Directeur général QU Dongyu

Atelier régional de la FAO sur les «feuilles de route nationales relatives à l’eau» - Allocution d’ouverture

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22/02/2023

Atelier régional de la FAO sur les «feuilles de route nationales relatives à l’eau»  

Allocution d’ouverture 

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Harare (Zimbabwe), le 22 février 2023

 

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues et amis, 


1. Je remercie sincèrement le Président de la République du Zimbabwe d’accueillir cet atelier régional important.


2. Je souhaite également adresser la bienvenue à tous les ministres chargés de l’eau et de l’agriculture de la région qui participent à cette rencontre.


3. Nous sommes réunis ici pour réfléchir à des feuilles de route nationales relatives à l’eau propres à chaque pays et pour apporter des éclairages régionaux et nationaux à la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023.


4. Les feuilles de route nationales relatives à l’eau sont des instruments essentiels qui permettront de faire face aux enjeux de plus en plus complexes liés à cette ressource et de contribuer à concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.


5. Lors du Dialogue de Rome sur l’eau, qui s’est tenu en novembre dernier, j’ai souligné que l’eau était l’une des ressources les plus précieuses au monde.


6. L’eau est essentielle à la réalisation de tous les objectifs de développement durable.


7. Pourquoi? Parce que l’eau et l’alimentation sont indissociables


8. Plus de 95 pour cent des aliments que nous consommons viennent de la terre, et leur production dépend des ressources pédologiques et hydrologiques.


9. Mais nous sommes confrontés à de graves difficultés liées à l’eau, comme la sécheresse, les pénuries d’eau, les inondations et la pollution.


10.  La crise climatique accroît la fréquence et l’intensité des sécheresses et des inondations. 


11.  Et la production alimentaire en subit les conséquences.


12.  En Afrique, 289 millions de personnes, soit 21 pour cent de la population du continent, souffrent toujours de la faim ou d’insécurité alimentaire.


13.  Et plus de 300 millions de personnes sur le continent africain vivent dans des zones où les précipitations sont peu abondantes et irrégulières, ce qui entraîne sécheresses et pénuries d’eau.


14.  Ces situations extrêmes, qu’il s’agisse de l’excès ou du manque d’eau, ont une incidence sur les agriculteurs, leurs cultures, leurs animaux d’élevage, la sécurité alimentaire, les économies et les moyens d’existence. 


15.  Les pays africains font également face à des pénuries d’eau de nature économique en raison d’un manque d’investissements dans les installations de stockage et d’irrigation ainsi que dans les infrastructures d’approvisionnement en eau à usage domestique.


16.  Beaucoup de femmes et de filles consacrent un temps précieux à aller chercher de l’eau qu’elles doivent puiser dans des sources insalubres.


Chers collègues,


17.  Nous devons incontestablement revoir la façon dont nous utilisons l’eau à notre disposition et adopter une approche durable et équitable qui fait la part belle aux innovations agricoles.


18.  L’agriculture est responsable de 70 pour cent des prélèvements d’eau douce à l’échelle mondiale, et aucun autre secteur ne consomme autant d’eau dans le monde.


19.  D’ici à 2050, la production mondiale d’aliments destinés à la consommation humaine et animale, de fibres et d’agrocarburants devra augmenter de 50 pour cent par rapport à 2012 pour répondre à l’accroissement de la demande.


20.  Si on ne change rien à nos façons de faire, il faudra au moins 30 pour cent de ressources supplémentaires en eau douce.


21.  Nous devons trouver des moyens de produire plus avec moins.


22.  Par conséquent, la FAO prête son concours à la mise au point d’instruments visant à augmenter la productivité de l’eau, c’est-à-dire à accroître le rendement pour chaque goutte d’eau.


23.  Le Portail de données en libre accès sur la productivité de l’eau de la FAO (WaPOR) est l’un de ces instruments.


24.  Il fournit des données obtenues par télédétection en Afrique et au Proche-Orient.


25.  Les informations du portail WaPOR aident les responsables politiques à prendre des décisions éclairées, à renforcer le degré de préparation aux sécheresses et à accroître la production agricole en consommant moins d’eau.


26.  Grâce aux services de vulgarisation ou aux applications mobiles, les petits producteurs dans des pays comme la Tunisie et l’Égypte peuvent également utiliser ces données pour trouver des solutions concrètes et accroître la productivité de la terre et de l’eau.


27.  Actuellement, des innovations sont transposées à plus grande échelle dans plusieurs pays (Algérie, Mali, Soudan, Éthiopie, Kenya et Mozambique) dans le cadre de ce projet, qui sera étendu au reste du monde d’ici à mai.


28.  La FAO assure également les services de secrétariat du Cadre mondial contre la pénurie d’eau dans l’agriculture (WASAG).


