Directeur général QU Dongyu

Pour inverser la tendance à la hausse de l’insécurité alimentaire aiguë, il faut renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires et intensifier les interventions anticipées, déclare le Directeur général de la FAO

03/05/2023

Rome – Pour inverser la tendance à la hausse de l’insécurité alimentaire aiguë constatée tout au long de l’année 2022, il faut stimuler les investissements dans les interventions anticipées et les moyens d’existence fondés sur l’agriculture des personnes touchées par les crises, a déclaré aujourd’hui le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, lors de la manifestation de haut niveau organisée en ligne à l’occasion de la présentation du septième Rapport mondial sur les crises alimentaires.

On lit dans ce rapport annuel qu’environ 258 millions de personnes dans 58 pays et territoires étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë à des degrés de crise ou des degrés supérieurs (phases 3 à 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire/Cadre Harmonisé) en 2022, contre 193 millions de personnes dans 53 pays et territoires en 2021, une hausse qui s’explique en partie par la croissance de la population analysée.

Parmi les principales causes des crises alimentaires, le Directeur général a cité les conflits, l’insécurité, la crise climatique et les perturbations économiques. Il a souligné que l’interaction complexe entre ces différents facteurs, associée à une intensification des chocs et des stress dans certaines régions, ne faisait qu’aggraver les crises.

M. Qu a également fait remarquer le caractère prolongé de nombreuses crises alimentaires.

«Face à ces crises alimentaires, nous ne pouvons continuer d’agir comme s’il s’agissait d’événements isolés et de courte durée», a déclaré M. Qu, insistant sur la nécessité d’accroître les investissements visant à combattre les causes profondes des crises prolongées et à renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires, dans la continuité des mesures prises pour donner suite au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

Il convient également d’accorder davantage d’attention aux priorités et aux acteurs locaux, et notamment de renforcer le rôle des femmes et de tenir compte des aspects de la faim qui sont liés au genre, a-t-il noté.

En outre, le Directeur général a insisté sur le fait que la collaboration entre tous les organismes internationaux œuvrant à l’interface entre action humanitaire, développement et paix et l’action humanitaire multisectorielle demeuraient critiques et devaient être intensifiées, la priorité allant aux moyens d’existence fondés sur l’agriculture. Aujourd’hui, seulement 4 pour cent des fonds destinés à la lutte contre les crises alimentaires sont alloués à ces moyens d’existence, a-t-il ajouté.

«En 2022, nous avons frôlé de beaucoup trop près la famine en Somalie, et des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie, parmi lesquelles, hélas, de nombreux enfants», a déclaré le Directeur général, soulignant que de tels désastres pouvaient être évités en menant une action à grande échelle axée sur l’alerte rapide et en accroissant les investissements dans les interventions anticipées.

«Il est temps de passer de la parole aux actes – des vies sont en jeu», a conclu M. Qu.

Ont également participé à la manifestation Mme Cindy Hensley McCain, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Catherine Russell, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Jutta Urpilainen, Commissaire européenne aux partenariats internationaux (INTPA), M. Janez Lenarčič, Commissaire européen à la gestion des crises (ECHO), M. Axel van Trotsenburg, Directeur général de la Banque mondiale, Mme Sarah Charles, Administratrice adjointe d’USAID chargée du Bureau de l’aide humanitaire (BHA), M. Abdoulaye Mohamadou, Secrétaire exécutif du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et M. Guleid Artan, Directeur du Centre de prévisions et d’applications climatologiques (ICPAC) de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). La manifestation était animée par Mme Reena Ghelani, que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a nommée Coordonnatrice des mesures de prévention de la famine et d’intervention en cas de famine.

Le rapport annuel, produit par le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, a été présenté aujourd’hui par le Réseau mondial contre les crises alimentaires, une alliance internationale réunissant les Nations Unies, l’Union européenne et des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux qui s’attaquent ensemble aux crises alimentaires.