Directeur général QU Dongyu

Présentation officielle du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2022

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

06/07/2022

MANIFESTATION SPÉCIALE DANS LE CADRE DU FORUM POLITIQUE
DE HAUT NIVEAU À NEW YORK

Présentation officielle du rapport sur
L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2022:

«Réorienter les politiques alimentaires et agricoles pour rendre
l’alimentation saine plus abordable»

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

telle que prononcée

6 juillet 2022

 

Mesdames et Messieurs,

1.         Au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, et aux côtés de nos organisations partenaires, j’ai le plaisir de vous présenter l’édition 2022 de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.

2.         L’année dernière, lorsque nous avons présenté l’édition précédente de ce rapport, la pandémie de covid-19 avait largement révélé les faiblesses de nos systèmes agroalimentaires

3.         et les difficultés rencontrées dans l’éradication de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

4.         Nous avons lancé un appel à reconstruire en mieux pour nous mettre sur la voie de la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 2.

5.         Un an plus tard, il est clair que nous n’avons pas opéré ce tournant.

6.         Nous avions espéré qu’à la date où nous sommes, le monde serait sorti de la crise de la covid-19, mais la pandémie est toujours présente.

7.         Et il s’y ajoute la guerre en Ukraine, en plus des 10 autres principaux conflits et crises humanitaires qui se déroulent actuellement sur la planète.

Chers collègues,

8.         La faim a encore gagné du terrain dans le monde en 2022, et cette tendance reflète le creusement des inégalités auquel on assiste non seulement entre les pays, mais également au sein de chacun d’eux.

9.         En 2021, 828 millions de personnes ont souffert de la faim. 

10.       Ce chiffre représente une augmentation de 46 millions par rapport à 2020,

11.       et de 150 millions par rapport à 2019, soit avant la pandémie de covid-19.

12.       L’insécurité alimentaire a elle aussi progressé en 2021, ce qui confirme qu’un plus grand nombre de personnes n’ont pas eu accès à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante.

13.       Quelque 2,3 milliards de personnes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2021, soit 350 millions de plus qu’en 2019.

14.       En 2019, je participais pour la première fois à la présentation officielle de ce rapport, aux côtés de Mme Amina Mohammed, et nous ne nous attendions pas à ce que la situation se dégrade encore.

15.       À cause de l’inflation des prix des produits alimentaires, due aux effets économiques de la pandémie, 112 millions de personnes supplémentaires n’ont pas pu se permettre une alimentation saine, ce qui a porté le nombre total de personnes dans cette situation à 3,1 milliards à l’échelle mondiale.

16.       Si nous projetons ces chiffres sur l’horizon 2030, ils dessinent une trajectoire qui, clairement, nous éloigne de l’ODD 2.

17.       Cela doit être pour nous un signal d’alarme! Nous devons agir de toute urgence!

Chers collègues,

18.       Nous devons non seulement nous inquiéter des échecs récents qui émaillent notre progression vers l’ODD 2, mais aussi du contexte actuel et futur.

19.       La guerre qui sévit en Ukraine, ainsi que d’autres conflits qui se prolongent dans le monde, accentuent les perturbations des chaînes d’approvisionnement et provoquent des hausses des prix des denrées alimentaires (y compris des céréales), des engrais et de l’énergie, ce qui entraîne des pénuries et attise l’inflation des prix alimentaires.

20.       Vendredi prochain, la FAO publiera son indice mensuel des prix des produits alimentaires, et la situation demeure particulièrement difficile et préoccupante.

21.       En outre, des phénomènes climatiques extrêmes, dont la fréquence s’accélère, perturbent les chaînes d’approvisionnement, en particulier dans les pays à faible revenu.

22.       Nous sommes pleinement conscients que d’autres épreuves nous attendent.

23.       C’est pourquoi nous devons agir avec plus d’audace pour développer notre résilience.

24.       Grâce au Président du Conseil économique et social, la FAO s’est vu offrir la possibilité d’œuvrer à l’accroissement de la résilience et au renforcement des économies en collaboration avec les autres organisations.

25.       Cela suppose de transformer nos systèmes agroalimentaires dans le but de les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

26.       Les perspectives de croissance économique mondiale pour 2022 ont été fortement revues à la baisse,

27.       ce qui a pour corollaire une diminution des ressources financières pouvant être investies dans les systèmes agroalimentaires.

28.       On se souviendra que l’an dernier, sous la présidence pakistanaise, un appel a été lancé pour accroître les investissements dans l’agriculture.

29.       Nous devons continuer nos efforts pour faire en sorte que plus de fonds soient investis dans ces domaines. Nous devons agir avec audace.

30.       Mais le rapport sur L'État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre que les gouvernements peuvent obtenir davantage de résultats avec les ressources dont ils disposent déjà.

31.       Les pays moins avancés doivent consentir plus d’efforts parce qu’ils disposent de moins de ressources: ils doivent par conséquent veiller à utiliser ces ressources limitées de manière judicieuse.

32.       À l’échelle mondiale, le soutien public au secteur agroalimentaire se chiffre à près de 630 milliards d’USD par an, ce qui a contribué à la sécurité alimentaire.

33.       Cependant, une part importante de cette aide fausse les prix du marché – ce qui conduit à une affectation inefficace des ressources –, est préjudiciable à l’environnement et ne profite pas de manière équitable aux acteurs des systèmes agroalimentaires.

34.       D’autre part, le soutien apporté favorise la production de céréales au détriment des légumineuses, des graines, des fruits, des légumes et d’autres aliments très nutritifs, dont la production ne bénéficie pas d’un niveau d’aide comparable.

35.       Nous appelons les gouvernements à modifier leurs politiques publiques en remplaçant les mesures insuffisantes, inefficaces, non durables et inéquitables par des mesures qui encouragent la production et la consommation de produits alimentaires nutritifs et qui contribuent à rendre l’alimentation saine plus abordable.

36.       C’est aux gouvernements qu’il revient de procéder à cette transformation, avec le soutien du système multilatéral.

37.       Nous savons que dans les pays à faible revenu, où l’agriculture est un pilier de l’économie, de l’emploi et des moyens d’existence ruraux, les pouvoirs publics ne disposent guère de ressources à réaffecter.

38.       La FAO travaillera aux côtés de ces pays pour étudier les possibilités d’accroître la fourniture de services publics qui viennent en aide à tous les acteurs dans l’ensemble des systèmes agroalimentaires, y compris au moyen d’activités de recherche-développement agricole et d’une amélioration des infrastructures.

39.       De plus, à travers l’Initiative Main dans la main, nous apportons notre appui à 53 pays, de manière intégrée.

40.       Grâce à l’augmentation du financement international en faveur du développement, l’investissement dans ces services publics aidera les pays à faible revenu à combler les déficits de productivité, à accroître la production d’aliments nutritifs et à améliorer les revenus des populations.

41.       Ainsi, nous parviendrons à améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté. 

Chers collègues,

42.       Dans l’intérêt de la cohérence des politiques publiques, nous devons collaborer avec un plus grand nombre de partenaires aux niveaux mondial et national.

43.       Nous devons mobiliser toutes les parties prenantes et prendre en compte les conditions qui sont nécessaires sur le plan de l’économie politique et des institutions pour rendre ces réformes possibles.

44.       Nos organisations sont résolues à continuer d’œuvrer avec les gouvernements, le secteur privé, la société civile, le monde universitaire et tous les acteurs essentiels, dont les autres organismes des Nations Unies,

45.       et par l’intermédiaire de l’Initiative Main dans la main,

46.       pour utiliser au mieux les ressources disponibles afin de garantir l’accès de tous à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante,

47.       et pour venir à bout de la malnutrition sous toutes ses formes.

48.       Je vous remercie de votre attention.