PMA.

Dès son accession aux fonctions de Directeur général de la FAO, M. Qu a créé le Bureau des petits États insulaires en développement (PEID), des PMA et des pays en développement sans littoral (PDSL), afin de garantir que soient pris en compte les besoins particuliers de leurs populations vulnérables.

Les PEID, les PMA et les PDSL sont aussi au cœur de l’initiative Main dans la main, lancée par M. Qu dans le but de mettre en relation des pays et des partenaires du développement en vue d’accélérer la transformation de l’agriculture et le développement rural durable.

Dans le souci de renforcer l’adoption d’approches novatrice et l’utilisation de la science et des technologies modernes, y compris des solutions numériques, le Directeur général de la FAO a créé le Bureau de l’innovation. La FAO estime que des efforts concrets et cohérents sont nécessaires pour permettre aux PMA de tirer profit pleinement des technologies modernes et des applications numériques.

En collaboration avec ses partenaires, la FAO n’a pas perdu de temps pour venir en aide aux pays appelés à prendre des mesures décisives face à la covid-19. Le Programme d’intervention et de redressement de la FAO en Afrique dans le contexte de la covid-19 a été élaboré afin de doter la région d’une approche bien articulée et coordonnée face à ce défi.

La FAO a aussi défini une nouvelle Stratégie de mobilisation du secteur privé qui permet d’élargir les domaines de collaboration mutuellement bénéfiques, que sont notamment la technologie et l’innovation, les données, l’investissement et les financements novateurs.

Pourquoi viser plus particulièrement les PMA en Afrique?

L’Afrique n’est pas en voie d’atteindre l’objectif de développement durable «Faim zéro» d’ici à 2030, et les difficultés que rencontrent les PMA de la région sont plus importantes qu’ailleurs. 

En Afrique le taux d’incidence de la sous-alimentation est élevé, atteignant plus du double du taux mondial moyen. La région présente l’accroissement du nombre de personnes souffrant de faim le plus important au monde. Ces chiffres sont inquiétants pour les PMA, où le taux d’incidence de la sous-alimentation dépasse les 20 pour cent, soit quatre points de plus que la moyenne africaine. 

Avant même le déclenchement de la pandémie de covid-19, on dénombrait 235 millions de personnes souffrant de faim en Afrique subsaharienne.

La covid-19 fait peser une menace sans précédent sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique subsaharienne, elle met en péril les économies de cette sous-région et compromet gravement les efforts visant à mettre fin à l’extrême pauvreté et éliminer la faim en Afrique. Qui plus est, la pandémie risque de réduire à néant les modestes acquis obtenus dans la concrétisation des objectifs de développement durable et ceux de la déclaration de Malabo et de l’Agenda 2063.