Directeur général QU Dongyu

Cent soixante-quatrième session du Conseil de la FAO - Allocution d’ouverture

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

06/07/2020

 

Cent soixante-quatrième session du Conseil de la FAO

 

Rome (Italie), 6-10 juillet 2020

 

Allocution d’ouverture

par

M. QU Dongyu

Directeur général de la FAO

 

M. Khalid Mehboob, Président indépendant du Conseil

Mesdames et Messieurs les délégués,

Mesdames et Messieurs,

 

1. J’ai le plaisir de m’adresser à vous à l’occasion de l’ouverture de la cent soixante-quatrième session du Conseil de la FAO. 

2. Cette session est la première de la longue histoire du Conseil à se tenir sur le mode virtuel.

3. Le monde a tant changé depuis notre dernière session en décembre 2019! 

4. Je tiens à exprimer mes profondes condoléances aux proches et à tous ceux qui déplorent la perte de M. Ayazi, et à lui rendre hommage pour son dévouement de toute une vie à la FAO, comme fonctionnaire de la FAO et comme membre actif des instances dirigeantes en Afghanistan; je tiens également à dire ma tristesse pour les vies perdues à cause de la covid-19, l’empathie que j’éprouve pour toutes les personnes tombées malades, et ma profonde reconnaissance au personnel soignant, à ses auxiliaires et aux volontaires pour leur travail inlassable, ainsi qu’à tous ceux grâce à qui la vie a continué malgré tout, partout dans le monde.

5. Je remercie aussi les autorités de toutes les nations qui accueillent les bureaux et les membres du personnel de la FAO.

6. Je suis aussi très heureux de voir que vous tous, Mesdames et Messieurs les délégués, êtes en bonne santé et en sécurité.

7. Mon intervention d’aujourd’hui comporte quatre volets:

    A. Un compte rendu des activités menées depuis la dernière session du Conseil, au début de décembre 2019.
    B. La mise en œuvre des ajustements depuis la session du Conseil de décembre dernier.
    C. Les faits saillants relatifs aux nouveaux ajustements à apporter au Programme de travail et budget
    D. Les perspectives de transformation de la FAO

A- Compte rendu sur les activités menées depuis la dernière session du Conseil.

8. Depuis le dernier Conseil, nous avons continué d’œuvrer au renforcement de la collaboration avec les Membres et les partenaires et à accroître l’engagement international, la visibilité et la réputation de la FAO.

9. Au cours des premiers mois, alors que les voyages étaient encore possibles, j’ai visité un certain nombre de pays, participé à plusieurs manifestations et reçu de nombreuses personnalités au Siège de la FAO.

10. Assistant à la réunion du Comité permanent interorganisations des Nations Unies à Genève, j’ai échangé des idées avec d’autres membres sur les questions relatives au travail humanitaire mené dans le monde et sur le rôle que j’envisage pour la FAO dans ce contexte.

11. L’engagement personnel et la participation du directeur général de la FAO ont été salués et appréciés.

12. Dans mon intervention à cette réunion, j’ai mentionné la nécessité d’explorer de nouveaux modèles d’entreprise visant à rendre le système humanitaire des Nations Unies plus solide, plus tangible et produisant de plus amples effets en anticipant.

13. J’ai pris part, à l’aide du dispositif Zoom, à une deuxième réunion du Comité permanent interorganisations à la fin du mois de juin. 


14. J’ai participé de manière très intensive à la vingt-cinquième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP 25) en Espagne, et pris part à plus de 20 manifestations organisées par la FAO et d’autres organisations. La FAO ayant été au centre des discussions sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et les agroécosystèmes, nous y avons réaffirmé notre priorité qui est d’apporter aux pays le soutien nécessaire dans l’action mondiale pour le climat. 

15. La COP 25 a également fourni une excellente occasion de faire valoir la richesse des connaissances et l’expertise de la FAO dans l’apport de solutions qui permettent la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris et des ODD. 

16. En marge du sommet sur le climat, j’ai eu un échange avec la reine d’Espagne, Ambassadrice spéciale de bonne volonté de la FAO pour la nutrition, sur l’importance de l’alimentation et de l’agriculture; je l’ai informée du rôle du Comité de la jeunesse et du Comité des femmes et je lui ai dit ma reconnaissance pour son appui constant au travail et au mandat de la FAO. 

17. J’ai aussi rencontré le Premier Ministre espagnol et j’ai constaté avec plaisir l’étendue de notre accord sur le rôle important des femmes et des jeunes dans l’agriculture et le développement rural, et également sur les possibilités considérables d’amélioration des moyens d’existence des petits exploitants qu’offre l’intégration des expériences espagnoles en matière d’agriculture à forte intensité de main-d’œuvre et des technologies numériques dans les secteurs agricoles. 

18. C’est aussi à Madrid qu’a été signé un programme de 20 millions d’euros avec le PNUD et l’Allemagne ayant pour objet le renforcement du rôle de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique.

19. En Égypte, où je me suis exprimé devant un groupe d’étude sur la Sécurité alimentaire en Afrique lors du Forum mondial de la jeunesse, j’ai souligné la nécessité de mobiliser les potentialités de la jeunesse afin de transformer le monde rural par des activités liées à l’agroalimentaire, sachant que l’Afrique est le continent qui a la population la plus jeune. 


20. Lors d’une rencontre avec le Président de la République, qui s’est dit très attaché aux travaux de la FAO, j’ai présenté ma vision des potentialités sous-exploitées du secteur agricole et du système alimentaire, dans lesquels pourraient s’employer la créativité et le dynamisme de la jeunesse afin de créer davantage d’emplois décents. 

21. En marge du Forum mondial de la jeunesse, j’ai signé avec le Ministre égyptien des affaires étrangères un accord sur l’approfondissement de la collaboration à l’appui des jeunes et des femmes des zones rurales en Égypte.

22. Cet accord prévoit des dispositions en faveur de l’emploi dans le secteur agricole et hors exploitations agricoles et dans différentes chaînes de valeur, ainsi que des formations et des actions de développement des capacités, à l’intention des jeunes et des femmes.

23. Cette visite a aussi été l’occasion pour moi de rencontrer les fonctionnaires du Bureau régional de la FAO au Caire, d’échanger avec eux, et d’entendre leurs attentes et leurs préoccupations. 

24. Dans une allocution au Conseil européen des Ministres de l’agriculture et de la pêche, à Bruxelles, j’ai souligné l’expertise dont dispose la FAO dans la conduite de coalitions internationales de premier plan dans lesquelles elle déploie ses connaissances, ses innovations, ses réseaux et ses informations et son soutien à la recherche. J’ai également fait connaître le souhait de la FAO d’épauler les engagements en faveur de forêts durables, approuvés ce jour-là (16 décembre 2019), et sa capacité en la matière. 

25. Ma participation à une manifestation regroupant les 28 Ministres de l’agriculture et de la pêche (AGRIFISH) m’a également fourni l’occasion d’avoir des échanges de vues avec trois commissaires européens chargés de domaines essentiels et qui venaient d’entrer en fonction, à savoir les commissaires aux partenariats internationaux, à l’agriculture et au commerce.

26. À Berlin, j’ai assisté au Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture, où les Ministres de l’agriculture de 71 nations ont salué le concept défendu par la FAO de création d’une plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques; les Ministres se sont engagés à faire en sorte que le commerce contribue à la sécurité alimentaire mondiale et aide les petits exploitants à accéder aux grandes chaînes de valeur.

27. Ma participation au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, a été l’occasion de plaider en faveur d’une mutation des systèmes agricoles et alimentaires mondiaux. 

28. Je suis intervenu dans plusieurs manifestations consacrées à différents thèmes: le financement des objectifs de développement durable, la «philanthropie catalytique» dans les économies émergentes et le financement des petits exploitants. 

29. En tant que nouveau membre du conseil de direction de l’Initiative pour les systèmes alimentaires, j’ai pris la parole lors d’une réunion du conseil de direction consacrée à l’avenir de l’alimentation. 

30. Le Forum a également été l’occasion de tenir des réunions et des discussions bilatérales avec de nombreux participants de haut niveau, dont la reine de Belgique, le Premier Ministre du Pakistan et le prince du Lichtenstein. 

31. Dans le cadre de nos efforts de sensibilisation du secteur privé et de la présentation de l’Initiative Main dans la main, j’ai rencontré les dirigeants d’entreprises mondiales, notamment les directeurs généraux de PepsiCo, Syngenta, Temasek Holdings et des cadres supérieurs chargés des initiatives humanitaires et de développement de MasterCard. 

32. Le secteur privé a exprimé un vif intérêt pour l’Initiative Main dans la main, le renforcement des capacités, les transferts de technologies et d’autres modes de collaboration.

33. Lors d’une visite à New York (10-12 février), j’ai eu des discussions fructueuses avec le président de l’Assemblée générale et j’ai participé à un dialogue interactif qu’il avait convoqué sur la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pour la transformation de l’agriculture

34. Avec le président du Conseil économique et social (ECOSOC), nous avons discuté des moyens de dynamiser l’agriculture et de renforcer la sécurité alimentaire et nous sommes convenus du lancement du rapport de référence de la FAO, L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, lors du Forum politique de haut niveau des Nations unies sur le développement durable. Ce lancement aura lieu lundi prochain. 

