Directeur général QU Dongyu

Réunion ministérielle de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) sur la sécurité alimentaire

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

19/08/2021

Réunion ministérielle de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) sur la sécurité alimentaire

Message vidéo de M. QU Dongyu, Directeur général de la FAO 

19 août 2021

 

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

1.         Bien avant la pandémie de covid-19, nous étions déjà en retard dans la réalisation de nos objectifs visant à éliminer la faim et la malnutrition d’ici 2030.

2.         Aujourd’hui, la pandémie a rendu ce défi beaucoup plus difficile à relever.

3.         Le rapport sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, publié en juillet dernier, confirme que, ’en 2020, le nombre de victimes de la faim a beaucoup augmenté et représente 161 millions de personnes de plus qu’en 2019.

4.         Si nous continuons dans cette voie, environ 660 millions de personnes pourraient encore souffrir de la faim en 2030, notamment en raison des effets à long terme de la pandémie de covid-19 sur la sécurité alimentaire mondiale.

5.         Le rôle des systèmes agroalimentaires dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui.

6.         Les conséquences de la pandémie mondiale, de la raréfaction des ressources naturelles, de la multiplication des conflits et des migrations, de la dégradation des écosystèmes et de la crise climatique requièrent toutes notre attention collective et immédiate.

7.         À cet égard, je tiens à vous faire part des six priorités suivantes. 

8.         PRIORITÉ 1: la croissance du secteur agricole est le facteur le plus important pour éliminer la pauvreté et la faim dans les économies à revenu faible ou intermédiaire.

9.         PRIORITÉ 2: il est essentiel que nous répondions collectivement au besoin d’investissements supplémentaires dans l’agriculture, tant dans les stratégies nationales de développement que dans les initiatives bilatérales et multilatérales.

10.       Il est clair que l’élimination de la faim généralisée nécessite une mobilisation importante de ressources mais le coût est gérable et représente 8 pour cent de la taille des marchés de produits alimentaires.

11.       Si nous ciblons les économies qui en ont le plus besoin et réalisons des investissements à fort impact, nous devrons mobiliser de 39 à 50 milliards d’USD par an pour éliminer la faim d’ici 2030. 

12.       PRIORITÉ 3: nous devons être EFFICACES et produire PLUS avec moins de ressources et moins d’émissions.

13.       L’innovation est le seul moyen d’aller de l’avant.

14.       Pour être en mesure de mettre en œuvre ces mesures de transformation, nous devons bien comprendre les compromis avec la nature et l’environnement.

15.       Nous disposons d’outils de modélisation pour interpréter les implications de cette transformation.

16.       PRIORITÉ 4: l’éradication de la faim chronique est réalisable d’ici 2030 si l’on veille au bon équilibre des interventions.

17.       S’il est vrai qu’aucune intervention menée à une échelle réaliste ne peut résoudre les problèmes à elle seule, une combinaison bien dosée d’interventions peut néanmoins avoir un impact de grande ampleur. 

18.       Il faudrait notamment:

•          mettre en place des politiques porteuses et cohérentes ainsi que des incitations pour les consommateurs;

•          investir dans des infrastructures essentielles tout au long des chaînes de valeur agroalimentaires, notamment les petits systèmes d’irrigation pour les petits exploitants;

•          encourager la réaffectation des subventions à la recherche-développement et promouvoir la technologie et l’innovation, notamment les biotechnologies, les systèmes agroalimentaires numériques et les technologies vertes;

•          réduire les pertes et le gaspillage de nourriture;

•          maintenir l’ouverture du commerce international;

•          protéger efficacement les populations les plus vulnérables grâce à des dispositifs de protection sociale et des interventions bien ciblées, notamment les programmes d’alimentation scolaire. 

19.       PRIORITÉ 5: les complémentarités.

20.       Les interventions en matière de conditionnement apportent des complémentarités et entraînent une baisse des coûts importante.

21.       PRIORITÉ 6: passer des interventions à des politiques et des investissements porteurs.

22.       La FAO, qui dispose d’un solide centre d’investissement et d’un réseau mondial de spécialistes de l’investissement, s’engage à appuyer ces travaux.

 

Chers collègues,

23.       La transformation des systèmes agroalimentaires exige de penser et d’agir en dépassant les cloisonnements sectoriels. 

24.       Ces systèmes présentent de nombreuses interdépendances et des synergies positives, mais les changements de politiques et d’approches nécessitent souvent de faire des compromis.

25.       Nous aurons également besoin d’approches systématiques pour constituer des portefeuilles cohérents de politiques, d’investissements et de législations qui deviennent des solutions avantageuses pour tous, notamment: 

•          les approches territoriales, en particulier l’initiative Main dans la main de la FAO;

•          les approches écosystémiques;

•          les approches favorisant l’autonomisation des femmes;

•          les approches des peuples autochtones axées sur les systèmes agroalimentaires; enfin, et surtout,

•          des interventions qui répondent systématiquement aux défis posés par les situations de crise prolongée.

26.       Le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu à Rome il y a trois semaines, a rencontré un grand succès. Tandis que nous nous préparons pour le sommet qui se tiendra à New York le mois prochain, notre attention se porte sur le développement de coalitions.

27.       Il s’agit de coalitions qui rassembleront des solutions novatrices permettant de relever les nombreux défis complexes liés aux systèmes agroalimentaires qui doivent être surmontés pour atteindre les ODD.

28.       Ces coalitions, qui seront prises en charge par les Membres, seront inclusives et viseront à obtenir des résultats concrets sur le terrain.

29.       Il est essentiel que les économies de l’APEC participent à ces coalitions et en assurent la promotion!

30.       La FAO et les autres organismes dont le siège est à Rome, le FIDA et le PAM, se sont engagées à diriger et à appuyer techniquement ces coalitions avec la contribution d’autres entités du système des Nations Unies.

31.       De nombreuses économies de la région Asie-Pacifique font partie des 140 économies mondiales qui ont entamé des dialogues sur les systèmes alimentaires pour contribuer à la définition des priorités nationales et des moyens pour parvenir à des systèmes agroalimentaires plus durables. 

32.       Pour mettre en œuvre ces moyens, les économies peuvent s’appuyer sur la force des coalitions.

33.       La région APEC a un rôle clé à jouer dans la mise en œuvre des mesures concrètes nécessaires pour accompagner la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables.

34.       La FAO est fermement résolue à œuvrer, dans le cadre de tous les partenariats, à la transformation de nos systèmes agroalimentaires, qui passera par une amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie, sans que personne ne soit laissé pour compte! 

Je vous remercie.