Directeur général QU Dongyu

La science au service de la transformation des systèmes agroalimentaires

04/02/2021

Rome/Montpellier, le 4 février 2021 – Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, s’est exprimé aujourd’hui lors d’une conférence intitulée Rapprocher science et politique pour accélérer la transformation des systèmes alimentaires, animée par l’Université de Montpellier. Celle-ci, qui figure parmi les plus anciennes universités d’Europe – elle a été fondée en 1220 –, a organisé cette manifestation afin de répondre à l’une des questions les plus épineuses de notre époque: comment nourrir de manière durable une population croissante alors que le climat et la biodiversité de la planète sont confrontés à des menaces sans précédent?

M. Qu a brossé un tableau sombre de la situation actuelle des systèmes agroalimentaires. La faim et la malnutrition demeurent répandues, a-t-il indiqué, puisque près de 690 millions de personnes sont sous-alimentées. En se référant aux informations figurant dans l’édition 2020 du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, dont la FAO a dirigé l’élaboration, il a expliqué que non moins de 3 milliards de personnes n’avaient pas les moyens d’adopter un régime alimentaire sain, même le moins onéreux, et que la pandémie de covid-19 risquait de faire basculer quelque 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. En outre, jusqu’à 130 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim chronique.

Face à ces enjeux, le Directeur général a souligné combien il était important de transformer les systèmes agroalimentaires grâce à la science, la technologie et l’innovation, ainsi qu’en adoptant une approche globale et coordonnée afin de reconstruire en mieux.

M. Qu estimait que les éléments scientifiques disponibles pouvaient «étayer les politiques et catalyser la transition vers des systèmes agroalimentaires durables, inclusifs et résilients». À cette fin, il est crucial de renforcer les liens entre sciences et politiques, a-t-il ajouté.

M. Qu a évoqué la nécessité de déterminer les synergies et les arbitrages possibles entre les différents aspects des systèmes agroalimentaires et a réaffirmé le rôle actif de la FAO en tant qu’enceinte neutre qui facilite le dialogue sur les politiques et l’élaboration de politiques aux niveaux national, régional et mondial.

Il a annoncé que l’Organisation accueillerait une journée de la science à son Siège en juillet, en vue du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui se tiendra en septembre. Cette manifestation mettra en évidence la place centrale de la science, de la technologie et de l’innovation, a-t-il précisé, et permettra de sensibiliser et d’inspirer confiance grâce à la mobilisation et à la participation du public. M. Qu a nommé récemment le tout premier Scientifique en chef de la FAO.

Dans son allocution d’ouverture diffusée en vidéo, le Ministre de l’agriculture et de l’alimentation de la France, M. Julien Denormandie, a déclaré que la conférence d’aujourd’hui était «un jalon important sur la route du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires». Il a défendu vigoureusement l’idée d’une transition vers des politiques agricoles plus vertes et plus respectueuses de la biodiversité, tout en insistant sur la nécessité de donner des moyens d’action à celles et ceux qu’il a appelés «acteurs de terrain». En d’autres termes, il convient d’adopter de nouveaux modes de production qui permettent aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail et de créer ainsi de la valeur. 

M. Denormandie a ensuite salué le rôle de la FAO, du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que celui du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). La France entend se mobiliser pour les soutenir, a-t-il déclaré.

Faisant écho aux paroles du Ministre, le Président du FIDA, M. Gilbert Houngbo, a insisté sur la contribution des petits agriculteurs, qui procurent la moitié des calories consommées dans le monde et nourrissent 2,5 milliards de personnes sur la planète. Leur expertise en matière de préservation des écosystèmes et de séquestration du carbone peut fournir des pistes prometteuses pour transformer les systèmes alimentaires mondiaux, a-t-il ajouté.

Mme Agnes Kalibata, Envoyée spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, s’est félicitée du consensus qui se faisait jour au sujet de la nécessité de renforcer les relations entre sciences et politiques pour stimuler la transformation. Elle a cependant soulevé la question de savoir comment faire en sorte que ces relations aient une véritable incidence sur la vie de millions de personnes. Il est indispensable de déployer des efforts volontaristes, a-t-elle souligné, car la transformation ne pourra avoir lieu que si les États mettent en place des cadres politiques solides. 

Plusieurs experts et spécialistes de la sécurité alimentaire sont intervenus au cours de la conférence.