FORUM DU SOMMET MONDIAL SUR LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION SÉANCE D’OUVERTURE Allocution d’ouverture

FORUM DU SOMMET MONDIAL SUR LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION

SÉANCE D’OUVERTURE

Allocution d’ouverture

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

14 mars 2023

 

 

Mesdames et Messieurs,

Je suis ravi de participer une nouvelle fois à cette manifestation importante et de redire l’attachement de la FAO à notre ambition commune de bâtir ensemble une société de l’information tournée vers l’humain, inclusive et axée sur le développement. Je souhaite remercier les organisateurs et tous les partenaires pour leur mobilisation sans faille.

Ce forum est une occasion privilégiée d’échanger les informations les plus récentes, d’acquérir de nouvelles connaissances, de continuer à partager nos pratiques optimales dans le cadre du plan d’action mondial dans le domaine du numérique, ainsi qu’à faire le point sur nos travaux en cours pour cerner les tendances émergentes, et de nouer des partenariats encore plus solides compte tenu de l’évolution rapide de la société de l’information et du savoir.

Le thème de cette année fait écho au retard que nous avons pris dans nos efforts visant à reconstruire en mieux et à atteindre les objectifs de développement durable (ODD). Le monde présente un visage bien différent de celui qui était le sien il y a sept ans, lorsque nous nous sommes engagés à éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030.

Récemment, nous avons aussi pris part à une manifestation de haut niveau en faveur des pays les moins avancés, qui était convoquée à Doha par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Nous nous sommes engagés à faire en sorte que ces pays et les petits États insulaires en développement soient une priorité. À ce propos, je tiens à souligner que la FAO dispose désormais d’un bureau consacré aux petits États insulaires en développement, aux pays les moins avancés et aux pays en développement sans littoral.

Les écarts à combler sont encore trop profonds et demandent d’agir collectivement de manière ambitieuse dans les meilleurs délais. Les systèmes agroalimentaires ont été fortement éprouvés par de multiples chocs: pandémie, ralentissement économique, crise climatique, guerre en Ukraine et autres conflits. Cette réalité difficile nous oblige à revoir nos priorités sans tarder et met en avant la nécessité de bâtir des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Compte tenu de ces difficultés, il est essentiel de tirer parti de la connectivité mondiale, car elle est synonyme d’un meilleur accès à l’information, aux données et à l’intelligence artificielle, autant d’éléments clés qui soutiennent et accélèrent le développement de l’agriculture numérique. C’est pourquoi j’espère que nos échanges de cette semaine feront fond sur le lien étroit qui existe entre ce forum consacré à la société de l’information et la réalisation des ODD, et qu’ils mettront en particulier l’accent sur le rôle des technologies numériques dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mesdames et Messieurs,

La transformation numérique, l’utilisation efficace des données dans les secteurs de l’agriculture et du développement rural ainsi que l’intelligence artificielle sont essentiels pour appuyer l’élaboration, la planification et la mise en œuvre de politiques fondées sur des données factuelles de nature à renforcer l’efficacité et la productivité et pour atténuer les incidences néfastes sur l’environnement. Ces éléments peuvent également changer la donne en ouvrant des perspectives aux petits exploitants et aux populations rurales, dans la mesure où ils favorisent des actions globales et ciblées ayant des résultats concrets sur le terrain.

Pourtant, la fracture numérique est encore importante. Seulement 47 pour cent des pays en développement et 19 pour cent des pays les moins avancés ont accès à internet. Plusieurs obstacles expliquent ce faible taux d’adoption des technologies numériques: le manque d’électricité dans les zones rurales, des problèmes d’alphabétisation, un déficit de compétences numériques et le manque de contenus adaptés, notamment en ce qui concerne les applications destinées aux professionnels. 

