Directeur général QU Dongyu

Vingt-septième session du Comité de l’agriculture

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

28/09/2020

Déclaration de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Vingt-septième session du Comité de l’agriculture

Cérémonie d’ouverture

Rome, lundi 28 septembre 2020

Texte avant allocution

 

 

Mesdames et messieurs,

Mesdames et Messieurs les invités,

Mesdames et Messieurs,

1. Je suis heureux de me joindre à vous à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la vingt-septième session du Comité de l’agriculture.

2. Il s’agit de la première session organisée à distance dans la longue histoire du Comité.

3. Je tiens à vous remercier de votre flexibilité et de tout ce que vous avez fait pour que le Comité poursuive ses travaux essentiels malgré la pandémie. Je remercie également Mme Jennifer Fellows (Canada) d’avoir accepté, il y a seulement quelques semaines, de succéder à M. Emadi à la présidence du Comité, et de s’être employée de manière exemplaire à régler les derniers détails avant la tenue de la réunion. Je lui en suis extrêmement reconnaissant, tout comme à son prédécesseur.

4. Cette session marque l’entrée du Comité de l’agriculture dans l’ère des réunions à distance et fait suite à plusieurs sessions importantes des organes directeurs de la FAO organisées selon cette formule, dont celles des comités du Conseil, du Conseil lui-même et des conférences régionales.

5. Par ailleurs, depuis le début de la pandémie, j’ai présenté des comptes rendus au Conseil de sécurité des Nations Unies et assisté à des manifestations de l’Assemblée générale, du G20 et du Conseil économique et social, entre autres, depuis chez moi.

6. Nous devons tirer le meilleur parti de ce nouveau monde numérique. Nous ne pouvons pas laisser la maladie nous empêcher d’accomplir notre mission. Il s’agit d’un processus d’évolution.

Mesdames et Messieurs les délégués,

7. Dès les premiers stades de la flambée de covid-19, nous nous sommes efforcés d’observer les effets produits par la pandémie sur la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires dans le monde entier.

8. Nous avons rapidement constaté que les effets conjugués de la maladie, des mesures adoptées pour l’éliminer et de la récession économique qui suivra plongeraient davantage de personnes dans la faim et la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu.

9. Nous nous sommes donc attachés en priorité à poursuivre la mise en œuvre de nos activités tout en protégeant la santé et bien‑être de notre personnel.

10. Nous nous sommes servis d’un large éventail d’outils pour faciliter l’analyse des politiques et l’évaluation des incidences de la covid-19 sur l’alimentation et l’agriculture, les chaînes de valeur, les prix des denrées alimentaires et la sécurité alimentaire partout dans le monde.

11. Nous avons fourni des données, des analyses et des recommandations aux Membres pour les aider à faire face à ce défi sans précédent.

12. Nous savons que, s’il est vrai que les marchés mondiaux de denrées alimentaires sont bien approvisionnés, les baisses de revenus et les pertes d’emplois représentent une menace pour l’accès à l’alimentation.

13. D’après notre évaluation, jusqu’à 132 millions de personnes supplémentaires dans le monde risquent d’être sous-alimentées en 2020 du fait de la pandémie.

14. Cela aurait des effets désastreux, en particulier dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD).

15. La situation est d’autant plus inquiétante que la faim et la malnutrition ont augmenté ces trois dernières années:

  • une personne sur neuf dans le monde ne mange pas à sa faim;
  • quelque deux milliards de personnes n’ont pas un accès régulier à une quantité suffisante d’aliments sains et nutritifs;
  • au moins trois milliards de personnes n’ont pas les moyens d’avoir une alimentation saine.

16. Nous devons résoudre les difficultés supplémentaires occasionnées par la pandémie et reconstruire en mieux.

17. Pour y parvenir, nous devons adopter une approche globale et intégrée axée sur le relèvement et la reconstruction en mieux dans la logique de la mission générale de la FAO.

18. Nous avons présenté, au mois de juillet, le Programme FAO d’intervention et de redressement dans le contexte de la covid-19, qui s’accompagne de sept actions prioritaires à mener de toute urgence:

  • intensifier le plan mondial d’intervention humanitaire destiné à lutter contre la covid-19;
  • améliorer les données au service des décideurs;
  • garantir l’inclusion économique et la protection sociale en vue de réduire la pauvreté;
  • dynamiser le commerce et renforcer les normes de sécurité sanitaire des aliments;
  • stimuler la résilience des petits exploitants pour les aider à se relever;
  • prévenir la prochaine pandémie de zoonose en renforçant l’approche «Un monde, une santé»;
  • amorcer la transformation des systèmes alimentaires.

