Directeur général QU Dongyu

Éliminer la faim d’ici à 2030 est un objectif «réalisable»

19/08/2021

Rome/Wellington, le 19 août 2021 - Le monde peut de nouveau prétendre à éliminer la faim d’ici à 2030 «grâce à un juste équilibre des interventions», a déclaré aujourd’hui M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors de la sixième Réunion ministérielle de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) sur la sécurité alimentaire.

Dans un message vidéo, il a fait observer que la pandémie de covid-19 imposait des difficultés supplémentaires, mais qu’il serait tout de même «possible d’atteindre» l’objectif de développement durable 2 (ODD 2), à savoir éliminer la faim, soulignant qu’il fallait une «prise de conscience collective et immédiate».

M. Qu a mis en évidence les priorités stratégiques visant à enrayer la hausse de l’insécurité alimentaire.

«La croissance du secteur agricole, qui constitue l’un des secteurs les plus importants, permettra de réduire efficacement la pauvreté et la faim dans les pays dont le revenu se situe entre le niveau intermédiaire et le niveau faible», a déclaré le Directeur général.

«Garantir des investissements supplémentaires pour le secteur agricole, dans le cadre de stratégies de développement nationales et d’initiatives bilatérales et multilatérales, est essentiel et présente un coût raisonnable puisque cela correspond à près de 8 pour cent de la taille des marchés alimentaires du monde entier», a-t-il ajouté. M. Qu a vivement incité à cibler les pays qui en ont le plus besoin et à orienter les ressources vers des investissements «efficaces».

L’efficience – produire plus en mobilisant moins de ressources et en émettant moins de carbone – et l’innovation sont le meilleur, et souvent l’unique, moyen d’aller de l’avant, a-t-il souligné, notant que la FAO disposait d’outils de modélisation qui pouvaient aider les responsables politiques à gérer les ajustements qu’impliquerait la transformation des systèmes agroalimentaires.

Parmi les interventions appropriées, qui devront s’inscrire dans le cadre d’une approche holistique, le Directeur général a évoqué les mesures incitatives destinées aux consommateurs, la réaffectation des subventions à la recherche et au développement, les technologies numériques et les technologies vertes, les investissements visant à stimuler la chaîne de valeur, notamment à fournir des systèmes d’irrigation aux petits exploitants agricoles, à réduire les pertes et le gaspillage alimentaire, à maintenir l’ouverture du commerce international et à protéger les personnes les plus vulnérables à l’aide de filets de sécurité.

Il a affirmé que le Centre d’investissement de la FAO, un réseau qui rassemble des responsables mondiaux de l’investissement, était déterminé à appuyer les efforts visant à dépasser le stade du projet pour mettre en place les investissements et les politiques favorables nécessaires.

M. Qu a souligné qu’il fallait absolument réfléchir et agir au-delà des frontières sectorielles. Les approches systémiques qui peuvent favoriser des solutions gagnant-gagnant comprennent les approches territoriales – par exemple, l’Initiative Main dans la main de la FAO – les approches écosystémiques, ainsi que celles qui permettent de renforcer l’autonomisation des femmes, de consolider les systèmes agroalimentaires des peuples autochtones et de faire face aux situations de crise prolongée.

Dans la perspective du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui se tiendra en 2021, «notre attention se porte sur la création de coalitions» capables de favoriser des solutions novatrices qui permettent de changer la donne et ainsi de surmonter les obstacles à la réalisation des ODD, a déclaré le Directeur général de la FAO.

Le rôle de l’APEC

M. Qu a exhorté les pays de l’APEC à prendre part à cette action et à la mener de front en se faisant les champions de la cause.

«La région de l’APEC a un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre des actions concrètes nécessaires pour faciliter la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables», a-t-il affirmé.

Créée en 1989, l’APEC œuvre pour faire en sorte que les biens, les services, les investissements et les personnes traversent facilement les frontières, promouvoir des normes communes et des systèmes réglementaires harmonisés et aider tous les habitants de la région à participer à l’économie en plein essor. Aujourd’hui, elle compte 21 membres répartis sur quatre continents, dont des puissances agroalimentaires comme l’Australie, la Chine, la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique.

Le Directeur général de la FAO s’est exprimé à la sixième Réunion ministérielle de l’APEC sur la sécurité alimentaire, présidée par le Ministre néo-zélandais de l’agriculture, M. Damien O’Connor. Les ministres ont publié une déclaration conjointe et adopté une «Feuille de route pour la sécurité alimentaire à l’horizon 2030». Le discours intégral du Directeur général est disponible ici.