Directeur général QU Dongyu

Quarante-troisième session de la Conférence de la FAO Point 6 – Nomination du Directeur général Retranscription du discours prononcé par M. Qu Dongyu, Directeur général élu de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

02/07/2023

Madame la Présidente,

Messieurs les vice-présidents,

Mesdames et Messieurs,

 

Merci d’avoir pris la bonne décision au bon moment.

 

Ma surprise n’a d’égal que ma joie. J’y suis allé de mon pronostic. Moi qui fais en toute chose preuve de franchise, je ne vous cacherai pas que je viens de prendre les paris avec mes collègues chinois: j’ai estimé que je recueillerais peut-être 150 voix pour et au moins 10 voix contre. Mais j’espère de tout cœur que les personnes qui ont voté contre seront disposées à discuter avec moi de leur choix.

 

Je souhaite simplement comprendre si je vous ai par quelque manière offensés. C’est là la manifestation d’un trait culturel chinois, que nous résumons ainsi: «Chaque jour, demande-toi par trois fois si tu commets une erreur». En chinois: «吾一日三省». Il est difficile pour les jeunes Chinois de traduire la poésie classique.

 

Par ailleurs, j’ai consulté ChatGPT et ai appris que la décision que vous avez prise aujourd’hui constituait l’événement le plus important qui ait eu lieu depuis la dynastie Tang. Vous pouvez donc être fiers d’avoir marqué l’histoire pour des générations.

 

La disponibilité, l’accessibilité et le caractère abordable des aliments sont essentiels pour les populations du monde entier. Comme le dit le proverbe chinois: «民以食为天, 国以民为本». Pas d’inquiétude, je vais le traduire pour vous: la nourriture est une priorité pour le peuple, or l’État repose sur le peuple. Vous et vos gouvernements êtes susceptibles de changer la donne.

 

Mes équipes, mes collègues et moi-même en ma qualité de Directeur général de la FAO sommes déterminés à faciliter et à soutenir votre action. Je dois à présent rendre hommage à la famille modeste dont je suis issu, dont les nobles ancêtres trouvent leur origine dans le royaume de Chu, il y a 2 800 ans.

 

Je suis fier de mon pays d’origine, de sa grande civilisation et de l’avenir radieux qui s’offre à lui après 45 années de mise en œuvre de politiques d’ouverture et de réformes. Je suis très reconnaissant d’être issu d’une famille qui a été durement éprouvée, une famille de petits agriculteurs qui cultivaient le riz sur une parcelle de moins de 0,9 hectare. J’ai passé le plus clair de mon enfance en compagnie de ma grand-mère car j’étais le benjamin, j’avais un frère aîné. Cela fait de moi le seul Directeur général de la FAO à être issu d’une famille de petits exploitants. Je suis fier des épreuves traversées, car elles m’ont appris à changer.

 

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Bien entendu, je suis heureux de vivre à une époque plus heureuse. Je mesure ma chance. Il y a des années, je me suis rendu en Amérique du Sud: Pérou, Chili, Argentine et Mexique. Aux personnes rencontrées là-bas, j’ai dit: «Votre niveau de vie est bien plus élevé que celui des Chinois». Ils n’en revenaient pas. Puis, il y a 20 ans, j’ai parcouru une partie de l’Afrique, et ai dit à mes interlocuteurs: «Vos conditions de vie sont meilleures que celles des paysans chinois.» Eux non plus n’en revenaient pas. C’est donc une grande chance pour moi de pouvoir mettre ma longue expérience au profit des petits exploitants et des agriculteurs familiaux du monde entier.

 

C’est pourquoi ce matin à 2 h 30 j’étais toujours occupé à mettre la dernière main au document que m’avaient envoyé mon Directeur de Cabinet et l’Économiste en chef. Il n’y a que trois jours où je me souviens ne pas m’être réveillé à minuit. Mais j’ai de la chance, j’ai pu dormir après deux heures de travail. Mon Directeur de Cabinet et l’Économiste en chef, eux, n’ont pas eu cette chance. Vous voyez donc que je déborde toujours d’énergie. Je suis plus âgé qu’eux, c’est pourquoi j’ai tant insisté sur la notion de «jeunesse d’esprit». On ne peut changer sa date de naissance, mais on peut modifier son âge psychique, physique et social, en se mettant au service de la société et d’autrui.

