Directeur général QU Dongyu

Quarante-troisième session de la Commission du Codex Alimentarius

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

24/09/2020

Quarante-troisième session de la Commission du Codex Alimentarius

24 septembre 2020, 12 heures

Allocution d’ouverture
M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Texte avant allocution

 

 

Mon cher ami Tedros [Directeur général de l’OMS],

Monsieur le Président de la Commission du Codex Alimentarius,

Chers participants,

Chers collègues et amis,

1. Bienvenue à la toute première session en ligne de la Commission du Codex Alimentarius. La quarante-troisième session est d’ores et déjà historique pour cette raison. Toutes mes félicitations!

2. Vous avez osé plonger dans le monde numérique! Et maintenant, le Codex numérique est une réalité. Si la crise mondiale a rendu cette évolution indispensable, elle nous a aussi montré que, lorsque quelque chose était vraiment important pour nous, nous pouvions l’accomplir. Quels que soient les obstacles. Des travaux importants vont être réalisés.

3. La FAO a emprunté la même voie à la dernière session du Conseil. Nous avons pris des décisions considérables au sujet de l’Organisation lors d’une session à distance, et vous allez faire de même au sein du Codex.

4. En cette période de pandémie, le monde a particulièrement besoin des normes internationales qui permettent à nos aliments de continuer à franchir les frontières en toute sécurité. La dernière chose dont nous ayons besoin dans cette situation déjà précaire est la flambée d’une maladie d’origine alimentaire.

5. À cet égard, je félicite le Codex de sa réaction face à la covid-19 et du fait qu’il a rapidement formulé, en collaboration avec des experts de la FAO et de l’OMS, des indications à l’intention des États, du secteur alimentaire et des consommateurs.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

6. Vous êtes convenus, à une écrasante majorité, de tenir la présente réunion afin d’adopter plusieurs normes, à la fois en matière de sécurité sanitaire des aliments et de commerce – des normes qui portent sur l’ail frais, les kiwis ou encore le traitement des allergènes alimentaires et l’amélioration de l’hygiène alimentaire.

7. Parmi les nombreux documents que vous allez examiner, je souhaiterais m’attarder sur les Principes généraux d’hygiène alimentaire et leur annexe HACCP, qui visent à prévenir les risques tout au long de la filière alimentaire. Vous allez effectuer, sur la base d’éléments scientifiques et de données d’expérience, une mise à jour importante de ce texte emblématique, qui rendra les aliments plus sûrs pour nous tous.

8. Je suis un scientifique et, dès mes premiers contacts avec le Codex, j’ai été impressionné par la détermination à fonder les normes sur des éléments scientifiques et factuels.

9. En Chine, j’ai été le premier à appliquer les normes du Codex afin de contribuer à des «améliorations sur quatre fronts» – production, nutrition, environnement et conditions de vie – au profit de la population de tout le pays.

10. En tant que Directeur général de la FAO, je me suis engagé à apporter ces «améliorations sur quatre fronts» à l’échelle mondiale. Cependant, nous ne pourrons y parvenir qu’en exploitant des éléments scientifiques et factuels, en nous appuyant sur des partenariats solides et en tirant pleinement parti des innovations numériques.

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11. L’une des premières décisions que j’ai prises à la FAO a été d’affecter davantage de fonds au Programme conjoint FAO/OMS relatif aux avis scientifiques en matière de sécurité sanitaire des aliments, qui est le fondement des normes du Codex. Ses travaux sont importants car, sans eux, le Codex serait ralenti. Nous devons donc veiller à ce qu’ils puissent être menés à bien.

12. Le Codex concerne tous les pays et le fait d’accorder la priorité à ses activités au niveau local permet aux États de mettre en place des systèmes nationaux et de s’exprimer sur la scène mondiale. Je l’ai constaté dans mon propre pays.

13. Les travaux du Codex contribuent à la réalisation de nombreux ODD et le Codex lui-même est une parfaite illustration de l’ODD 17, qui a trait aux partenariats.

14. Nous sommes pleinement conscients du caractère essentiel des partenariats pour nos travaux.

15. Seuls, nous ne pouvons pas obtenir les résultats escomptés. La FAO a besoin de ses Membres, d’autres organisations internationales, de la société civile et du secteur privé pour mener à bien ses activités, et il en est de même pour le Codex.

16. En réalité, le Codex lui-même, fondé par la FAO et l’OMS en 1963, est l’un des partenariats fructueux les plus pérennes au sein du système des Nations Unies.

17. Les normes du Codex s’enrichissent des contributions des organisations ayant le statut d’observateur – organisations sectorielles ou groupes de consommateurs qui œuvrent en première ligne – et du monde universitaire, qui fournit les meilleurs éléments scientifiques disponibles.

18. Parmi les autres exemples de partenariats actifs, citons les réunions régionales du Codex, qui soulignent combien il est important d’être à l’écoute et d’apprendre des acteurs qui interviennent au niveau des pays.

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19. L’initiative Main dans la main, que j’ai mise en place à la FAO, est une approche nouvelle des partenariats et un modèle d’activité inédit qui met en relation les pays où la pauvreté et la faim atteignent les niveaux les plus élevés avec des donateurs.

