Directeur général QU Dongyu

Conférence régionale de la FAO pour l'Asie et le Pacifique

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

03/09/2020

CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L’ASIE ET LE PACIFIQUE

Trente-cinquième session

1-4 septembre 2020

RÉUNION MINISTÉRIELLE
PROJET DE DÉCLARATION DU DIRECTEUR GÉNÉRAL (APRC/20/INF/4)

 

 

Monsieur le Ministre de l’agriculture et des forêts,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Président indépendant du Conseil de la FAO,

Mesdames et Messieurs les délégués,

Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile et du secteur privé,

Mesdames et Messieurs,

1. Permettez-moi tout d’abord de féliciter le Gouvernement du Royaume du Bhoutan qui a su faire preuve de souplesse dans sa collaboration avec le Secrétariat de la FAO en vue d’organiser cette Conférence régionale en ligne, une première dans l’histoire de l’Organisation, sur fond de pandémie mondiale. Au nom de la FAO et de tous les participants à la Conférence régionale, je tiens à exprimer ma profonde gratitude au Gouvernement du Royaume du Bhoutan et à sa population, qui accueillent cette manifestation.

2. Mes pensées et mon soutien vont à toutes les victimes et aux héros qui luttent contre la pandémie de covid-19 dans la région.

3. Je souhaiterais aussi rendre hommage aux pouvoirs publics de l’ensemble de nos Membres qui accueillent sur leur territoire les bureaux régionaux de la FAO et qui nous aident à assurer la sécurité de nos employés en ces temps difficiles.

4. C’est pour moi un honneur et un très grand plaisir que d’être avec vous à l’occasion de la trente-cinquième session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique.  

Mesdames et Messieurs,

5. Voilà à peine plus d’un an que je suis entré en fonction comme Directeur général.

6. Il s’agit donc de ma première Conférence régionale et je l’attendais avec une grande impatience.

7. L’une de mes premières priorités en tant que Directeur général était d’ailleurs de transformer les conférences régionales, qui étaient des manifestations isolées et purement formelles, en événements plus dynamiques et plus fluides qui s’inscrivent dans une certaine continuité.

8. Les conférences régionales font partie intégrante de la structure de gouvernance de la FAO et sont essentielles à cet égard. 

9. Je tiens à ce que le point de vue régional soit entendu comme il se doit et à ce que les conférences régionales nous permettent d’agir au plus près de vos besoins et d’améliorer et d’accélérer l’exécution de nos activités de sorte à atteindre les objectifs fixés.

10. Nous voulons nous assurer que les conférences régionales deviennent des plateformes dynamiques et efficaces qui contribuent à la formulation des politiques.

11. C’est par un dialogue ouvert et l’échange soutenu de bonnes pratiques entre les pays participants que nous serons en mesure d’appuyer au mieux les décideurs de la région confrontés à des défis communs.

12. Plus important encore, la Conférence régionale doit vous être utile. 

13. C’est la raison pour laquelle nous sollicitons vos avis sur la manière d’y parvenir, aussi bien en termes de contenu que de forme.

14. Bien entendu, cette conférence est la vôtre, la session de votre organe directeur régional, et, comme toujours, mes collègues et moi-même vous écouterons avec attention et prendrons note des indications que vous voudrez bien nous communiquer.

15. À cet égard, nous attendons avec intérêt vos observations concernant deux points stratégiques importants: 

       a. vos attentes quant au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en 2021, et

       b. les priorités que vous souhaitez voir inscrites dans le nouveau Cadre stratégique de l’Organisation, qui est en cours d’élaboration.

Mesdames et Messieurs,

16. Les modifications apportées aux conférences régionales s’inscrivent dans la réforme plus large que nous avons entreprise et qui comprend des ajustements structurels, programmatiques et opérationnels.

17. Ces ajustements ont permis de concrétiser ma vision d’une FAO dynamique au service d’un monde meilleur, tout en restant fidèle aux ambitions, au mandat et à la mission d’origine. 

18. Les transformations que nous avons mises en œuvre après leur approbation par le Conseil de la FAO ont permis de faire de la FAO une organisation souple et inclusive, qui se met au service de ses Membres en vue d’obtenir des améliorations sur quatre plans: la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie.