35. À New York, nous avons organisé avec Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, une réunion de mobilisation de ressources. 

36. Nous avons fait pression pour une action plus importante et plus rapide destinée à prévenir une crise humanitaire en Afrique de l’Est, car la recrudescence du criquet pèlerin touchait alors sept pays et menaçait de s’étendre.

37. Lors d’une visite en République démocratique populaire lao, j’ai rencontré le Premier Ministre et nous sommes convenus que la détermination et la rigueur dans la conduite des affaires, l’investissement et les partenariats peuvent permettre de parvenir au rang de pays à revenu intermédiaire. J’ai confirmé le soutien de la FAO à la transformation des systèmes alimentaires sur l’ensemble de la chaîne de valeur, à la promotion des cultures à valeur ajoutée et à la mise à profit du commerce électronique et de la numérisation. J’ai également visité une ferme maraîchère biologique et un centre de recherche sur le riz

38. Au Pakistan, j’ai été accueilli par le Président de la République et nous avons discuté des moyens de promouvoir la modernisation de l’agriculture et le développement rural dans le but de transformer les systèmes agroalimentaires du pays et d’accélérer les progrès vers la réalisation des ODD; nous nous sommes rendus sur un certain nombre de stations de terrain et de foyers de recrudescence de criquets.

39. Cette visite a également été l’occasion de signer un projet de 49 millions de dollars des États-Unis financé par le Fonds vert pour le climat, qui vise à changer la donne chez les communautés du bassin de l’Indus grâce à une agriculture et une gestion de l’eau résilientes face au climat. Lors d’une visite sur le terrain dans la province du Penjab, j’ai pu constater que l’excellent travail de la FAO encourage les pratiques agricoles résilientes dans les communautés rurales, en appui aux moyens d’existence. 

40. À cet égard, je me réjouis de constater que la valeur totale du portefeuille du Fonds vert pour le climat, de la FAO, s’élève maintenant à 571,5 millions de dollars. 

41. En Thaïlande, j’ai eu le plaisir de rencontrer le Premier Ministre, ce qui nous a fourni l’occasion de nous entretenir du potentiel que recèle le pays comme centre régional d’innovation et de transformation des systèmes alimentaires et du renforcement de la coopération avec la FAO. La visite d’une station d’agriculture de précision a permis de se faire une idée des remarquables approches du pays en matière d’agriculture numérique. 

42. En visitant le Bureau régional de Bangkok dans les 200 jours suivant ma prise de fonction, j’ai réalisé une autre première dans l’histoire de la FAO. Une réunion-débat m’a en effet permis de recueillir les observations et les questions de nos fonctionnaires.

43. Au Vatican (28 février), nous avons lancé la Déclaration de Rome sur l’éthique en matière d’intelligence artificielle, en collaboration avec l’Académie pontificale pour la vie et d’autres institutions. 

44. Cette déclaration, qui a été approuvée par le pape François, nous a permis de souligner la nécessité d’équilibrer avancées technologiques et avancées sociales lorsqu’il s’agit de combler le fossé numérique. 

45. Une rencontre complémentaire visant à généraliser l’impact positif de l’intelligence artificielle dans l’agriculture numérique est en cours de planification avec les partenaires stratégiques.

46. La lutte contre la chenille légionnaire d’automne figure parmi les autres domaines dans lesquels nous comptons sur la force de la technologie moderne et de l’innovation. 

47. Pleinement conscients que l’expansion de ce ravageur est susceptible de remettre gravement en question la place du maïs dans le système alimentaire mondial, nous avons conçu un plan d’action mondial destiné à épauler et à intensifier les efforts en cours par le biais d’un mécanisme de coordination solide et novateur. 

48. En collaboration avec l’Université d’État de Pennsylvanie, la FAO a mis au point une application pour smartphone, FAMEWS (abréviation anglaise de Système de surveillance et d’alerte rapide sur la chenille légionnaire); cet outil fort utile, disponible dans 29 langues, permet de transmettre à une plateforme mondiale de données, en temps réel et toutes les deux heures, de précieuses informations de terrain sur la localisation du ravageur et sa propagation, et de dispenser aux petits exploitants des conseils précis sur ce qu’il faut faire face aux infestations.

49. Et nous avons créé un comité directeur que je préside, qui réunit des responsables stratégiques de gouvernements, d’institutions multilatérales, d’instituts de recherche, de la société civile et du secteur privé venus des cinq continents pour contribuer à optimiser le plan d’action mondial en prévision d’une conférence de haut niveau qui se tiendra cette année.

50. La mise en œuvre de l’Action mondiale pour la lutte contre la légionnaire d’automne a subi les effets des mesures de lutte contre la pandémie de covid-19 prises par les gouvernements. C’est pourquoi la FAO a mis au point un document d’orientation traitant de «l’impact de la covid-19 sur l’action mondiale contre la chenille légionnaire d’automne».

51. Lors d’une visite du Président de la République argentine à la FAO, nous avons discuté de la manière dont la FAO pourrait aider l’Argentine dans ses efforts pour garantir la sécurité alimentaire et une alimentation saine pour tous, y compris les plus vulnérables, notamment par l’Initiative Main dans la main, en y associant le secteur privé et en dynamisant les secteurs agricoles par l’innovation et la numérisation dans les pays à revenu intermédiaire

52. La visite du Président du Mali à la FAO a été l’occasion de passer en revue le soutien dont son pays bénéficie sur des questions allant du renforcement de la résilience aux chocs climatiques, en passant par le soutien des jeunes et des femmes dans les zones rurales, et l’appui qui sera ultérieurement dispensé via le Centre d’investissement de la FAO et l’Initiative Main dans la main.

53. Signe fort de la mise en pratique de l’esprit de collaboration qui prévaut entre les organisations ayant leur siège à Rome, nous avons surmonté un certain nombre de défis techniques et logistiques pour tenir la quarante-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA au Siège de la FAO début février. 

54. Notre foi inébranlable en la solidarité et la collaboration au sein des Nations Unies s’est aussi illustrée par l’accueil de la deuxième réunion du groupe de travail à composition non limitée de la CDB sur le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 (fin février). Cette réunion, à laquelle ont participé plus de 1 000 délégués, a aussi été l’occasion de souligner l’intérêt et la volonté de la FAO de collaborer sur les questions environnementales, sachant le rapport direct que celles-ci entretiennent avec l’agriculture.

55. Le Premier Ministre de Moldava a rendu visite à la FAO et nous avons discuté des projets en cours et de notre intérêt mutuel pour un resserrement de nos liens de collaboration. Le Premier Ministre a pris ses fonctions récemment et la FAO a ainsi été le premier organisme des Nations Unies qu’il ait visité, ce qui témoigne de l’importance de notre Organisation pour un pays qui compte une importante population rurale et où l’agriculture joue un rôle économique important. 

56. Lors d’une visite du Secrétaire du Département de l’Agriculture des États-Unis (28-29 janvier), j’ai présenté le nouveau modèle de fonctionnement de la FAO, qui permettra d’apporter un soutien accru et ciblé aux plus vulnérables et d’accélérer la réalisation des ODD. Nous sommes convenus de la nécessité d’accroître l’innovation, les investissements et les politiques porteuses, ainsi que du rôle important que le secteur privé, la société civile et les universités jouent dans l’appui aux efforts mondiaux visant à améliorer les systèmes agricoles et alimentaires.

 

***

57. Notre action face à la pandémie de covid-19 était fondée sur deux principes: la santé et le bien-être de notre personnel, et la poursuite de l’exécution de notre mandat

58. Notre gestion efficace de la crise a reposé sur trois instruments: la gouvernance, la planification et la communication.

59. Dès le début, en février, j’ai mis en place une équipe de gestion de crise afin de suivre, planifier et gérer l’action de la FAO face à la crise, ce qui nous a permis de prendre de l’avance. 

60. En tant qu’organisme des Nations Unies officiellement désigné pour l’Italie, nous coordonnons également les relations entre les 25 organismes des Nations Unies et avec notre pays hôte, l’Italie. 

61. J’ai signé un accord avec la Croix-Rouge italienne, au nom de tous les organismes des Nations Unies qui exercent des activités en Italie, sur les mesures visant à protéger la santé du personnel et des visiteurs présents dans les locaux dans le contexte de la pandémie.

62. Nous poursuivons nos activités de planification au niveau mondial pour garder une longueur d’avance sur le virus, à savoir que nous appliquons les directives de l’OMS et les règles des pays hôtes en ce qui concerne la fermeture de bureaux, les réunions physiques, les déplacements et les soins de santé, et les règles décidées par les équipes des Nations Unies, en ce qui concerne nos bureaux de pays. 

63. Nos plans de continuité des activités, la solidité de nos systèmes de gestion et de nos systèmes financiers, ainsi que de notre contrôle interne, et l’efficacité d’un personnel dévoué qui a su s’adapter au télétravail nous ont permis de maintenir notre productivité. 

