Directeur général QU Dongyu

Réunion conjointe du Comité du Programme et du Comité financier

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

24/05/2024

Je vous remercie, Monsieur le Président du Comité financier et Madame la Présidente du Comité du Programme.

Bonjour à tous, chers membres et collègues, y compris Monsieur le Président indépendant du Conseil.

Le Président indépendant du Conseil assiste à la présente Réunion conjointe en tant qu’observateur spécial.

Je sais que vous avez mené vos travaux avec enthousiasme, de façon intensive et constructive.

Je prononce toujours l’allocution de clôture même si j’étais en déplacement pendant vos sessions. Je me suis rendu en Slovénie pour apporter mon concours au Président slovène qui doit accueillir le Forum international d’action pour une apiculture et une pollinisation durables, au service de l’humanité, de la prospérité et de la paix.

La Slovénie a une importance historique durant ces deux années car elle est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité.

Les Slovènes sont réellement heureux de cette occasion de faire des abeilles un instrument de diplomatie réelle. Je dois les féliciter car j’y suis allé après 100 jours. J’ai en fait créé ce Forum avec le Président slovène, et ils ont changé leur slogan suite à ma suggestion, ils ont donc un tout nouveau slogan.

On sent l’amour à l’intérieur du pays. Dans le nom «Slovenia», il y a «love», l’amour.

Ils écoutent vraiment mes suggestions, alors je suis heureux de travailler avec vous, que vous soyez grand, petit, pauvre ou riche.

Je l’ai dit publiquement: «La Slovénie n’est ni petite, ni pauvre», alors vous pouvez travailler davantage avec la FAO et d’autres si vous le souhaitez. Si vous avez la volonté d’agir, la mienne n’en sera que plus forte.

Je suis ensuite reparti en voiture, direction Saint‑Marin pour une visite officielle, à six heures de route. Je ne sais pas si certains d’entre vous sont déjà allés à Saint‑Marin. Pour les Européens en particulier, Saint‑Marin est peut-être trop petit ou trop éloigné. De Rome à Saint‑Marin, il y a cinq heures de route.

Je l’ai fait pour gagner du temps. Si j’étais rentré à Rome et reparti d’ici, cela m’aurait pris au moins trois jours. Mais en m’y arrêtant sur le trajet du retour, je ne suis resté que 21 heures. J’ai optimisé.

Bien sûr, il faut une bonne santé. On ne va pas se mentir. Je sais que ça été dur pour mes collègues. Godfrey arrive à dormir en voiture. Pas moi. Je dors seulement la nuit, dans un lit. C’est une habitude qui vient de mon enfance à la campagne. On ne dormait jamais par terre ni en voiture parce nous n’avions pas de voiture à l’époque, ni même un camion ou un vélo.

Godfrey a grandi dans une ferme, alors il avait un camion et il pouvait dormir sur la route. Plus tard, quand il est devenu ambassadeur, ça lui a permis de pouvoir dormir en voiture. Moi je n’ai pas pris cette habitude.

Encore une fois, félicitations pour vos débats fructueux de cette semaine. Le Comité du Programme m’a étonné. Vous avez terminé très tôt. Comment avez-vous fait? Vos débats ont donc été si courts?

Nous avons besoin de vos lumières à la fois professionnelles et personnelles. C’est une remarque que je fais souvent au sujet de ces deux comités. On est forcément influencé par ses origines, par son pays, par sa propre expérience. C’est tout à fait normal. On ne vient pas de nulle part.

Je respecte toujours les différences d’opinion, mais elles doivent être communiquées de manière professionnelle et constructive.

Quelques mots également à vous, Madame la Présidente: vous avez fait du bon travail ces 2 dernières années. Ce n’était pas facile. Au début de votre mandat, vous avez été confrontée aux difficultés de la guerre en Ukraine, et aujourd’hui vous vous retrouvez face à ce que fait votre pays et d’autres dans la région. Même politiquement, la situation est donc plus compliquée pour vous. Je comprends parfaitement, et je le redis: «Vous vous en êtes très bien sortie». Je salue particulièrement votre professionnalisme, vos contributions constructives et votre positivité.

Je remercie également les autres membres qui vous ont soutenue. C’est cela, la FAO. C’est cela que nous voulons.

Je respecte toujours les opinions différentes parce que la diversité d’avis des membres permet de débattre de façon constructive et professionnelle. Et alors il est possible de parvenir à un accord malgré les divergences.

C’est cela, l’internationalisme. C’est cela, le multilatéralisme. C’est cela, l’inclusivité.

