Directeur général QU Dongyu

Il est nécessaire de collaborer de toute urgence pour transformer les systèmes alimentaires et empêcher que la crise sanitaire imputable à la covid-19 se mue en une crise alimentaire en Afrique, a déclaré le Directeur général de la FAO

09/09/2020

Kigali/Rome, le 9 septembre 2020 – Il est nécessaire de collaborer de toute urgence pour transformer les systèmes alimentaires, fournir des aliments nutritifs aux populations et empêcher que la crise sanitaire imputable à la covid-19 se mue en une crise alimentaire en Afrique, a déclaré aujourd’hui M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au cours d’une réunion de dirigeants et d’institutions internationales.

M. Qu a prononcé une allocution liminaire lors d’un symposium sur les politiques qui s’est tenu le deuxième jour du Forum pour une révolution verte en Afrique (AGRF), coorganisé par le Rwanda. L’édition 2020 de l’AGRF, qui se déroule du 8 au 11 septembre, a pour thème «Nourrir les villes, développer le continent – Tirer parti des marchés alimentaires urbains pour parvenir à des systèmes alimentaires durables en Afrique».

Le symposium sur les politiques de mercredi avait trait à la nutrition et à la santé et les participants se sont référés aux informations contenues dans L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, dans un contexte où il est encore plus difficile de nourrir le continent du fait de la pandémie de covid-19.

M. Qu a évoqué les immenses défis à relever pour assurer la sécurité alimentaire dans la région et a appelé à collaborer de toute urgence pour transformer les systèmes agroalimentaires afin que les populations aient accès à des aliments nutritifs et sans danger.

Dans son allocution, il a indiqué que l’Afrique était le continent où le taux de prévalence de la sous‑alimentation était le plus élevé – plus du double de la moyenne mondiale – et où le nombre de personnes souffrant de la faim augmentait le plus rapidement.

«La covid-19 et les autres facteurs qui exercent des pressions sur les filières alimentaires, comme la légionnaire d’automne et le criquet pèlerin, constituent une menace sans précédent pour la sécurité alimentaire, la nutrition et les perspectives économiques en Afrique», a expliqué M. Qu.

Le Directeur général a souligné la nécessité de créer des emplois, d’améliorer les débouchés rémunérateurs et de renforcer la protection sociale, tout en appelant à accroître l’innovation, à recourir davantage aux technologies et à développer le numérique au service de l’agriculture.

Il a insisté sur l’importance de «reconstruire en mieux» au moyen de systèmes alimentaires transformés qui mettent l’accent sur l’amélioration de la production et de la nutrition, tout en encourageant la recherche et le développement dans le secteur des fruits et légumes, compte tenu du potentiel des légumes-feuilles verts et des aliments autochtones en Afrique.

La FAO a établi un programme d’intervention et de redressement dans le contexte de la covid-19 afin de prêter un appui aux pays et de contribuer à prévenir toute situation d’urgence alimentaire susceptible de découler de la pandémie. Par ailleurs, M. Qu s’est référé à l’initiative Main dans la main, l’approche phare et novatrice de la FAO dont l’objectif est de venir en aide aux personnes les plus vulnérables dans le monde entier, en mettant en relation des Membres et des partenaires donateurs en vue d’accélérer la transformation agricole et le développement rural durable.

«Pour relever ces immenses défis, nous devons travailler ensemble selon de nouvelles modalités», a indiqué M. Qu.

La FAO est partenaire de l’AGRF 2020, de même que 22 autres entités, dont la Banque africaine de développement (BAfD), l’Union africaine, Bayer, la Fondation Bill et Melinda Gates, l’Organisation du Système CGIAR, la Fondation Ikea, l’Institut Tony Blair, le fonds UK Aid Direct du Royaume-Uni pour la réduction de la pauvreté et la réalisation des objectifs mondiaux des Nations Unies et l’Agence des États‑Unis pour le développement international (USAID).

Mme Gerardine Mukeshimana, Ministre de l’agriculture et des ressources animales du Rwanda, a indiqué aux participants que l’Afrique était «à la traîne» car d’autres continents étaient parvenus à produire suffisamment de nourriture à un faible coût grâce aux sciences et aux technologies.

M. Rodger Voorhies, Président de la Division de la croissance et des débouchés mondiaux de la Fondation Bill et Melinda Gates, a souligné qu’il était important de renforcer la résilience et a mis en avant le rôle crucial des petits agriculteurs dans le processus de changement. Trop souvent, selon lui, ceux-ci sont les plus durement touchés par les sécheresses, les inondations et les organismes nuisibles tels que le criquet pèlerin et la légionnaire d’automne.

Au sujet du coût de la production et de la consommation, M. Simeon Ehui, Directeur régional pour le développement durable de l’Afrique à la Banque mondiale, a indiqué que les investissements dans la nutrition comportaient des avantages économiques mais que de nombreux Africains n’avaient actuellement pas les moyens de se procurer des aliments nutritifs.

M. Martin Fregene, Directeur chargé de l’agriculture et de l’agro-industrie à la BAfD, a ajouté qu’il fallait que le prix des denrées alimentaires baisse et que le parcours des aliments entre les producteurs et les consommateurs soit plus efficace. Il a appelé les gouvernements à jouer un rôle prépondérant et à collaborer avec des investisseurs pour faire évoluer le système et renforcer la résilience.