19. Nous y parviendrons en faisant de la FAO une organisation transparente, ouverte, responsable et efficace.

20. Nous avons ainsi mis en place un organigramme plus modulaire et plus flexible, qui permet une collaboration intersectorielle optimale.

21. L’idée est de décloisonner et d’être ainsi plus réactif lorsqu’il s’agit de répondre aux nouveaux besoins et aux priorités émergentes.

22. Nous avons également établi une équipe de direction centrale, constituée des trois directeurs généraux adjoints, de l’Économiste en chef, du Scientifique en chef et du Directeur de cabinet. 

23. Cette équipe centrale, qui m’apporte son aide dans tous les domaines relevant du mandat de l’Organisation, illustre la nouvelle approche collaborative de la FAO.

24. Parmi les nombreux efforts d’ajustements et de réforme, j’ai le plaisir d’attirer votre attention sur la création du Bureau des petits États insulaires en développement (PEID), des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL), du Bureau de l’innovation, du Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement, ainsi que du Bureau des Objectifs de développement durable (ODD).

25. Ces transformations et ces ajustements sont presque achevés au Siège et seront bientôt appliqués à tous les autres bureaux de la FAO dans le monde.

26. Je me réjouis par conséquent de constater que, dans le cadre de ces transformations, le Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique a pris les devants en faisant appel à vous dès les préparatifs de la présente Conférence.

27. Nombre d’entre vous et de vos hauts fonctionnaires ont participé aux consultations nationales menées à la fin de l’année dernière et au début de cette année.

28. Je crois que ces consultations ajouteront de la clarté et de la cohérence aux délibérations d’aujourd’hui et de demain – et qu’elles ont déjà été profitables lors des séances et des débats qui se sont déroulés dans le cadre de la réunion des hauts fonctionnaires, au début de la semaine.

29. À cela, s’ajoutent l’inclusion et la consultation des représentants du secteur privé. 

30. Nous vous remercions d’avoir participé aux débats en ligne organisés par le Bureau régional. 

31. Je me félicite que les organisations de la société civile continuent de faire entendre leurs voix dans le cadre de cette Conférence régionale.

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

32. La covid-19 continue de faire des dégâts dans le monde entier, les plus pauvres et les plus vulnérables ayant été les plus touchés. 

33. Dans cette région, en particulier dans les pays densément peuplés de l’Asie du Sud et dans les PEID, certains n’ont pas, ou quasiment pas, de couverture sociale et des millions de personnes souffrent non seulement des effets sur la santé du virus lui-même, mais également des graves incidences socioéconomiques de la perte de leurs moyens d’existence.

34. Avant même la pandémie, nous n’étions pas en bonne voie pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) – en particulier les ODD 1 et 2 – qui visent à vaincre la pauvreté et la faim dans le monde entier.  

35. Or, c’est ici, dans cette région, que se trouve une grande partie des personnes sous-alimentées de la planète.

36. Les incidences négatives de la pandémie se sont fait ressentir dans l’ensemble du système alimentaire.

37. Les mesures visant à endiguer la propagation du virus perturbent les chaînes d’approvisionnement alimentaire au niveau mondial.

38. Les restrictions aux frontières et les confinements détruisent des moyens d’existence et entravent le transport des aliments.

39. Les pertes et gaspillages de nourriture augmentent, car les agriculteurs doivent jeter des aliments périssables, et de nombreuses personnes qui vivent dans des centres urbains ont du mal à trouver des aliments frais.

40.Les petits exploitants et leurs familles, ceux qui travaillent dans tous les secteurs de l’alimentation et ceux qui vivent dans des économies tributaires des produits de base et du tourisme sont particulièrement vulnérables. Nous devons les aider d’urgence.

41. Il est tout aussi urgent de prendre en compte le fait que la pandémie risque d’aggraver les crises existantes, notamment les conflits, les catastrophes naturelles, le changement climatique, les organismes nuisibles et les infestations, qui mettent nos systèmes alimentaires en tension et créent de l’insécurité alimentaire sur toute la planète.

