Directeur général QU Dongyu

Cérémonie de passation des pouvoirs du Groupe des 77 et de la Chine Allocution

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

16/03/2023

Cérémonie de passation des pouvoirs du Groupe des 77 et de la Chine

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

16 mars 2023

 

Monsieur le Président du Groupe des 77 et de la Chine,

Mesdames et Messieurs,

Chers frères et sœurs,

 

1.       Je me réjouis d’être ici aujourd’hui, entouré de mes collègues. C’est la première fois que je vois autant de collègues du FIDA et du PAM, sans oublier le Président indépendant du Conseil – voilà un beau témoignage de solidarité.

2.       Le Groupe des 77 et de la Chine est présent au sein de l’ensemble des Nations Unies, mais c’est de la section de Rome dont il est ici question, et toutes les sections n’ont pas les mêmes caractéristiques. La section de Rome devrait être plus solidaire et se concentrer davantage sur l’alimentation, l’agriculture, la sécurité alimentaire ainsi que sur les organismes professionnels spécialisés – c’est là ce qui fait notre spécificité.

3.       Comme l’indiquait Yousef, cette journée nous ramène quatre ans en arrière – elle marque le début d’un nouveau cycle. Dans la culture chinoise, on dit que «c’est un nouveau cycle qui recommence». Car la dernière fois que nous avons organisé une cérémonie de passation de pouvoirs en présentiel, c’était en 2019. Depuis lors, nous avons eu quatre présidents du G77 et la Chine, et nous allons aujourd’hui transmettre le flambeau au cinquième.

4.       Travaillons ensemble! Je m’engage résolument à continuer à travailler avec vous, et je sais pouvoir compter sur votre fidèle soutien.

5.       Je connais bien le Président entrant, l’Ambassadeur du Sénégal. Il a été Ministre de l’agriculture et, avant cela, Directeur général du Centre du riz pour l’Afrique, et je lui ai apporté mon soutien en tant que Vice-président de l’Académie chinoise des sciences agricoles. Je me souviens qu’il y a 22 ans, nous avons lancé ensemble, avec la Fondation Bill Gates, un vaste projet qui soutenait principalement des travaux de recherche sur le riz en Afrique.

6.       Je tiens également à remercier le Président sortant, M. Yousef Juhail, représentant du Koweït. Je l’ai également rencontré il y a quatre ans, et l’année dernière, il est devenu Président du Groupe des 77 et de la Chine.

7.       Ces dernières années, la région Proche-Orient et Afrique du Nord a fait vivre à la FAO la période la plus marquante de son histoire en manifestant un élan de solidarité encore jamais vu, grâce à vos qualités de coordination, à votre rôle moteur et à la participation des membres.

8.       La session de la Conférence régionale a été couronnée de succès et la région accomplit des progrès rapides, réguliers et efficaces dans d’autres domaines de travail. J’attribue une bonne part de ces succès à votre sagesse et votre expérience, mais aussi bien sûr à l’étroite collaboration établie avec les présidents de la Conférence régionale.

9.       Les présidents sortant et entrant du G77 et la Chine sont de véritables atouts pour la FAO, pour leur pays et pour leur région.

10.    Je vous remercie vivement tous les deux, ainsi que vos prédécesseurs, pour votre rôle moteur, vos qualités de coordination et votre solidarité à l’égard de la FAO et de son mandat.

11.    Je me réjouis de continuer à travailler avec ce Groupe, sous la conduite et en accord avec la vision de son nouveau Président.

12.    Je tiens également à souligner la participation active et constructive du G77 et la Chine aux sessions informelles et formelles des organes directeurs de la FAO, ainsi qu’à d’autres réunions importantes qui se sont tenues au cours de l’année écoulée.

13.    Et je souhaite chaleureusement la bienvenue au nouveau Vice-Président pakistanais du Groupe. Nul besoin de le présenter. Il est notre héritage, notre atout pour la vie, tant pour la FAO que pour le Groupe des 77 et de la Chine – j’ai nommé: M. Khalid Mehboob.

14.    Par sa participation active, ce Groupe a apporté une contribution efficace à la mise en œuvre du mandat de l’Organisation, au bénéfice de la transformation des systèmes agroalimentaires et des «quatre améliorations».

15.    Ce Groupe a un rôle essentiel à jouer en portant la voix des pays en développement sur le devant de la scène dans le processus de gouvernance de l’Organisation et en conduisant à une prise en compte équilibrée des points de vue au cours des discussions. Mais surtout, en faisant en sorte que la FAO soit unie dans l’action.

16.    Depuis mon entrée en fonction, j’ai renforcé le principe d’une «FAO unie dans l’action».

17.    Le G77 et la Chine comprend 134 membres sur les 194 que compte la FAO. Cela signifie que vous représentez la majorité des membres de l’Organisation – vous êtes la FAO unie dans l’action. Aussi, nous devons nous montrer plus solidaires et coopérer davantage avec les 60 autres membres de la FAO, tous unis dans l’action. Cela sera profitable aux deux parties.