Et aussi, vous avez votre propre position. Ce n’est pas vous qui décidez. Ce sont les deux comités. Je l’ai dit au début: ce sont vos suggestions personnelles et vos avis professionnels.

Vous pouvez tenter de vous affranchir des frontières et vous heurter à l’opposition de certains membres. C’est ainsi, c’est le jeu.

J’ai suivi toutes les discussions qui se sont déroulées entre vous. Certains collègues étaient inquiets. Je leur ai dit: «Mais non, laissez-les faire».

C’est votre rôle. Au moins, vous avez compris qu’il ne s’agit pas de deux points de vue seulement, mais de trois ou cinq ou six. Ce n’est pas un problème. L’essentiel est de parvenir à une meilleure compréhension mutuelle pour la prochaine session de l’organe directeur qui prend les décisions.

Nous avons aussi parmi nous le Président indépendant du Conseil en qualité d’observateur. Il fait attention à qui a dit quoi. Ainsi, je l’espère, il fera ressortir de vos débats une conclusion nuancée à la prochaine session du Conseil.

L’important, c’est le Conseil. Cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas importants. Vous construisez les fondations, et nous savons que c’est précieux.

J’ai noté avec satisfaction les réactions positives sur un ensemble de sujets, et vos recommandations apporteront une contribution importante aux débats du Conseil lors de sa session du mois prochain.

Je veux parler notamment de l’aide que la FAO prête aux membres pour les aider à mener à bien le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans un contexte de crises simultanées, comme indiqué dans le Rapport sur l’exécution du Programme 2022‑2023.

Et aussi des travaux menés pour renforcer le réseau des bureaux de pays afin d’accroître et d’améliorer l’appui aux membres au niveau des pays.

J’ai eu une discussion professionnelle très intéressante et constructive avec les chefs d’État de Saint‑Marin, et pas uniquement avec eux. J’ai réellement admiré le professionnalisme et la diplomatie réelle de Saint‑Marin. Je comprends maintenant pourquoi ils parviennent à survivre là-bas, au milieu de l’Italie. Vous savez, ils ont même hissé le drapeau de la FAO en hommage à notre organisation.

Certains pays utilisent seulement le drapeau des Nations Unies. Ce n’est pas une erreur, bien sûr, mais ce n’est pas approprié. Si le Directeur général de la FAO vient chez vous et que vous n’arborez pas le drapeau de la FAO au bout de quatre ans – pas quatre mois –, que doit-on en penser?

Vous êtes des diplomates. Je n’ai pas de fonction diplomatique mais j’y fais attention, en tant que représentant de la FAO. Je ne le prends pas pour moi. Mais en Europe et ailleurs, beaucoup de membres n’utilisent toujours pas le drapeau de la FAO. Où est votre identité si vous n’avez pas votre drapeau?

Nous sommes une institution spécialisée des Nations Unies, indépendante. Nous avons notre propre Acte constitutif; nous avons nos propres textes fondamentaux. Si nous décidons de modifier les textes fondamentaux, en tiendrez-vous compte?

Je suis heureux qu’après 10 ans nous ayons besoin de revoir les textes fondamentaux, depuis les préfaces jusqu’à chaque chapitre. Mes collaborateurs du Bureau juridique pourront peut-être effectuer une révision complète des textes fondamentaux comme ils l’ont fait en 2017. Ils avaient commencé en 2015. Alors si vous voulez la version révisée des textes fondamentaux pour l’an prochain, ça me va.

Après 10 ans. Si vous parvenez à un consensus. Sinon, vous pouvez aussi voter. Tout est possible, pour moi c’est possible.

Je l’ai dit, ici même. Quelqu’un veut modifier une petite phrase? Non, si nous voulons changer quelque chose, il faut modifier les textes fondamentaux car, il y a 10 ans, la situation était totalement différente. Quand nous avons commencé, nous n’avions pas le Programme 2030. Il est arrivé après 2015. 

Dix ans plus tard, nous avons non seulement une nouvelle stratégie de travail, mais un nouveau modèle fonctionnel, une nouvelle structure et une nouvelle transparence, c’est pourquoi les textes fondamentaux de la FAO doivent tenir compte de tout cela.

C’est une réflexion qui doit être menée sérieusement, globalement et de façon professionnelle.