64. Nous avons introduit un maximum de souplesse, en adaptant nos règles en matière d’administration, d’informatique, de voyages, de ressources humaines et d’achats à l’évolution de la situation dans le monde. 

65. Et nous communiquons rapidement et efficacement avec différents publics. La première célébration virtuelle a eu lieu le 6 mars à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

66. Nous avons recours à différentes plateformes, le courrier électronique interne, le site web, l’intranet, le système de notification par téléphonie mobile, et le Portail des Membres, ce dernier réservé aux représentants permanents.

67. Nous avons aussi recours aux réseaux sociaux – Facebook, Twitter, TikTok.

68. Toutes ces dispositions prises en interne ont permis à la FAO de s’adapter rapidement à la crise, d’étudier le parti qu’elle pouvait tirer des nouveaux outils d’information et de communication et de poursuivre ses activités sans la moindre journée d’interruption.

69. Sur le plan externe, nous avons entrepris, dès les premiers jours de l’épidémie, de suivre les répercussions de la pandémie sur la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires, au niveau mondial.

70. Il est vite apparu évident que les effets conjugués de la covid-19, des mesures prises pour enrayer sa propagation et de la récession mondiale qui allait en découler entraîneraient une augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu qui sont tributaires des importations de produits alimentaires. 

71. Et nous l’avons fait savoir au niveau international:

72. J’ai pris part aux réunions exceptionnelles des chefs d’État et de gouvernement du G20 et du Conseil de sécurité de l’ONU sur la sécurité alimentaire, ainsi qu’à la session des ministres de l’agriculture du G20, leur enjoignant de produire davantage et dans de meilleures conditions, sur la base des calendriers agricoles.

73. J’ai participé (et c’était une première pour un directeur général de la FAO) à une séance du Congrès des États-Unis sur la prévention des catastrophes liées à la faim, organisée conjointement par la FAO et Alliance to End Hunger et avec la participation des groupes bipartites sénatoriaux chargés des questions relatives à la lutte contre la faim. Cette manifestation, tenue sous forme de webinaire, a rassemblé plus d’un millier de participants.

74. J’ai pris la parole lors de la réunion du Conseil économique et social consacrées aux affaires humanitaires, en 2020, encore une première pour un Directeur général de la FAO, et insisté à cette occasion sur les conséquences de la pandémie, qui ne peut qu’aggraver les crises humanitaires et les pénuries alimentaires.

75. Nous avons participé à un certain nombre d’autres réunions et manifestations de haut niveau organisées par le Secrétaire général de l’ONU, le Conseil économique et social et le Forum économique mondial, afin de sensibiliser les Membres et de les encourager à s’unir pour relever les défis posés par la pandémie.

76. Au Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, j’ai expliqué que la FAO était déterminée à agir pour transformer les systèmes alimentaires et agricoles afin qu’ils soient mieux adaptés aux conditions climatiques, plus résilients et plus respectueux de la biodiversité. 

77. J’ai fait état de diverses initiatives de la FAO qui contribuent à mieux faire comprendre l’importance de la biodiversité pour l’alimentation, les moyens de subsistance et l’environnement, et qui mettent en évidence le rôle que peut jouer l’agriculture dans et pour la nature, notamment le tout premier rapport complet sur l’État de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde, une biodiversité exsangue qui joue maintenant un rôle de régulateur et de contributeur.

78. Ce fut aussi l’occasion de présenter nos réflexions sur la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030, que la FAO dirigera conjointement avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

79. Nous avons œuvré à sensibiliser la communauté internationale en publiant des déclarations conjointes, comme celle publiée avec l’OMS et l’OMC sur l’atténuation des effets de la covid-19 sur le commerce et les marchés de produits alimentaires et la déclaration publiée juste avant la réunion des ministres de l’agriculture du G20, avec la Banque mondiale, le PAM et le FIDA

80. Nous avons organisé plusieurs réunions avec des ministres en insistant auprès d’eux pour que leur pays place l’alimentation et l’agriculture au rang des services essentiels pendant le confinement. 

81. En collaboration avec l’Union africaine, nous avons tenu une réunion virtuelle de portée exceptionnelle à laquelle ont participé quarante-cinq ministres africains de l’agriculture, le Commissaire européen à l’agriculture et des représentants de la Banque africaine de développement et de la Banque mondiale. 

82. La déclaration ministérielle qui en est résultée et l’équipe spéciale mise en place sont axées sur quatre domaines de travail: 

  • Diffuser largement la déclaration politique et ses principales recommandations; 
  • Veiller à ce que les interventions liées à la covid-19 soient, autant que possible, en adéquation avec les programmes existants, notamment le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine; 
  • Aider les pays à mobiliser des ressources en vue de soutenir la mise en œuvre des recommandations énoncées dans la déclaration politique; 
  • Apporter un soutien coordonné et systématique en cas de nouveaux foyers d’insécurité alimentaire dû à la pandémie de covid-19, l’accent étant mis sur les pays qui doivent faire face à des menaces multiples, comme c’est le cas notamment en Afrique de l’Est, confrontée à une infestation de criquets pèlerins.

83. Une réunion ministérielle tripartite (agriculture, commerce et finances) doit se tenir à la fin du mois. 

84. C’est avec l’appui de la FAO que les ministres de l’agriculture de 25 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont signé un accord pour unir leurs forces en vue de préserver l’approvisionnement alimentaire pour les 620 millions d’habitants de la région.

85. Un autre exemple de soutien concret et rapide est la création d’équipes spéciales covid-19, qui doivent permettreà la FAO d’être mieux en mesure d’aider ses Membres en Amérique latine, dont sept petits États insulaires en développement. Ces équipes spéciales sont constitués d’anciens ministres de l’agriculture et d’anciens hauts responsables de la FAO à la retraite. Elles aident à formuler des propositions concrètes de relèvement post-covid-19 qui peuvent être soumises aux institutions financières en vue d’obtenir un éventuel appui à l’investissement.

86. La FAO et la Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) ont élaboré un rapport conjoint contenant des recommandations stratégiques pour faire face à la progression de la faim dans la région du fait de la pandémie. 

87. J’ai fait part des vues de la FAO à la manifestation de haut niveau sur le financement du développement à l’ère de la covid-19 et au-delà, organisée par le Canada, la Jamaïque et l’ONU. J’ai demandé que des mesures décisives soient prises pour que tous les pays puissent se relever et se reconstruire après cette crise sans précédent.

88. La manifestation a également permis de lancer, dans un esprit de collaboration, des débats sur des propositions concrètes qui seront présentées en marge du Forum politique de haut niveau, de l’Assemblée générale, en septembre, et à la fin de l’année.

89. Les efforts que nous menons pour faire comprendre combien il importe de protéger les chaînes d’approvisionnement alimentaire ont été relayés par les médias du monde entier. 

90. Nous utilisons également des outils modernes d’information et de communication pour servir nos Membres au niveau régional.

91. Par exemple, en Amérique latine, où la FAO a lancé un bulletin électronique régional hebdomadaire sur la covid-19

92. Ce bulletin d’information fournit aux responsables, qu’il s’agisse des pouvoirs publics, du secteur privé ou de la société civile, des informations, des outils et des ressources utiles pour mettre au point et appliquer des mesures utiles contre les effets de la pandémie. 

93. Dans la même veine, des séries de webinaires sont diffusées dans les cinq régions afin de mobiliser les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile sur les questions liées aux systèmes alimentaires et à la covid-19. De nombreuses consultations électroniques avec les Membres sont organisées dans les différentes régions. 

94. Les objectifs programmatiques de l’Initiative Main dans la main, à savoir éliminer la pauvreté (objectif 1) et éliminer la faim et mettre fin à toutes les formes de malnutrition (objectif 2), coïncident avec les objectifs de la stratégie globale de la FAO de lutte contre les répercussions de la covid-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition. 

95. L’activité sous-jacente, y compris le soutien analytique, technique et stratégique et les partenariats de travail, peut également jouer un rôle central dans la coordination de mesures intégrées et cohérentes de lutte contre les effets de la covid-19 propres à chaque pays.

96. Dix-huit pays ont commencé à participer au processus Main dans la main (Burkina Faso, El Salvador, Équateur, Éthiopie, Guatemala, Haïti, Honduras, Îles Salomon, Kiribati, Mali, Népal, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, République démocratique populaire lao, Tadjikistan, Tuvalu, Yémen et Zimbabwe), et plusieurs autres, dont des pays à revenu intermédiaire, ont clairement manifesté le souhait d’y participer. 

97. Un cadre d’appui multidimensionnel à l’échelle de l’Organisation a été mis en place, y compris des équipes spéciales créées dans chaque pays. 

98. Des partenaires publics et privés essentiels ont été mobilisés, des domaines de participation possibles au niveau des pays ont été établis et des activités ont été entreprises dans chaque pays. 

99. Un cadre de suivi et d’évaluation solide, fondé sur la technologie, a été formulé dans ses grandes lignes et des propositions de mise en œuvre sont à l’étude. 

100. Les activités d’information menées auprès des pays ont abouti également à des propositions de partenariats Sud-Sud et de partenariats interrégionaux.

