Directeur général QU Dongyu

Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires – Dialogue indépendant des organisations paysannes

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

08/07/2021

Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires – Dialogue indépendant des organisations paysannes

Allocution de
M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Texte avant allocution

8 juillet 2021

 

Mesdames et Messieurs,

1.         C’est un réel plaisir pour moi de participer à ce dialogue indépendant et je remercie les organisateurs de m’avoir invité.

2.         Ce dialogue éclairera le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires à propos du potentiel de transformation de l’agriculture familiale et des solutions révolutionnaires que les agriculteurs familiaux peuvent offrir.

 

Mesdames et Messieurs,

3.         Nous arrivons à un moment décisif.

4.         Nous devons faire les choses différemment et agir de manière globale pour transformer nos systèmes agroalimentaires; sinon, nous ne parviendrons pas à éliminer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes dans le monde.

5.         Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui se tiendra bientôt, tombe à point nommé pour donner un nouvel élan, favoriser le dialogue et proposer des solutions qui changeront la donne.

6.         Le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a augmenté de 10 millions en 2019.

7.         La pandémie continue à frapper le monde de plein fouet: fin 2020, 132 millions de personnes supplémentaires se trouvaient dans une situation de faim chronique.

8.         L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine sont fortement touchées.

9.         De surcroît, 155 millions de personnes dans 55 pays ont été touchées par une insécurité alimentaire aiguë qui a atteint un niveau de crise.

10.       Dans le monde, près de 80 pour cent des personnes touchées par la pauvreté et l’insécurité alimentaire vivent dans des zones rurales.

11.       La plupart de ces personnes sont des petits producteurs d’aliments familiaux, qui ont du mal à accéder aux ressources productives, aux possibilités et aux marchés.

12.       L’excès pondéral et l’obésité continuent de progresser dans les pays riches comme dans les pays pauvres.

13.       Les produits alimentaires sains, même les moins chers, restent inabordables pour plus de trois milliards de personnes à travers le monde.

 

Mesdames et Messieurs,

14.       Ces chiffres confirment que nos systèmes agroalimentaires sont face à des défis de plus en plus complexes.

15.       Les producteurs familiaux – y compris les pasteurs, les pêcheurs, les forestiers, les peuples autochtones, les femmes et les jeunes – sont essentiels pour apporter des solutions à ces défis.

16.       Les agriculteurs familiaux sont des «acteurs du changement».

17.       Ils sont essentiels pour éliminer la faim et la pauvreté et pour stimuler les systèmes agroalimentaires durables.

18.       On dénombre environ 608 millions d’exploitations agricoles dans le monde, dont plus de 90 pour cent sont gérées par une personne ou une famille et dépendent essentiellement de la main-d’œuvre familiale.

19.       Les exploitations familiales travaillent essentiellement à petite échelle.

20.       Quatre-vingt-quinze pour cent des unités agricoles font moins de 5 hectares et plus de 98 pour cent des exploitations font moins de 20 hectares.

21.       Les agriculteurs familiaux produisent environ 80 pour cent des aliments dont le monde a besoin.

22.       Et ils assument des rôles essentiels sur les plans environnemental, social et culturel.

23.       Ils sont les gardiens de la biodiversité, préservent les paysages et maintiennent le patrimoine culturel et communautaire local.

24.       Les agriculteurs familiaux sont de grands investisseurs dans l’agriculture et constituent l’épine dorsale de la structure économique rurale.

25.       Ils jouent un rôle extrêmement important dans l’apport des vitamines et des minéraux nécessaires à une alimentation saine.

26.       Les exploitations de moins de 20 hectares sont à l’origine de 71 pour cent de la production mondiale de vitamine A, fournie principalement par les fruits et légumes, certains produits de l’élevage et les racines et tubercules à chair orange.

27.       Malgré cette contribution importante, les petits exploitants familiaux et leurs communautés sont souvent ceux qui connaissent les pires situations de pauvreté, d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité.

 

Chers participants,

28.       Le système agroalimentaire comprend toutes les étapes de la ferme à la table,

29.       ce qui inclut la culture, la récolte et la transformation des aliments,

30.       ainsi que leur distribution, leur commerce et leur consommation.

31.       Les agriculteurs familiaux et leurs organisations jouent un rôle essentiel dans toutes ces activités.

32.       Lorsqu’ils s’organisent et renforcent leur collaboration, les agriculteurs obtiennent ensemble de meilleurs résultats, tout en réduisant les inégalités grâce à des solutions plus durables.

33.       Les organisations de producteurs servent leurs membres et aident la communauté en fournissant divers services qui complètent souvent ceux offerts par le secteur public et le secteur privé.

