Directeur général QU Dongyu

De la quarante et unième à la quarante-deuxième Conférence: naissance d’une FAO nouvelle et dynamique

24/06/2021

La quarante-deuxième session de la Conférence de la FAO, organe suprême de décision qui rassemble tous les Membres de la FAO, soit 194 pays et l’Union européenne, s’est achevée la semaine dernière par l’adoption du Cadre stratégique 2022-2031. Ce document donne la feuille de route de la FAO pour la décennie: fournir son appui à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 par la transformation des systèmes agroalimentaires destinée à rendre ceux-ci plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, en vue d’améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

La Conférence, qui s’est tenue à distance pour la première fois dans l’histoire de la FAO, était la première pour le Directeur général, M. Qu Dongyu, depuis son élection à la session précédente de la Conférence, en juin 2019. Le Cadre stratégique, fruit de la concertation des Membres de la FAO, transcrit la vision du Directeur général pour l’avenir de l’Organisation qu’il conduit.

Dans son allocution d’ouverture, M. Qu a appelé l’attention sur certains des défis les plus redoutables auxquels le monde doit faire face et évoqué les moyens par lesquels la FAO aide les Membres à les relever. Il a aussi présenté les travaux engagés par l’Organisation sous sa direction, mettant en exergue le remaniement en profondeur de la structure et de la gouvernance interne ainsi que l’évolution vers une culture organisationnelle plus dynamique, la poursuite d’un développement durable du monde agricole et rural grâce à la science, à l’innovation et à une FAO numérique, la conclusion de partenariats et la définition d’une vision stratégique grâce à laquelle l’Organisation sera capable d’accomplir sa mission et mieux armée pour fournir son appui à ses Membres.

Une FAO dynamique et transparente

M. Khalid Mehboob, Président indépendant du Conseil de la FAO, l’organe directeur qui se réunit en sessions ordinaires entre deux Conférences biennales, a lui aussi pris la parole lors de la séance d’ouverture. M. Mehboob, qui quittait son poste de Président indépendant du Conseil à la Conférence au terme de deux mandats, est témoin de l’histoire de la FAO depuis plus d’un demi-siècle; il a d’abord été employé de l’Organisation, puis représentant de son pays, le Pakistan, auprès de la FAO et, dernièrement, Président indépendant du Conseil. Il a fait part de ses réflexions dans son allocution liminaire: «Parmi les nombreuses réalisations du Directeur général depuis (son élection à la session de 2019), je citerai une réforme et une modernisation de la FAO qui feront date et la définition d’une nouvelle vision stratégique pour l’Organisation qui s’articule autour des quatre améliorations... Vous êtes, Monsieur le Directeur général, le sixième des titulaires de ce poste (avec lesquels j’ai travaillé au cours de mes 52 années au service de l’Organisation) et je puis témoigner que vous êtes sans conteste le plus dynamique et le plus énergique de tous. »

Comme l’a fait observer le Président indépendant du Conseil, la réforme et la modernisation que le nouveau Directeur général a introduites marquent un jalon: une structure modulaire et souple qui favorise la collaboration, répond aux priorités des Membres et correspond à leurs nouveaux besoins. Les bureaux de la FAO assurent désormais une fonction transversale essentielle et les divisions abritent l’expertise de l’Organisation, tandis que les centres assurent pleinement leur fonction de collaboration étroite avec d’autres organisations internationales.

Parmi les changements survenus dans la structure, on citera la création du Bureau des petits États insulaires en développement (PEID), des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL), qui a pour mission d’aider à répondre aux besoins particuliers de ces populations et pays vulnérables. Le Bureau des objectifs de développement durable, nouvellement créé également, est quant à lui chargé de coordonner la participation de l’Organisation à la suite donnée au Programme 2030 et à l’examen des progrès accomplis. Le Centre d’investissement de la FAO s’est vu renforcer dans son rôle de catalyseur s’agissant de l’appui aux pays et des financements à grande échelle. Un Centre mixte FAO/OMS a été créé pour être le lieu d’une action commune dans deux domaines: le Codex Alimentarius et les zoonoses. L’Organisation a également renforcé sa coopération avec l’AIEA en reconstituant le Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.