Madame Donata Rugarabamu, qui êtes la conseillère juridique, vous devez être prête, et même si vous ne l’êtes pas, je recommanderai au Conseil lors de sa prochaine session, un an après à la Conférence ministérielle de 2025, de réviser les textes fondamentaux car je pense qu’il est temps de le faire. Un grand nombre de membres du Comité des questions constitutionnelles et juridiques, du Comité du Programme et du Comité financier veulent modifier et ajuster les textes fondamentaux. C’est bien. Je ne l’ai pas dit plus tôt car c’est à vous que revient cette initiative, mais maintenant je suis prêt, parce que l’an prochain nous célébrerons le 80e anniversaire de la FAO et que nous avons besoin de nouveaux textes fondamentaux pour le futur, au moins pour les 10 années à venir.

Donata, je suis désolé, vous allez devoir encore travailler jour et nuit. J’ai bien noté toutes vos recommandations: trois comités robustes. Nous devons adopter une démarche globale et professionnelle pour rendre compte des nouveaux progrès, du nouveau scénario et des nouveaux développements mondiaux, qui font évoluer la FAO.

Dans un contexte économique mondial très difficile, vous avez également pu constater les immenses efforts déployés pour mobiliser, avec un succès qui ne s’est pas démenti, des contributions volontaires nécessaires à l’exécution du mandat de la FAO.

Cette augmentation continue des apports de fonds témoigne avec force de la confiance dont la FAO ne cesse de bénéficier.

Il est essentiel de mobiliser le secteur privé et de collaborer avec lui pour atteindre les ODD et réaliser les «quatre améliorations», et le Groupe consultatif informel pour le secteur privé de la FAO demeure une plateforme importante pour renforcer les partenariats utiles.

Ce mois-ci s’est tenu à Santiago le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination. Nous avons longuement réfléchi à cette question. Au sein du système des Nations Unies pourtant, peu de dirigeants sont prêts à aller plus loin dans les moyens de renforcer la collaboration. À la FAO, nous ne sommes pas en tête, mais nous ne sommes pas si à la traîne; nous sommes à peu près au milieu, mais nous devons quand même accentuer nos efforts. Nous pouvons exploiter l’expérience d’autres organisations sur la façon de renforcer la coopération avec le secteur privé.

En effet, beaucoup de membres de la FAO ici présents, et des membres du Conseil, demandent à la Direction ce qu’il faut faire pour cela. Mais avant tout, êtes-vous prêts, vous, les membres? Dites-le franchement, j’ai 30 à 40 ans d’expérience dans ce domaine, bien sûr un gouvernement national ce n’est pas la même chose qu’une organisation internationale. Mais au moins nous avons de nombreux moyens et outils pour travailler avec le secteur privé.

Je l’ai dit plusieurs fois lors d’une visite en Australie en 1999, j’ai appris une chose: comment renforcer des petites cultures comme la tomate, parce qu’en Australie, il n’y a que six producteurs de tomate, mais ce sont de grands exploitants. Ils n’ont pas de programme national en matière d’innovation et de recherche, alors comment ont-ils fait? Ils ont organisé des consultations avec la profession et le secteur privé.

Le Gouvernement a investi un million d’AUD, et le secteur privé un autre million de dollars. Ça a donc commencé sous la forme d’un petit fonds pour financer la recherche et l’innovation.

Et au fur et à mesure, les entreprises privées ont profité de ces innovations, du coup elles ont bien voulu donner plus.

Elles ont dit: «D’accord pour augmenter tous les trois ans, d’accord pour ajuster les fonds». Si la recherche ne donne rien, les fonds diminuent, et du côté des pouvoirs publics aussi. C’est aussi l’impulsion de la recherche, du secteur d’activité et des pouvoirs publics; les trois doivent travailler ensemble pour gagner en efficience, en productivité et bien sûr parvenir à améliorer les produits alimentaires, la nutrition et l’environnement.

Je viens de dire que le travail avec le secteur privé n’est pas le même que celui auprès des pouvoirs publics. Il fait intervenir des domaines différents, des sujets différents, on peut avoir des arrangements différents. Si nous sommes d’accord, si le Conseil prend une décision, nous devrions aller plus loin. Il y a seulement trois ans, nous avons adopté la Stratégie de la FAO relative à la mobilisation du secteur privé. Aujourd’hui, il faut que les actions suivent et entraînent des changements.

Sinon, même si vous êtes un pays riche et développé, vous êtes de moins en moins investi dans l’innovation et les technologies agricoles et dans les zones rurales. Nous devons renforcer la mobilisation et le soutien du secteur privé, non seulement dans la recherche et l’innovation, mais aussi dans d’autres domaines.