34.       Les organisations de producteurs jouent également un rôle central dans la diffusion des connaissances, des informations et des innovations et dans la création de réseaux de solidarité dans les communautés rurales.

35.       Cet aspect a été crucial dans le contexte de la covid-19.

36.       Par exemple, nous avons assisté à l’émergence d’initiatives différentes d’organisations et de coopératives d’agriculteurs familiaux concernant la logistique et la distribution des denrées alimentaires.

37.       Des initiatives qui mettent en relation directe les producteurs et les consommateurs en appliquant les nouvelles technologies comme les outils du commerce électronique;

38.       pour maximiser l’accès à des marchés fiables et rémunérateurs.

39.       Les organisations de producteurs peuvent amener des économies d’échelle lorsqu’il s’agit d’utiliser les intrants agricoles, les machines et les technologies et d’obtenir de meilleures conditions d’accès aux marchés.

40.       Il est dès lors essentiel de renforcer et de soutenir des organisations qui fonctionnent bien, en faisant participer les jeunes et les femmes, pour assurer la durabilité des systèmes agroalimentaires.

 

Chers participants,

41.       La FAO travaille en étroite collaboration avec les organisations d’agriculteurs familiaux à l’appui de la transformation durable des systèmes agroalimentaires.

42.       Le nouveau Cadre stratégique de la FAO donne un rôle important aux agriculteurs familiaux dans la concrétisation des quatre améliorations: l’amélioration de la production, l’amélioration de la nutrition, l’amélioration de l’environnement et l’amélioration des conditions de vie, sans laisser personne de côté.

43.       En particulier, certains domaines prioritaires du Programme de la FAO, comme l’accès équitable aux ressources pour les petits producteurs et la transformation rurale inclusive, sont axés sur le rôle des petits producteurs et des agriculteurs familiaux.

44.       La FAO est fière d’être l’organisme chef de file des Nations Unies pour la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028), avec son organisme apparenté, le FIDA.

45.       La FAO s’attache également à aider ses Membres à mettre en œuvre des cadres d’action nationaux efficaces

46.       et à travailler avec les agriculteurs familiaux pour une transformation durable des systèmes agroalimentaires.

47.       Cinquante-trois pays travaillent avec nous à la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale.

48.       Neuf de ces pays ont déjà défini leur plan national d’action pour l’agriculture familiale.

49.       Au total, plus de 1 570 acteurs clés participent à des espaces de dialogue, dont 925 organisations et fédérations d’agriculteurs familiaux.

50.       Au cours des deux premières années de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, 85 lois, politiques et règlements ont été élaborés et approuvés.

51.       La plupart de ces instruments se concentrent sur l’atténuation des effets de la covid-19 sur les agriculteurs familiaux et sur la promotion d’approches axées sur l’agriculture familiale.

52.       La FAO reste déterminée à travailler avec les organisations d’agriculteurs familiaux pour amplifier des solutions durables ascendantes.

 

Mesdames et Messieurs, 

53.       Que ce soit dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale ou dans celui du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, l’ambition est de faciliter la transition vers des systèmes agroalimentaires durables, justes, inclusifs et propices à l’autonomisation.

54.       Je suis fier de l’important soutien technique, logistique et en nature que la FAO apporte aux travaux préparatoires du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

55.       Permettez-moi d’en citer quelques exemples. Tout d’abord, le rôle de la FAO en tant qu’organisme référent des Nations Unies pour la piste d’action no 1, «Garantir l’accès de tous à des aliments sains et nutritifs».

56.       Ensuite, la participation du Scientifique en chef et de l’Économiste en chef de la FAO au Groupe scientifique.

57.       Enfin, le soutien apporté par nombre de nos bureaux de pays aux dialogues nationaux, qui a contribué à garantir la prise en compte du rôle essentiel des agriculteurs familiaux et de leurs organisations dans les axes de travail du Sommet.

58.       La FAO accueillera le pré-sommet à Rome du 26 au 28 juillet.

59.       Nous continuerons de renforcer les coalitions émergentes afin de garantir un alignement étroit avec le nouveau Cadre stratégique de la FAO.

60.       Nous permettrons aux agriculteurs familiaux de mettre en place des systèmes agricoles diversifiés, innovants et dynamiques:

•          pour accroître la disponibilité de denrées alimentaires nutritives, issues d’une production durable et adaptées aux normes culturelles;

•          pour stimuler l’adoption d’une alimentation saine;

•          pour favoriser la transition vers des systèmes agroalimentaires durables;

•          tout en contribuant au développement local et territorial.

61.       Faisons en sorte que les solutions apportées par l’agriculture familiale contribuent à la transformation des systèmes agroalimentaires de sorte à les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, pour cette génération et pour les suivantes.

62.       Je vous remercie de votre attention.