Directeur général QU Dongyu

Troisième réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banques centrales du G20 «Incidences économiques de la guerre sur l’insécurité alimentaire» Allocution

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

15/07/2022

Troisième réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banques centrales du G20

«Incidences économiques de la guerre sur l’insécurité alimentaire»

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

15 juillet 2022

 

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs,

 

1. Je suis heureux d’être à nouveau parmi vous aujourd’hui à 3 heures du matin, heure où le ciel est le plus sombre avant que le soleil ne se lève à l’Orient comme chaque jour.

 

2. Tout d’abord, permettez-moi de commencer en partageant avec vous notre dernier rapport phare sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, qui signale qu’en 2021, jusqu’à 828 millions de personnes ont souffert de faim chronique.


3. Ce chiffre représente une augmentation de 46 millions par rapport à 2020, et de 150 millions par rapport à 2019, avant la pandémie de covid-19.

 

4. Quelque 2,3 milliards de personnes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2021, soit 350 millions de plus qu’en 2019.

 

5. En outre, ces chiffres transcrivent un état de fait antérieur au déclenchement de la guerre en Ukraine, laquelle est venue aggraver la situation, en particulier pour les pauvres et les plus vulnérables.

 

6. La Fédération de Russie et l’Ukraine sont des acteurs importants du marché des denrées alimentaires et de l’offre d’engrais à l’échelle mondiale, et les répercussions de la guerre sont multiples sur le commerce, les prix et les moyens de subsistance.

 

7. Et ces facteurs continueront d’influer sur la sécurité alimentaire et la nutrition de nombreux pays dans les mois et les années à venir.

8. Deuxièmement, avant même le déclenchement du conflit, les prix internationaux des denrées alimentaires n’avaient jamais été aussi élevés.

 

9. Phénomène qui s’explique par des perturbations des chaînes d’approvisionnement, mais aussi par la flambée des prix de l’énergie et des intrants agricoles.

 

10. Le dernier relevé de l’Indice FAO des prix des produits alimentaires, publié le 8 juillet, montre une légère baisse pour le troisième mois consécutif, sa moyenne pour juin 2022 s’établissant à 154,2 points, après avoir atteint son niveau le plus élevé en mars 2022 avec 160 points.

 

11. Les facteurs en cause sont les suivants:

 

• une forte demande mondiale qui s’explique par la reprise des activités;

 

• des conditions météorologiques défavorables dans certains pays;

 

• des coûts de production et de transport élevés; et

 

• des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement imputables à la covid-19, aggravées aujourd’hui par la guerre en cours.

 

12. Troisièmement, la guerre perturbe aussi le marché des engrais, car la Fédération de Russie et l’Ukraine figurent parmi les principaux exportateurs d’engrais.

 

13. Quelque 15 pays importateurs nets d’engrais en Amérique latine, en Europe et en Asie réalisent plus de 30 pour cent de leurs importations d’engrais auprès d’exportateurs russes.

 

14. Parmi eux figurent le Brésil, l’Inde et l’Union européenne, pays qui sont de grands producteurs agricoles et des acteurs clés sur les marchés mondiaux.

 

 

15. Quatrièmement, alors que les prix des produits alimentaires sont élevés sur le marché de détail, les prix des intrants agricoles, notamment des aliments pour animaux, des engrais, des pesticides et des combustibles ont grimpé plus fortement encore. Or, la compression de revenu que subissent les agriculteurs se traduit par une baisse de la production.

 

16. Il pourrait en résulter un double fardeau pesant sur les systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale: la paupérisation des agriculteurs et, simultanément, le défaut de disponibilités alimentaires.

 

17. La situation actuelle présente un important défi pour la sécurité alimentaire, en particulier pour les pays à revenu faible qui dépendent d’importations alimentaires et pour les populations vulnérables.

 

18. Afin d’aider les pays les plus touchés à faire face à la hausse des coûts des importations, la FAO a proposé la création d’un Mécanisme de financement des importations alimentaires (FIFF).

 

19. La facture des importations alimentaires des 62 pays les plus vulnérables, qui sont importateurs nets de produits alimentaires et appartiennent aux catégories des pays à revenu faible et revenu intermédiaire de la tranche inférieure, a atteint 24,6 milliards d’USD.

 

20. Cela concerne 1,79 milliard de personnes.

 

21. Le FIFF aidera les pays à financer leurs achats alimentaires afin de réduire autant que faire se peut tout risque d’instabilité sociale. Avec votre appui, le FIFF pourrait être mis en place par les grands organismes de financement dans le cadre de leur mécanisme financier appliqué aux balances des paiements.

 

Chers collègues,

 

22. Le monde a besoin d’une solidarité sans réserve pour venir en aide aux populations vulnérables en premier lieu.

 

23. Ces crises nous poussent à agir sans délais, mais nous conduisent aussi à emprunter la voie qui doit nous conduire, à moyen terme et à long terme, à la transformation de nos systèmes agroalimentaires pour une plus grande efficacité, une plus grande inclusivité, une plus grande résilience et une plus grande durabilité, afin d’obtenir l’amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie sans laisser personne de côté.

 

24. Poursuivons notre collaboration de manière efficace, effective et cohérente, pour éradiquer la faim et la malnutrition, et garantir la sécurité alimentaire pour tous.

 

25. Je vous remercie de votre attention.