Je note par ailleurs avec plaisir que vous avez compris les possibilités importantes qui s’ouvrent à nous grâce au développement de la coopération Sud-Sud et triangulaire.

Et j’insiste sur l’aspect triangulaire.

M. Hans Hoogeveen sait bien de quoi je parle. Lorsqu’il était ambassadeur ici – sans oublier l’Allemagne – il savait comment travailler avec la Chine et soutenir l’Afrique. On a là le véritable triangle, par l’intermédiaire de la FAO bien entendu. Les pays du Sud dans leur ensemble, y compris ceux qui ne sont pas inclus dans la coopération Sud-Sud, sont aujourd’hui disposés à prendre des initiatives et à forger des partenariats avec les autres pays du Sud. J’encourage tous ceux de nos membres qui font partie des pays du Nord à s’engager dans la coopération triangulaire, en tirant parti des avantages comparatifs de chacun ainsi que de ceux des pays du Sud.

Une FAO unie dans l’action devrait aussi utiliser des mécanismes permettant de venir ensemble en aide aux pays vulnérables, aux membres, aux quelque 90 membres vulnérables: PEID, PMA, PDSL.

Il est très important de développer ces mécanismes pour rassembler les donateurs afin d’aider les pays à transformer leurs systèmes agroalimentaires.

Cette semaine, vous avez aussi examiné la feuille de route mondiale de la FAO en vue d’atteindre l’ODD2 sans dépasser le seuil de 1,5 °C, qui dénote l’importance de s’attaquer simultanément aux problèmes de sécurité alimentaire et de nutrition, en même temps qu’à l’énergie et à l’eau, tout en encourageant les actions en faveur du climat.

J’ai été heureux de voir la manière dont les membres ont réagi aux différentes évaluations présentées cette semaine, couvrant des sujets majeurs comme l’eau, les pertes et le gaspillage alimentaires et les bons d’achat.

Les informations et recommandations issues de ces évaluations nous permettront d’obtenir de meilleurs résultats.

Les pertes et le gaspillage alimentaires constituent un défi urgent. Comme cela apparaît dans l’évaluation, la FAO souhaiterait augmenter ses capacités techniques et statistiques afin de pouvoir mieux conseiller les pays en termes de politiques et de solutions techniques et mieux mesurer les pertes et le gaspillage alimentaires, plus particulièrement le gaspillage. Le gaspillage de nourriture a une utilité marginale beaucoup plus grande, d’après les lois et les principes économiques, et nous aurions besoin pour cela de moyens supplémentaires et du soutien des membres.

Nous avons vraiment besoin que quelqu’un engage le processus, à partir d’une petite action, comme je l’ai fait l’an dernier non pas en encourageant mais en mettant au défi mes collègues des services logistiques ainsi que l’Économiste en chef.

Chaque année, nous célébrons la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, alors commençons par mettre nos actes en accord avec nos paroles au niveau du siège.

Après une petite année, 8 mois plus précisément, il y a eu beaucoup de changements à la cafétéria. Je pense qu’ici nous n’avions pas les statistiques. Par rapport à il y a quatre ans, tous les membres du personnel de la FAO et les amis aussi ont été des moteurs du changement.

Je tiens à remercier les membres pour leur soutien constant aux activités de la FAO dans le domaine de l’eau. Nous sommes encouragés par les progrès notables réalisés dans l’application des recommandations issues de l’évaluation menée sur les contributions de la FAO à l’ODD6 et sur ses activités dans le domaine de l’eau. 

Les membres du Comité financier et du Comité du Programme ici présents, mais aussi les membres de la FAO ces deux dernières années, le personnel technique, ont fait vraiment du bon travail ces dernières années. En tant qu’organisation, nous avons besoin d’un engagement professionnel et politique fort. C’est aussi grâce au soutien des membres, et de la coprésidence de la Conférence des Nations Unies sur l’eau.

Après 28 ans, le siège des Nations Unies a mis cette question sur le devant de la scène.

Je remercie la coprésidence du Royaume des Pays-Bas et de la République du Tadjikistan. Ils ont très bien travaillé, en collaboration avec le Secrétaire général des Nations Unies.

Je crois que mes collègues et moi-même avons saisi cette occasion.

Nous avons saisi l’occasion et nous avons aussi défini une stratégie, une feuille de route, et nous avons mis en place le Dialogue de Rome sur l’eau et d’autres initiatives. Cela veut dire de nombreuses années d’appui technique.