18.    Vous pouvez constater, après quatre ans, que l’atmosphère est en train de changer dans les réunions des organes directeurs de la FAO. Même lorsque nous sommes confrontés à des difficultés ou que les avis divergent sur certaines questions, nous finissons toujours par trouver un consensus après avoir débattu et mené d’intenses discussions.

19.    C’est là la véritable FAO unie dans l’action dont nous avons besoin pour ce Groupe, car vous constituez la majorité de la FAO. En cas d’événements négatifs, c’est ce Groupe qui en ressent le plus durement les effets. Alors, s’il vous plaît, faites de la FAO unie dans l’action la marque de notre véritable solidarité.

20.    Nous devons nous efforcer de travailler encore mieux ensemble, sous la bannière de la «FAO unie dans l’action», pour atteindre nos objectifs communs, en droite ligne du mandat de la FAO, et prêter un appui cohérent et solidaire à ceux qui en ont le plus besoin.

21.    La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire ainsi que les partenariats solides avec l’ensemble des parties prenantes – ou devrais-je plutôt dire les «actionnaires», puisque c’est vous, les membres, qui en êtes les propriétaires – revêtent une importance cruciale.

22.    Comme je l’expliquais lundi, vous décidez de la voie à suivre, et j’appliquerai votre décision du mieux que je pourrai. Mais en tant qu’actionnaires, vous avez besoin de parties prenantes et de partenaires responsables pour vous soutenir.

23.    Ces parties prenantes englobent le secteur privé, le milieu universitaire et d’autres acteurs encore, qui sont essentiels pour garantir que personne n’est laissé de côté.

24.    Le principe de la FAO unie dans l’action profite aussi bien aux pays développés qu’aux pays en développement: aux premiers, la FAO offre une plateforme professionnelle et digne de confiance, qui se prête à l’exercice d’un multilatéralisme efficace et efficient et qui, de surcroît, amplifie le rôle et les contributions apportées par les donateurs pour aider les personnes vulnérables partout dans le monde.

25.    Aux seconds, elle offre une plateforme véritablement mondiale qui permet de réfléchir ensemble à des solutions mondiales et de faire front collectivement aux difficultés qui sont ressenties principalement par les personnes les plus vulnérables. Tout retard ou manque d’efficacité pénalise en premier lieu les personnes vulnérables.

26.    C’est pourquoi j’ai à cœur d’améliorer et de promouvoir l’efficacité et l’efficience de la FAO dans tout ce que j’entreprends.

27.    Nous formons aujourd’hui une nouvelle FAO unie dans l’action, qui prend appui sur la nouvelle FAO numérique. Désormais, les membres de la FAO des petites îles reculées peuvent recevoir tous les documents les plus récents en même temps que vous ici à Rome.

28.    Continuons à lutter ensemble contre la faim et la pauvreté – le véritable ennemi qui se dresse en travers de notre chemin.

29.    Si je dis cela, c’est parce que l’ensemble des membres de ce Groupe, ainsi que les autres membres de la FAO, sont tous collègues.

30.    Nous devons débattre, nous devons mener des discussions approfondies. Mais nous sommes aussi des amis, des êtres humains, de petits voisins sur cette immense planète, qui unissons nos forces pour combattre notre ennemi commun, la faim et la pauvreté.

31.    Peu importe que vous veniez d’un pays développé ou d’un pays en développement. Quand notre voisin est en proie à la faim et à la pauvreté, comment pouvons-nous boire et manger comme si de rien n’était? Nous sommes tous voisins, et c’est pourquoi je demande avec insistance aux donateurs et au secteur privé de faire tout leur possible pour aider les pays en développement.

32.    Lors des réunions du Comité du programme et du Comité financier qui se sont tenues cette semaine, nous avons discuté de la nécessité pour l’Organisation de pouvoir compter sur un volume de contributions volontaires accru, mais aussi sur une légère augmentation des contributions mises en recouvrement, afin de disposer de capacités stables lui permettant de mener à bien son programme de travail.

33.    Même certaines des communautés vulnérables des pays développés ont besoin de notre aide, non pas directement sous forme de nourriture ou par l’intermédiaire du Programme alimentaire mondial, mais sous forme d’orientations générales que peut proposer la FAO aux pays développés pour les aider eux aussi à transformer leurs systèmes agroalimentaires.

34.    Gardons à l’esprit que ce qui affecte l’un de nous nous affecte tous, car nous sommes tous unis sur cette petite planète.

35.    Chers collègues,

36.    Le Groupe des 77 et de la Chine est tout à fait conscient qu’il ne reste que sept campagnes de semis avant l’échéance de 2030.

