Directeur général QU Dongyu

La vingt-cinquième session du Comité des forêts (COFO)

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

05/10/2020

La vingt-cinquième session du Comité des forêts (COFO)
Allocution d’ouverture de
M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Lundi 5 octobre 2020, 10 h 00 - 11 h 00 Rome

Texte officiel



Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Bonjour à tous!

1. J’ai le plaisir d’être des vôtres à cette vingt-cinquième session du Comité des forêts de la FAO, la première à se tenir en téléréunion dans les cinquante années d’histoire du Comité.

2. Nous célébrons cette année le soixante-quinzième anniversaire de la FAO et quelques jours plus tard celui des Nations Unies – deux institutions qui, aujourd’hui plus que jamais, doivent se montrer efficaces et s’adresser à tous afin de mieux répondre aux besoins de chacun.

3. C’est ce qui explique que depuis 14 mois que j’assure les fonctions de Directeur général, nous focalisons nos efforts sur l’édification d’une FAO moderne et dynamique, et intégralement fidèle à son mandat et à la vision dont elle était animée à son origine.

4. Nous avons mis en place une structure modulaire et souple, qui optimise la collaboration intersectorielle et met fin aux cloisonnements.

5. Nous créons une Organisation qui se met au service de ses Membres avec agilité dans la réalisation d’améliorations menées «sur quatre fronts»: production, nutrition, environnement et conditions de vie.

6. Nous imprimons un rythme soutenu à nos efforts de numérisation de la FAO et enrichissons nos services numériques aux Membres, notamment par des téléréunions comme celle-ci.

7. C’est ainsi qu’à la présente session de notre Comité, notre président s’adresse à nous depuis l’Asie, notre Vice-Président est en ligne avec nous depuis l’Europe et les participants le sont depuis différents points du globe! Tel est le nouveau monde numérique!

8. Une forme d’esprit qui privilégie l’ouverture et l’innovation, auquel on adjoint des technologies modernes, nous permet de toucher davantage de nos Membres, de nos partenaires et de parties prenantes que nous ne l’avons fait jusqu’ici

9. Cela a été le cas lorsque nous avons présenté en juin de cette année notre rapport Situation des forêts du monde, la première publication phare de la FAO qui voit le jour en édition numérique.

10. Et lorsque la présente session du COFO a été reportée à cause de la pandémie, nous avons organisé la Semaine webinaire des forêts sur la COVID-19, événement grâce auquel nous avons maintenu un dialogue actif et qui nous a permis de débattre des implications de la pandémie pour le secteur forestier.

Mesdames et Messieurs,

11. La pandémie a montré que les forêts peuvent faire office de filet de sécurité pour des populations humaines, en particulier les populations vulnérables que la pauvreté menace en période de crise, car les forêts recèlent un énorme potentiel pour nous faire «reconstruire en mieux».

12. Les forêts du monde sont parmi les éléments les plus précieux de notre patrimoine commun, riches de fonctions écosystémiques, économiques et sociales.

13. Leurs profondeurs recèlent des richesses pour le vivant, les moyens d’existence et le bonheur des hommes.

14. Leur rôle est déterminant pour la réalisation des objectifs de développement durable, qu’il s’agisse de l’élimination de la pauvreté, de l’objectif faim Zéro, de la lutte contre le changement climatique ou de la protection de la biodiversité.

15. Le thème de la présente session du COFO est décidément aussi opportun que pertinent puisqu’il s’intitule «Forêts et Décennie d’action pour les ODD – solutions pour les changements climatiques, la biodiversité et les populations»

16. Cependant la déforestation et la dégradation des forêts se poursuivent à un rythme alarmant, une grande part de la déforestation étant imputable à l’urbanisation et à l’industrialisation, mais plus encore à l’expansion de l’agriculture.

17. Faire progresser la production agricole et accroître la sécurité alimentaire sans réduire les surfaces forestières: voilà qui constitue un des grands défis de notre temps.

18. La mise à terme de la déforestation et la généralisation de la reforestation sont donc à concevoir comme des poutres maîtresses de la transformation durable des systèmes alimentaires.

19. La FAO peut être fière de codiriger l’effort dans lequel se trouve mobilisé l’ensemble du système des Nations Unies pour inverser la déforestation, selon les termes de la demande du Secrétaire général des Nations Unies.

20. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce point au cours de cette semaine, notamment dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur la déforestation qui doit se tenir demain matin.

21. Nous évoquerons aussi comment la FAO, associée au PNUD et au PNUE, apporte son aide à une soixantaine de pays dans la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts, par le biais du programme ONU-REDD.

22. Notre travail sur l’application des lois forestières, la gouvernance et le commerce aide des pays à lutter contre l’exploitation illicite des forêts.

23. Nous contribuons à la promotion du commerce du bois, qui est produit sur un mode durable par de petites entreprises.

24. La FAO est aussi en première ligne du soutien à l’accession des pays aux mégadonnées sur les changements intervenant dans leurs forêts et leurs paysages et à l’analyse qui en est faite.

25. Nous avons ainsi mis au point le système SEPAL d’accès, de traitement et d’analyse des données d’observation de la Terre.

26. SEPAL est un logiciel libre à caractère novateur qui aide les pays à accéder aux vastes corpus de données mis à disposition par des satellites dans des résolutions de plus en plus fortes.

27. Il compte aujourd’hui plus de 5000 utilisateurs actifs dans 180 pays et territoires.

28. Ce travail mené en collaboration a produit des résultats tangibles: la récente Évaluation des ressources forestières mondiales, parue en juillet dernier, a été la plus exacte jamais produite, avec de nombreux pays livrant des données nouvelles et affinant de manière remarquable leur suivi et leurs rapports sur les forêts.