C’est comme quand on veut faire bouillir de l’eau. On peut arriver à 90 °C ou 95 °C, mais à la fin on a besoin de 5 degrés d’énergie et d’apports pour avoir une eau à 100 °C qui bout vraiment. Ce sont les progrès sur lesquels nous travaillons ensemble.

Je salue réellement le travail accompli par le Comité du Programme et le Comité financier ces deux dernières années ainsi que par le Conseil et les membres. Pas seulement les membres des comités ici présents, mais tous les membres de la FAO, et mes collègues. 

Cette semaine a également été marquée par la célébration de la Journée mondiale des abeilles, de la Journée mondiale du thé et de la Journée mondiale de la biodiversité. Nous ne manquons pas de journées à célébrer. Si nous savons bien les utiliser, l’impact peut être immense quel que soit le thème à l’honneur. Ces journées nous ont rappelé le rôle crucial des abeilles et des pollinisateurs, du thé et du café.

En fait, nous avons commencé à introduire le café à la FAO grâce à l’Ambassadeur du Brésil, entre autres. C’est une belle occasion pour vous. Nous avons voulu promouvoir ce produit parce qu’il m’inspire du respect. J’aime le thé bien sûr, mais j’aime aussi boire du café. Vous ne le saviez pas, depuis 40 ans. C’est pour cela que je ne suis pas un Asiatique ou un Chinois comme les autres.

Il faut s’ouvrir à d’autres nourritures et d’autres cultures. Devenir plus international et plus inclusif. Cela fait 40 ans que je m’y emploie.

J’apprécie le thé et j’apprécie le café. J’appréciais la bière quand j’étais aux Pays-Bas, j’en buvais pas mal. J’apprécie également le vin et aussi le Maotai, bien sûr. Et je bois parfois de la vodka ou du Bols. Aux Pays-Bas, ils ont le Bols.

J’en ai encore une bouteille à la maison qui date de la fin de mes études. C’est ma réserve personnelle. J’ai acheté la bouteille de Bols la plus chère. Elle coûtait 100 florins. J’avais trouvé ça très cher à l’époque parce que j’étais étudiant. Bref, je l’ai toujours chez moi à Beijing. Je crois que vous avez aussi le gin mais il y en a d’Amérique latine qui sont fabriqués à partir de canne à sucre, et il y a aussi des gins du Pérou.

J’y vois autant de symboles de la vie, et de la biodiversité. C’est très important pour la recherche, pour les ministères de l’agriculture ou le secteur privé. Mais c’est la diversité alimentaire qui reste la force motrice. 

Cette semaine j’étais en Slovénie pour le premier Forum international d’action pour une apiculture et une pollinisation durables, organisé autour du thème «Les abeilles au service de l’humanité, de la planète et de la paix».

Le Forum a souligné la nécessité pour les êtres humains – les apiculteurs – de travailler en collaboration avec la nature – les pollinisateurs – afin de remplir notre engagement collectif de préserver le rôle vital des abeilles dans nos systèmes agroalimentaires et le développement rural.

Et pour la première fois de ma vie, j’ai vu une ruche installée dans les jardins du Ministère des affaires étrangères. Si ça avait été le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, je n’aurais pas été surpris, mais non, la Ministre des affaires étrangères et Vice-Première ministre a été tellement contente de couper le ruban avec moi, d’avoir une ruche dans les jardins du ministère.

C’est un petit investissement; je ne connais pas d’autres exemples chez les membres, dans les universités ni au Ministère chinois de l’agriculture et des affaires rurales; nous avons pourtant un grand terrain à Beijing, mais nous n’avons jamais eu de ruche. Et au Brésil, je sais que le Ministère de l’agriculture a beaucoup d’espace, mais vous n’avez pas de ruche.

Donc, passons de la parole aux actes.

La Slovénie a beau être petite – plus petite même qu’une grande ville brésilienne – là-bas, ils sont extrêmement actifs, je peux vous le dire. J’insiste là-dessus parce que, comme je le répète toujours: si vous voulez vraiment agir, le changement ça commence par une petite chose. Et l’impact est énorme, énorme.

Hier j’étais à Saint‑Marin; je ne dis jamais que c’est un petit pays: mon collègue a préparé les points de discussion et j’ai supprimé tous les adjectifs «petit, petite». Je le redis: «Saint‑Marin n’est pas un petit pays». Nous avons des petites îles, oui. Saint-Marin a 36 000 habitants et fait 61 kilomètres carré – ce n’est pas petit.

