Directeur général QU Dongyu

Forum mondial de l’alimentation: Le Directeur général de la FAO exhorte les chercheurs en développement agricole à promouvoir et faire circuler davantage leurs travaux pour accroître les retombées positives là où le besoin se fait sentir

19/10/2022

Rome – Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a déclaré mercredi, pendant le Forum mondial de l’alimentation, que les solutions fondées sur la science et les données devaient être le socle des projets de développement agricole et que ceux qui travaillent à leur élaboration devaient les promouvoir plus énergiquement. 

«Transmettez vos connaissances aux décideurs», a-t-il dit aux participants à une session spéciale sur l’état des investissements dans la recherche agricole pour le développement, intitulée «Investments in agricultural research for development: Are we on the right track?».

«Les gouvernements ont le pouvoir d’agir, mais nous devons les conseiller», a-t-il affirmé. L’événement se tenait en marge du Forum sur la science et l’innovation organisé dans le cadre du Forum mondial de l’alimentation.

M. Qu a exhorté le secteur privé, dont provient l’essentiel de l’investissement dans la recherche, à assumer une plus grande responsabilité sociale et à être plus transparent en ce qui concerne les résultats de ces travaux. Il a aussi plaidé vivement en faveur d’approches globales et dit employer les sciences sociales en association avec les sciences naturelles, rappelant à cette occasion qu’il avait nommé les premiers Économiste et Scientifique en chef de la FAO. 

M. Qu a aussi évoqué les engrais et leur utilisation efficace, en tant que domaine essentiel où appliquer les connaissances scientifiques, et a fait observer qu’il était urgent d’agir et que les pays développés et en développement en tiraient des avantages considérables. D’après lui, on ne peut se passer de la science dans la recherche de solutions en faveur des systèmes agroalimentaires mondiaux à court, moyen et long termes. 

Les investissements dans la recherche agricole restent extrêmement faibles puisque seuls 34 à 72 centimes lui sont consacrés par tranche de 100 USD de PIB agricole, et l’essentiel des dépenses vient d’une poignée de pays à revenu élevé. 

Le Directeur général a estimé que l’augmentation des investissements dans la recherche agricole dans les pays à revenu faible et la stabilité des bases de financement étaient des objectifs prioritaires dont la concrétisation pouvait être facilitée par des partenariats plus solides, en particulier avec le Système CGIAR. 

En quête de productivité

Plusieurs sommités du monde de la recherche agricole sont intervenus pendant la session. 

M. Rob Bertram, Scientifique en chef du Bureau de la résilience et de la sécurité alimentaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international, a réalisé une présentation liminaire dans laquelle il a montré que la productivité totale des facteurs avait décollé dans les pays en développement, expliquant qu’il s’agissait d’une évolution positive qui signifie que l’on produit davantage de nourriture sans utiliser plus de terres. Il a néanmoins fait observer que l’Afrique subsaharienne était encore en retrait étant donné que la plupart des gains de production effectués dans la région découlaient d’une utilisation accrue plutôt que d’une hausse des rendements. «Ce n’est pas durable. Cela ne fait pas reculer la pauvreté. Cela ne réduit pas le prix des aliments. Et cela n’améliore pas la situation des agriculteurs ni des consommateurs» a déclaré M. Bertram. 

Il a présenté les gains impressionnants de productivité totale des facteurs observés au Bangladesh et, un peu plus tardivement, en Éthiopie. Les améliorations en ce qui concerne l’utilisation efficace des engrais ont été décisives et peuvent être reproduites au moyen de solutions adaptées aux conditions locales et intégrées dans une approche fondée sur la santé des sols. «Organique et inorganique vont de pair», a‑t‑il expliqué. «Ne disons pas aux gens ce qu’ils doivent faire. Donnons-leur des possibilités.»

Le Directeur général s’est félicité de cet exposé et a ajouté que la science et les données étaient l’unique voie à suivre. «Disons la vérité», a-t-il dit. «Soyons réalistes, pas idéalistes.»

M. Philip Pardey, Directeur du Centre international pour les pratiques et les politiques en matière de sciences et de technologies, a fait observer qu’il pouvait s’écouler des décennies avant que le fruit de la recherche agricole parvienne jusqu’aux agriculteurs, preuve qu’un appui public constant était indispensable. Il a ajouté qu’il fallait réaliser davantage d’investissements locaux, en particulier là où le besoin se fait le plus sentir, car il est plus difficile d’implanter les technologies et les produits de la recherche dans le secteur agricole qu’ailleurs. 

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