Directeur général QU Dongyu

Vingt-sixième session du Comité des forêts et Huitième semaine mondiale des forêts

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

03/10/2022

Vingt-sixième session du Comité des forêts

et

Huitième semaine mondiale des forêts

 Allocution d’ouverture

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

3 octobre 2022

Rome

 

 

Salam alaikum!

Votre Altesse royale,

Bonjour, Mesdames et Messieurs,

 

1.         J’ai le plaisir et l’honneur de prononcer cette allocution d’ouverture aux côtés de mes collègues et dans ce cadre nouveau que s’est donné la FAO au terme de trois années de changement.

 

2.         Vous êtes les premiers invités à vous réunir dans cette nouvelle salle plénière, et je me félicite que le Comité des forêts soit partie prenante dans ce tournant historique de la FAO que nous abordons ensemble.

 

3.         Ce Comité, qui s’est réuni pour la première fois il y a cinquante ans, en 1972, est aujourd’hui une plateforme intergouvernementale de premier plan pour aborder les questions forestières en réponse aux nouveaux défis mondiaux.

 

4.         Je suis honoré d’accueillir Son Altesse royale la Princesse Basma bint Ali de Jordanie, Ambassadrice de bonne volonté de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord.

 

5.         Nous nous sommes rencontrés en Corée en mai dernier à l’occasion du quinzième Congrès forestier mondial, où Son Altesse royale est intervenue dans des débats importants où elle fait autorité.

 

6.         J’ai été particulièrement reconnaissant de cette rencontre car ce jour-là se situait aussi dans la période du Ramadan, et j’ai été touché qu’elle manifeste ainsi son engagement auprès de la FAO.

 

7.         En ce jour qui nous voit réunis en ce lieu, la crise climatique et les urgences humanitaires se font plus pressantes que jamais dans l’ensemble du monde, et ceux qui les subissent le plus durement sont les personnes les plus vulnérables.

 

8.         Rentrant de la Réunion des ministres de l’agriculture du G20 à Bali (Indonésie), je me réjouis de voir aujourd’hui présente parmi nous Mme Siti Nurbaya Bakar, Ministre indonésienne de l’environnement et des forêts.

 

9.         J’ai aussi eu des entretiens très fructueux le mois dernier en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, où me suis entretenu avec l’ancien Représentant permanent des États-Unis d’Amérique auprès de la FAO, M. Kip Tom, ainsi qu’avec leur actuelle Représentante permanente, Mme Cindy McCain, qui a facilité mon interaction avec des agriculteurs de son pays sur le terrain, contribuant ainsi à rendre cette visite fructueuse.

 

10.       Dans toutes les régions du monde, nous subissons non seulement les effets de la pandémie, mais aussi de sécheresses, d’inondations, d’incendies et de tempêtes de fréquence et d’intensité croissantes, en particulier depuis deux ans.

 

11.       Nous affrontons ces défis en commun, car, comme je le dis toujours, nous habitons une petite planète et nous ne pouvons faire autrement que d’affronter les défis ensemble.

 

12.       Parallèlement, nous faisons face à des crises concomitantes: pandémie mondiale, contraction des économies et hausses des prix des produits alimentaires, de l’alimentation animale, des carburants et des engrais.

 

13.       La hausse des prix de ces quatre catégories de produits affecte autant les agriculteurs que les consommateurs.

 

14.       La faim continue de gagner du terrain à mesure que se creusent les inégalités, entre les hommes et les femmes et entre les villes et les campagnes. Je ne rappellerai pas ici les données qui sont à la disposition de tous.

 

15.       La déforestation et la dégradation des terres, qui s’accompagnent de la perte de biodiversité, ravagent nos écosystèmes.

 

16.       Cela doit changer, cela doit cesser!

 

17.       Comme l’énonce la Déclaration de Séoul, les forêts et les arbres doivent être considérés comme un élément essentiel de la solution.

 

18.       Nous disposons de 7 ans seulement pour concrétiser le Programme 2030 et les objectifs de développement durable.

Mesdames et Messieurs,

19.       Nous possédons le savoir-faire, les outils et les solutions.

 

20.       Nous devons à présent mettre en œuvre, élargir et intensifier notre action, et surtout, nous avons besoin d’une volonté politique et d’un assemblage de solutions. 

 

21.       Nous avons de nombreuses solutions, mais autant de cloisonnements qui les isolent; il nous faut à présent les envisager dans leur globalité, c’est-à-dire comme un ensemble cohérent et synergétique de solutions.

 

22.       Car les forêts ne sont pas qu’une question d’arbres, de pâturages, d’eau et de zones humides: elles concernent l’écosystème dans lequel nous vivons.

 

23.       Les recommandations et les débats du Comité des forêts enrichiront les processus mondiaux, notamment les trois conventions de Rio – sur le changement climatique, la biodiversité et la lutte contre la désertification –, ainsi que le Sommet de 2023 sur les ODD que nous préparons.

 

24.       Cette semaine, le Comité des forêts fera progresser l’action mondiale intéressant les forêts dans les domaines du changement climatique, de la production et de la consommation durables, de la restauration des forêts, de la biodiversité et des financements.

 

25.       Et il produira des recommandations techniques sur les problématiques nouvelles qui concernent les forêts et les politiques publiques.

 

26.       Pour la première fois, nous parlons d’agriculture et de forêts, et non d’agriculture où les forêts ne seraient qu’un élément parmi d’autres.