Mais surtout, je crois que le pays entretient des relations diplomatiques officielles avec 156 membres sur la planète, et il est la plus ancienne république du monde, créée bien avant l’Italie. C’est l’exemple même du soft power. Côté hard power, ce n’est pas la même chose, mais pour le soft power, si on regarde au-delà des frontières, sur tout le continent, alors Saint‑Marin est l’une des plus grandes nations.

Ils sont pleinement engagés dans l’initiative Villes vertes. En plus de l’initiative, ils ont établi un plan d’action en matière de foresterie urbaine. Ils ont combiné les systèmes agroalimentaires et le tourisme, l’environnement, la foresterie et même les besoins de la fonction publique.

Ils ont une citerne d’eau souterraine de 870 mètres cube. Je plaisante, mais si un jour ils étaient encerclés par les Italiens, ils pourraient survivre plusieurs mois grâce à leurs réserves d’eau. S’ils ne me l’avaient pas dit, je n’aurais pas pu le deviner parce que tout est stocké dans la roche aquifère.

Ils se soucient vraiment de la sécurité de l’approvisionnement en eau, de la sécurité alimentaire et de l’environnement; et après la pandémie, leur économie a progressé régulièrement parce qu’ils sont petits, mais très diversifiés. Avant de rentrer à Rome, sur le trajet, j’ai vu l’un des meilleurs matériaux d’emballage alimentaire d’Europe, voire du monde. C’est un matériau réellement moderne et respectueux de l’environnement parce qu’il est entièrement recyclable. Je me posais des questions sur l’encre: – comment recycler l’encre? Zéro pollution! Ils m’ont montré plusieurs grands contenants servant au recyclage. 

C’est un petit pays, mais ils ont l’une des meilleures technologies qui existent. Ils produisent tous ces matériaux d’emballage pour M&M’s. En Italie, les M&M’s plus célèbres sont ceux au Nutella. Je ne suis pas un grand amateur de confiseries, je n’en mange pas, mais il paraît qu’ils font partie des meilleurs. Je ne cherche pas à faire de la publicité pour cette entreprise. Je dis juste qu’elle fabrique le matériau d’emballage.

J’ai félicité le gouvernement et les habitants de Saint‑Marin pour l’attention permanente qu’ils portent aux problèmes agricoles et environnementaux.

C’est donc une satisfaction pour moi de voir que vous avez réaffirmé la nécessité pour la FAO de continuer à veiller à ce que les questions de biodiversité soient intégrées dans tous les secteurs de l’agriculture, et la nécessité d’allouer des ressources financières adéquates à la mise en œuvre du plan d’action.

Encore une fois, nous avons besoin de votre aide!

Cette semaine, vous avez également reçu des informations actualisées sur la mise en œuvre de la Stratégie de la FAO en matière de science et d’innovation, notamment son plan d’action, et sur les synergies avec les autres stratégies thématiques, en particulier la Stratégie de la FAO relative au changement climatique.

Le portail STI (science, technologie et innovation) joue un rôle essentiel dans la promotion des innovations scientifiques et technologiques, et j’ai été heureux de vous entendre soutenir cet outil important, en phase avec la Stratégie en matière de science et d’innovation. Je m’associe à votre appel en faveur de partenariats encore renforcés si nous voulons faire des progrès notables dans l’intérêt de tous.

Chers collègues,

Continuons à travailler ensemble dans cet esprit de collaboration et de solidarité.

Continuons à accepter les différences d’opinion, et à agir ensemble. Mon degré d’ambition dépendra de ce que vous voudrez faire. Si vous avez la volonté, je suis prêt à vous suivre. Sinon, j’attendrai de voir.

Je suis suffisamment patient, je l’ai dit. Il y a des années, je discutais avec des amis américains du Ministère de l’agriculture des États-Unis. Je leur ai dit, si vous n’êtes pas d’accord, je suis patient, j’ai grandi dans un pays fort de 5 000 ans de civilisation. J’étais jeune. Aujourd’hui, je ne suis plus jeune mais je suis toujours patient.

Continuons à assurer la mission de la FAO et, ensemble, à apporter les meilleurs services possibles aux agriculteurs et aux consommateurs du monde entier qui comptent sur nos avis et nos compétences techniques, en particulier nos activités de consultation sur les politiques publiques, de collecte et d’analyse de données, de partage d’informations, de constitution de plateformes et de mise en relation.

Avec votre soutien, nous pouvons rendre la FAO plus forte et faire en sorte qu’elle ait plus d’impact et soit mieux à même d’obtenir les résultats escomptés.

Je vous remercie de votre attention.