Directeur général QU Dongyu

Conférence en ligne de l’Initiative mondiale pour la sécurité sanitaire des aliments de 2021

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

23/03/2021

ALLOCUTION PRINCIPALE

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO 

Conférence en ligne de l’Initiative mondiale pour la sécurité sanitaire des aliments de 2021

23 mars 2021 à 12 heures

Texte avant allocution

 

Chers participants,

Chers collègues, chers amis,

Mesdames et Messieurs,

1. C’est un honneur pour moi de prononcer l’allocution principale de cette importante réunion de décideurs venus du monde entier et représentant toutes les filières alimentaires.

2. En tant que chefs de file de l’industrie alimentaire, vous êtes responsables de la production, de la transformation et de la distribution des aliments, ce qui a des répercussions sur la vie de millions de personnes tous les jours.

3. De par mon expérience professionnelle, je connais bien l’Initiative mondiale pour la sécurité sanitaire des aliments et j’ai été impressionné par ses activités et son approche visant à promouvoir l’utilisation des normes mondiales de sécurité sanitaire des aliments en collaboration étroite avec le Codex et le Programme d’action mondial, entre autres.

4. Après tout, l’avenir et le bien-être de chaque être humain dépendent de l’accès fiable à des quantités suffisantes d’aliments sains et nutritifs.

***

5. La pandémie a été difficile à vivre pour nous tous. Les mesures d’endiguement mises en place ont eu des conséquences pour tous les citoyens et toutes les entreprises.

6. La FAO fournit un appui aux gouvernements et aux autres parties prenantes du monde entier depuis le début de la pandémie et travaille d’arrache-pied pour donner des orientations générales à tous les secteurs du système agroalimentaire. Ensemble, nous avons beaucoup avancé.

7. Notre objectif est d’adapter la gouvernance en matière de sécurité sanitaire des aliments et les procédures du commerce des produits alimentaires pour assurer la bonne circulation des produits du producteur au consommateur.

8. Vous avez tous su relever les défis et agir en première ligne, et vous avez fait de votre mieux pour limiter les perturbations de la production et de la chaîne d’approvisionnement.

9. Je vous félicite pour ce véritable exploit.

10. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire.

11. Aujourd’hui, les personnes souffrant d’insécurité alimentaire et celles qui rencontrent des difficultés pour accéder à de la nourriture saine et nutritive en quantité suffisante sont plus nombreuses qu’avant la crise, et les tendances actuelles ne sont pas encourageantes.

12. Pour nourrir tous les habitants de la planète dans les années à venir, il nous faudra transformer radicalement nos systèmes agroalimentaires.

13. Si nous voulons nourrir 10 milliards de personnes d’ici 2050, nos systèmes agroalimentaires devront être productifs, efficaces et durables et produire de la nourriture saine et nutritive pour tous, afin que tous les êtres humains puissent vivre en bonne santé.

14. Pour être clair, l’avenir des systèmes agroalimentaires façonnera celui de l’humanité. Ce n’est pas une exagération, c’est un fait.

15. Nous devons stimuler la croissance économique et les perspectives d’emploi nécessaires à l’élimination de la pauvreté, à la réduction des inégalités et à la préservation de la biodiversité et du milieu naturel.

16. Il faut que les systèmes agroalimentaires assurent la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition pour tous, qu’ils soient économiquement viables et inclusifs et qu’ils aient une incidence positive sur le climat et l’environnement.

17. Malheureusement, nul parmi nous n’ignore que les systèmes agroalimentaires actuels ne répondent pas à cette aspiration. Tous les acteurs et partenaires doivent donc agir sans plus attendre.

18. Examinons les nombreux défis auxquels les systèmes agroalimentaires sont confrontés aujourd’hui.

19. Des millions de personnes souffrent de faim chronique, et leur nombre ne fait qu’augmenter.

20. Son coût étant bien plus élevé que le seuil de pauvreté international, fixé à 1,90 USD par jour, une alimentation saine est donc hors de portée pour plus de 3 milliards de personnes dans le monde.

21. Le fardeau de la malnutrition sous toutes ses formes reste un problème. Environ 144 millions d’enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance, 47 millions souffrent d’émaciation et 38 millions sont en surpoids.

22. Les aliments insalubres engendrent des coûts importants pour les pays à revenu faible et intermédiaire et entraînent une perte de productivité d’environ 95 milliards d’USD.

23. L’impact de la covid-19 s’est aggravé. Les taux d’emploi ont chuté. Le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation en 2020 aurait augmenté de 132 millions, ce qui risque d’annuler les progrès accomplis ces 20 dernières années.

24. Par ailleurs, selon les estimations, les systèmes agroalimentaires d’aujourd’hui généreraient jusqu’à 37 pour cent des émissions de gaz à effet de serre, et ils continuent à surexploiter des ressources naturelles rares.

25. Nous devons tous redoubler d’efforts pour relever ces défis et privilégier des systèmes agroalimentaires durables et efficaces.

26. Premièrement, nous devons acquérir une meilleure compréhension des concessions réciproques qui peuvent être nécessaires entre des objectifs stratégiques concurrents et les réduire au minimum.

27. Deuxièmement, nous devons tirer parti de l’innovation et des technologies numériques pour opérer des changements profonds.

