Directeur général QU Dongyu

Réunion des ministres de l’agriculture du G20 Manifestation parallèle «Le rôle de la transformation numérique au service de l’accélération de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes»

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

27/09/2022

Réunion des ministres de l’agriculture du G20

Manifestation parallèle

«Le rôle de la transformation numérique au service de l’accélération de l’entrepreneuriat
des femmes et des jeunes»

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

27 septembre 2022

 

 

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs,

 

1.         Nous nous intéressons aujourd’hui au rôle que la transformation numérique pourrait jouer dans notre avenir à tous.

 

2.         Dans le but d’améliorer la productivité et la durabilité de nos systèmes agroalimentaires de manière inclusive.

 

3.         La transformation numérique offre une belle occasion de multiplier rapidement les débouchés commerciaux pour les femmes et pour les jeunes d’un bout à l’autre des systèmes agroalimentaires, en vue d’œuvrer concrètement à l’élimination de la faim et de la pauvreté.

 

4.         Le monde connaît actuellement des problèmes complexes, par exemple des conflits et des guerres, des situations d’urgence humanitaire et les effets de la crise climatique et de la pandémie de covid-19, qui secouent les économies et provoquent leur repli.

 

5.         Ceux-ci viennent souvent s’ajouter aux problèmes persistants que sont la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, qui se sont aggravées ces derniers mois et ces dernières années.

 

6.         Pas moins de 828 millions de personnes souffraient de la faim en 2021 – soit 46 millions de plus qu’en 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019.

 

7.         Au niveau mondial, les disparités se sont accentuées entre les femmes et les hommes, les femmes étant plus nombreuses que les hommes (150 millions de plus) à se trouver en situation d’insécurité alimentaire.

 

8.         Nous devons relever ces défis mondiaux et régionaux, ensemble et avec efficacité.

 

9.         Nous devons agir ensemble pour rendre nos systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

 

10.       La transformation numérique joue un rôle clé dans l’accélération des progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable, en diversifiant les revenus et en créant des emplois et des débouchés commerciaux sur les exploitations et en dehors de celles-ci, en particulier pour la nouvelle génération d’exploitants agricoles et pour les jeunes.

 

11.       L’une des priorités du G20 est d’assurer l’égalité d’accès à la connectivité et au numérique,

 

12.       en veillant à ce que les pays en développement, et notamment, en leur sein, les femmes et les jeunes, ne soient pas laissés pour compte dans un paysage numérique mondial qui évolue rapidement.

 

13.       La FAO reconnaît qu’il faut opérer une transformation numérique inclusive et qu’il est important de veiller à ce que tout le monde ait accès aux technologies numériques, dans des conditions d’égalité, en renforçant les compétences numériques dans les communautés rurales.

 

14.       Grâce aux solutions numériques, nous pourrons nous relever ensemble rapidement, sortir de cette situation en étant plus forts et adopter des approches plus intelligentes et plus vertes en vue de faire advenir un développement et une croissance économique durables.

 

15.       Les technologies numériques doivent être au cœur de nos efforts, car elles peuvent aider les systèmes agroalimentaires:

 

•          à répondre à la demande croissante d’aliments sûrs et nutritifs;

•          à mieux gérer les ressources naturelles;

•          à contribuer à une croissance de la productivité de haute qualité;

•          à assurer l’inclusion économique des groupes marginalisés, des femmes et des jeunes de sorte que ces personnes participent davantage à la production dans le secteur.

 

Mesdames et Messieurs,

 

16.       Nous savons que les technologies numériques peuvent offrir de nouvelles possibilités aux petits exploitants agricoles et aux communautés rurales en mettant à portée de leur main des outils et des supports de connaissances.

 

17.       Avec leur téléphone portable et d’autres outils numériques, les petits exploitants agricoles peuvent consulter directement des données en temps réel sur le sol, le climat, l’irrigation, les organismes nuisibles, les maladies et les prix du marché.

 

18.       Ces outils leur permettent aussi d’obtenir des prêts et de mener à bien des transactions commerciales en entrant directement en contact avec des acheteurs et des fournisseurs d’intrants, même à petite échelle.

 

19.       Les jeunes sont les mieux placés pour acquérir les connaissances nécessaires à l’utilisation de nouvelles technologies, pour intégrer davantage de technologies dans les chaînes de valeur agricoles et pour ouvrir la voie de la transformation numérique dans les zones rurales.

