Directeur général QU Dongyu

Un nouveau rapport met au jour les grandes difficultés auxquelles se heurtent les systèmes alimentaires pour fournir des produits sains

29/09/2020

29 septembre 2020, Rome – Confrontés à de grandes difficultés qui les empêchent de garantir à tous une alimentation saine et la sécurité alimentaire, les systèmes alimentaires doivent évoluer de toute urgence pour devenir plus résilients et plus durables, selon le dernier rapport d’un groupe d’experts de haut niveau, publié en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le Groupe mondial d’experts sur l’agriculture et les systèmes alimentaires au service de la nutrition a présenté aujourd’hui son nouveau rapport, «Future Food Systems: For people, our planet and prosperity» (Les systèmes alimentaires du futur: pour l’humanité, pour la planète et pour la prospérité), à l’occasion d’une manifestation en ligne coorganisée par la FAO.

Le rapport évalue les crises actuelles qui touchent la malnutrition, les rapports dysfonctionnels entre les systèmes alimentaires et l’environnement naturel ainsi que la résilience insuffisante de ces systèmes, que la pandémie de covid-19 n’a pas manqué de mettre en évidence tout récemment.

Lors de la présentation officielle du rapport, le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a indiqué que les systèmes alimentaires, dans leur état actuel, ne nous permettent pas de protéger comme il se doit la santé et le bien-être des populations.

Renvoyant à la dernière édition de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI 2020), M. Qu a indiqué qu’en 2019, le nombre de personnes souffrant de faim chronique avait atteint 690 millions, soit une augmentation de 10 millions.

«Les gens mettent dans leur assiette ce qui est disponible et dans leurs moyens», a-t-il déclaré aux membres du Groupe d’experts. «Mais l’édition 2020 du SOFI et le rapport du Groupe d’experts en arrivent à la même conclusion, à savoir qu’une large partie de la population mondiale ne peut pas se permettre une alimentation saine.»

M. Qu a cependant fait remarquer que les technologies numériques, les innovations et les investissements pourraient changer radicalement la donne pour les systèmes alimentaires, et il a invité les gouvernements à s’engager à fournir une protection sociale aux personnes vulnérables et à prendre des mesures visant à accroître les revenus des ménages, notamment ceux des petits exploitants. Il a également salué la date de publication du rapport, qui coïncide avec la toute première Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture.

Dans le rapport figurent des recommandations sur les mesures à prendre, notamment un appel aux décideurs, invités à réunir les ministères concernés afin de revoir les systèmes de production et d’axer les efforts sur les objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris sur le changement climatique, ce qui permettra d’avancer sur ce sujet. Le rapport appelle également les décideurs à renforcer la résilience des systèmes alimentaires, notamment dans le contexte de la covid-19, qui a mis en évidence leurs lacunes et leurs vulnérabilités.

Selon M. John Beddington, coprésident et ancien Conseiller scientifique en chef du Gouvernement britannique, le rapport a révélé la situation catastrophique des systèmes alimentaires et de la nutrition, mais il n’est pas trop tard pour agir. Son coprésident, M. John Kufuor, ancien président du Ghana, a déclaré qu’en matière de transformation des systèmes alimentaires et de protection de la qualité de vie, le temps est un facteur critique.

Mme Agnes Kalibata, Présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, a fait observer que les denrées alimentaires devaient être abordables et a souligné l’importance du tout premier Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, prévu l’année prochaine, dont elle est l’Envoyée spéciale, affirmant qu’il serait l’occasion de mobiliser les parties prenantes à l’échelle mondiale.

Selon les conclusions du groupe d’experts, on peut estimer qu’en 2019, 26 pour cent de la population mondiale a souffert de la faim ou n’a pas eu un accès suffisant à des produits alimentaires sains. Il a également déclaré que la plupart des pays ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre d’ici à 2025 les cibles fixées par l’Assemblée mondiale de la Santé en matière de nutrition.

«Les systèmes alimentaires sont plongés dans une spirale de déclin qui entraîne les systèmes naturels à leur suite», indique le rapport. «Ils sont également les premiers facteurs de dégradation des systèmes environnementaux dont ils dépendent (qu’il s’agisse de biodiversité, d’eau potable, d’océans, de terres ou de sols)».

Si la situation n’est pas maîtrisée, les manquements des systèmes alimentaires et les lacunes en matière de sécurité alimentaire constitueront une grave menace à l’avenir, ajoute le rapport.

D’après le texte, le nombre de personnes vivant dans des contextes fragiles pourrait atteindre 2,3 milliards, parmi lesquels 80 pour cent des pauvres du monde.

Le Groupe mondial d’experts est un groupe indépendant de dirigeants mondiaux qui occupent ou ont occupé de hautes fonctions et qui s’engagent fermement à améliorer la nutrition. Officiellement créé en août 2013 lors du Sommet de la nutrition pour la croissance à Londres, il est financé par le Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni.