Directeur général QU Dongyu

Ouverture de la session de haut niveau du dialogue stratégique 2021 entre l’Union européenne et la FAO

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

06/05/2021

Allocution de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Ouverture de la session de haut niveau du dialogue stratégique 2021 entre l’Union européenne et la FAO 

6 mai 2021

Texte avant allocution

 

Mesdames et Messieurs les commissaires, chers collègues,


1. Mus par une ambition commune, à savoir un monde libéré de la faim et une vie meilleure pour tous, nous avons commencé nos mandats respectifs en 2019.

2. Peu de temps après avoir pris nos fonctions, l’humanité a été confrontée à un défi gigantesque, en raison de la pandémie de covid-19. 

3. Aujourd’hui, plus d’un an après le début de cette pandémie, nous sommes réunis pour souligner notre volonté constante d’éliminer la faim et la pauvreté et de concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

4. La propagation de la covid-19 a engendré une crise d’une ampleur sans précédent et a mis en évidence la fragilité de nos systèmes agroalimentaires. 

5. Les femmes, les jeunes, les populations les plus vulnérables et les personnes vivant dans la pauvreté extrême sont plus durement frappés.

6. La pandémie a montré combien il importait de protéger la nature et de placer les êtres humains au cœur de nos actions visant à éliminer la faim et la pauvreté.

7. Nous pouvons être fiers de ce que l’Union européenne et la FAO ont obtenu jusqu’ici. 

8. Nous avons renforcé la résilience et exploité le potentiel des liens entre l’action humanitaire et le développement en faveur de la paix, dans le cadre du Réseau mondial contre les crises alimentaires.

9. Nous avons promu des politiques et des investissements dans les systèmes agroalimentaires afin de réduire la faim, dans le cadre du Programme Impact sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, résilience, durabilité et transformation (FIRST).

10. Nous avons soutenu la gestion durable des ressources naturelles, l’adaptation au changement climatique et les filières agricoles durables, dans le cadre d’importants programmes communs, par exemple:

  • le Programme de gestion durable de la faune sauvage; et
  • le programme Valoriser le potentiel de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique (FISH4ACP).

11. Ensemble, nous faisons avancer les normes et cadres internationaux par le biais du Codex Alimentarius, de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) et d’autres organismes. 

12. Ces réalisations et de nombreuses autres sont illustrées dans le nouveau Rapport sur le partenariat entre l’Union européenne et la FAO, publié aujourd’hui.

13. La FAO tient à remercier l’Union européenne de ses contributions pendant la période 2018-2020, d’un montant total de 635 millions d’USD

14. Celles-ci ont grandement permis à la FAO d’apporter un soutien fondamental dans le monde entier, tous les jours.


Chers collègues, chers amis,

15. Le présent dialogue stratégique ouvre un nouveau chapitre de notre relation, qui se caractérise par la nécessité urgente d’agir de manière coordonnée à l’appui de la transformation des systèmes agroalimentaires, ce dont nous avons tant besoin. 

16. Il s’inscrit dans le cadre des cinq domaines stratégiques prioritaires suivants, qui dessinent notre collaboration future: 

1) les systèmes agroalimentaires et l’approche Une seule santé; 

2) le changement climatique, la biodiversité et les ressources naturelles

3) les crises alimentaires, la sécurité alimentaire et les moyens d’existence résilients

4) la durabilité des filières, des investissements et des politiques

5) la transformation des systèmes alimentaires grâce au développement du numérique

17. Permettez-moi de formuler quelques observations importantes sur chacun de ces domaines.

18. Tout d’abord, la transformation de nos systèmes agroalimentaires et l’approche Une seule santé se trouvent, en ces temps difficiles, au premier rang de notre programme commun.

19. La santé des êtres humains est étroitement liée à celle des animaux, des plantes et de nos écosystèmes.

20. Dans le cadre de la collaboration tripartite de la FAO, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), et en collaboration avec d’autres partenaires, nous faisons progresser le système Une seule santé en luttant contre la résistance aux antimicrobiens et en prévenant la propagation des zoonoses. 

21. Nous coopérons avec l’OIE au titre du Cadre mondial pour la maîtrise progressive des maladies animales transfrontières. 

22. La Commission mixte FAO/OMS du Codex Alimentarius, l’organe mondial chargé de l’établissement de normes garantissant la sécurité sanitaire des aliments, joue un rôle essentiel en contribuant à promouvoir les normes les plus rigoureuses en la matière, dans le monde entier.

23. La réduction de l’utilisation de pesticides grâce à des approches novatrices est une ambition commune de la FAO et de la Commission européenne. 

24. Ensuite, les multiples enjeux du changement climatique et de la biodiversité seront examinés.

25. La transformation des systèmes agroalimentaires impose de s’attaquer à l’appauvrissement de la biodiversité, de conserver, préserver et rétablir les écosystèmes de la planète et d’atténuer le changement climatique. 

26. Nous devons aider nos Membres à intégrer les questions relatives au climat et à la biodiversité dans leurs politiques, à cibler la déforestation et la gouvernance des océans et à favoriser le développement durable de la pêche et de l’aquaculture. 

27. Ces engagements communs figurent dans nos cadres d’action fondamentaux et le présent dialogue stratégique les reprend. 