42. Nous avons présenté récemment la Programme de la FAO consacré aux interventions et au redressement dans le contexte de la covid-19, qui couvre sept principaux domaines prioritaires, dans lesquels il est urgent d’agir:

  • Intensifier le Plan mondial d’intervention humanitaire contre la covid-19.
  • Améliorer les données qui éclairent la prise de décision.
  • Veiller à l’inclusion économique et à la protection sociale pour réduire la pauvreté.
  • Renforcer les normes sur le commerce et la sécurité sanitaire des aliments.
  • Accroître la résilience des petits exploitants, en vue de leur redressement.
  • Prévenir la prochaine pandémie zoonotique en renforçant l’approche «Un monde, une santé».
  • Favoriser la transformation des systèmes alimentaires.

43. Le Programme vise à éviter une crise alimentaire pendant et après la pandémie de covid-19 et, dans le même temps, à mettre en œuvre des interventions de développement à long terme en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition.

44. Dans le droit fil de l’approche des Nations Unies visant à «reconstruire en mieux» et dans le cadre des Objectifs de développement durable, il a pour objectif d’atténuer les incidences immédiates de la pandémie, tout en renforçant la résilience future des systèmes alimentaires et des moyens d’existence.

45. Le Programme permet aux donateurs de s’appuyer sur le pouvoir de mobilisation, les données en temps réel, les systèmes d’alerte rapide et l’expertise technique de l’Organisation, afin d’apporter une aide directe où et quand elle est la plus nécessaire.

46. Nous devons, et c’est une priorité, apporter des solutions en s’attaquant à la racine des problèmes les plus urgents. 

47. Nous devons réexaminer nos systèmes alimentaires et nos chaînes de valeur, mieux utiliser les innovations et les technologies agricoles existantes et en envisager de nouvelles.

48. Demain matin, une séance spéciale consacrée à l’innovation se tiendra dans le cadre de la Conférence régionale de la FAO.

49.Les technologies innovantes ont un intérêt particulier dans l’agriculture et les systèmes alimentaires d’aujourd’hui et de demain. 

50. La création du Bureau de l’innovation et de la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques le montre clairement.

51. Les avantages concrets de ces approches innovantes sont tangibles.

52. Par exemple, dans le cadre de l’utilisation d’une application mobile appelée eLocust3, qui contribue à la lutte contre l’une des espèces de migrateurs nuisibles les plus dangereuses au monde, le criquet pèlerin.

53. L’application est un système efficace de surveillance et d’alerte rapide qui a considérablement contribué à faire baisser la durée, la gravité et la fréquence des infestations dévastatrices de criquets pèlerins en Afrique et ici, en Asie.

54. J’ai bon espoir que, rapidement, l’innovation nous permette de trouver des outils similaires pour vaincre d’autres menaces majeures auxquelles nous sommes confrontés ici, en Asie et dans le Pacifique, notamment la chenille légionnaire d’automne et la peste porcine africaine.

55. En effet, le recours aux technologies (y compris les technologies de pointe pour les systèmes agroalimentaires) et aux innovations agricoles est une tendance d’avenir. 

56. Et cette tendance doit s’amplifier encore et encore. 

57. Nous devons tirer pleinement parti de l’ère numérique, dans le cadre de partenariats innovants avec les gouvernements nationaux, les agriculteurs, le secteur privé, le monde universitaire et les ONG, entre autres.

58. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé l’Initiative Main dans la main.

59. Il s’agit d’une initiative fondée sur des éléments concrets, prise en main par les pays et pilotée par ceux-ci, qui a pour objectif d’accélérer la transformation agricole et le développement rural durable afin d’éliminer la pauvreté, ainsi que la faim et la malnutrition sous toutes ses formes (ODD 1 et 2). 

60. Elle contribue ainsi à la réalisation de tous les autres Objectifs de développement durable. 

61. L’Initiative vise en priorité les pays dont les capacités nationales et l’aide internationale dont ils bénéficient sont très limitées et ceux où les difficultés d’ordre opérationnel, à la suite de crises d’origine naturelle ou anthropique notamment, sont les plus grandes.