37.    Je suis très fier de ce que nous avons accompli ensemble, mais le chemin qui reste à parcourir est long et semé d’embûches. Nous devons travailler ensemble, avec ardeur et efficacité.

38.    Il s’est passé beaucoup de choses au cours de l’année écoulée, qui a été riche en événements et en réalisations.

39.    Le Forum de l’investissement de l’Initiative Main dans la main, organisé pendant le Forum mondial de l’alimentation en octobre dernier, est un événement qui a fait date et attiré 3 milliards d’USD d’investissements – un résultat qui revêt une importance majeure pour un grand nombre de pays du Groupe.

40.    À la FAO, nous n’avons pas d’argent, mais nous pouvons offrir au Groupe des 77 une vaste plateforme qui peut les aider à attirer des investissements publics et privés et à rallier le soutien des universités, des ONG et d’autres acteurs.

41.    C’est une réelle valeur ajoutée pour vous – grâce à la plateforme de la FAO, vous pouvez mobiliser au-delà du cercle des institutions financières internationales.

42.    Je suis revenu récemment d’un voyage de 10 jours en Afrique, où j’ai rappelé qu’en 2020, un milliard de personnes sur le continent n’avaient pas les moyens d’adopter une alimentation saine, et que les effets de la crise climatique, des conflits, de la pandémie et de la guerre en Ukraine continuaient d’y faire progresser la malnutrition et la faim. 

43.    Pour garantir une meilleure nutrition à tous en Afrique – et dans toutes les régions du monde – nous avons besoin d’un engagement politique sur le long terme et d’investissements plus nombreux et de meilleure qualité, qui permettent de transformer les systèmes agroalimentaires mondiaux.

44.    Je me suis également rendu récemment en Amérique latine et dans les Caraïbes à l’occasion du sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et de la réunion du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens. Les petits États insulaires en développement (PEID) caribéens sont parmi les pays les plus éprouvés par les chocs climatiques; c’est pourquoi l’une des priorités de notre travail et de nos interventions doit être de protéger et renforcer la résilience des habitants de cette région et de leurs systèmes agroalimentaires.

45.    Comme je l’ai indiqué lors du sommet de la CELAC, l’Amérique latine et les Caraïbes peuvent et doivent remédier à l’aggravation de la faim et des inégalités, ce qui en ferait des acteurs de premier plan de l’alimentation et de l’agriculture mondiales.

46.    J’étais à Doha il y a 10 jours pour la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), où je me suis entretenu à plusieurs occasions avec des dirigeants de ces pays. La FAO aide les PMA à sortir aussi vite que possible de cette catégorie et continuera d’agir dans ce sens.

47.    La FAO est le seul organisme du système des Nations Unies à avoir mis en place un Bureau des PEID, des PMA et des PDSL (pays en développement sans littoral), dont le statut d’instrument systématique faisant partie intégrante du dispositif institutionnel de l’Organisation a été largement salué.

48.    Ce Bureau, ainsi que le Bureau des objectifs de développement durable et le Bureau de l’innovation, sont propres à la FAO et n’ont pas d’équivalent dans le reste du système des Nations Unies. Passons de la parole aux actes! Nous abordons une étape stratégique clé.

49.    Considérant tout le travail qu’il nous reste à accomplir ensemble, j’ai présenté une proposition novatrice pour le Programme de travail et budget des deux prochaines années.

50.    Comme je l’ai dit maintes fois, la FAO est une organisation importante investie d’un noble mandat. Pour cette raison, le PTB proposé pour le prochain exercice biennal contient une proposition visant à mettre fin aux coupes budgétaires qui se sont succédé lors de la dernière décennie, et impliquant une modeste augmentation en dollars du budget global. Cette augmentation ne compenserait qu’une partie des hausses de coûts dues à l’inflation. 

51.    Nous continuerons de chercher à réaliser des gains d’efficience et des économies, à réduire les coûts et à faire de notre mieux pour obtenir davantage de contributions volontaires, en adoptant des approches professionnelles et novatrices.

52.    Un consensus autour du budget serait une preuve solide que la FAO est unie dans l’action. Nous devons respecter les faits, reconnaître la vérité et nous en remettre aux données pour prendre des décisions éclairées.

53.    La FAO doit continuer à fonctionner comme au cours de ces dernières années et être au service de TOUS ses membres, en particulier ceux qui sont vulnérables. L’Organisation compte environ 65 États membres vulnérables.

54.    Chers amis,

55.    Je me réjouis de continuer à travailler avec vous et avec tous les membres de la FAO pour que, main dans la main, nous parvenions à relever et surmonter les défis et à faire advenir un monde meilleur, sans laisser personne de côté.

56.    Je vous souhaite à tous une année fructueuse sous la conduite du nouveau Président, dans le prolongement de l’héritage de ses prédécesseurs.

57.    Je vous remercie.