101. La plateforme géospatiale Main dans la main, qui a été entièrement mise en œuvre, rassemble des données sur 18 thèmes et 9 catégories de ressources, et comprend près de 4 000 ensembles de données et plus d’un million de couches d’informations géospatiales

102. La plateforme géospatiale a été refondue et développée de façon à servir de base à l’intégration et, si possible, à la visualisation géospatiale de toutes les données détenues par la FAO ou des tiers associés à l’Organisation. 

103. Tous les pays membres de la FAO auront accès à la plateforme et pourront l’enrichir de leurs propres données. 

104. À ce jour, la FAO a signé des accords de partage d’informations avec le Groupe de la Banque mondiale, l’Organisation internationale du travail, l’Union internationale des télécommunications, l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation mondiale de la Santé, le PAM, le FIDA et la Banque interaméricaine de développement. 

105. Au cours de ces derniers mois, nous nous sommes également efforcés de soutenir les analyses de politiques liées à la covid-19. 

106. À ce jour, la FAO a fait paraître 41 documents d’orientation et 8 publications qui présentent des évaluations tant quantitatives que qualitatives des effets de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire, le commerce et les marchés de produits alimentaires, les petits exploitants, l’insécurité alimentaire, la protection des plus vulnérables, les systèmes de statistiques et les systèmes alimentaires sûrs, résilients et durables.

107. Nous avons également recours aux mégadonnées pour suivre la situation en ce qui concerne le commerce et recueillir des informations sur les aspects logistiques, notamment les mouvements des navires en temps réel ou les prix quotidiens de quatorze produits alimentaires importants dans tous les pays. 

108. Nous utilisons les médias et twitter comme outils d’alerte précoce et comme moyen d’étudier comment les problèmes ont été résolus, contribuant ainsi à réduire l’incertitude des marché.

109. Au moyen du Système d’information sur les marchés agricoles, qui a été créé à l’initiative du G20 et que nous hébergeons, nous favorisons la transparence et la communication d’informations sur la situation des marchés (production et consommation ou encore stocks et prix) aux pays et aux investisseurs. 

110. Nous nous appuyons également sur l’Analyse des décisions en matière de politiques alimentaires et agricoles pour veiller au bon fonctionnement des marchés mondiaux.

111. L’effort qui a été fait ces derniers mois a également permis de renforcer la coopération de la FAO au sein du système des Nations Unies, depuis le Siège de l’ONU jusqu’aux premières lignes d’action.

112. Nous faisons partie du Plan de réponse humanitaire global et collaborons étroitement avec le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA)

113. Nous prenons part à plusieurs initiatives de communication humanitaire et de mobilisation collective des Nations Unies.

114. Nous participons activement au Groupe de travail technique sur la covid-19 du module mondial de la sécurité alimentaire, au sein duquel nous formulons des conseils techniques en vue de maintenir l’appui aux moyens d’existence pendant la durée des restrictions liées à la pandémie et de répondre aux nouveaux besoins. 

115. Nous collaborons avec le PAM en vue de rassembler et d’analyser des données pour connaître, en temps réel, l’état actualisé de la situation sur le terrain s’agissant de l’insécurité alimentaire grave créée par les restrictions liées à la covid-19 et nous mettons en œuvre de l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (l’échelle FIES, qui relève de la FAO) en menant des enquêtes téléphoniques dans tous les pays vulnérables. 

116. Cette analyse peut permettre d’intervenir rapidement pour prévenir les crises alimentaires et mieux cibler les politiques.

117. S’agissant du plus long terme, la FAO participe activement aux débats sur les répercussions socioéconomiques de la covid-19, dans le cadre du Groupe des Nations Unies pour le développement durable. 

118. Nous travaillons avec les équipes de pays des Nations Unies et d’autres organismes à rassembler et analyser des données, et à reprogrammer et accroître l’assistance. 

 

***

119. Tandis que l’attention internationale se focalisait sur la pandémie de covid-19, la FAO a continué d’aider ses Membres à affronter un autre grand défi: le criquet pèlerin.

120. Nous l’avons fait grâce à l’alerte précoce et à une intervention rapide.

121. Depuis le début de l’année, la recrudescence du criquet pèlerin continue de menacer la sécurité alimentaire dans la Corne de l’Afrique, la péninsule arabique et certaines parties de l’Asie du Sud-Ouest, avec le risque qu’elle s’étende à la région du Sahel. 

122. Depuis janvier 2020, la FAO et ses partenaires gouvernementaux ont enregistré des succès notables dans les campagnes de lutte contre le criquet pèlerin et, malgré les difficultés liées à la covid-19, le degré des infestations a été réduit dans de nombreuses zones. 

123. Il ressort des premières estimations que les mesures prises contre ce ravageur en Afrique de l’Est et au Yémen ont permis de préserver près d’un million de tonnes de céréales des dégâts que cause le criquet. 

124. C’est-à-dire de quoi nourrir près de 7 millions de personnes pendant un an. 

125. En parant aux attaques du ravageur sur les parcours, le sinistre a épargné 451 000 ménages pastoraux dont les moyens de subsistance ont pu ainsi être préservés.

126. À cet égard, je souhaite aussi mettre en exergue l’étroit partenariat que nous avons noué avec le Groupe de la Banque mondiale, qui a récemment lancé un programme de 500 millions de dollars destiné à aider les pays d’Afrique et du Moyen-Orient à faire face aux sinistres provoqués par le criquet pèlerin.

127. Le nouveau programme d’intervention d’urgence de la Banque mondiale contre le criquet pèlerin a ceci de remarquable qu’il vise à rétablir les moyens d’existence dans le moyen terme tout en finançant des investissements dans des systèmes de surveillance et d’alerte précoce; de la sorte les pays seront mieux préparés pour l’avenir. C’est là une vision et une approche que nous partageons et un rôle complémentaire que nous pouvons assurer ensemble. 

128. Il nous faut poursuivre les opérations en cours, les intensifier pour répondre aux besoins émergents et nous préparer aux nouvelles menaces que représente le criquet pèlerin, afin que les effets du ravageur, joints à ceux de la pandémie de covid-19, n’aient pas de conséquences catastrophiques sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire.

***

129. Nos activités ont couvert de nombreux autres domaines.

130. J’ai informé le Conseil de sécurité de l’ONU des mesures nécessaires pour briser le cercle vicieux des conflits et de la faim.

131. J’ai prononcé un discours lors du lancement de l’alliance pour l’éradication de la pauvreté, organisé par le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies.

132. Nous avons intensifié notre dialogue avec l’Union européenne par des réunions bilatérales avec les nouveaux commissaires européens à l’agriculture, à la gestion des crises, à la santé et à la sécurité alimentaire, à la politique de voisinage et à l’élargissement, aux partenariats et au commerce

133. Nous avons renforcé notre présence, nos contributions et nos interactions dans les manifestations tournées vers l’action humanitaire que sont l’appel des Nations Unies relatif à la crise humanitaire au Yémen et la Conférence ministérielle d’appui à l’avenir de la Syrie.

134. J’appuie fermement l’initiative de la Food Coalition Initiative pour les filières d’approvisionnement alimentaire et j’ai participé à une rencontre FAO-UE organisée en ligne sur le Pacte vert pour l’Europe, où a été mis en lumière le rôle essentiel de la biodiversité dans l’instauration de systèmes alimentaires durables. 

 

Mesdames et Messieurs,

135. En janvier, lors d’une réunion avec le personnel dirigeant de la FAO (classes D-1 et D-2 et rangs supérieurs), j’ai déclaré que 2020 serait l’année de l’efficacité pour la FAO.

136. C’est avec une certaine fierté que j’affirme que la période de confinement ne nous a pas empêchés d’œuvrer à l’accomplissement de cet objectif. 

137. Car non seulement la FAO n’a cessé d’honorer ses engagements, mais nous avons aussi gagné en efficacité et en réactivité dans les moments difficiles!

138. Le dévouement et le travail acharné de notre personnel partout dans le monde sont louables; ils témoignent du sens des responsabilités des membres du personnel, auxquels j’adresse ma reconnaissance. 

139. De mon côté, je continuerai à prendre des mesures pour faire que le moral du personnel ne cesse de s’améliorer et afin d’œuvrer au bien-être de nos fonctionnaires.

140. L’Organisation a fait un immense pas en avant dans l’ère numérique au cours des derniers mois.

141. Notre usage quotidien des outils numériques a été multiplié par cinq depuis que nous nous sommes mis au télétravail.

142. Environ 1 500 réunions en ligne se tiennent tous les jours à la FAO. 

143. Près d’un demi-million de courriers électroniques sont envoyés chaque jour depuis nos bureaux dans le monde entier!

144. Nous avons modernisé et remanié notre site web, organisé des réunions virtuelles avec tous les représentants de la FAO dans le monde et des réunions-débats mondiales en mode virtuel avec tous les membres du personnel de la FAO. La réunion-débat avec les collègues à l’extérieur de Rome a connu une participation record de 4 300 personnes!

145. Autre première historique: nous avons réuni des jeunes fonctionnaires et des retraités de la FAO du monde entier dans une réunion virtuelle et nous préparons actuellement à la FAO un programme élaboré et moderne d’encadrement et de mentorat.

