Directeur général QU Dongyu

Réunion conjointe des ministres africains chargés de l’agriculture, du commerce et des finances

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

27/07/2020

Réunion conjointe des ministres africains chargés de l’agriculture, du commerce et des finances 

Renforcer la résilience des systèmes alimentaires grâce au commerce et aux investissements agricoles pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique

27 juillet 2020

Discours d’ouverture de M. QU Dongyu, Directeur général de la FAO 

Texte avant allocution

 

 

Monsieur Moussa Faki, Président de la Commission de l’Union africaine,

Mesdames et Messieurs les ministres de l’agriculture, du commerce et des finances de l’Afrique,

Madame Josepha Sacko, Commissaire chargée de l’économie rurale et de l’agriculture à la Commission de l’Union africaine,

Mesdames et Messieurs les chefs de secrétariat des communautés économiques régionales,

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs auprès de l’Union africaine et représentants permanents auprès de la FAO,

Mesdames et Messieurs les représentants des organisations partenaires,

Chers collègues,

Mesdames et Messieurs, 

1. Je me félicite qu’une telle réunion conjointe ait été organisée pour que les responsables politiques de secteurs stratégiques puissent engager un dialogue constructif et éclairé qui favorisera la transformation des systèmes alimentaires, agricoles et de développement rural.

2. Aujourd’hui, le continent africain est un précurseur à l’échelle mondiale, car il montre concrètement que, dans cette période difficile où le monde s’apprête à aborder la phase de relèvement après la pandémie de covid-19, il est absolument nécessaire que ces trois secteurs coopèrent pour mieux faire face aux conséquences de cette crise sanitaire, qui se transforme progressivement en situation d’urgence sur le plan de l’économie et de la sécurité alimentaire.

3. Je me réjouis que les ministres chargés de l’agriculture, du commerce et des finances soient réunis pour échanger des vues et définir ensemble les mesures stratégiques qui sont indispensables, car c’est exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

4. Je sais donc gré à la Commission de l’Union africaine d’avoir pris cette initiative et je remercie tout particulièrement Mesdames et Messieurs les ministres de leur engagement dans ce domaine.

5. Comme je l’ai dit précédemment, vous êtes les premiers à avoir mis en place la collaboration intersectorielle dont nous avons besoin pour reconstruire en mieux ensemble.

6. Il y a trois mois, le 16 avril, je me suis joint aux ministres africains de l’agriculture pour débattre des mesures stratégiques à prendre afin de lutter contre les répercussions de la covid-19 sur les systèmes d’approvisionnement alimentaire et les moyens d’existence.

7. La Déclaration que les ministres ont ensuite adoptée a permis d’intensifier les efforts d’information et de sensibilisation tant attendus et de définir les principaux domaines d’action.

8. Je me réjouis de constater que beaucoup a été fait en Afrique au cours des derniers mois pour évaluer les incidences socioéconomiques de la pandémie et, donc, formuler des stratégies d’intervention et prendre des mesures concrètes sur le terrain.

9. Ces initiatives doivent être prolongées et appuyées.

10. Nous devons faire davantage et cela ne sera possible que si nous agissons ensemble. Nous avons besoin de nos partenaires si nous voulons réussir à atténuer les répercussions de la covid‑19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique.

11. Le 13 juillet, la FAO a lancé le rapport sur «L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde», qui révèle que la faim continue d’augmenter en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, et qu’une alimentation saine demeure un objectif inaccessible pour des centaines de millions d’Africains.

12. Les projections présentées dans le rapport suggèrent que la pandémie pourrait faire grossir les rangs des populations souffrant d’insécurité alimentaire et de sous-alimentation de plusieurs millions de personnes.

13. Une analyse plus récente publiée par la FAO et le PAM indique que plusieurs pays africains seront les premiers touchés par les crises alimentaires que la covid‑19 est sur le point de déclencher, car les répercussions de la pandémie aggravent les facteurs de la faim qui existent déjà.

14. Ces «pays en crise» courent un risque élevé de voir leur sécurité alimentaire se détériorer nettement dans les mois à venir et de nombreuses personnes pourraient basculer dans la famine.

15. Dans la plupart de ces pays, les niveaux élevés d’insécurité alimentaire et de faim aiguë étaient déjà une réalité dramatique avant même l’apparition de la covid-19, car de nombreux chocs et facteurs de stress se sont accumulés, notamment les organismes nuisibles, les maladies transfrontières, les phénomènes climatiques extrêmes et les conflits.

16. Nous savons, par exemple, que la lutte contre le criquet pèlerin est toujours en cours en Afrique de l’Est, mais nous devons néanmoins rester vigilants et nous préparer à une éventuelle recrudescence au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Les pays d’Afrique australe doivent également faire face à la menace croissante du criquet migrateur africain et du criquet nomade.