Dans un souci de transparence, de travail d’équipe et d’obligation de rendre compte, la FAO s’est dotée d’une équipe de direction centrale comprenant le Directeur général, les trois directeurs généraux adjoints, l’Économiste en chef, le Scientifique en chef – un nouveau poste – et le Directeur de Cabinet. Avec la mise en place de la double voie hiérarchique, tous les bureaux, centres et divisions sont désormais reliés à l’équipe de direction centrale, ce qui doit décloisonner les activités et favoriser la collaboration et le travail d’équipe dans l’ensemble de l’Organisation.

Une FAO numérique et innovante

Généticien de son métier, le Directeur général, M. Qu, est fermement acquis à l’idée que l’avenir de l’agriculture doit se construire sur la science, les innovations et les applications numériques. Lors de sa campagne électorale, il avait déclaré que face à des situations et des défis nouveaux, la FAO devait appliquer les sciences et les technologies modernes et embrasser l’innovation s’agissant des cadres de pensée, des approches, des modèles de coopération et de l’application des technologies numériques.

Dans son allocution d’ouverture à la quarante-deuxième session de la Conférence de la FAO, M. Qu a déclaré que les agriculteurs devaient avoir davantage accès aux avantages du numérique dans leur lutte contre la pauvreté, estimant qu’un smartphone était un nouvel outil pour les petits agriculteurs et que les innovations en matière de technologies, de politiques, de modèles d’activité et de cadres de pensée seraient le fait des individus et conçues pour être à leur service.

Une des premières mesures que M. Qu a prises en entrant en fonction a été de créer un poste clé au sein de la Direction, celui de Scientifique en chef (une première dans l’histoire de la FAO), et le Bureau de l’innovation, pour contribuer à la solidité, à l’étendue et à l’indépendance des approches scientifiques de la FAO.

Son initiative phare depuis le premier jour aura été l’Initiative Main dans la main, qui se fonde sur des données probantes et dont le modèle d’activité innovant est pris en charge et piloté par les pays, ce qui maximise les partenariats et amplifie leurs effets en rassemblant des acteurs du secteur public, du secteur privé et du multilatéralisme, le but étant d’accélérer la transformation de l’agriculture et le développement rural durable. À ce jour, une quarantaine de pays ont rallié l’Initiative et bénéficient ainsi d’une aide cruciale dans leurs recherches de financements et l’orientation des fonds vers les zones qui recèlent le plus grand potentiel économique.

La Plateforme géospatiale Main dans la main, qui offre des capacités d’analyse de mégadonnées et des moyens perfectionnés de modélisation géospatiale, compte plus de 38 000 utilisateurs issus de presque tous les pays Membres de la FAO. «Les technologies géospatiales et les données relatives à l’agriculture ouvrent un champ de possibilités nouvelles dans les moyens de faire reculer la faim et la pauvreté, grâce à des solutions plus accessibles qui s’appuient sur ces données», a déclaré le Directeur général lors du lancement de la plateforme en juillet 2020.

En septembre 2020, la FAO a créé, avec Google, Earth Map, autre outil de mégadonnées, libre d’utilisation et ouvert à quiconque dispose d’un accès de base à Internet, qui permet d’exploiter des informations décisives sur l’état du climat, de l’environnement et de l’agriculture et offre des synergies avec la plateforme géospatiale. Earth Map joue déjà un rôle décisif dans la lutte contre les organismes nuisibles.

À la suite des premiers succès de l’Initiative Main dans la main, le Directeur général a lancé l’Initiative 1 000 villages numériques, axée sur l’utilisation des technologies numériques pour améliorer la production, la conduite des activités du secteur agroalimentaire, l’accès à l’information sur les marchés et les services sociaux. Des pays de différentes régions ont déjà mis cette initiative à l’essai, qui vient épauler les stratégies et les efforts nationaux. En parallèle, et donnant suite à une autre idée du Directeur général, la FAO élabore l’initiative «Un pays, un produit», qui vise à promouvoir sur la plateforme numérique de la FAO des produits de qualité supérieure, spécialités de Membres.