 

20.       La région Asie-Pacifique est l’un des marchés enregistrant la plus forte croissance pour ces services numériques, qui

contribueront à éliminer les obstacles entravant l’accès à internet, notamment pour les franges vulnérables de la population. Ces services permettront de soutenir des initiatives qui renforceront l’accessibilité économique, les capacités des utilisateurs et les infrastructures et qui amélioreront la transparence et la distribution des ressources entre les acteurs des chaînes de valeur.

 

21.       Nous devons exploiter le rôle d’accélérateur des données, de l’intelligence artificielle et des biens publics numériques pour soutenir la transformation numérique agricole.

 

22.       La FAO s’emploie activement à cultiver les connaissances recueillies et les expériences acquises dans le monde afin d’accélérer la transition vers l’agriculture numérique et l’utilisation des technologies numériques.

 

23.       Nous pourrons ainsi transformer nos systèmes agroalimentaires et améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

 

24.       Pour que la transformation numérique soit véritablement ouverte à tous et durable, il faut s’attaquer ensemble aux problèmes de connectivité et de capacité dans les zones rurales.

 

25.       Cela profitera aux petits exploitants qui sont face à des difficultés structurelles et à des problèmes d’accessibilité économique, qui manquent de compétences et qui sont face à des obstacles réglementaires restreignant leur accès aux technologies numériques, aux débouchés commerciaux et aux possibilités de développement.

 

26.       Les jeunes et les femmes sont les premiers à subir ces conséquences et ils devraient être les principaux bénéficiaires de nos initiatives et de nos mesures de relèvement, compte tenu de leur rôle important dans la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux.

 

27.       Étant donné que les femmes ont plus de mal que les hommes d’obtenir des informations techniques, il faut s’attaquer en priorité à la fracture numérique liée au genre dans les zones rurales.

 

28.       Nous devons reconnaître que les technologies numériques ne sont pas neutres du point de vue du genre, ni dans leur conception ni dans leur mise en œuvre.

 

29.       Réduire la fracture numérique liée au genre, ce n’est pas seulement favoriser l’accès des femmes aux technologies numériques mais aussi renforcer la capacité des femmes d’utiliser ces technologies de manière judicieuse.

 

30.       Dans la région Asie-Pacifique, plus de 41 pour cent des femmes utilisaient internet en 2019, contre près de 55 pour cent des hommes.

 

31.       Les disparités entre les femmes et les hommes dans l’utilisation d’internet se sont creusées de 7 points de pourcentage depuis 2013.

 

32.       Ce phénomène a rendu les femmes plus sensibles aux effets socioéconomiques de la pandémie de covid-19, laquelle n’a fait qu’exacerber les inégalités existantes entre les femmes et les hommes.  

 

33.       Nous devons investir dans le renforcement des compétences numériques des jeunes ruraux pour qu’ils puissent jouer un rôle actif dans les systèmes agroalimentaires et dans les innovations qui s’y rapportent.

 

34.       La FAO est pleinement déterminée à susciter l’intérêt des jeunes et à développer leur capacité d’occuper un emploi décent et de tirer des moyens de subsistance des systèmes agroalimentaires.

 

35.       Ces fondations importantes permettront le développement de nouveaux marchés, de petites entreprises dirigées par des jeunes et des femmes ainsi que des échanges commerciaux locaux et régionaux, à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

 

36.       Cette perspective est également au cœur du Cadre stratégique de la FAO pour 2022‑2031, qui orientera nos travaux ces dix prochaines années, en établissant des mesures ciblées.

 

37.       Pour que les femmes et les jeunes des zones rurales puissent tirer encore plus profit du pouvoir transformateur des technologies numériques, nous avons besoin de mesures concrètes et d’une application sur le terrain, dans les institutions et au niveau des politiques.

 

38.       Nous devons également veiller à ce que les conditions de sécurité et le contexte politique protègent suffisamment ces personnes des abus de position dominante de sorte qu’elles tirent profit de la libéralisation des échanges.

 

39.       Les biens publics numériques sont des éléments centraux de nos initiatives.

 

40.       Ils reposent sur des modèles innovants de transfert des connaissances, depuis les plateformes de données et les bases de connaissances vers le terrain.