17. En outre, l’impact de la covid-19 risque de plonger des millions d’autres personnes dans une pauvreté extrême et la pandémie pourrait anéantir les modestes progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063.

18. Les perspectives d’avenir sont donc plutôt sombres et une grave récession économique mondiale se profile à l’horizon.

19. Les défis à relever sont multidimensionnels, complexes et interdépendants et nécessitent une réponse globale, complète et coordonnée de la part de multiples parties prenantes et partenaires.

20. La présente réunion conjointe des ministres de l’agriculture, du commerce et des finances est une excellente occasion de définir une approche et une action globales et coordonnées et d’en fixer les orientations.

21. Le programme de transformation agroalimentaire est un programme collectif et de grande ampleur qui doit être pris en charge et soutenu par tous les secteurs concernés et toutes les parties prenantes.

22. La mise en place de la Zone de libre-échange continentale dans laquelle l’Afrique s’engage actuellement sera sans doute une excellente occasion de stimuler le commerce et l’investissement dans l’agriculture et les produits alimentaires, de créer et d’élargir les marchés et les possibilités d’emploi, en particulier pour les jeunes et les femmes, et d’améliorer durablement la productivité et la compétitivité des systèmes agroalimentaires.

23. L’amélioration de la productivité et de la compétitivité, qui découlera de la transformation des systèmes agroalimentaires, est le seul moyen de parvenir à la sécurité alimentaire, car elle permettra d’améliorer la nutrition de la majorité des populations en Afrique et dans le monde, ainsi que leur accès à une alimentation saine, peu coûteuse et durable.

24. Toutefois, pour atteindre ces objectifs, il faudra réaliser des investissements volontaires, prolongés et stratégiques.

25. La raison pour laquelle les pays devraient donner la priorité à l’alimentation et à l’agriculture dans les décisions de politique générale et d’investissement ne devrait pas être dictée principalement par des préoccupations humanitaires, même si celles-ci sont fondamentales.

26. C’est pourquoi l’Afrique, en continuant à faire du commerce et à investir dans l’agriculture et l’alimentation, dispose d’arguments très convaincants à cet égard, mesurés en termes de paramètres sociaux, économiques et environnementaux, voire politiques et sécuritaires.

27. Le coût de l’inaction, voire de la torpeur, est tout simplement trop élevé.

28. Il existe des solutions pour réaliser une transformation accélérée, profonde et efficace du système agroalimentaire. 

29. L’innovation et le développement du numérique offrent d’immenses possibilités pour réaliser les changements souhaités, de façon rapide et à grande échelle.

30. Il n’y a aucune raison que les agriculteurs, les producteurs ruraux et les agro-entrepreneurs africains ne puissent pas bénéficier de cette révolution.

31. La FAO est en première ligne pour relever les défis posés par la covid-19, notamment dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la résilience des systèmes alimentaires, et elle peut s’appuyer sur une approche globale et complète qui facilitera le relèvement et permettra de reconstruire en mieux.

32. À cet égard, sept grands domaines prioritaires ont été définis pour orienter les travaux de l’Organisation, à savoir: 1) s’attaquer aux effets de la covid-19 et préserver les moyens d’existence dans les situations de crise alimentaire; 2) améliorer l’inclusion économique et la protection sociale pour réduire la pauvreté; 3) renforcer la résilience des petits exploitants en vue du relèvement; 4) prévenir la prochaine pandémie zoonotique; 5) faciliter le commerce, y compris le commerce intrarégional, et encourager la normalisation en matière de sécurité sanitaire des aliments; 6) contribuer à la transformation des systèmes alimentaires tout au long de la chaîne de valeur; et 7) s’appuyer davantage sur les données pour éclairer la prise de décision.

33. Grâce à l’Initiative Main dans la main, nous facilitons la mise en place de plateformes novatrices pour obtenir des résultats concrets dans la lutte contre la faim et la pauvreté en exploitant la puissance des données, de la science et de l’analyse technique et en mobilisant des partenariats multipartites et des ressources des secteurs public et privé.

34. Je suis heureux de noter les progrès réalisés à cet égard et de constater que de nombreux pays africains, tels que le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Mali et le Zimbabwe, adhèrent à cette initiative. 

35. Pour terminer, je tiens à réaffirmer à quel point il est important de prendre des mesures audacieuses en adoptant des approches totalement nouvelles pour transformer les systèmes alimentaires, réduire le coût d’une alimentation saine et faire progresser la réalisation des Objectifs de développement durable que sont l’élimination de la pauvreté, de la faim et de toutes les formes de malnutrition.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite une réunion très fructueuse.