62. Pour renforcer l’Initiative, nous utilisons des outils de pointe:

  • La Plateforme géospatiale Main dans la main: une plateforme de données fondée sur le Système d’information géographique (SIG) qui appuie toutes les parties prenantes en leur fournissant des données riches qui peuvent être partagées, tout en respectant les protocoles de confidentialité des données qui conviennent. La plateforme comprend également un système infranational d’informations sur les donateurs, élaboré par la FAO et ses partenaires.
  • Le Laboratoire de données pour l’innovation statistique: il permet d’utiliser à la fois des sources de données non conventionnelles, des mégadonnées, des données scientifiques et des méthodes d’exploration de texte aux fins de la prise de décisions et de l’évaluation d’impact, la rapidité d’exécution étant une dimension qualitative essentielle dans ce domaine. 

63. L’objectif de ces initiatives est de mettre les informations et les outils les plus récents à la disposition des décideurs, mais aussi des petits exploitants agricoles, des pêcheurs, des bergers et des forestiers. 

64. Dans cette région, la grande majorité des petits exploitants produisent les denrées alimentaires et les produits agricoles dont nous dépendons. 

65. Un grand nombre de ces petits exploitants n’arrivent pas à sortir de la pauvreté et leurs familles sont confrontées à l’insécurité alimentaire. 

66. Je sais ce qu’est la vie rurale. Je suis né dans un village de la province du Hunan, en Chine.

67. Il faut que les petits exploitants soient en mesure d’augmenter leur productivité et leurs débouchés commerciaux grâce à l’innovation et aux technologies, ce qui améliorera leurs moyens d’existence et leur sécurité alimentaire. 

68. Et cela nous aidera tous à relever les défis de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

69. C’est en partant de ce principe que la FAO apporte son soutien à la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale.

70. Je suis convaincu que, sans amélioration de la prospérité rurale, nous ne parviendrons pas libérer le monde de la pauvreté et de la faim. 

Mesdames et Messieurs,

71. Je suis spécialiste en agronomie. C’est un domaine qui me passionne et auquel j’ai consacré ma vie. 

72. En 30 ans de carrière professionnelle en Chine, j’ai eu l’occasion de voyager dans plus de 100 pays et j’ai pu voir comment les choses fonctionnent dans différentes régions du monde. 

73. Au fil des années et au cours de ces voyages, j’ai rencontré des centaines de hauts fonctionnaires de gouvernements, de chefs d’entreprises et de scientifiques. 

74. J’ai bien entendu également rencontré des agriculteurs et je connais les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

75. Nous devons réunir tous ces acteurs afin d’apporter un véritable changement grâce à l’innovation, à la réforme et à l’action!

76. Et afin de parvenir à une transformation profonde du système alimentaire, une transformation qui permettra d’offrir des aliments nutritifs, variés et produits de manière durable à des milliards d’enfants, de femmes et d’hommes de la région Asie et Pacifique et du monde entier.

Mesdames et Messieurs,

77. En raison de l’étendue et de la diversité de votre vaste région, vos besoins sont souvent différents et variés. 

78. Il n’existe donc pas de solution universelle ni de remède miracle contre la faim et la pauvreté. 

79. Mais nous pouvons apprendre les uns des autres, partager nos connaissances entre membres et offrir notre expertise.

80. Collaborer de manière plus étroite au moyen de conférences régionales plus dynamiques! 

81. Je suis convaincu qu’il s’agit là de la voie à suivre pour accomplir des progrès plus importants.

Mesdames et Messieurs,

82. La FAO célèbrera son soixante-quinzième anniversaire dans quelques semaines.

83. Certes, le contexte est difficile, mais nous plaçons de grands espoirs dans la nouvelle FAO.

84. Et nous sommes fiers que la FAO demeure l’autorité mondiale la plus importante en ce qui concerne deux aspects fondamentaux de la civilisation humaine: l’alimentation et l’agriculture.

85. Le travail que nous accomplissons ensemble, Mesdames et Messieurs les délégués, est essentiel pour un avenir meilleur!

86. De tout cœur et avec détermination, je vous invite à continuer de participer à cette grande et noble mission!  

87. Le monde compte sur la vitalité, l’endurance et le génie de cette région.

88. Pour un monde libéré de la faim et rempli de bonheur!

Je vous remercie.