Bien conscient de la nécessité d’exploiter les atouts potentiels des nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, M. Qu ne perd pas non plus de vue les risques que peut représenter le pouvoir de transformation de ces technologies. Avec Microsoft et IBM, la FAO a été l’un des premiers signataires de l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle, initiative de l’Académie pontificale pour la vie qui a reçu l’approbation du Pape François.

Une FAO axée sur l’humain

M. Qu a déclaré qu’il était issu du peuple, se revendiquait de lui et agissait pour lui et que la FAO serait sous sa direction une organisation unificatrice et axée sur l’humain. Il a passé sa première journée de fonction à circuler dans les étages pour saluer les employés dans leurs bureaux et bavarder avec eux.

C’était une première dans l’histoire de la FAO, qui devait bientôt être suivie d’autres premières: première réunion rassemblant tous les représentants de la FAO de l’ensemble du monde et trois réunions ouvertes organisées à distance: une avec tous les collègues à Rome et deux avec le personnel de la FAO dans le monde entier. Des milliers de personnes se sont ainsi connectées par-delà les fuseaux horaires. On a vu le forum de discussion s’animer de salutations et de messages dans différents alphabets. Beaucoup de participants ont dit éprouver pour la première fois le sentiment de faire partie de la «famille mondiale de la FAO».

Un autre grand «événement familial» s’est produit à la fin de 2020, quand s’est tenue, entièrement en ligne, la cérémonie des prix de reconnaissance du mérite (autre initiative du nouveau Directeur général), réunissant des milliers d’employés dans l’ensemble du monde pour un gala de fin d’année aux remarquables richesses culturelles et artistiques, qui visait à mettre à l’honneur des personnes ayant rendu des services exceptionnels à l’Organisation et à célébrer une FAO renouvelée qui engendre un fort sentiment d’appartenance.

M. Qu a aussi créé, dès son entrée en fonctions, le Comité de la jeunesse de la FAO et le Comité des femmes de la FAO. Ces deux comités, qui fonctionnent sur la base du volontariat, rassemblent des collègues de la FAO de bureaux du monde entier pour divers programmes et initiatives. L’initiative des mercredis de l’innovation, animée par le Comité de la jeunesse, encourage les jeunes collègues à échanger des idées nouvelles et à en débattre. Le cercle VirtualiTea du Comité des femmes a permis, entre autres, d’organiser des réunions en ligne indispensables lors des confinements imposés pendant la pandémie. Ces comités aident ainsi à rassembler les employés et à entretenir les liens entre eux, mais ils sont aussi devenus une force nouvelle qui contribue à l’accomplissement du mandat de la FAO. Par exemple, le Comité de la jeunesse organise désormais activement le premier Forum mondial de l’alimentation, appelant les jeunes du monde entier à agir pour la transformation des systèmes agroalimentaires et, en définitive, pour la réalisation des ODD.

 «Ensemble, nous pouvons accomplir le concevable et l’inconcevable!», comme l’a souvent dit le Directeur général lors de rassemblements de collaborateurs.

Une FAO qui travaille avec tous et pour tous

«Lorsque tout le monde rajoute du bois au feu de joie, les flammes s’élèvent.» Ainsi s’exprimait M. Qu quand il était candidat au poste de Directeur général de la FAO.

Depuis sa prise de fonction en août 2019, il met l’accent sur la conclusion de partenariats et la collaboration pour mieux faire avancer les travaux de la FAO. Comme il l’a mentionné dans son allocution d’ouverture à la quarante-deuxième session de la Conférence, aucun pays ni aucune organisation ne peut s’attaquer seul aux défis mondiaux, et la mission de la FAO est de nouer des partenariats porteurs de transformation qui provoquent des changements systémiques pérennes.

