Directeur général QU Dongyu

Réunion régionale d’examen pour l’Afrique

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22/02/2021

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Préparatifs de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés (LDC5)

Réunion régionale d’examen pour l’Afrique

22–26 février 2021

Séance 1: Dialogue ministériel: Enseignements à retenir et reconstruire en mieux

22 février 2021

Transcription

 

Excellences,

Chers collègues,

Mesdames et Messieurs,

 

1. L’Afrique n’est pas en voie d’atteindre l’objectif de développement durable «Faim zéro» d’ici 2030, et les difficultés que rencontrent les Pays les moins développés dans cette région sont plus importantes qu’ailleurs.

2. Le dernier des rapports sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde , élaboré par la FAO et des organisations partenaires du système des Nations Unies, renvoie une image sombre de la situation de la sécurité alimentaire dans les Pays les moins avancés situés en Afrique.

3. En 2019, avant même le déclenchement de la pandémie de covid-19, on dénombrait 235 millions de personnes souffrant de la faim en Afrique subsaharienne.

4. C’est en Afrique que le taux d’incidence de la sous-alimentation est le plus fort, atteignant le double de la moyenne mondiale.

5. Ces chiffres sont inquiétants pour les Pays les moins avancés où le taux d’incidence de la sous-alimentation atteint 23 pour cent, ce qui est 4 points au-dessus de la moyenne africaine. 

6. En outre, l’Afrique concentre le plus grand nombre de Pays les moins avancés: 33 sur 46.

7. La covid-19 fait peser une menace sans précédent sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique subsaharienne, comme mes collègues l’ont mentionné à plusieurs reprises.

8. La pandémie et les mesures destinées à lutter contre la propagation de la maladie ont mis à mal les systèmes alimentaires et entrainé des répercussions socioéconomiques.

9. Il ne fait pas de doute que la pandémie compromet gravement les efforts visant à mettre fin à l’extrême pauvreté et éliminer la faim en Afrique, et qu’elle risque de réduire à néant les modestes acquis obtenus dans la concrétisation des objectifs de développement durable et ceux de la déclaration de Malabo et de l’Agenda 2063.

10. Nous devons engager de toute urgence des mesures audacieuses de protection et de renforcement de la résilience des populations les plus vulnérables, notamment dans les pays les moins avancés.

11. Le fonctionnement des chaînes de valeur agricoles et alimentaires nationales doit être garanti de manière prioritaire, afin d’atténuer les effets de la pandémie sur les systèmes alimentaires et les moyens de subsistance des populations rurales pauvres.

12. En l’absence de mesures de cet ordre, nous risquons de voir l’actuelle crise sanitaire se muer en crise alimentaire et économique.

Mesdames et Messieurs,

13. L’alimentation et l’agriculture jouent un rôle clé dans la réalisation du Programme 2030, car l’agriculture constitue l’outil le plus inclusif et efficace d’élimination de la pauvreté et de la faim.

14. Nous cherchons à atteindre ces objectifs en œuvrant à l’amélioration de la production, l’amélioration de la nutrition, l’amélioration de l’environnement et l’amélioration des conditions de vie, soit ce que nous désignons par les quatre améliorations.

15. La FAO est bien placée, en tant qu’organisation spécialisée du système des Nations Unies, pôle de connaissances et facilitateur pour aider tous les pays à atteindre les objectifs du Programme 2030, en particulier l’élimination de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition, et promouvoir une agriculture durable.

16. Nous avons créé le Bureau des petits États insulaires en développement, des pays les moins avancés et des pays en développement sans littoral pour faire en sorte que les besoins spécifiques de ces populations et pays fragilisés soient satisfaits.

17. Ce Bureau se consacre à la coordination des ressources existantes, de manière transversale à tous les départements techniques et réseaux décentralisés, afin de garantir une prise en compte exhaustive des petits États insulaires en développement (PIED), des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL) et une démarche cohérente à leur égard.

18. Nous avons lancé «l’initiative Main dans la main», qui a pour but d’accélérer la transformation de l’agriculture et le développement rural durable en vue d’éliminer la pauvreté, la faim et la malnutrition sous toutes ses formes.