 

27.       Nous avons pour habitude de dire que l’agriculture comporte quatre grands domaines: les plantes, les animaux, les forêts et la pêche, mais cette fois nous abordons l’agriculture et les forêts dans un même point de l’ordre du jour, ce qui constitue un pas important vers la définition et la généralisation de solutions offrant le double avantage de favoriser la sécurité alimentaire et la nutrition et de préserver les forêts, les arbres, les herbages et les zones humides.

 

28.       Nous devons œuvrer ensemble et dans tous les secteurs au renforcement d’une action publique coordonnée sur les synergies et les arbitrages entre le secteur de l’agriculture et celui des forêts.

 

29.       Au cours de cette session, vous allez aussi débattre de l’édition 2022 du rapport de la FAO sur La Situation des forêts du monde, qui avance trois solutions concrètes et interdépendantes:

 

30.       Tout d’abord, mettre un coup d’arrêt à la déforestation, mesure indispensable pour s’attaquer à la crise climatique en réduisant de 14 pour cent les émissions de gaz à effet de serre, et ainsi sauvegarder plus de la moitié de la biodiversité terrestre de la planète.

 

31.       Mais nous devons aussi nous tourner vers d’autres parties du monde, notamment les petits États insulaires en développement (PEID) où nous nous devons d’agir pour la biodiversité dans les eaux et la vie marines, soit deux aspects déjà traités lors de la dernière en date des sessions du Comité des pêches.

 

32.       À la FAO, nous nous devons d’intégrer la conservation de la biodiversité des deux milieux en tant que solution planétaire.

 

33.       Deuxièmement, planter des arbres afin de verdir la planète, de restaurer les capacités productives et de renforcer la résilience de l’écosystème.

 

34.       Nous savons que, au cours des 50 années écoulées depuis la création du Comité des forêts, de nombreux pays ont produit des efforts importants.

 

35.       À cet égard, des pays comme la Chine, l’Inde et des pays de la région du Proche-Orient, qui ont le plus souffert des effets de la désertification et de la sécheresse, ont déployé des efforts importants de plantation pour obtenir des terrains arborés ou broussailleux et des herbages.

 

36.       Il y a là matière à apprendre les uns des autres, entre Membres.

 

37.       Un milliard et demi d’hectares de terres dégradées peuvent être restaurés.

 

38.       L’extension du couvert arboré pourrait concourir à la durabilité économique, ce qui est essentiel pour renforcer la productivité alimentaire et faire face à des demandes croissantes.

 

39.       Troisièmement, utiliser les forêts et les arbres de manière durable et mettre en place des chaînes de valeur respectueuses de l’environnement.

 

40.       Les bois et les brousses sont des ressources renouvelables très précieuses; ils composent une source importante de matériaux neutres, voire positifs, au regard du carbone et représentent d’importantes solutions permettant d’économiser l’eau.

 

41.       La restauration des écosystèmes commence par la plantation de buissons, l’installation d’un tapis herbeux et de mousses, suivies de la plantation d’arbres.

 

42.       Dans de nombreuses parties du monde, y compris dans certaines régions des États-Unis d’Amérique, il est nécessaire d’entamer les travaux de reboisement par l’établissement d’herbages à cause du manque d’eau.

 

43.       Le Comité des forêts étant un comité technique, ce qui le distingue d’un organe directeur politique, il doit produire des recommandations techniques et scientifiques sur les modalités de restauration des écosystèmes.

 

44.       Les aliments forestiers cueillis dans le milieu naturel permettent d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations riveraines, mais aussi de populations plus lointaines; ils sont valorisables au profit des agriculteurs et des peuples autochtones, et leur cueillette préserve l’environnement.

 

45.       Les petits exploitants, les communautés locales et les peuples autochtones, en leur qualité de propriétaires ou de gérants de près d’un milliard d’hectares de forêts et de terres agricoles dans le monde, sont les intendants de la nature.

 

46.       Dans cette optique, nous apportons notre appui au Partenariat de la montagne hébergé par la FAO.

 

47.       Le Groupe de travail des peuples autochtones est aussi hébergé ici à la FAO, car les peuples autochtones ont leur place au centre des efforts tournés vers des systèmes agroalimentaires durables, dont les forêts et les arbres font partie intégrante.

Chers collègues,

48.       Depuis mon arrivée il y a trois ans, je me suis efforcé d’opérer une intégration croisée des activités de toutes les unités de la FAO, car nous devons travailler en étant animés d’une vision globale, en agissant ensemble et non de manière cloisonnée.

 

49.       La FAO est aujourd’hui plus dynamique, efficace, innovante et son action bénéficie d’un plus grand retentissement.

 

50.       Au cours des trois années écoulées, nous avons pris des mesures pour donner à la FAO une position centrale dans les instances internationales, notamment le G7, le G20, l’Assemblée générale de l’ONU et le Forum économique mondial.

 

51.       Le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO est porté par les stratégies thématiques de l’Organisation en matière de changement climatique, de science et d’innovation, ainsi que par ses stratégies en matière de biodiversité et de mobilisation du secteur privé.

 

52.       La FAO s’est engagée à apporter son appui aux Membres dans leurs efforts visant à préserver, restaurer et gérer sur un mode durable les forêts et l’environnement mondial, en particulier l’environnement agricole. 

 

53.       Nous devons continuer à œuvrer ensemble, en associant à notre action nos partenaires essentiels et tous les acteurs pertinents afin de transformer nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

 

54.       Ainsi, nous parviendrons à améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

 

55.       Je vous souhaite à toutes et à tous des travaux fructueux.

 

56.       Prenez soin de vous et profitez de cet agréable automne à Rome.

 

57.       Je vous remercie de votre attention.