Directeur général QU Dongyu

TABLE RONDE SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU ORGANISÉE CONJOINTEMENT PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

08/02/2023

TABLE RONDE SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU ORGANISÉE CONJOINTEMENT PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

 

Pour un relèvement solide et résilient face aux crises en cours et pour davantage de synergie et de cohérence entre le Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2022-2031, le Programme 2030 et Notre programme commun

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

8 février 2023

 

 

Mesdames et Messieurs,

Chers invités,

 

1. J’ai été invité à participer à la table ronde d’aujourd’hui pour évoquer la façon dont la crise alimentaire mondiale que l’on observe actuellement touche les pays les moins avancés (PMA), ainsi que la voie à suivre pour y remédier.


2. Ces dernières années, nous avons constaté que les PMA étaient particulièrement vulnérables:

  • aux effets de la crise climatique;
  • à la dégradation de l’environnement au niveau local ainsi que des ressources naturelles;
  • à la perte de biodiversité;
  • aux fléchissements dus à la pandémie et aux perturbations économiques;
  • à la montée en flèche des prix internationaux des intrants essentiels à la production agricole que sont l’énergie et les engrais;
  • à l’instabilité des marchés des produits alimentaires et des produits de base;
  • aux conflits prolongés.

 
3. Aujourd’hui, il nous faut nous concentrer sur les progrès à accomplir pour aller de l’avant.


4. Pour éviter qu’une crise plus profonde ne s’installe à l’avenir, nous avons besoin dès maintenant d’interventions plus ambitieuses et plus efficaces menées dans le cadre d’un vaste programme collectif.


5. Le Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés revêt un caractère transversal au regard du Programme 2030 et du rapport «Notre programme commun», et offre des perspectives complémentaires concernant les défis mondiaux auxquels nous faisons face.


6. Nous avons pour ambition commune de faire en sorte que toutes les personnes, partout dans le monde, vivent au minimum dans la paix et la dignité, en ayant notamment accès à des aliments salubres et nutritifs, tout en demeurant en harmonie avec la planète.


7. Le Programme 2030, qui domine tous nos travaux, nous oblige à tenir compte de l’interdépendance et de la complexité des économies modernes et du besoin urgent d’opérer des changements à grande échelle.


8. Face à cette complexité, une action stratégique plus efficace s’impose.


9. Nous devons nous attacher en priorité à transformer les systèmes qui relient les personnes aux interventions, au moyen du développement d’analyses fondées sur la science et sur les données factuelles.

 

10. Pour transformer les systèmes agroalimentaires mondiaux, il nous faut évaluer les incidences que les différents modes d’action envisagés auraient et les compromis qu’ils nécessiteraient en ce qui concerne l’emploi et les moyens de subsistance


11. ainsi que la santé des personnes et de la planète, et notamment la restauration et la protection de la biosphère et la stabilisation du climat.


12. À cette fin, les approches scientifiques sur lesquelles reposent les systèmes agroalimentaires doivent devenir plus ouvertes et plus transparentes,


13. et les connaissances, les données et les informations connexes doivent être davantage accessibles et utiles à tous les pays, en particulier les moins avancés.


14. La FAO collabore avec de nombreux partenaires du monde entier, issus des secteurs public et privé et œuvrant au sein du système des Nations Unies et en dehors, pour favoriser ces changements grâce à la mise au point d’une plateforme géospatiale qui permet à tous les pays d’accéder à des millions de couches de données et à une banque d’outils de plus en plus fournie en vue de développer des connaissances concrètes utiles à l’élaboration de politiques, à l’innovation et à l’investissement.


15. Le Programme d’action de Doha en faveur des PMA vient nous rappeler que le programme économique et social que constitue la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables demeure essentiel pour le développement.


16. Bien entendu, le développement de l’industrie et des services est également un élément central de la transformation structurelle qui accompagne la transition vers une économie moderne,


17. mais les transformations réussies ont toutes pour point commun d’avoir débuté par un accroissement de la productivité agricole.


18. Les PMA ne peuvent s’extraire de l’extrême pauvreté et mettre fin à leur vulnérabilité sans opérer une transformation de leurs systèmes agroalimentaires, laquelle crée les conditions propices à l’industrialisation, à l’accroissement du commerce et des investissements, à la croissance du secteur des services et à l’urbanisation.


19. La transformation des systèmes agroalimentaires dans le contexte des PMA signifie:

  • Premièrement: une amélioration de la productivité, de l’inclusion sociale, de la résilience et de la durabilité;
  • Deuxièmement: un renforcement des liens commerciaux;
  • Troisièmement: une accélération de l’investissement dans les infrastructures physiques et le capital humain;
  • Quatrièmement: des technologies, un savoir-faire et des institutions plus innovants.

 

20. Cela signifie également développer et mettre en commun des méthodes, des pratiques et des technologies permettant à la fois de protéger et de restaurer le capital de ressources naturelles ainsi que les écosystèmes qui en dépendent,


21. et d’exploiter au mieux le potentiel qu’offrent les systèmes agroalimentaires en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets.


Mesdames et Messieurs,


22. Pour concrétiser cette vision, un changement d’échelle et une accélération considérable des investissements et du commerce s'imposent.


23. Dans le cadre de l’Initiative Main dans la main – dont la plupart des pays participants figurent parmi les PMA –, de nombreux gouvernements élaborent de nouveaux plans de développement avec pour objectif une transformation ambitieuse de leurs systèmes agroalimentaires, jetant ainsi des bases solides pour l’avenir.


24. Ces efforts ont été stimulés par les processus de préparation et de suivi du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, que le Secrétaire général de l’ONU a convoqué en 2021 et qui fera l’objet d’une première réunion de bilan prévue à Rome du 24 au 26 juillet de cette année.


25. En outre, nous constatons depuis peu que les innovations et les investissements nécessaires peuvent être obtenus grâce à de nouvelles collaborations à grande échelle, faisant intervenir plusieurs parties prenantes et fondées sur les territoires.


26. Enfin, le rapport «Notre programme commun» vient nous rappeler que la vie moderne a un coût, à savoir une interdépendance, une vulnérabilité les uns par rapport aux autres et une complexité accrues.


27. Un nouveau contrat social s’impose pour orienter et faire durer nos vies étroitement imbriquées sur une planète partagée – car n’oublions pas que nous sommes tous ensemble sur cette petite planète, et que ce qui se passe dans une partie du globe a des répercussions sur le monde entier.


28. Nous devons renforcer notre vision et notre détermination communes en faveur du droit universel à une alimentation disponible, accessible et abordable pour tous.


29. L’alimentation est un droit humain fondamental et universel.


30. En conclusion, je tiens à saisir cette occasion pour adresser mes condoléances personnelles à toutes les personnes qui souffrent en raison des tremblements de terre ayant frappé la Türkiye et la Syrie ces derniers jours.


31. Je vous remercie.