 

41.       Nous avons besoin de politiques qui favorisent l’intégration de données, de modèles et de contenus en accès libre pour mettre à la disposition de tous des solutions numériques qu’il est possible d’exploiter pour obtenir des résultats à long terme et enregistrer des succès durables.

 

42.       En collaborant plus étroitement avec ses partenaires pour améliorer les données et les modèles et les diffuser ensemble en tant que biens publics numériques, la FAO pourra offrir des services plus ciblés aux acteurs du secteur public et du secteur privé, ce qui favorisera l’inclusion, la résilience et l’adaptation.

 

43.       Elle peut, par exemple, proposer des services financiers, tels que des dispositifs de microcrédit et de réassurance à l’usage des petites entreprises.

 

44.       La FAO n’a de cesse de développer la gamme de biens publics numériques qu’elle met à la disposition des pouvoirs publics au profit des populations.

 

45.       Je tiens, à cet égard, à vous parler du catalogue des services numériques de la FAO. 

 

46.       Il a été élaboré pour fournir aux acteurs de terrain – agriculteurs, petits exploitants, femmes et entrepreneurs de l’agroalimentaire – des biens publics numériques leur permettant de mieux utiliser et gérer les ressources naturelles et d’accroître la production et la productivité agricoles.

 

47.       Le catalogue donne accès à des informations qui sont actualisées et publiées rapidement ainsi qu’à des services agricoles de grande ampleur, et permet de diffuser des recommandations adaptées à chaque pays que les consommateurs peuvent consulter directement sur leurs appareils mobiles.

 

48.       En collaborant étroitement avec nos partenaires pour améliorer les données et les modèles et les diffuser ensemble en tant que biens publics numériques, nous pourrons proposer des services plus ciblés aux acteurs du secteur public et du secteur privé.

 

49.       Lors de l’élaboration des politiques ciblées pour l’avenir de nos systèmes agroalimentaires, il faut accorder une place centrale aux dialogues constructifs, aux initiatives conjointes et aux échanges de bonnes pratiques sur l’utilisation des technologies numériques.

 

50.       En outre, la FAO collabore avec ses partenaires dans le monde entier pour mettre sur pied des initiatives en faveur de l’inclusion numérique dans les zones rurales, afin de rapprocher l’innovation des besoins des petits agriculteurs et de contribuer ainsi à la sécurité alimentaire.

 

51.       L’initiative 1 000 villages numériques de la FAO vise à convertir des villages du monde entier en pôles numériques qui doivent accompagner l’accélération de la transformation rurale et réduire la fracture numérique, notamment celle qui existe entre les hommes et les femmes et celle dont pâtit le monde rural.

 

52.       Cette initiative met l’accent sur l’agriculture et les services électroniques ainsi que sur les villages électroniques, qui offrent une solution globale aux exploitants agricoles leur permettant de coupler leur activité à d’autres sur le marché.

 

53.       L’agrotourisme en constitue un exemple, car il offre des débouchés commerciaux, notamment aux femmes et aux jeunes, qui diversifient ainsi leurs sources de revenus et deviennent plus résilients.

Chers collègues,

54.       Pour opérer des changements effectifs et tirer parti du potentiel de l’agriculture numérique, nous devons exploiter la science et l’innovation en menant une action collective et globale.

 

55.       Et nous devons aussi redoubler d’efforts pour développer un écosystème réglementaire équilibré qui permettra les collaborations entre le secteur privé et le secteur public et multipliera les débouchés pour les petites entreprises, au service d’une transformation numérique inclusive.

 

56.       Les technologies numériques peuvent être l’élément moteur de l’avenir.

 

57.       Cela passe par l’élaboration d’un environnement politique favorable à l’application à grande échelle d’outils numériques destinés à l’agriculture.

 

58.       Pour ce faire, nous devons travailler en partenariat afin de tirer profit de leviers d’action transversaux et de favoriser les synergies pour accélérer les progrès de manière durable,

 

59.       en assurant l’équité, l’inclusion, la sûreté et la sécurité pour tous.

 

60.       Soyons efficients, innovants et efficaces et restons résolus à faire émerger ensemble des changements propices à l’avènement d’un monde meilleur. Le monde numérique est notre avenir!

 

61.       Je vous remercie de votre attention.