 

B – Mise œuvre des ajustements depuis la session du Conseil de décembre dernier

146. Lors de la dernière en date des sessions du Conseil, j’ai proposé un certain nombre de premiers ajustements d’ordre structurel, programmatique et opérationnel.

147. Ces ajustements reprenaient la vision que je vous avais exposée pendant ma campagne, à savoir édifier une organisation dynamique pour un monde meilleur, tout en restant fidèle aux aspirations, au mandat et à la mission d’origine de l’Organisation. 

148. Ces ajustements ayant été adoptés par le Conseil, nous les avons mis en œuvre comme suit:

  • Nous avons recruté le Fonctionnaire chargé des questions de déontologie.
  • Le Bureau de la déontologie, qui fonctionne désormais comme bureau autonome, relève directement du Directeur général.
  • Nous avons nommé le Directeur du Bureau des petits États insulaires en développement (PEID), des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL), nouvellement créé. Deux membres du personnel du cadre organique ont été détachés à ce nouveau bureau et un agent de catégorie G est en poste. 
  • Nous avons recruté un Médiateur qui doit prendre ses fonctions le mois prochain et qui sera administrativement rattaché au Bureau de la stratégie, de la planification et de la gestion des ressources. 
  • Un bureau distinct a été créé pour le Médiateur, conformément à la demande qui avait été formulée; il fait partie des nouveaux ajustements que nous vous présentons aujourd’hui. 
  • Les ressources destinées aux travaux de la FAO relatifs à la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) et au Programme conjoint FAO/OMS relatif aux avis scientifiques en matière de sécurité sanitaire des aliments/CODEX Alimentarius ont été augmentées d’un million de dollars chacune.
  • Un nouveau Groupe transversal sur la biodiversité a été créé au sein du Département (CDB) et doté de 0,8 million de dollars de crédit hors personnel et d’un nouveau fonctionnaire principal (P-5) nouvellement nommé qui sera chargé de la biodiversité. 
  • Le Comité de la jeunesse et le Comité des femmes ont été créés pour servir de moteur et de courroie de transmission à la solidarité et la participation des femmes et des jeunes au sein de la FAO et au-delà.
  • Ces deux comités se sont montrés très actifs et ont grandement contribué à l’émergence d’un esprit d’unité et de solidarité parmi les membres du personnel de la FAO, tout en traduisant en activités concrètes notre vision du rôle catalyseur que les jeunes peuvent jouer au sein de la FAO.
  • Les activités mises en œuvre en mode virtuel pendant la période de confinement, qu’il s’agisse de cours de yoga, de cours de cuisine ou de retrouvailles autour d’un café, ont permis de maintenir les liens entre les personnes – surtout celles qui sont seules – en période d’isolement physique.
  • Les Mercredis de l’innovation fonctionnent comme des incubateurs qui utilisent le ressort de la jeunesse pour susciter des changements et faire de la FAO un lieu de travail meilleur et plus productif.
  • Une autre excellente initiative est le laboratoire InnoVentures nouvellement institué; il s’agit d’une suite de rencontres autour de l’innovation et du développement réunissant des personnalités éminentes du monde universitaire, des affaires et des médias, son but étant de nous inspirer des réflexions sur l’importance du complexe que constituent l’innovation, les technologies, les jeunes entreprises et le développement durable pour l’alimentation et l’agriculture. 
  • InnoVentures Lab est un incubateur, un récepteur et un diffuseur d’idées et de solutions non conventionnelles. 
  • Le nouveau Bureau de l’innovation a été créé afin de consolider et de renforcer l’esprit d’innovation de la FAO, notamment l’innovation scientifique et technologique, l’innovation dans les modèles d’approche et de coopération et dans le renforcement des capacités.
  • Des dispositions sont actuellement prises pour toucher le plus large éventail possible de candidats admissibles au poste de Scientifique en chef. 

149. Un certain nombre de mesures d’ajustement ont été prises pour garantir la mise en place de fonctions de contrôle efficaces et efficientes, ainsi qu’un contrôle financier et une gestion des ressources humaines solides: 

  • Le Bureau des ressources humaines a été transféré dans une structure plus proche des autres fonctions de services et de gestion des ressources humaines afin d’assurer de meilleurs services, placés sous une responsabilité et un contrôle de la qualité uniques, au niveau hiérarchique qui convient.
  • Ces services concernent notamment la communication avec les organes de représentation du personnel et la participation de la FAO au Comité de haut niveau sur la gestion, du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies. 
  • Un nouveau Directeur des ressources humaines a été choisi à l’issue d’une procédure de mise en concurrence.
  • Mais nous avons aussi pris en compte la valeur des candidats internes ayant de solides antécédents en matière d’exécution pour pourvoir des postes de haut niveau, le Sous-Directeur général à la tête du Bureau régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique à Bangkok offre une bonne illustration de cette démarche. 
  • Le Bureau de l’Inspecteur général a reçu un montant supplémentaire de 400 000 dollars afin de renforcer la fonction d’enquête. Il s’agit de sa première augmentation de crédits depuis des années. Je suis déterminé à faire en sorte que l’Inspecteur général dispose des ressources nécessaires pour mettre en œuvre son programme de travail et, si cela s’avère nécessaire, je mettrai à sa disposition des ressources supplémentaires, en les prélevant sur l’ouverture de crédits nette de l’exercice 2020-2021. 
  • Un nouvel Inspecteur général a été nommé et prendra ses fonctions plus tard cet été.
  • Par ailleurs, les quatre postes de commissaire aux comptes qui se trouvaient dans les bureaux régionaux ont été transférés au Siège. Cela permettra de créer des synergies et de mieux répartir les travaux du fait de la présence de tous les commissaires aux comptes dans un même bureau. Les tâches seront réparties entre eux selon leur profil (connaissances linguistiques, expérience) au lieu d’être déterminée par leur localisation géographique.
  • Un nouveau poste de directeur, de classe D-1, a été créé au sein de la Division des finances, afin de renforcer les fonctions de surveillance de la gestion, et de veiller à l’intégrité des fonctions de la division. 

150. J’ai le plaisir de déclarer qu’en dépit des difficultés rencontrées ces cinq derniers mois, nous avons mis en œuvre la quasi-totalité des propositions approuvées lors de la dernière session du Conseil. 

 

C – Nouveaux ajustements proposés au Programme de travail et budget 2020-2021

151. Les nouveaux ajustements que je présente aujourd’hui s’inscrivent dans la continuité logique des modifications approuvées en décembre 2019 et répondent à la même ambition: faire de la FAO une Organisation inclusive et agile, au service de ses Membres, avec pour but d’obtenir des améliorations à quatre titres − production, nutrition, environnement et conditions de vie − grâce à une réforme transparente, ouverte, novatrice, responsable et efficace

152. J’aimerais rappeler que nous avons débattu de manière approfondie, détaillée, ouverte et transparente des nouveaux ajustements qu’il était proposé d’apporter au Programme de travail et budget. J’ai moi-même participé de très près à ces discussions, et nous avons tout fait pour rendre nos propositions parfaitement claires et transparentes.

153. Au cours des dernières semaines, nous avons organisé:

  • Deux séminaires informels à l’intention des Membres, auxquels j’ai assisté;
  • Deux sessions dans le cadre de la Réunion conjointe;
  • Des sessions distinctes du Comité du Programme et du Comité financier;
  • Plusieurs séances d’information à l’intention des Groupes régionaux.

154. En outre, nous avons publié six notes d’information, qui contiennent des renseignements détaillés répondant à l’ensemble des questions soulevées par les Membres.

155. J’ai particulièrement apprécié nos discussions avec les Membres, ainsi que leurs préconisations et contributions, empreintes de franchise et parfois exigeantes. Mon équipe et moi-même avons abordé ces échanges avec ouverture d’esprit et la ferme volonté de dialoguer et de tirer profit de vos observations. Nous ne doutons pas que ce type de dialogue est un élément crucial pour que s’instaure une confiance mutuelle et que la gouvernance de la FAO en sorte renforcée.

156. Nous sommes également convaincus que nous tous, ici présents, partageons l’objectif commun d’améliorer la FAO et que nous considérons donc comme très positifs les dialogues et débats de ces trois derniers mois. Nous avons réfléchi ensemble, au bénéfice de notre Organisation.

157. Dans l’histoire de la FAO, aucun Conseil n’a fait l’objet d’une préparation aussi intense, ni d’échanges d’idées aussi animés. Je veux remercier les représentants et les membres des divers comités pour leur participation active, ainsi que l’ensemble de mes collègues qui ont contribué à ce processus de réflexion commun dans un esprit d’ouverture et répondu de leur mieux à toutes les interrogations soulevées.

158. Permettez-moi maintenant de vous présenter les points clés des nouveaux ajustements qu’il est proposé d’apporter au Programme de travail et budget 2020-2021. 

S’agissant des modalités relatives à l’administration interne:

159. Pour améliorer l’efficience et l’efficacité de l’Organisation, tout en évitant les cloisonnements et en instaurant une transparence et une mise en jeu des responsabilités optimales, nous proposons un certain nombre d’ajustements structurels et programmatiques.