19. Le programme a pour but d’empêcher le déclenchement d’une crise alimentaire mondiale pendant et après la pandémie tout en œuvrant en faveur du développement à moyen et long termes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. Il s’agit d’une initiative véritablement cohérente et coordonnée que l’Organisation mène pour répondre à vos besoins, et qui associe toutes ses composantes et mobilise ses moyens techniques, opérationnels et normatifs ainsi que ses capacités en matière de données au service des actions menées aux plans mondial, régional et national.

20. Le programme vise à atténuer les effets immédiats de la pandémie tout en améliorant la résilience des systèmes alimentaires et des moyens d’existence en vue de concrétiser les objectifs de développement durable.

***

21. En dépit de ce qui précède, la pandémie ne doit pas nous faire oublier le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable. 

22. Et c’est là que l’Initiative Main dans la main entre en jeu.

23. Prise en main par les pays et pilotée par ceux-ci, elle donne la priorité aux pays qui risquent d’être laissés pour compte et où la faim et la pauvreté extrêmes sont en hausse.

24. Parmi eux figurent les petits États insulaires en développement (PEID), les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral (PDSL), ainsi que les pays qui rencontrent de grandes difficultés dans leur combat contre la pandémie.

25. Fondée sur un nouveau modèle de collaboration, l’Initiative mobilise un large éventail de partenariats ainsi que les moyens techniques de l’Organisation et ses capacités en matière de données afin de déterminer où et comment cibler au mieux les interventions pour venir en aide aux plus vulnérables et contribuer le plus possible à faire reculer la faim et la pauvreté.

26. Outre la réflexion originale qui la sous-tend, elle s’appuie sur des outils et technologies de pointe, notamment:

27. La Plateforme géospatiale de l’Initiative Main dans la main, plateforme de données fondée sur le Système d’information géographique (SIG) qui fournit aux parties prenantes des données partageables en abondance, dans le respect des règles adéquates en matière de confidentialité des données.

28. Le laboratoire de données pour l’innovation statistique, qui s’appuie sur l’utilisation combinée de sources de données non conventionnelles, de mégadonnées, de la science des données et des méthodes d’exploration de données aux fins de la prise de décisions et de l’évaluation des incidences.

29. Je suis heureux de constater que de nombreux Membres participent déjà à l’Initiative et que sa mise en œuvre a été amorcée dans 22 pays.

Mesdames et Messieurs,

30. Les répercussions de la covid-19 imposent une charge supplémentaire aux agriculteurs familiaux et aux groupes les plus vulnérables. Il faut leur prêter un appui renforcé et investir davantage dans les connaissances, les infrastructures et la technologie au service de l’agriculture durable.

31. De plus, les systèmes agricoles et alimentaires subissent des pressions liées à d’autres menaces inédites, telles que les ravageurs et les maladies transfrontières et les conséquences négatives du changement climatique.

32. Ces phénomènes s’accompagnent, d’une part, d’une baisse des rendements et de la diversité des espèces cultivées et animales et, d’autre part, d’une augmentation de l’incidence des maladies et de leur diffusion.  Nous pourrions perdre un tiers de la diversité actuelle d’ici à 2050.

33. Les groupes les plus exposés aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles sont les 2,5 milliards de personnes qui tirent leurs moyens d’existence des ressources naturelles, à savoir les petits agriculteurs, les bergers, les pêcheurs et les communautés qui dépendent des forêts.

34. Notre plus grand défi est de nous attaquer aux causes profondes de la faim et de la malnutrition en transformant notre manière de produire, de distribuer et de consommer la nourriture.

35. Nous n’y parviendrons qu’au moyen d’une approche fondée sur les systèmes agroalimentaires qui permette de régler de manière efficace et globale les questions liées à la sécurité alimentaire, aux moyens d’existence et à la gestion des ressources naturelles.

Il nous faudra pour cela:

  • transformer les systèmes alimentaires et agricoles et garantir égalité et inclusivité;
  • sélectionner et mettre en œuvre des approches novatrices et faire adopter les technologies numériques dans le secteur agricole;
  • passer à des modes de production et de consommation plus durables et plus diversifiés;
  • créer un environnement favorable en améliorant la gouvernance et en stimulant la volonté politique.

Mesdames et Messieurs,

36. Cette session du Comité a pour thème l’élevage durable au service des ODD.

37. Le secteur de l’élevage est l’un des principaux moteurs d’un développement agricole durable.

38. Un élevage durable doit non seulement améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition et favoriser une alimentation saine, mais aussi susciter une croissance économique inclusive, avoir un effet positif sur les moyens d’existence, préserver la santé et le bien-être des animaux et résoudre les problèmes liés à l’environnement.