20. Commercer sur un pied d’égalité grâce aux normes du Codex donne un immense pouvoir d’achat.

21. À mesure que la pandémie évolue, nous devons faire en sorte que les échanges commerciaux se poursuivent de manière fluide afin qu’ils contribuent à la sécurité alimentaire et à la nutrition au niveau mondial.

22. Cela nécessite un flux d’information constant et des données pratiquement en temps réel. Il est donc crucial, à cet égard, d’intégrer de nouvelles technologies et des approches innovantes dans nos activités.

23. Que cela signifie-t-il du point de vue des activités du Codex?

24. Les normes du Codex sont généralement élaborées par consensus lors de réunions physiques qui se tiennent dans le monde entier.

25. En 2021, vous allez devoir vous intéresser au pouvoir de l’innovation et des technologies numériques afin de poursuivre vos importants travaux.

26. En effet, adopter des solutions numériques vous permettrait de vous réunir plus fréquemment et d’établir des normes de manière plus efficiente.

27. Le développement du numérique est l’un des domaines dans lesquels la FAO a une bonne longueur d’avance et nous travaillons sans relâche pour mettre les technologies modernes au service de tous les acteurs de l’alimentation et de l’agriculture.

28. Nous sommes en train de créer la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques, une enceinte multipartite inclusive dont l’objectif est de recenser et d’examiner les avantages et les risques potentiels du développement du numérique dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture.

29. La Plateforme internationale comblera le vide important qui existe entre les enceintes multilatérales s’occupant de l’économie numérique et celles chargées de l’alimentation et de l’agriculture. Elle amènera l’agriculture à la table des débats mondiaux sur le développement du numérique.

30. Nous devons utiliser les ressources naturelles de manière efficiente et tirer parti des particularités de chaque pays.

31. Les chaînes de bloc, l’Internet des objets et l’arrivée de la technologie 5G dépassent les frontières de l’économie numérique et nous ouvrent les portes d’une nouvelle société numérique.

32. La deuxième Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments a été un triomphe s’agissant de jeter des ponts entre des mondes et des personnes grâce aux technologies numériques.

33. Il était fascinant de voir des projets – webinaires, conversations sur Twitter, émissions de radio, messages en vidéo, concours en ligne et conférences de presse – se concrétiser dans plus de 60 pays.

34. La pandémie de covid-19 nous a obligés à organiser les célébrations à distance, ce qui a permis de rendre la Journée internationale véritablement inclusive: il suffisait de disposer d’une connexion à Internet pour y participer et assister aux manifestations tenues dans le monde entier.

35. La crise mondiale nous montre clairement que la sécurité sanitaire des aliments est l’affaire de tous.

36. En outre, elle permet au grand public de voir les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les détaillants pour ce qu’ils sont, à savoir de véritables héros de l’alimentation.

37. En coopération avec l’OMS, nous avons produit un aperçu des célébrations de 2020. La collaboration, la créativité et le dévouement qui ont sous-tendu ces initiatives sont une source d’inspiration pour les éditions futures de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments. Je vous invite à lire le rapport.

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38. Pour terminer, je souhaiterais vous faire part de ma vision pour la FAO et vous exhorter à faire tout votre possible, dans ce cadre, pour que le Codex résiste au temps.

39. Le Secrétariat du Codex est maintenant bien intégré au Centre FAO/OMS, qui contribue à rendre l’Organisation plus souple et plus transparente, mais aussi plus responsable, plus inclusive et plus novatrice.

40. Les systèmes hiérarchiques étaient pertinents à l’époque où les pyramides et les matrices fonctionnaient, dans les années 1960. Aujourd’hui, face aux évolutions de plus en plus rapides, nous avons besoin de systèmes modulaires qui puissent s’adapter rapidement et facilement.

41. Ma vision consiste à créer une FAO inclusive, novatrice et souple, qui aide ses Membres à apporter des «améliorations sur quatre fronts»: production, nutrition, environnement et conditions de vie.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

42. La sécurité sanitaire des aliments est essentielle à la sécurité alimentaire. Des aliments insalubres ne sont pas des aliments dignes de ce nom.

43. Sur le chemin de la sécurité alimentaire, personne ne doit être laissé de côté.

44. Le Codex travaille dans un esprit d’inclusion et de transparence, que ce soit en ligne ou en présentiel.

45. Je m’attends à ce que cette réunion soit historique, non seulement par ses modalités d’organisation mais aussi par son contenu.

46. Les normes que vous allez adopter auront d’importantes répercussions à l’échelle mondiale.

47. Par ailleurs, je suis ravi de constater que vous vous pencherez également sur la question de savoir comment rendre le Codex plus résilient face aux crises comme celle de la covid-19.

48. Et comment faire en sorte que les pays hôtes fournissent les moyens nécessaires à la poursuite de votre programme de réunions techniques, réparti entre de nombreux pays. Je voudrais adresser des remerciements particuliers à tous ces hôtes!

49. Je suis convaincu que vous trouverez des moyens de faire progresser et de développer le Codex et ses importants travaux fondés sur des éléments scientifiques en 2021 et au-delà.

50. Je peux vous assurer que la FAO continuera de prêter un appui au Codex comme elle le fait depuis sa création, en 1963.

51. Je vous souhaite que la première réunion à distance de la Commission du Codex se déroule parfaitement et soit fructueuse!

Merci de votre attention.