19. Il s’agit d’une initiative fondée sur des éléments concrets, prise en main par les pays et pilotée par ceux-ci, qui contribue aussi à la concrétisation de tous les autres objectifs de développement durable.

20. Cette initiative repose sur la Plateforme géospatiale Main dans la main, le Laboratoire de données pour l’innovation statistique et des outils modernes de mégadonnées comme Earth Map.

21. La FAO est fermement convaincue du potentiel de la science. La puissance de la science doit être mise au service de la transformation des systèmes agroalimentaires. Je me félicite d’entendre mentionné par le Président que le Malawi doit aussi transformer vos systèmes agricoles et alimentaires, afin de répondre à la demande des consommateurs et des agriculteurs et aux impératifs du développement socioéconomique.

22. Nous avons créé un Bureau de l’innovation, conçu pour faciliter l’adoption d’approches novatrices et le recours à la science et aux technologies modernes, notamment les solutions numériques.

23. Ce Bureau poursuivra la tâche de consolidation et de renforcement de l’esprit d’innovation au sein de la FAO, s’agissant notamment de l’innovation dans les cadres de pensée, les modèles de coopération et celle qui a trait aux applications numériques.

24. La FAO estime que des efforts concrets et cohérents sont nécessaires pour permettre aux PMA de pleinement tirer profit des technologies modernes et des applications numériques.

25. Entrant en collaboration avec d’autres partenaires aux niveaux des pays, des régions et à l’échelle mondiale, la FAO n’a pas perdu de temps pour venir en aide aux pays devant prendre des mesures décisives face à la covid-19.

26. Le Programme d’intervention et de redressement de la FAO en Afrique dans le contexte de la covid-19 a été élaboré afin de doter la région d’une approche bien articulée et coordonnée face à ce défi.

27. Ce programme définit sept domaines de travail prioritaires qui sont débattus avec la Commission de l’Union africaine, les Communautés économiques régionales et les Membres afin d’en aligner les différents points avec les priorités régionales et nationales.

28. Toute transformation véritable requiert l’inclusion de parties prenantes et d’acteurs clés, et le secteur privé a un rôle important à jouer à cet égard.

29. C’est pourquoi la FAO a mis en place une nouvelle
Stratégie de mobilisation du secteur privé.

30. Celle-ci permet d’élargir les domaines de collaboration mutuellement bénéfiques que sont notamment la technologie et l’innovation, les données, les investissements et les modes de financement novateurs adaptés à des contextes spécifiques.

Mesdames et Messieurs,

31. Les défis sont énormes. Nous devons transformer les systèmes agroalimentaires afin de pouvoir nourrir des populations en croissance et proposer à tous une alimentation saine et abordable.

32. Nous devons y parvenir de manière économiquement rentable et dans le respect de l’environnement.

33. Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui désormais a pris son élan, doit catalyser les efforts mondiaux en faveur de systèmes agroalimentaires inclusifs et sains.

34. Les ripostes efficaces à la pandémie de covid-19 supposent de privilégier la transformation des systèmes agroalimentaires, afin de «reconstruire en mieux». Il s’agit d’obtenir une productivité accrue, une diversification, une plus grande résilience, de produire des interventions intelligentes en matière de nutrition et de soutenir le dynamisme du secteur privé, notamment ses petites et moyennes entreprises, dans le but de créer des emplois de qualité et de permettre la reprise

35. L’adoption d’une approche axée sur les systèmes agroalimentaires pour reconstruire en mieux suppose des innovations et un usage accru des technologies et de la numérisation, qui doit être à la mesure des complexités du Programme 2030.

36. Elle requiert aussi de nouer des partenariats, non seulement entre organismes publics mais aussi avec le secteur privé, la société civile et le monde universitaire. Car nous avons aussi besoin d’apprendre ensemble et d’échanger nos expériences entre Pays les moins avancés.

37. Montrons-nous à la hauteur de ce défi historique et agissons dans une perspective globale et un souci de cohérence. 

38. Je vous remercie de votre attention et vous cède à présent la parole.