29. Ces améliorations, qui confirment la valeur révolutionnaire des mégadonnées que nous exploitons, sont déterminantes pour garantir le caractère avisé et efficace des décisions qui seront prises sur l’utilisation des forêts et des terres.

30. Dans le droit fil de ce développement, nous avons créé la plateforme géospatiale de l’Initiative Main dans la main, qui comporte un riche et vaste ensemble de données sur l’alimentation, l’agriculture, les ressources socioéconomiques et naturelles, et dont la fonction est de fournir une meilleure assise scientifique aux décisions relatives à l’alimentation et l’agriculture au sens large.

31. Cette plateforme contient plus d’un million de couches géospatiales et des milliers de séries statistiques relatives à plus de dix domaines connexes à l’alimentation et l’agriculture, dont celui des forêts.

Mesdames et Messieurs,

32. Des changements s’imposent dans la manière dont nous gérons nos forêts et leur biodiversité, mais aussi dans notre manière de produire et de consommer nos aliments et d’entrer en interaction avec la nature.

33. La déforestation, la perte de biodiversité et le changement climatique sont indiscutablement liés.

34. Pour répondre à ces défis, il nous faut construire une dynamique forte avec le secteur forestier par l’approche «Un monde, une santé», dans l’intérêt de la santé des populations humaines, des animaux et de la salubrité de l’environnement.

35. Le Programme de gestion durable de la faune sauvage de la FAO est à la pointe de ces efforts et parallèlement étaye la gestion de la faune sauvage et renforce la sécurité alimentaire des communautés locales.

36. L’investissement dans des filières forestières durables et dans la restauration des écosystèmes porte ses fruits et se traduit par un recul de la pauvreté, la création d’emplois et une reconstruction en mieux.

37. L’amélioration des moyens d’existence tirés des forêts, la prospérité et le bien-être humain sont les buts assignés au Mécanisme Forêts et Paysans.

38. Par ce mécanisme, la FAO travaille avec plus de 350 organisations de producteurs forestiers et de paysans, améliorant leur accès aux services financiers et les intégrant dans des chaînes de valeur et des marchés.

39. Plus de 25 millions de personnes dans 30 pays en ont bénéficié directement ou indirectement, y compris durant l’actuelle pandémie de covid-19.

40. La FAO a aussi aidé à restaurer la productivité des terres dégradées et les moyens d’existence de communautés locales au Sahel. Notre soutien à l’initiative de la Grande Muraille verte s’est traduit par la remise en état de quelque 50 000 hectares de terres.

41. Avec le PNUE et le Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, nous avons établi un plan d’action ambitieux qui doit restaurer conjointement 100 millions d’hectares de terres dégradées, fixer 250 millions de tonnes de CO2 et créer 10 millions d’emplois verts.

42. Et la FAO se félicite de codiriger avec le PNUE la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

43. Le 18 septembre, la FAO a inauguré l’Initiative villes vertes et son plan d’action pour transformer les systèmes agroalimentaires, éliminer la faim et améliorer la nutrition.

44. En contribuant à l’atténuation du changement climatique et en promouvant la gestion durable des ressources, les villes jouent un rôle essentiel pour «reconstruire en mieux».

45. En 2050, 68 pour cent de la population mondiale habitera des villes, 90 pour cent de l’augmentation que représente ce chiffre doit se produire en Afrique et en Asie, ce qui élargit les perspectives mais aussi augmente les défis.

46. Environ 70 pour cent des approvisionnements alimentaires sont consommés par des citadins, et cette proportion ne fait qu’augmenter.

47. Actuellement, les villes consomment près de 80 pour cent de toute l’énergie produite dans le monde, et 70 pour cent des déchets leur sont imputables à l’échelle planétaire. Les villes représentent aussi 70 pour cent environ des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie.

48. En commençant par 100 villes dans le monde, nous espérons que 1000 villes rejoindront cette initiative d’ici 2030. Non seulement pour la production durable d’aliments sains, mais aussi pour contribuer à la gestion écologique des ressources en eau, à l’utilisation durable des terres et à l’expansion des espaces verts, cette dernière comprenant la foresterie urbaine, en prenant en compte les gains économiques, sociaux et écologiques de manière globale.

49. A moins de dix ans de la date butoir fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable, nous devons modifier nos mentalités en profondeur et refondre nos approches microéconomiques.

Mesdames et Messieurs,

50. Un proverbe chinois dit que: Une génération fait croître les arbres sous l’ombrage desquels repose une autre génération.

51. Au cours des cinq dernières décennies, le COFO nous a réunis pour tracer les contours de politiques forestières nouvelles, définir des solutions techniques et les mesures qui nous font aller de l’avant.

52. D’une certaine manière, cela revient à planter des arbres pour les générations suivantes! J’ai beaucoup de sympathie pour vous les professionnels de la forêt, qui êtes habités d’une passion forte et qui vous engagez sur le long terme.

53. Et la réussite de nos travaux d’aujourd’hui est cruciale pour façonner un avenir meilleur.

54. Nous devons intensifier nos actions afin de réaliser le potentiel des forêts, des arbres fruitiers, de la diversité alimentaire et d’autres potentiels.

55. Je vous encourage non seulement à planter des arbres en plus grand nombre, mais aussi à penser vos actions de manière plus globale et plus complète, à faire participer davantage d’acteurs clés, à ne pas attendre que les fruits tombent de l’arbre, mais plutôt à aller les cueillir. Soyons ambitieux et soyons concrets! Ensemble! Soyez innovants, soyez cohésifs et soyez géniaux!

56. Pour un monde libéré de la faim, où les forêts apportent des solutions aux problèmes du climat, de la biodiversité, de la salubrité des aliments, pour la santé de chacun!

Merci!