Depuis le premier jour, le Directeur général aborde l’établissement d’alliances et de partenariats dans toutes ses rencontres, que ce soit avec des gouvernements, des organisations internationales, des établissements universitaires et de recherche, des fondations et des entreprises privées ou encore des entités de la société civile.

La collaboration traditionnellement forte avec l’ONU et d’autres organisations internationales s’est encore renforcée. La FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) codirigent la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies et inaugurée en juin 2021. La pertinence du partenariat «Une seule santé» avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) s’est confirmée à plusieurs égards. La FAO continue d’asseoir sa position de partenaire d’exécution de premier plan du Fonds pour l’environnement mondial et du Fonds vert pour le climat, avec un portefeuille de projets dont les enveloppes budgétaires totalisent respectivement 860 millions d’USD (environ 200 projets dans plus de 130 pays) et 880 millions d’USD (15 projets dans le monde), aidant ainsi les pays à préserver l’environnement, à atténuer le changement climatique et à s’y adapter, et à améliorer les conditions de vie des populations.

Lorsque la pandémie de covid-19 a frappé au début de 2020, le Directeur général, M. Qu, s’est immédiatement joint à ses homologues de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour exhorter les pays du monde entier à assurer le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement alimentaire pour éviter que la crise sanitaire ne se mue en crise alimentaire. Il s’est aussi adressé aux dirigeants de différents pays du monde lors de plusieurs réunions du G20, dont le Sommet virtuel extraordinaire des dirigeants du G20 sur la covid-19, en mars 2020.

En collaboration avec l’Italie, son pays hôte, la FAO a créé la Coalition pour l’alimentation, une alliance ouverte à toutes les parties prenantes désireuses de soutenir une action mondiale et coordonnée visant à garantir la sécurité alimentaire et la nutrition et à aider les pays à se remettre sur la bonne voie à l’issue de la pandémie de covid-19. La FAO dirige cette alliance et facilite les échanges de connaissances et d’expertise entre les pays qui sollicitent le soutien de la Coalition pour l’alimentation, faisant office d’organisateur neutre de dialogues ouverts et transparents. 

L’Italie assurant la présidence du G20 en 2021, la FAO et ce pays ont la volonté de faire figurer la Coalition pour l’alimentation et la question de la sécurité alimentaire parmi les hautes priorités du G20. S’ajoutant aux lieux de réunion et aux salles de conférence du sommet, un jardin a été aménagé sur une idée du Directeur général, le G20 Green Garden, qui a ouvert ses portes au public en juin. Ce jardin, ayant pour écrin un des sites historiques de Rome, réunit dans un même espace d’agrément le patrimoine culturel, la nature et les objectifs de développement durable. Le Jardin conjugue les priorités du G20 – populations, planète, prospérité –, avec la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, codirigée par la FAO, et l’Initiative Villes vertes de la FAO, qui vise à réaligner les politiques urbaines, les capacités de production et les chaînes d’approvisionnement afin de renforcer la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et la résilience face aux chocs, tels que la pandémie de covid-19.

Sous la direction du Directeur général, M. Qu, la FAO a aussi adopté la Stratégie relative à la mobilisation du secteur privé, afin de mieux travailler avec celui-ci dans l’intérêt du développement durable. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie, la FAO a lancé son portail «Connect», un «guichet numérique unique» consacré à la mobilisation du secteur privé en appui à la transformation des systèmes agroalimentaires.

«Il ne fait guère de doute que la maison FAO d’aujourd’hui est préférable à celle d’il y a 52 ans», a déclaré M. Khalid Mehboob, Président indépendant du Conseil sortant. «Son personnel est plus divers et inclusif; il y a davantage d’ouverture et de transparence. Le dialogue et les échanges sont plus francs: au sein du personnel, entre le personnel et les dirigeants, entre le Secrétariat et les Membres, et entre les Membres eux-mêmes.»