160. Il est proposé de mettre en place un organigramme plus modulaire et plus souple qui favorisera une collaboration intersectorielle optimale et permettra d’ajuster les affectations de responsables et la structure hiérarchique pour répondre aux nouveaux besoins et aux nouvelles priorités.

161. Ce choix procède aussi d’un enseignement que nous avons tiré de la période écoulée depuis le début de la pandémie: nous avons été contraints de nous adapter rapidement et efficacement, et les résultats obtenus montrent clairement que cette approche fonctionne.

162. C’est la clef de voûte d’une FAO agile.

163. L’équipe de direction centrale est constituée des trois directeurs généraux adjoints, de l’Économiste en chef, du Scientifique en chef et du Directeur de cabinet. Ils m’apportent leur soutien dans tous les domaines relevant du mandat de l’Organisation. 

164. Ce groupe central restreint est l’exemple même de la nouvelle démarche qui anime la FAO, fondée sur la collaboration: finis le compartimentage et les petits royaumes − ils sont remplacés par une équipe soudée, qui travaille en harmonie et en synergie.

165. Au Siège, les sous-directeurs généraux participeront aux étapes préalables de la coordination des projets de grande portée et aux activités extérieures à forte visibilité, qui revêtent une importance capitale, et se concentreront moins sur les questions de gestion interne.

166. La mise en jeu des responsabilités des chefs de bureau, de centre ou de division sera renforcée, conformément aux meilleures pratiques et compte tenu de leurs compétences d’expert dans leurs domaines respectifs. Ils rendront compte à la fois à un directeur général adjoint, à l’Économiste en chef ou au Scientifique en chef (rôle A) et à un autre membre de l’équipe de direction (rôle B), ou directement à moi-même.

167. Ce changement fait qu’il sera désormais possible pour les directeurs de la classe D-2 de jouer pleinement leur rôle en leur qualité d’experts et de faire en sorte que les informations s’échangent de manière transversale, sachant qu’ils devront rendre compte à l’équipe de direction en utilisant en même temps les lignes hiérarchiques correspondant aux rôles A et B. Ils mettront également en copie (cc) les directeurs concernés des classes D-2 ou D-1. 

168. Cela aura pour effet d’instaurer un consensus, de renforcer les synergies internes et d’éviter l’apparition de cloisonnements. Les ajustements structurels et programmatiques proposés ont pour objet d’améliorer l’efficience et l’efficacité de l’Organisation, tout en évitant la compartimentation et en instaurant une transparence et une mise en jeu des responsabilités optimales.

169. Le rattachement hiérarchique précis de chaque chef d’unité sera établi en tenant compte des antécédents, des compétences et des connaissances des individus membres de l’équipe de direction. Des fonctions principales («rôle A») et des fonctions subsidiaires («rôle B») seront exercées au sein de la structure hiérarchique, le rôle «B» étant de nature complémentaire; l’appui et l’actualisation des informations seront mutualisés à intervalles réguliers. 

170. Cette structure compacte renforcera la mise en jeu des responsabilités et la cohésion, et rendra la FAO plus efficace et comptable de son action, grâce à la limitation des coûts afférents aux échanges et à l’allégement de la bureaucratie.

 

Pour ce qui est de la structure organisationnelle:

171. Sur la base des évaluations réalisées et des recommandations formulées antérieurement, il est proposé de créer un Bureau des objectifs de développement durable (ODD), qui coordonnera la participation de la FAO au suivi et à l’examen du Programme 2030, en étroite collaboration avec les unités concernées de l’ensemble de l’Organisation.

172. Je superviserai ce nouveau Bureau. Je mobiliserai l’ensemble des parties prenantes pour renforcer la décentralisation de la FAO – au niveau des bureaux de pays, des bureaux régionaux et autres – et donner de l’autonomie à ceux qui se trouvent en première ligne (talents, ressources, services et réponses en provenance du Siège).

173. Ces nouveaux moyens d’action dont nos bureaux seront dotés iront de pair avec la volonté clairement exprimée de multiplier les résultats concrets, évaluation à 360 degrés à l’appui. Nous commencerons à évaluer la performance d’un certain nombre de bureaux d’ici à la fin de l’année. 

174. Nous sommes conscients que l’Organisation manque de solidité au niveau local et que sa capacité de servir est insuffisante. Nous devons instaurer à ce niveau les conditions requises pour que l’accès aux services et la satisfaction deviennent des réalités tangibles. 

175. Avec la création du nouveau Bureau, la FAO pourra se concentrer davantage sur les ODD et il sera mis fin à une situation dans laquelle les activités menées à ce titre l’étaient de façon éparpillée à différents niveaux de l’Organisation. 

176. Nous proposons de renforcer les trois centres de coopération, dans le cadre desquels la FAO travaille en étroite collaboration avec d’autres organismes des Nations Unies ou avec des institutions financières internationales. 

177. À la suite d’échanges positifs avec les organismes compétents, j’ai été encouragé à bâtir avec plus d’ambition et à agir plus concrètement.

178. Nous devons élargir notre réflexion et planifier à plus grande échelle afin d’être en mesure d’obtenir davantage de résultats, de meilleure qualité, pour nos Membres.

179. Il est de plus en plus fondamental de travailler en partenariat pour régler des problèmes complexes et multidimensionnels. Nous proposons de renforcer les centres de coopération pour faire l’usage le plus fécond possible des ouvertures de crédits nettes, dont le montant est limité (car l’Organisation est à la fois vaste, ancienne et appauvrie).

180. Le Centre d’investissement (centre de services) apporte un appui à l’investissement public et privé dans les États Membres pour les aider à concrétiser les ODD. L’augmentation proposée de son budget (de 8 millions d’USD) a pour but de renforcer son rôle de catalyseur auprès des pays et de porter ses ressources financières à l’échelle voulue.

181. À cet égard, il est important de souligner notre excellente collaboration et notre complémentarité avec la Banque mondiale, notre partenaire stratégique de longue date.

182. Non seulement l’équipe dirigeante de la Banque mondiale est très désireuse de coopérer avec nous, mais nous constatons des résultats concrets dans le cadre des activités menées actuellement – par exemple la lutte contre le criquet pèlerin, que j’ai mentionnée tout à l’heure. Nous voulons intensifier l’action que nous menons avec la Banque mondiale, mais aussi avec d’autres institutions financières internationales.

183. Le Centre mixte FAO/OMS, qui pourrait aussi être considéré comme une plateforme de coordination, servirait de base pour des travaux conjoints d’importance, à savoir ceux de la Commission du Codex Alimentarius et ceux que mène la FAO en ce qui concerne les zoonoses, sans oublier l’initiative «Un monde, une santé» ni les activités se rapportant, entre autres, à la résistance aux antimicrobiens ou à la sécurité sanitaire des aliments.

184. Les compétences d’expert à notre disposition en matière de zoonoses seraient regroupées afin que les activités menées dans ce domaine se poursuivent de manière ciblée et coordonnée au sein de la FAO et en étroite consultation et collaboration avec l’OMS, l’OIE et d’autres partenaires à l’échelle mondiale.

185. De toute évidence, nous devons engager une discussion constructive avec l’OMS et aussi avec l’OIE pour définir les modalités de notre collaboration une fois que la pandémie sera derrière nous. Mais, plus immédiatement, nous devons commencer par nous préparer nous-mêmes.

186. Le Centre mixte FAO/AIEA, qui peut être considéré comme un centre physique ou un laboratoire, est l’expression du partenariat stratégique existant de longue date entre la FAO et l’AIEA, axé sur l’utilisation des sciences et technologies nucléaires au service du développement agricole durable et de la sécurité alimentaire; il est proposé d’en augmenter le budget de 1 million d’USD.

187. L’AIEA − à commencer par son Directeur général − se montre très intéressée par la poursuite du renforcement de notre coopération, et les ressources financières d’un montant appréciable que l’Agence consacre à cette collaboration en sont la preuve. Ces deux derniers mois, elle a ainsi alloué 4 millions supplémentaires d’USD à cette entreprise.

188. Nous proposons la création d’une nouvelle Division des systèmes alimentaires et de la sécurité sanitaire des aliments, qui assurerait la direction stratégique des activités visant à développer des systèmes alimentaires plus durables.

189. La division en question intégrerait l’analyse scientifique et économique de la FAO afin de définir de meilleures orientations en matière de politiques et de mieux cibler les investissements dans les systèmes alimentaires.

190. Ce projet est directement lié à l’un des principaux axes d’avenir du mandat de la FAO: la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux.

191. Une fois encore, nous prenons une mesure concrète pour concentrer davantage notre action et abolir les cloisonnements. La fragmentation de nos activités n’est plus une option.

192. Toutes les propositions présentées le sont dans la limite des ouvertures de crédits biennales nettes approuvées par la Conférence (1005,6 millions d’USD).

 

D- La transformation de la FAO 

193. Le 75e anniversaire de la FAO arrive à un moment marqué par de grands enjeux et des opportunités historiques. 

194. Notre ambition est de «nourrir la planète». Pour y parvenir, nous devons d’abord produire suffisamment de nourriture pour éliminer la FAIM. Une nourriture adaptée aux régions et à des demandes spécifiques, une nourriture équilibrée et suffisante pour lutter contre la malnutrition et contre l’obésité.