28. La FAO promeut une grande variété de solutions qui permettent de parvenir à des systèmes agroalimentaires durables, notamment l’agriculture intelligente face au climat, les bioénergies durables, la bioéconomie circulaire, l’agroécologie, l’agroforesterie, la durabilité de la pêche et de l’aquaculture, la transformation bleue, la gestion durable des terres et des forêts et la réduction des pertes et du gaspillage de nourriture. 

29. Au sein de la FAO, j’ai créé le nouveau Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement, qui joue un rôle moteur dans ce domaine d’activité.

30. La collaboration avec le secteur privé est cruciale pour accélérer la transformation. 

31. La Nouvelle stratégie de la FAO relative à la mobilisation du secteur privé encourage les activités menées en collaboration en ce qui concerne les innovations vertes et la circularité des plastiques agricoles. 


Chers collègues, chers amis,

32. Troisièmement, nous devons traiter les crises alimentaires.

33. Lancée pas plus tard qu’hier, l’édition 2021 du Rapport mondial sur les crises alimentaires présente de nouveaux éléments qui confirment l’augmentation régulière de l’insécurité alimentaire aiguë: celle-ci a ainsi frappé 155 millions de personnes en 2020, contre 135 millions en 2019, un niveau déjà record.

34. L’assistance humanitaire demeure essentielle et des efforts coordonnés sont nécessaires pour s’attaquer aux causes profondes des crises alimentaires. 

35. À cette fin, le Réseau mondial contre les crises alimentaires, lancé par la FAO, l’Union européenne et d’autres partenaires, joue un rôle central et permet de comprendre les ressorts des crises alimentaires, de tirer parti des investissements en faveur de la sécurité alimentaire et de promouvoir des partenariats à tous les niveaux du secteur de l’alimentation et au-delà. 

36. Quatrièmement, la durabilité des filières, des investissements et des politiques doit rester au premier rang des priorités de notre programme.

37. Les investissements dans les systèmes agroalimentaires jouent un rôle déterminant aux fins de la transformation de l’économie et de l’élimination de l’extrême pauvreté. 

38. Les approches relatives à la mise en valeur des territoires peuvent contribuer à ce que les populations rurales, en particulier les agriculteurs familiaux, les femmes, les jeunes et les groupes autochtones, aient plus facilement accès aux marchés, à l’innovation, aux terres, aux ressources naturelles, aux services ruraux et au crédit.

39. Dans les zones rurales, à l’échelle mondiale, moins de 20 pour cent des propriétaires fonciers sont des femmes. Les approches visant à transformer les relations entre les hommes et les femmes peuvent par conséquent contribuer à renforcer l’égalité des sexes. 

40. L’année 2021, Année internationale de l’élimination du travail des enfants, est une excellente occasion de redoubler d’efforts dans la lutte contre le travail des enfants dans la production à petite échelle, y compris au sein des filières locales et régionales.

41. Des investissements agricoles responsables, durables et verts sont nécessaires pour soutenir les mesures de redressement liées à la pandémie, conformément aux Principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires, du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), et à d’autres directives internationales.

42. Ils sont aussi susceptibles de promouvoir des solutions novatrices, des technologies numériques jusqu’aux financements mixtes. 

43. Le cinquième et dernier thème de notre dialogue concerne les outils numériques et les mégadonnées, qui peuvent aider les gouvernements et les acteurs régionaux et mondiaux à améliorer l’interface entre les connaissances, les données et les politiques disponibles en faveur de la transformation des systèmes agroalimentaires.

44. Les activités de la FAO sur la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques sont fondamentales pour faire en sorte que les technologies numériques soient inclusives, sûres et fiables dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, afin de réduire la fracture numérique, de promouvoir de meilleures infrastructures numériques et de renforcer l’aptitude à se servir des outils numériques. 

45. Notre Initiative Main dans la main et notre plateforme géospatiale visent à offrir un appui et des investissements directs aux populations et aux régions qui en ont le plus besoin. 

46. Notre collaboration avec le Centre commun de recherche de l’Union européenne, avec le programme de l’Union pour l’observation et la surveillance de la Terre (Copernicus) et avec l’Agence spatiale européenne est fondamentale pour atteindre ces objectifs. 


Chers collègues,

47. En ces heures si critiques, nous avons une ambition commune solide, qui s’accompagne d’un plan d’action ambitieux

48. Nous pourrons ainsi réellement changer les choses sur le terrain. 

49. Notre dialogue stratégique vise à revoir les priorités communes de l’Union européenne et de la FAO et à renforcer notre capacité à apporter des réponses concrètes face aux défis mondiaux.

50. À la suite des mesures de transformation engagées au sein de la FAO, les plus importantes depuis sa création, nous disposons maintenant d’une organisation agile, inclusive, transparente et moderne, qui est attachée à mieux servir ses Membres.

51. Une structure modulaire et souple nous permet d’établir une collaboration intersectorielle optimale. 

52. Nous sommes prêts à développer encore notre partenariat, à l’élargir et à l’étoffer.

53. Une occasion unique de réussir ensemble nous est offerte, saisissons-la et lançons-nous, ensemble, sur cette voie importante! 

54. Je vous remercie.