Directeur général QU Dongyu

ALLOCUTION PRINCIPALE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO, M. QU DONGYU FORUM POUR LE FUTUR DE L'AGRICULTURE

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

23/03/2021

ALLOCUTION PRINCIPALE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO, M. QU DONGYU
FORUM POUR LE FUTUR DE L'AGRICULTURE

«Relancer l’esprit d’initiative au sein du système alimentaire»

23 mars 2021

Tel que prononcé

 

Mesdames et Messieurs les participants,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

1. C’est avec plaisir que je prononce l’allocution principale ce matin et je tiens à remercier le Forum de m’avoir invité.

2. J’ai suivi avec grand intérêt les interventions passionnantes du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et du Président du Forum pour le futur de l’agriculture (FFA), M. Janez Potočnik.

3. Nous vivons un moment critique et observons la convergence de plusieurs facteurs qui, si nous en faisons abstraction, nous empêcheront de venir à bout de la faim et de la malnutrition dans le monde, sous toutes leurs formes.

4. Depuis six ans, les personnes qui souffrent de la faim sont chaque année plus nombreuses. À l’échelle mondiale, leur nombre a augmenté de 10 millions en 2019 et de près de 60 millions au cours des cinq années précédentes.

5. D’ici à la fin de 2020, il devrait augmenter encore de 132 millions, en raison de la pandémie de covid-19.

6. Le retard de croissance frappe toujours un nombre inacceptable d’enfants et le surpoids et l’obésité continuent de progresser dans les pays riches comme dans les pays pauvres, en particulier dans les villes.

7. Les régimes alimentaires sains, même les moins chers, restent inabordables pour plus de trois milliards de personnes à travers le monde.

8. Les modes de consommation et les systèmes agroalimentaires actuels contribuent aux taux élevés et préoccupants de pertes et gaspillages de nourriture, de pollution atmosphérique, d’émissions de gaz à effet de serre et d’appauvrissement de la biodiversité. Ils sont aussi de plus en plus à l’origine d’inégalités.

9. Tout cela a un coût humain, économique et environnemental considérable, qui se chiffre en milliers de milliards de dollars.

10. Les étapes que nous devons franchir d’ici à 2030 et au-delà de 2050 nous imposent d’agir sans attendre, différemment et globalement, afin de transformer nos systèmes agroalimentaires

11. Nous devons être conscients des incidences interdépendantes et complexes de nos systèmes agroalimentaires aux niveaux économique, social et environnemental.

12. Il existe divers ensembles de solutions qui permettent de lutter contre la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition tout en offrant à tous des régimes alimentaires sains et abordables.

13. Ces solutions sont aussi susceptibles de réduire l’empreinte carbone et d’assurer la durabilité environnementale.

14. Des interventions stratégiques peuvent être conçues de manière à stimuler le redressement économique, grâce à la création d’emplois viables et de moyens d’existence durables et, très important, à la lutte contre les inégalités.

15. Les solutions globales relatives aux systèmes agroalimentaires doivent être adaptées au contexte et il reste beaucoup à faire pour les définir, mais il est fondamental de s’y atteler, à tous les niveaux.

 

Mesdames et Messieurs,

16. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 - le Programme 2030 - a mis davantage en lumière le rôle essentiel que les systèmes agroalimentaires joueront à l’avenir face aux défis mondiaux posés par la malnutrition, la pauvreté, l’utilisation de la biodiversité et des services écosystémiques et le changement climatique.

17. Il est là pour nous guider, mais la détermination politique et l’engagement en faveur de son exécution doivent être à la hauteur du consensus historique qui a marqué son adoption.

18. Nous ne sommes pas en bonne voie quant à la concrétisation d’un grand nombre des objectifs de développement durable (ODD), aussi est-il encore plus urgent de faire participer l’ensemble des parties prenantes à tous les niveaux, dans le cadre d’une approche systémique.

19. Afin de réaliser les ambitieux changements requis, il faut porter la coopération à une nouvelle dimension, non seulement de part et d’autre des frontières, mais aussi au sein de l’ensemble de la société.

20. Nous devons faire évoluer les politiques, les mentalités, les comportements et les modèles économiques. Voilà quatre grands domaines d’innovation. Je suis entièrement d’accord avec le Président.

21. La FAO renouvelée, inclusive et souple montre l’exemple en tirant parti des technologies numériques et en jetant des ponts entre les régions et les continents, en collaboration avec ses Membres, au nombre de 194, et ses partenaires.

22. Avec l’Union européenne, organisation membre de la FAO depuis 30 ans, nous continuons de renforcer notre collaboration aux fins de la transformation des systèmes agroalimentaires.

23. Le secteur privé est un allié de poids dans la lutte contre la faim: il offre des instruments novateurs, des ressources, des connaissances et des technologies qui permettent d’obtenir un changement en profondeur sur le terrain.

24. C’est pourquoi la FAO est le fer de lance d’une approche moderne dans ses activités avec le secteur privé.

25. Nous le faisons dans le cadre de notre stratégie relative à la mobilisation du secteur privé, qui a été récemment approuvée et qui correspond pleinement à la volonté de la FAO d’aider ses Membres dans la concrétisation des ODD d’ici à 2030.

 

Chers collègues,

26. Le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO vise à appuyer le Programme 2030 en facilitant la transition vers des systèmes agroalimentaires PLUS efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, qui améliorent la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, et qui ne laissent personne de côté.

27. Ces quatre améliorations représentent un principe directeur et un modèle de gestion innovant. Elles indiquent comment la FAO entend contribuer à la réalisation de l’ODD 1 (Pas de pauvreté), de l’ODD 2 (Faim zéro) et de l’ODD 10 (Inégalités réduites) et soutenir la concrétisation du programme plus large des ODD.