La FAO souhaite vivement mettre le numérique au service des résultats. Elle mise sur la technologie, l’innovation et les données, qui constituent des accélérateurs transversaux essentiels sur lesquels elle s’appuie dans toutes ses activités pour obtenir des résultats à grande échelle, conformément aux orientations énoncées dans son Cadre stratégique 2022-2031. Cette approche axée sur le numérique au service des résultats a pour but d’accélérer la réalisation des ODD en favorisant:

• premièrement: un accès plus facile et plus rapide à des informations exploitables en temps réel; 
• deuxièmement: une collaboration constante avec les agriculteurs et d’autres acteurs des systèmes agroalimentaires pour qu’ils tirent parti au maximum des nouvelles technologies; 
• troisièmement: une amélioration de l’accès aux marchés, au crédit et à l’assurance grâce aux technologies numériques;
• quatrièmement: l’accès à des solutions agricoles climato-intelligentes reposant sur le numérique;
• cinquièmement: le recours au numérique dans les interventions d’urgence et les mécanismes de protection sociale.

La FAO plaide pour un programme d’action et des investissements publics-privés visant à donner la possibilité au plus grand nombre de tirer parti des avantages du numérique et à lever les obstacles à l’utilisation d’internet, en particulier chez les femmes, les jeunes, les populations rurales et les populations vulnérables. À cet effet, elle met en place des initiatives qui, en rendant la technologie plus abordable, en renforçant les capacités des usagers et en améliorant les infrastructures, permettent d’exploiter le potentiel des technologies de l’information et de la communication. Parmi ces initiatives figurent:

L’Initiative Main dans la main, projet phare de la FAO lancé il y a quatre ans, qui vise à accélérer la transformation de l’agriculture et le développement rural durable pour éliminer la pauvreté (ODD 1), mettre un terme à la faim et à la malnutrition sous toutes ses formes (ODD 2) et réduire les inégalités (ODD 10). En mai 2022, lors du Forum géospatial mondial, qui s’est tenu à Amsterdam, la Plateforme géospatiale de l’Initiative Main dans la main a été désignée meilleure plateforme collaborative au service d’une agriculture fondée sur les données et a reçu à ce titre un prix d’excellence.

La plateforme exploite des données et informations géospatiales pour promouvoir des interventions et des prises de décisions fondées sur des éléments factuels à l’appui d’un développement agricole durable. 

La FAO déploie également l’initiative «1 000 villages numériques», qui vise à convertir des villages du monde entier en pôles numériques pour favoriser l’accélération de la transformation rurale et réduire la fracture numérique, notamment celle qui existe entre les hommes et les femmes et celle dont pâtit le monde rural, afin de contribuer à renforcer la résilience et à diversifier les revenus des agriculteurs.

La FAO soutient activement les actions en faveur d’une utilisation responsable de l’intelligence artificielle, notamment dans le cadre de l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle, des travaux au sein du système des Nations Unies concernant la définition de principes communs en matière d’intelligence artificielle, ainsi que de sa collaboration avec l’Union internationale des télécommunications, qui a par exemple débouché sur la rédaction d’un document commun sur le thème de l’agriculture numérique en action.

Nous devons prendre en compte l’absolue nécessité d’adopter une approche participative axée sur la collaboration entre les différents secteurs et acteurs si nous voulons mener à bien la transformation numérique à l’échelle nationale et mondiale dans tous les segments de l’économie.

Chers collègues,

L’année 2023 est une année charnière, car il est temps d’avancer sur le Pacte numérique mondial, qui devra être entériné lors du Sommet de l’avenir en septembre 2024, dans le sillage de la déclaration politique adoptée en 2020 à l’occasion du 75^e anniversaire de l’ONU ainsi que de la présentation du rapport Notre programme commun par le Secrétaire général de l’ONU en septembre 2021.

La FAO est fermement déterminée à renforcer les partenariats au sein du système des Nations Unies et au-delà. Elle participe activement aux travaux multipartites sur les technologies numériques en apportant ses compétences techniques pour contribuer à bâtir un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous.

Continuons à travailler ensemble de manière efficace, rationnelle et cohérente afin d’exploiter pleinement le potentiel du numérique pour accélérer la réalisation du Programme 2030 et atteindre notre objectif commun des quatre améliorations, en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite des échanges fructueux.