29.  Le WASAG est un partenariat qui a été créé en 2017. Hébergé par la FAO, il rassemble 70 organismes publics, organisations internationales, instituts de recherche et groupes d’influence, qui s’emploient à mettre en œuvre des projets et à formuler de nouvelles approches pour faire face à la rareté croissante de l’eau dans l’agriculture.


30.  Je remercie le Gouvernement de Cabo Verde d’avoir organisé avec succès le deuxième Forum international du Cadre mondial contre la pénurie d’eau dans l’agriculture au début du mois de février et d’avoir fait la promotion des 17 engagements énoncés dans la Déclaration de Praia qui a été adoptée à cette occasion.


Chers collègues,


31.  La FAO prête également son concours à des projets sur le terrain qui visent à favoriser une utilisation plus efficace de l’eau en Afrique.


32.  Ces projets comprennent, par exemple, la modernisation d’anciens dispositifs d’irrigation et l’introduction de systèmes d’irrigation à énergie solaire en Ouganda et au Burkina Faso.


33. Ainsi que l’association de la riziculture et de la pisciculture en Zambie.


34. Dans le cadre du projet «Pro-Sahel», la FAO aide des pays du Sahel (Burkina Faso et Niger) à transposer à plus grande échelle des techniques de petite irrigation pour des cultures de grande valeur.


35. La FAO travaille également avec la Commission de l’Union africaine et les Communautés économiques régionales.


36. Nous aidons par exemple l’Union africaine à rendre opérationnel le cadre relatif au développement de l’irrigation et à la gestion de l’eau agricole.


37.  Nous devons également faire en sorte que l’agriculture diminue ses émissions de gaz à effet de serre en gérant les sols de manière durable afin d’éviter de nouveaux dérèglements des cycles hydrologique et climatique.


38. Nous devons trouver des moyens de réduire la pollution de l’eau.


39.  Et nous devons aborder la gestion intégrée des ressources en eau dans sa globalité pour gérer la concurrence croissante et les arbitrages entre les secteurs, en veillant à travailler davantage en partenariat.


40. Des stratégies et politiques intégrées dans le domaine de l’eau, assorties d’actions concrètes et d’une forte volonté politique, sont indispensables si nous voulons assurer une gestion globale et efficace de cette ressource dans les différents secteurs.


Chers collègues,


41. Les dialogues sur l’eau menés par les pays et les feuilles de route nationales relatives à l’eau, qui sont adoptées par les pays, peuvent renforcer la coordination intersectorielle en matière de gestion intégrée des ressources en eau.


42. Ils peuvent aussi ouvrir la voie à des plans d’investissement intersectoriels, y compris à un processus clairement défini de développement des infrastructures. 


43.  La FAO est fermement résolue à apporter un appui technique aux membres et à faciliter leur accès aux ressources financières nécessaires pour élaborer leurs feuilles de route nationales par l’intermédiaire de dialogues menés par les pays et de processus participatifs.


44.  À cet égard, la manifestation d’aujourd’hui constitue une tribune importante.


45.  La FAO est bien placée pour faciliter la coopération Sud-Sud, Sud-Nord et triangulaire, pour diffuser les pratiques optimales auprès des pays africains et pour apporter son concours à la mobilisation d’un soutien financier.


46.  Je suis ravi de vous annoncer que la Chine s’est engagée à apporter un financement s’élevant à 1,5 million d’USD en faveur de cette initiative.


47.  Le mois prochain, à New York, la FAO organisera également une manifestation sur les feuilles de route nationales relatives à l’eau, en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, pour mieux faire connaître cette proposition auprès des autres pays.


48.  Je vous invite à participer à cette manifestation parallèle et à mettre en avant le rôle de chef de file du continent africain et son engagement en faveur du programme d’action pour l’eau des Nations Unies


49.  De plus, nous aidons également les pays à établir des liens entre ces feuilles de route et les autres instruments existants que sont les plans de gestion intégrée des ressources en eau, les plans nationaux d’adaptation, les contributions déterminées au niveau national et les stratégies nationales de développement.


Chers frères et sœurs,


50. Pour qu’il y ait suffisamment d’eau pour tous, les acteurs de tous les secteurs doivent s’employer ensemble à créer, concevoir et promouvoir des solutions destinées à améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie pour tous.


51. Nous devons accélérer la cadence des efforts que nous déployons dans les domaines du financement, des données et des informations, de l’innovation, du renforcement des capacités et de la gouvernance de l’eau.


52. Vous débattrez de tous ces enjeux fondamentaux au cours des prochains jours.


53. Je vous souhaite plein succès dans cet atelier, qu’il débouche sur des résultats concrets qui vous placeront sur la bonne voie en vue de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de cette année et au-delà.


54. Je vous remercie de votre attention.