28. Les quatre améliorations font écho aux aspects économiques, sociaux et environnementaux interdépendants des systèmes agroalimentaires.

29. Afin d’avancer plus vite, de donner leur ampleur maximale aux efforts visant la concrétisation des ODD et de faire de ses aspirations une réalité, la FAO appliquera quatre «accélérateurs» intersectoriels et transversaux à toutes les interventions qu’elle effectuera dans le cadre de ses programmes.

30. Ces accélérateurs sont la technologie, l’innovation, les données et les compléments (gouvernance, capital humain et institutions).

31. Les technologies émergentes modifient déjà les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, mais la plupart des gouvernements et des acteurs des systèmes alimentaires ne tirent pas encore parti de leur fort potentiel.

32. Il est extrêmement important d’aider les agriculteurs à tirer pleinement parti des nouvelles technologies que représentent l’agriculture numérique, les biotechnologies, l'agriculture de précision, les innovations en matière d'agroécologie, la 5G et l’intelligence artificielle, afin d’augmenter la production et la diversité alimentaires tout en respectant l’environnement.

33. L’innovation, en général et plus particulièrement dans le secteur agricole, est le principal moteur qui permettra de libérer le monde de la faim et de la malnutrition, car nous serons 10 milliards d’ici à 2050.

34. L’innovation et les sciences, notamment les innovations sociales, stratégiques, institutionnelles, financières ou encore technologiques, ont une incidence directe sur les processus de production et de distribution des produits agricoles et des denrées alimentaires

35. En ce qui concerne les données, la Plateforme géospatiale et le Laboratoire de données pour l’innovation statistique de la FAO montrent comment les mégadonnées socioéconomiques et celles relatives à l’alimentation, à l’agriculture et aux ressources naturelles peuvent être rassemblées pour contribuer à la prise de décisions fondées sur des éléments factuels dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture.

36. C’est exactement ce que nous réalisons dans le cadre de notre Initiative Main dans la main, qui vise à transformer les systèmes agroalimentaires des pays les moins avancés sans littoral, des petits États insulaires les moins avancés et des pays en situation de crise alimentaire de manière à ce que personne ne soit laissé pour compte.

37. Par compléments, on entend la gouvernance, le capital humain et les institutions indispensables à une transformation non exclusive des systèmes agroalimentaires.

38. Les processus de transformation exigent une gouvernance et des institutions fortes, transparentes et responsables, notamment des cadres réglementaires de gouvernance modulables et efficaces.

39. Force est de constater que ces progrès technologiques révolutionnaires s’accompagnent du risque d’inégalités d’accès et d’exclusion. Il est indispensable d’investir dans le capital humain en renforçant les capacités et de mettre en place des politiques et des réglementations qui permettent d’atténuer ce risque.

40. Afin d'œuvrer en faveur de technologies numériques non exclusives, sûres et fiables dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture, nous mettons au point la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques, qui sera au cœur des efforts visant à développer le numérique dans le secteur agricole aux fins de la concrétisation des ODD.

41. En encourageant le dialogue, la Plateforme favorisera la coordination et le consensus entre toutes les parties prenantes, améliorera la connaissance des sujets propres à la transformation numérique des secteurs de l’alimentation et de l’agriculture et fournira des orientations à l’appui de la prise de décisions.

42. La dynamique créée par l’organisation du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires catalyse les efforts mondiaux en faveur de systèmes agroalimentaires inclusifs et sains.

43. Notre nouveau cadre stratégique est bien aligné sur le processus qui mène au Sommet, et nous nous continuons à participer pleinement aux préparatifs de cet événement.

44. Les Membres qui organisent des dialogues à l’échelon national comptent sur l’assistance et sur les avis techniques de la FAO et nous nous réjouissons à la perspective de coorganiser les journées de la science lors de la manifestation préalable au Sommet des Nations Unies, ainsi que de contribuer à la tenue de celle-ci en juillet 2021, au Siège de la FAO à Rome.

 

Mesdames et Messieurs,

45. La pandémie de covid-19 est un saisissant rappel à la réalité, à la fragilité de nos systèmes agroalimentaires et aux vulnérabilités qui en découlent. 

46. Mais c’est aussi une occasion de revoir comment nous pouvons agir contre les causes profondes de la faim et renforcer la résilience face à des menaces analogues dans le futur.

47. C’est ce que nous faisons au moyen de notre Programme global d’intervention et de redressement dans le contexte de la covid-19.

48. Ce programme a permis à nos partenaires de tirer parti du pouvoir fédérateur, des données en temps réel, des systèmes d’alerte rapide et de l’expertise technique de la FAO pour s’attaquer aux problèmes à l’origine des tendances observées et des inégalités caractérisant l’accès aux aliments. 

49. Il a été lancé en juillet 2020, avec une cible fixée par l’Organisation à 1,32 milliard d’USD, et les contributions annoncées et confirmées s’élevaient à environ 238 millions d’USD à la mi-février 2021.

 

Mesdames et Messieurs,

50. Le défi qui se dresse devant nous est gigantesque. Nous devons transformer les systèmes agroalimentaires et les rendre à même de fournir des aliments sains et accessibles à une population croissante.

51. Il faut que nous le fassions de manière économiquement rentable et en respectant l’environnement.

52. Nous savons que c’est possible grâce à l’innovation.

53. À la FAO, nous sommes prêts à voir les choses en grand et à prendre des mesures concrètes, en collaboration avec tous nos Membres et tous nos partenaires.

54. Ensemble, nous pouvons concrétiser notre ambition d’un monde libéré de la faim.

55. Soyons à la fois rêveurs et acteurs! Passons des paroles aux actes!

56. Je vous remercie.