195. Cependant, notre raisonnement et notre action doivent aller au-delà de la simple production de denrées alimentaires, pour embrasser d’autres aspects: la consommation, la qualité des produits, le bien manger, etc. 

196. Nous devons réfléchir à l’aspect qualitatif de la nourriture et privilégier une nourriture qui réponde aux besoins, notamment aux besoins biologiques, de l’enfant, du malade, de la personne en surpoids et des consommateurs à tous âges. Nous devons examiner la question des préparations et des modes de consommation. 

197. Notre attention doit aussi se porter sur la consommation alimentaire fondée sur des données factuelles et scientifiques, et sur la manière dont la nourriture est produite. Nous devons tenir compte des répercussions écologiques et modifier les méthodes et les modes de production de manière à contribuer à l’instauration d’un développement durable. 

198. S’agissant des protéines animales, nous devons étudier les questions de productivité fourragère et de production par unité de surface et leurs effets sur l’environnement. 

199. Notre attention doit également se porter sur la chaîne alimentaire, la chaîne d’approvisionnement et la chaîne du froid, ainsi que sur le défi connexe que représente l’élimination des pertes et du gaspillage de nourriture, qui doit nous pousser à innover et à élaborer des politiques adaptées. 

200. C’est là que la numérisation et des solutions modernes comme le commerce électronique entrent en jeu et peuvent nous aider à transformer et rationaliser nos systèmes alimentaires.

201. En outre, nous devons réfléchir à un codex de l’alimentation animale en abordant des questions urgentes telles que la résistance aux antimicrobiens, les résidus, les métaux lourds, l’utilisation d’additifs et la pollution environnementale qui en découle. 

202. À cet égard, il serait bon d’étudier de nouvelles méthodes d’exploitation des résidus alimentaires, d’utiliser davantage les produits recyclés et les sous-produits pour fabriquer des aliments pour animaux et ainsi accroître la valeur de la biomasse et aboutir à un résultat plus respectueux de l’environnement.

203. En ce qui concerne les fibres, nous devons étudier les moyens naturels d’en créer de nouvelles. Il s’agit d’un domaine où l’innovation est nécessaire.

204. Les biocarburants, le biogaz et même les bioréacteurs sont un autre domaine d’intérêt pour l’avenir, et l’agriculture doit contribuer à la production de combustibles à partir d’herbacées et de broussailles ou de parties non comestibles des plantes cultivées et autres produits de base.

205. En ce qui concerne les forêts, nous devons aller au-delà de la vision limitée de la plantation d’arbres car les forêts sont également une source d’alimentation et de fibres. Songeons, par exemple, au bambou et au rotin. 

206. Nous devons par ailleurs mettre en évidence le patrimoine culturel de l’agriculture, et le transfert des connaissances (savoirs autochtones), des traditions et des habitudes d’une génération à l’autre. 

207. N’oublions pas non plus la valeur touristique de l’agriculture Il s’agit d’un domaine qui mérite l’attention des investisseurs car c’est un secteur complémentaire complexe qui crée des emplois décents à forte intensité de main-d’œuvre dans le développement rural. 

208. Les agroenvironnements devraient être considérés comme des milieux anthropiques. Notamment:

  • les zones humides, notamment les rizières et les étangs d’aquaculture;
  • le reboisement d’écosystèmes tels que les zones herbacées et les broussailles; 
  • les installations dans des régions semi-désertiques: utilisation de l’énergie solaire sur des serres, abris destinés au bétail et sites de production d’aliments pour animaux. 

209. Ces considérations nous mènent au concept d’éco-économie, qui lie la valeur économique à la durabilité environnementale. L’éco-économie est un système qui consiste, par exemple, à exploiter une rizière en associant la culture du riz et de légumes aquatiques à l’élevage de canards et de poissons. La diversité de l’agriculture crée de nombreuses sources de revenus. La grande agriculture standard joue un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire. L’agriculture durable prône l’utilisation viable et respectueuse de l’écosystème local pour tirer une valeur maximale de ses produits et sous-produits. 

210. Cette agriculture au sens large se décline en cinq composantes: l’alimentation humaine, l’alimentation animale, les fibres, le carburant et les amis

211. Nous devons également associer la biodiversité à la diversité alimentaire, car ces deux aspects sont indissociables sur le plan scientifique. 

212. Nous étudions également la possibilité d’intégrer les systèmes agroalimentaires dans l’environnement, ce que nous faisons déjà dans les espaces urbains et périurbains des «villes vertes». 

213. Pour que la FAO puisse se distinguer par ses compétences, nous avons besoin de véritables experts et de scientifiques ayant une vision stratégique, qui devront maîtriser les différents domaines et les associer les uns aux autres. Bref, de vrais experts et de vrais talents multidisciplinaires qui travaillent en équipe, offrent un service complet et fassent ainsi la réputation mondiale de la FAO.

214. Des experts qui dépassent leur domaine de spécialisation pour étudier d’autres aspects des questions. Par exemple, des experts en aquaculture qui s’intéressent aussi au tourisme portuaire, par exemple, contribuant ainsi au développement rural dans son ensemble.

215. Pour devenir l’Organisation la plus prestigieuse de l’ONU, nous avons besoin de soutien, d’investissements et de partenariats encore plus solides avec le système des Nations Unies, les institutions financières internationales (Banque mondiale, etc.), le secteur privé et bien d’autres.

216. Nous avons besoin de talents multidisciplinaires, d’une meilleure coordination interne, de davantage de cohésion et de moins de bureaucratie.

Mesdames et Messieurs, 

217. Les nouveaux ajustements que j’ai présentés aujourd’hui sont les pierres qui nous permettront de bâtir la FAO nouvelle, à condition de coopérer, de créer un climat de confiance et de travailler en équipe, car nous sommes tous dans le même bateau.

218. La FAO nouvelle répondra aux nouvelles demandes et aux nouvelles priorités, sera professionnelle et axée sur l’innovation, les résultats et les impacts. 

  • Demandes: exprimés par les agriculteurs, les décideurs, les acteurs industriels et la société;
  • Défis: environnement, économie et catastrophes naturelles; 
  • Professionnelle: grâce à un personnel dévoué, compétent et expérimenté; 
  • Innovation: utilisation de nouveaux intrants agricoles (semences, engrais, produits chimiques, bioproduits et autres), de nouveaux modèles d’activité, d’outils et de systèmes numériques, des chaînes de blocs; 
  • Résultats: au profit des agriculteurs des régions vulnérables, des gouvernements, des consommateurs, du secteur privé et de la société dans son ensemble;
  • Impacts: sur les systèmes agroalimentaires, au niveau socioéconomique, sur les cultures, l’environnement et la réalisation des ODD.

219. Telle est la nouvelle FAO ! 

220. Nous pouvons d’ores et déjà annoncer que les principales activités et actions suivantes sont prévues dans un avenir immédiat:

1. Examen de la stratégie de la FAO: il s’agit d’un exercice que nous avons l’intention de commencer en août dans le but d’élaborer un nouveau cadre stratégique d’ici à la fin de l’année. Nous avons besoin de votre contribution (en tant que membre) et de votre engagement pour soutenir des projets et des initiatives à long terme.

2. Éliminer la bureaucratie: il s’agit d’un élément crucial de la stratégie. Nous commencerons immédiatement dans le domaine de la gestion des ressources humaines: recrutement interne, organisation de carrière et promotions. Nous renforcerons notre coopération à cet égard avec le secteur privé et mettrons l’accent sur l’exécution dans nos bureaux de pays. 

3. Renforcer l’obligation de rendre compte: 

  • Notre dispositif hiérarchique double (rôle A et rôle B) sera le fondement d’un contrôle interne solide. Une coordination interne fréquente entre les niveaux D1 et D2 renforcera également la transparence. 
  • Les hauts dirigeants doivent montrer l’exemple: prendre leurs responsabilités, travailler dur, partager l’information et penser de manière globale.
  • Engager sa responsabilité pour chaque projet: travailler dur et de façon pragmatique au service des agriculteurs et des bénéficiaires en vue d’obtenir des résultats optimaux.
  • Responsabilité des Membres: accroître leur contribution à l’Organisation, que ce soit sur le plan financier (court et long terme) ou en renforçant la participation des pays. Établir des liens avec les décideurs des ministères des finances, de l’innovation, de la santé, de l’environnement, des ressources naturelles, des infrastructures et autres. Mettre la FAO en relation avec le secteur privé et la société civile dans les pays. 

4. Réduire le risque: Nous devrons pour cela instituer un véritable partage de l’information et respecter les règles. Nous devrons également renforcer le dialogue entre les hauts dirigeants et les fonctionnaires du cadre organique, avec nos membres et avec le secteur privé. Ces mesures s’appuieront sur une solide connaissance des méthodes scientifiques d’analyse du risque et de maximisation des avantages. Il s’agit d’une approche moderne de la gestion du risque qui sera diffusée dans l’ensemble de l’Organisation. Il conviendra enfin de renforcer les évaluations du Bureau de l’Inspecteur général et des indicateurs de performance clés. 