28. Il importe de concevoir des approches de qualité en matière de développement et de réduction, réutilisation, recyclage et récupération et d’y intégrer un ensemble de solutions qui favorisent l’utilisation rationnelle des ressources en eau, des terres et des intrants agricoles (engrais, substances chimiques et autres).

29. Rares sont les gouvernements et les acteurs des systèmes alimentaires qui exploitent et intègrent les possibilités offertes par ces technologies innovantes.

30. Pour exploiter pleinement les avantages de ces technologies, les gouvernements et les organisations du secteur public doivent conclure des alliances et collaborer étroitement avec le secteur privé pour promouvoir des modèles d’activité inclusifs qui aident à réduire la fracture numérique et les différences de capacité d’innovation entre les pays et les régions.

31. Le secteur privé doit, quant à lui, renforcer ses partenariats avec le secteur public et sa responsabilité sociale.

32. Troisièmement, nous devons renforcer la gouvernance, le capital humain et les institutions.

33. Je souhaiterais à présent vous demander comment votre organisation et votre secteur peuvent veiller à ce que notre nourriture soit produite et livrée de manière plus durable que jamais.

34. Nous savons tous qu’il s’agit d’un sujet très compliqué, qui englobe un réseau complexe de mesures incitatives et de forces du marché.

35. Cependant, toutes les parties prenantes du système agroalimentaire devront transformer leurs opérations et remanier leurs approches dans le but de fournir des quantités suffisantes de nourriture saine et nutritive produite de manière efficace et durable.

36. Nous devons à la fois développer les capacités au sein des pays et renforcer notre capacité d’agir collectivement pour façonner les systèmes agroalimentaires que nous voulons.

37. Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, de même que les nombreuses plateformes et initiatives multipartites créées pour nous aider à mettre en place des systèmes agroalimentaires plus durables, donneront un coup d’accélérateur aux efforts déployés pour faire face à ces enjeux.

Mesdames et Messieurs,

38. Dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous sommes instamment invités à prendre des mesures pour éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition en veillant à ce que chacun ait accès à des aliments sains, nutritifs, peu coûteux et sans danger pour la santé en quantité suffisantes.

39. L’échéance fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable approche à grands pas, et il ne nous reste plus que neuf ans pour y arriver.

40. Nous devons redoubler d’efforts pour résoudre les problèmes auxquels se heurtent les systèmes agroalimentaires, et ce, avec tous les moyens, tous les outils et tous les mécanismes dont nous disposons. Il n’y a pas de temps à perdre.

41. Dans ce contexte, j’apprécie le titre de votre conférence, à savoir: Sécurité sanitaire des aliments: Repenser, réinitialiser et revaloriser.

42. Depuis 20 mois, mon travail à la FAO va dans ce sens.

43. Priorité mondiale, la transformation des systèmes agroalimentaires occupe une place centrale dans le mandat de la FAO.

44. Le secteur privé doit s’impliquer pleinement pour que nos systèmes agroalimentaires deviennent plus efficaces, inclusifs, résilients et durables.

45. En 2020, la FAO a accéléré cette transformation.

46. Avant 2020, j’évoquais la nécessité de bâtir une FAO numérique.

47. Aujourd’hui, cette FAO numérique existe et fait preuve de souplesse en adaptant ses travaux à une nouvelle structure organisationnelle dans un nouveau monde numérique.

48. Nous proposons un nouveau Cadre stratégique pour encourager à redoubler d’efforts en vue de la réalisation des objectifs de développement durable.

49. Le Cadre stratégique vise à mettre en place des systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

50. Si nous voulons mettre en œuvre l’ambitieux programme que nous nous sommes fixé, nos Membres doivent collaborer avec tous les partenaires et, en particulier, avec le secteur privé. 

51. Nous poursuivons nos activités plus activement que jamais: la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie de la FAO relative à la mobilisation du secteur privé, adoptée en décembre dernier, est en bonne voie.

52. Nous avons redoublé d’efforts pour créer des conditions propices nous permettant de trouver de nouvelles manières de travailler avec le secteur privé.

53. Le développement continu du portail «Connect» figurera en tête des priorités tout au long de l’année 2021.

54. Je souhaiterais vous inviter tous à tirer pleinement parti des nouvelles manières de travailler avec la FAO dans le cadre de partenariats mutuellement avantageux, pour créer les synergies nécessaires à la transformation de nos systèmes agroalimentaires.

Mesdames et Messieurs,

55. La sécurité sanitaire des aliments est prioritaire: si un produit n’est pas sans danger, ce n’est pas de la nourriture.

56. Cette question est l’affaire de tous.

57. Nous devons tous veiller à ce que nos aliments soient produits, transformés, distribués et consommés en toute sécurité tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

58. Une alimentation sans danger, du producteur au consommateur, nécessite une collaboration étroite entre toutes les parties prenantes, le secteur public, le secteur privé et les consommateurs.

59. L’Initiative mondiale pour la sécurité sanitaire des aliments a été l’un des premiers partenaires à mettre en avant la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, et je vous en remercie.

60. Je vous encourage, cette année encore, à vous joindre à nous pour la célébrer le 7 juin.

61. J’espère que la conférence de l’Initiative mondiale pour la sécurité sanitaire des aliments aidera à mieux faire comprendre le rôle primordial du secteur privé dans la transformation des systèmes agroalimentaires en vue de garantir à tous une alimentation saine en quantité suffisante.

62. Retroussons nos manches et travaillons ensemble!

Je vous remercie.