39. Nous devons aborder les politiques et les mesures techniques à mettre en place dans le secteur de l’élevage au moyen d’une démarche intégrée et inclusive faisant intervenir tous les acteurs du système alimentaire.

40. Nous devons également aider les pays à concevoir et à utiliser des outils stratégiques, institutionnels et techniques cohérents et fondés sur des éléments concrets, à produire des données d’analyse et à faciliter le dialogue sur les politiques.

41. Permettez-moi d’ailleurs de souligner le rôle crucial que doit absolument jouer le secteur privé, ainsi que l’importance qu’il y a à établir de solides partenariats avec celui-ci.

42. J’abordais justement ce point dans l’allocution d’ouverture que j’ai prononcée à la réunion annuelle de la Plateforme mondiale des produits laitiers, qui s’est tenue la semaine dernière. C’était la première fois qu’un Directeur général de la FAO était invité à s’exprimer à l’occasion de cet événement.

43. J’en ai profité pour affirmer que nous étions déterminés à renforcer et à approfondir nos relations avec le secteur privé en établissant une collaboration bénéfique pour les uns comme pour les autres à l’échelon national afin de mieux aider nos Membres à atteindre les objectifs de développement durable.

Mesdames et Messieurs,

44. Nous avons accompli de nombreuses réalisations depuis la dernière session du Comité de l’agriculture.

45. Au plan normatif, le Code de conduite international sur l’utilisation et la gestion durables des engrais et Les 10 éléments de l’agroécologie ont été adoptés par la Conférence de la FAO, et la Stratégie de la FAO relative au changement climatique est en cours de mise en œuvre.

46. Au niveau opérationnel, nous avons continué à épauler nos Membres dans la lutte contre les organismes nuisibles des végétaux et les maladies animales qui menacent la vie et les moyens d’existence de millions de personnes.

47. Le criquet pèlerin, par exemple, reste une priorité pour la FAO, alors que la pandémie complique encore davantage les activités sur le terrain.

48. Là encore, nous ne laissons pas la pandémie nous détourner des tâches que nous avons à accomplir.

49. Entre janvier et août 2020, plus de 760 000 hectares ont été protégés dans 10 pays, de la Corne de l’Afrique au Yémen.

50. Dans cette même région, les opérations de lutte auraient empêché la perte de 1,52 million de tonnes de céréales.

51. Une telle quantité de céréales, dont la valeur est estimée à 456 millions de dollars des États-Unis, permet de nourrir 9,88 millions de personnes pendant un an.

52. La lutte menée dans les zones arides et semi-arides a également permis à près de 685 000 ménages pastoraux et agropastoraux de bénéficier d’un accès suffisant aux zones de pâturage.

53. La FAO et les gouvernements combattent à présent la deuxième génération de criquets présente dans certains pays (surtout en Éthiopie et en Somalie).

54. Les autorités nationales continuent de piloter les opérations de lutte et de surveillance tandis que la FAO y contribue en fournissant des pesticides, des biopesticides, des équipements et des avions et en organisant des activités de formation.

55. Nous avons également inauguré l’Action mondiale contre la légionnaire d’automne afin de mener une action vigoureuse et coordonnée, à tous les niveaux, face à la propagation rapide de la légionnaire d’automne.

56. La FAO contribue à libérer le monde de la peste des petits ruminants ainsi qu’à lutter contre la peste porcine africaine et d’autres maladies animales dévastatrices.

57. Nous sommes le chef de file, avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement, de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030).

58. Nous nous mobilisons également aux côtés de nos partenaires dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) et pilotons l’action menée par la communauté internationale en faveur des agriculteurs familiaux.

59. Enfin et surtout, le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui se tiendra en 2021, sera une occasion majeure d’aider les parties intéressées à mieux apprécier les enjeux complexes qui ont une incidence sur l’avenir des systèmes alimentaires et à faire des choix avisés à cet égard.

Mesdames et Messieurs,

60. Vos délibérations et vos conclusions spécialisées nous aideront à définir nos priorités stratégiques et à amorcer la transition vers des systèmes agroalimentaires durables dans les années à venir.

61. Nous nous réjouissons d’écouter vos vues et observations.

62. L’objectif que nous voulons atteindre ensemble est clair: un monde libéré de la faim grâce à une meilleure production, à une meilleure nutrition et à un meilleur environnement, pour de meilleures conditions de vie!

63. J’espère que cette semaine sera très productive et je vous souhaite tout le succès possible dans vos délibérations.

Je vous remercie de votre attention.