5. Organiser les conférences régionales de la FAO: La pandémie nous a contraint à reporter les conférences régionales mais nous redoublons d’efforts pour qu’elles aient lieu sans attendre. Nous avons besoin d’elles pour connaître les avis des régions sur le cadre stratégique et pour identifier les principaux acteurs régionaux de la transformation du système agroalimentaire. Nous comptons également sur leur contribution pour préparer le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. 

6. Renforcer les bureaux de pays: Nos bureaux de pays sont au fondement de l’exécution des activités de la FAO. Nous veillerons à ce qu’ils reçoivent un appui et des services adaptés sur le terrain tout en vérifiant régulièrement leur niveau d’exécution concrète au moyen d’évaluations à 360 degrés. 

  • Ces bureaux doivent avoir les moyens d’agir. Ils seront directement rattachés au Directeur général adjoint responsable et à la direction centrale. Ils auront également un accès direct aux représentants régionaux de la FAO et aux coordonnateurs régionaux, au Bureau du Directeur général. 
  • Les chefs des bureaux nationaux seront de classe P-5 au minimum et dotés des pouvoirs correspondants. Ils sont en première ligne au service de nos Membres et méritent donc toute notre attention!

7. Nous mettrons aussi l’accent sur les travaux relatifs aux autres maladies transfrontières:

  • Légionnaire d’automne: Le comité directeur de l’Action mondiale est convenu d’accueillir une conférence virtuelle de haut niveau, qui sera organisée conjointement avec la Banque africaine de développement et avec des donateurs essentiels, afin de mobiliser des ressources destinées à la lutte contre la légionnaire d’automne. 
  • La conférence était initialement prévue ce mois-ci à Abidjan. Cependant, en raison de la pandémie de covid-19, elle aura probablement lieu de manière virtuelle au cours du mois de septembre, à une date qui sera déterminée ultérieurement. 
  • La FAO continuera de suivre et d’analyser l’impact de la pandémie et des mesures prises en rapport avec cette dernière sur les activités de lutte contre la légionnaire d’automne.
  • La prochaine réunion du comité directeur aura lieu la semaine prochaine. 
  • Criquet pèlerin: La guerre contre les criquets est loin d’être gagnée. 
  • Au Kenya, nous commençons à voir le bout du tunnel. Mais il reste encore beaucoup à faire dans les mois à venir en Éthiopie, en Somalie et au Yémen, si nous voulons maîtriser cette recrudescence.
  • En Inde, en Iran et au Pakistan également, nous observons des progrès énormes grâce à la détermination des gouvernements et des autorités locales. Mais les criquets ne sont pas encore maîtrisés.
  • Nous dépendons à la fois des activités de lutte et des conditions météorologiques. Nous devons donc rester vigilants et être prêt à affronter une éventuelle recrudescence au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
  • Notre action collective au cours des mois à venir aura des incidences considérables sur la sécurité alimentaire de millions de personnes, depuis l’Afrique de l’Ouest jusqu’à l’Asie du Sud-Ouest.

8. COVID-19: La FAO joue un rôle de premier plan dans l’action menée face aux problèmes nouveaux ou d’apparition récente qu’a créés la covid-19 sur les plans de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la résilience des systèmes alimentaires.

  • Depuis le début de la pandémie, la FAO a adopté une approche globale qui permet d’agir en amont afin de relever les défis posés par la covid-19, de planifier le relèvement et de mieux reconstruire.
  • Notre réponse globale à la covid-19 réunit tous les aspects de nos activités liées à la pandémie, qui vont des exigences immédiates et des interventions humanitaires aux actions de développement sur le moyen et le long terme.
  • Cette action globale est le fruit d’un processus de consultation ouvert, qui tient compte des besoins et des demandes concrets du terrain, et auquel participent les bureaux de pays et le Siège. 
  • On a ainsi recensé 6 domaines de travail + 1, en tant que domaines d’intervention prioritaires de la FAO (dans le contexte de la covid-19):
  1. Le commerce, y compris le commerce intrarégional et les normes de sécurité sanitaire des aliments
  2. La réduction de la pauvreté, l’inclusion économique et la protection sociale
  3. La prévention des pandémies d’origine animale par l’élargissement de l’approche Un monde, une santé
  4. Le renforcement de la résilience des petits exploitants pour le relèvement après la covid-19
  5. Les données, les informations et l’analyse
  6. La transformation des systèmes alimentaires

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       7. L’action humanitaire de la FAO (dans le cadre des Nations Unies) – Agir contre les répercussions de la covid-19 dans les situations de crise alimentaire.

 

  • Seule une approche institutionnelle, globale, volontariste et unifiée permettra non seulement à la FAO mais à l’ensemble des Nations Unies de se positionner parmi les principaux acteurs face à la crise – agir, atténuer et prévenir.
  • Le programme détaillé de cette action sera présenté à l’occasion d’une manifestation de haut niveau prévue lors du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), le 14 juillet 2020.
  • Nous devons également, au cours des mois qui viennent nous évertuer d’éviter la hausse du nombre de personnes en situation de crise et la dégradation des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, qui sont attendues du fait de la pandémie de covid-19.
  • C’est la raison pour laquelle nous accélérons la saisie de données et le suivi des informations sur le terrain, ce qui nous permettra de circonscrire les nouvelles zones sensibles et de prendre les mesures d’anticipation les plus adaptées et les plus économiques afin d’éviter une aggravation de la faim.
  • Nous continuerons également de planifier nos activités afin de permettre à l’Organisation de s’adapter à la covid-19.

9. Initiative Main dans la main: La pandémie de covid-19 dévoile et accentue les faiblesses et les vulnérabilités des systèmes alimentaires et agricoles mondiaux et nationaux.

  • Nous devons donc agir de toute urgence face aux effets conjugués de la pandémie, des mesures prises pour lutter contre celle-ci et d’une récession économique mondiale majeur. 
  • Compte tenu de la nature multidimensionnelle de la crise, il faudra coordonner les efforts des divers partenaires et parties prenantes face l’ensemble des défis économiques, sociaux et environnementaux.
  • Dans le cadre d’une action intégrée visant à assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’Initiative Main dans la main propose une structure de coordination toute prête qui met en relation tout un ensemble de services gouvernementaux aux échelons central et provincial, de donateurs, d’institutions financières internationales et d’entités du secteur privé, d’ONG/OSC et de centres de recherche, sous la supervision centrale du gouvernement du pays hôte. 
  • Au fur et à mesure que nous intégrons de nouveaux pays à l’initiative, le potentiel d’une telle coordination constituera une valeur ajoutée et sera importante pour les Membres.

10. Renforcer la résilience: Les conflits et les phénomènes météorologiques extrêmes demeurent les principales causes de l’insécurité alimentaire aiguë.

  • Nous sommes déterminés à transposer à plus grande échelle les systèmes d’alerte rapide et les liens entre ceux-ci et les systèmes d’action anticipée, afin de contribuer activement à réduire le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire.
  • Nous disposons d’éléments concrets – l’action anticipée présente non seulement une valeur ajoutée, elle aide surtout les personnes à conserver leurs moyens d’existence et leur dignité, même en temps de crise.
  • À la FAO, nous sommes convaincus que les individus et les communautés sont fondamentalement résilients. Et cette résilience constitue le fondement du développement. Quand les gens sont en mesure de supporter les chocs et de continuer à faire vivre leurs familles et leurs communautés, ils peuvent profiter des avantages du développement. 

11. Soutenir le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires: Cette manifestation est organisée par le Secrétariat général. Cependant, la FAO, principale organisation chargée des questions relatives aux systèmes alimentaires, offre tout son soutien et joue un rôle central en tant que plateforme permettant aux Membre d’interagir sur tous les sujets relevant de ce domaine. 2021 sera une année très importante pour la FAO. Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, l’une des manifestations phares, nous permettra de catalyser la transformation des systèmes agroalimentaires et d’accélérer l’intégration des acteurs clés du système alimentaire.

Mesdames et Messieurs les délégués, 

221. À chaque génération sa responsabilité historique.

222. La FAO entre dans une ère nouvelle.

223. La FAO est prête à écrire une page de l’histoire, avec votre soutien, votre participation et grâce à votre intégration.

224. La direction de la FAO et moi-même serons le fer de lance et contribuerons à 100 pour cent par notre engagement, notre dévouement et notre action, à faire de la FAO nouvelle une réalité (l’année a quatre saisons mais moi je ne connais ni le jour ni la nuit).

225. Nous sommes prêts à changer et nous changerons, comme beaucoup nous l’ont demandé. 

226. Prenons des mesures plus concrètes pour une FAO efficace, transparente, inclusive, qui soit plus dynamique et plus agile.

227. Je vous remercie encore une fois et j’apprécie votre coopération, votre appui et toutes vos suggestions.

228. Ma porte est toujours ouverte. Je suis du peuple, par le peuple et pour le peuple.

229. Faisons confiance à l’engagement pris les uns envers les autres, respectons-le et maintenons-le, afin d’écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire.

Merci!