 

Il y a quatre ans, je suis arrivé à la FAO avec l’ambition de la rendre plus dynamique, comme je l’ai déclaré dans mon manifeste. J’ai honoré cette promesse malgré toutes les difficultés rencontrées ces derniers mois et ces dernières années, avec votre soutien et celui de nos partenaires et de nos collègues.

 

Vous aurez constaté que j’ai également contribué à changer la culture de la FAO: j’ai nommé trois directeurs généraux adjoints issus de la précédente administration, que leur région d’origine soit l’Europe, l’Afrique ou l’Amérique. J’ai en outre invité Dan Gustafson à être mon représentant spécial.

 

Il s’agit là d’assurer une continuité en tirant parti de la mémoire institutionnelle, des connaissances et de l’expérience si précieuses de chacun, autrement l’on se prive de l’expérience de toute une vie de collaborateurs ayant dépassé la soixantaine. Rendez-vous compte de la quantité d’argent investi, des erreurs petites et grandes qui ont jalonné leur parcours et livré des enseignements dont on ne tirerait pas profit.

 

Je vous remercie de votre tolérance et de la liberté que vous m’accordez. Je reste à votre service et au service des populations qui ont besoin de toute la richesse de notre expérience. En tant que dirigeant de l’Organisation, je place la gestion des ressources humaines au premier rang de mes priorités. En effet, je ne saurais m’acquitter seul de toutes mes obligations. Je compte sur mes collaborateurs, je leur fais confiance et parfois je les presse. Même les fleurs devant l’entrée ont droit à mon attention, à chaque pas je sollicite M. Laurent Thomas, qui au début a eu bien du mal à s’y habituer. C’est que le Directeur général se considère normalement comme une grosse légume.

 

Mais je suis un petit légume. C’est le Directeur général adjoint canadien d’un centre international de la pomme de terre qui m’a corrigé la première fois. Je lui ai dit: «Je suis un petit légume», et il a répondu: «Vous n’êtes pas un petit légume.» J’ai insisté: «Si, je suis un petit légume.» Et lui de rétorquer: «Non, non, petit légume, cela veut dire autre chose.»

 

Comme indiqué dans mon nouveau manifeste, j’entends désormais me consacrer à la modernisation de l’Organisation, du siège jusqu’aux bureaux de pays. Ensemble nous produirons davantage de résultats, renforcerons l’application du principe de responsabilité et accroîtrons notre impact, dans le respect des Textes fondamentaux de la FAO, de l’Acte constitutif, du Règlement et bien entendu du mandat de l’Organisation. Avec votre soutien résolu, nous ferons de l’autonomisation des jeunes et des femmes une solution systématiquement appliquée. Je suis en outre entièrement dévoué à la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro en cas d’inconduite.

 

Il y a 20 ans, j’occupais le poste de vice-président de l’Académie chinoise des sciences agricoles, et à ce titre j’étais responsable de la discipline et des enquêtes. Comme vous le savez, lorsqu’un cas d’inconduite est signalé, je demande toujours au bureau compétent de mener une enquête. Jusqu’à présent, je ne me suis pas occupé du moindre dossier, car je suis bien conscient qu’il faut les laisser faire leur travail. C’est vous qui payez leur salaire, afin qu’ils puissent répondre à nos besoins et contribuer au respect du principe de responsabilité, à la transparence et à la protection de la réputation de l’Organisation. En effet, la FAO a besoin d’inspirer la confiance par sa réputation et par son respect du principe de responsabilité.

 

En outre, l’Organisation jouera un rôle de fournisseur de services avec la mise en place de nouveaux pôles de connaissances et la livraison de davantage de produits de qualité professionnelle.

 

Aidons l’humanité à éclairer les recoins les plus sombres, laissons-nous guider par notre passion et faisons preuve d’une solidarité à toute épreuve, en étant tous unis.

 

La noblesse de l’Organisation repose sur un esprit et une mission nobles.

 

La FAO est votre organisation et la nôtre, faisons d’elle une organisation fière et capable de s’acquitter de sa mission.

 

Mon allocution touche maintenant à sa fin. Traduisons les paroles en actes pour mettre à exécution les stratégies dont s’est dotée la FAO et concrétiser les quatre améliorations. 

 

Unissons nos efforts pour bâtir un monde meilleur, plus humain et plus prospère, sur une planète bien mieux préservée.

 

Vous pouvez compter sur moi et mes équipes. Je suis conscient que le temps presse, aussi remplirai-je avec célérité mes engagements.

 

多谢 (duōxiè), thank you, merci, grazie et spasiba.

 

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