Directeur général QU Dongyu

CITÉS ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS – CONSEIL MONDIAL 2020, GUANGZHOU

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

12/11/2020

CITÉS ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS – CONSEIL MONDIAL 2020, GUANGZHOU

RÔLE DE L’ACTION MUNICIPALE ET RÉGIONALE AU NIVEAU INTERNATIONAL DANS LE CONTEXTE DE LA COVID-19

11-13 novembre 2020

Allocution de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Texte avant allocution 

Honorables invités, 

Chers collègues, 

Mesdames et Messieurs,

1. J’ai le plaisir d’être parmi vous à l’occasion du Conseil mondial 2020 de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et je salue l’attention portée au rôle de l’action municipale et régionale au niveau international dans le contexte de la pandémie de covid-19. 

2. Nous vivons une période difficile. Au cours de ces derniers mois, nous avons observé les répercussions de la pandémie de covid-19 sur nos sociétés, nos économies et nos systèmes alimentaires.  

3. Cette pandémie est porteuse de difficultés nouvelles, qui aggravent la situation déjà précaire des groupes vulnérables. Ce sont les zones urbaines densément peuplées qui paient le plus lourd tribut car le virus s’y propage beaucoup plus facilement. 

4. Dans nombre de cas, les restrictions visant à prévenir la propagation du virus ont perturbé les chaînes d’approvisionnement alimentaire, ce qui a entraîné des pénuries et des hausses des prix des produits alimentaires dans les zones urbaines. 

5. Cependant, s’agissant de prendre des mesures axées sur les systèmes alimentaires pour prévenir cette situation, le potentiel des autorités locales et municipales n’a pas été pleinement exploité.   

6. Récemment, la FAO a mené une enquête sur les systèmes alimentaires urbains dans le contexte de la covid-19. Nous avons recueilli 861 réponses, provenant de 77 pays. Environ 57 pour cent des réponses émanaient des autorités locales.

7. Les résultats montrent que les administrations locales jouent un rôle actif dans la réduction des effets de la pandémie sur les systèmes alimentaires et sur la santé et la sécurité alimentaire des populations.

8. De nombreuses villes ont mis en place des mécanismes de suivi des marchés alimentaires, des systèmes de distribution innovants (commerce électronique, par exemple) et des pôles alimentaires temporaires, afin d’améliorer l’accès des plus vulnérables à la nourriture.

9. La plupart de ces mesures n’ont pas nécessité de ressources financières supplémentaires. 

Mesdames et Messieurs,

10. En situation de crise, il est facile de tomber dans le piège qui consiste à se concentrer uniquement sur les besoins les plus urgents. Nous devons nous adapter rapidement et faire face à la pandémie en adoptant une perspective plus globale, afin de bâtir des systèmes alimentaires urbains plus efficaces, plus résilients et plus inclusifs. 

11. Pour atteindre les objectifs de développement durable, les réseaux municipaux et régionaux doivent travailler de concert avec les organismes du système des Nations Unies et les donateurs internationaux en vue de créer un environnement favorable qui donne des moyens d’action aux autorités locales et régionales. Cela passe par l’affectation de ressources suffisantes, la délégation de pouvoirs et l’établissement de liens avec les décisions prises au niveau national en matière de politiques. 

12. Permettre aux autorités locales et régionales de faire entendre leur voix revient à reconnaître l’importance de leur proximité avec les populations, de leur capacité de mobiliser les parties prenantes locales et de leur aptitude à cibler rapidement les plus vulnérables. 

13. On pourrait se demander pourquoi les zones urbaines sont si essentielles à la transformation des systèmes alimentaires dans l’optique de la durabilité et pour quelle raison la FAO s’intéresse aux problématiques qui les concernent.   

14. Certaines données clés parlent d’elles-mêmes.

15. Les habitants des villes consomment environ 70 pour cent de l’offre alimentaire à l’échelle de la planète, et il est certain que ce chiffre sera amené à croître sous l’effet de l’urbanisation en cours. 

16. De nombreuses populations urbaines et périurbaines sont exposées à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.  

17. Parallèlement, les taux de surcharge pondérale et d’obésité sont en hausse, en particulier dans les centres urbains, ce qui favorise la propagation rapide des maladies non transmissibles liées à l’alimentation. 

18. Du fait de leur expansion, les villes empiètent de plus en plus sur les habitats naturels. Une grande quantité de terres agricoles sont converties aux fins de projets d’urbanisme ou affectées à un usage industriel. 

19. La déforestation, imputable à l’expansion urbaine, conduit à un appauvrissement de la biodiversité. 

20. En outre, les villes y sont pour beaucoup dans le changement climatique, puisqu’elles représentent environ 70 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie. 

Mesdames et Messieurs,

21. Nous devons aider sans plus attendre les autorités locales et régionales à intégrer systématiquement les systèmes alimentaires et les espaces verts à leurs politiques, leurs activités de planification et leurs mesures, afin d’améliorer le bien-être des personnes. 

22. Le Nouveau Programme pour les villes, adopté à Quito en 2016, considère que les systèmes alimentaires urbains et les espaces verts sont essentiels au développement durable des villes. 

23. De nombreuses villes, régions et réseaux urbains internationaux constatent qu’il existe un rapport étroit entre, d’une part, les systèmes alimentaires urbains et les espaces verts, et, d’autre part, les défis liés au changement climatique, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition dans les zones urbaines.     

24. En septembre, la FAO a lancé l’Initiative Villes vertes dans le but de renforcer les activités qu’elle mène aux niveaux des villes et des régions. 

25. L’Initiative vise à mettre l’urbanisation au service de la durabilité et de la résilience des villes, de sorte que celles-ci puissent fournir à tous des aliments nutritifs et de meilleures conditions de vie. 

26. La FAO aidera les villes à mettre en œuvre des mesures respectueuses de l’environnement qui soient novatrices, adaptées à chaque contexte et axées sur les systèmes alimentaires et les espaces verts, y compris l’agriculture urbaine et périurbaine et les forêts.  

27. Notre approche visant à rendre les villes plus vertes va de pair avec l’Initiative Main dans la main de la FAO, dont l’objectif est d’éliminer la pauvreté, la faim et la malnutrition sous toutes ses formes.  

28. L’Agenda alimentaire urbain de la FAO, qui se trouve au cœur de l’Initiative Villes vertes, s’intéresse à quelques-unes des principales difficultés auxquelles se heurtent les systèmes alimentaires urbains, notamment les perturbations récentes découlant de la pandémie de covid-19.

29. L’échange entre villes, qui est un axe de travail important de la FAO en rapport avec ce qui précède, comprend la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, qui permettent de transposer à plus grande échelle les actions relatives aux systèmes alimentaires en milieu urbain. 

30. Nous appelons les autorités locales à intégrer de manière systématique les questions relatives aux systèmes alimentaires et aux espaces verts à leurs plans d’urbanisme et d’aménagement du territoire, de manière à favoriser une transformation qui soit verte et inclusive à long terme, et qui tienne compte de la nécessité de créer des emplois et de mobiliser les jeunes, grâce à des entreprises, un environnement et un mode de vie respectueux de l’environnement. 

31. Nous attendons avec impatience de nouer des partenariats avec chacun d’entre vous afin de réaliser le Programme 2030. Nous bâtirons ainsi un monde où les villes seront florissantes, belles et vertes, et un avenir libéré de la faim. 

Merci de votre attention.