Directeur général QU Dongyu

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ORGANISATION MONDIALE DES AGRICULTEURS «Récolter demain: les agriculteurs façonnent l’avenir de l’agriculture et de la production alimentaire» Déclaration

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

18/06/2024

Chers collègues du FIDA et du PAM,

Cher Ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire de l’Italie,

Cher Président de l’OMA,

Chers invités et chers membres de l’OMA,

Bienvenue chez vous, au siège de la FAO!

Nous sommes réunis aujourd’hui pour aborder les difficultés auxquelles nous sommes tous confrontés en tant que communauté mondiale, notamment les pressions croissantes liées à la disponibilité, à l’accessibilité et à l’abordabilité des denrées alimentaires que subissent les personnes vulnérables dans le monde.

Les systèmes agroalimentaires peuvent nous aider à surmonter cette situation et à relever d’autres défis, ainsi qu’à orienter le monde vers une voie plus durable, tout en accélérant les progrès quant à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Toutefois, nos systèmes agroalimentaires actuels ne permettent pas encore d’obtenir les résultats escomptés et doivent être transformés de toute urgence afin d’être plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Près de 80 pour cent des personnes vivant en situation de pauvreté et d’insécurité alimentaire dans le monde se trouvent dans des zones rurales et la plupart d’entre elles sont des petits exploitants familiaux – ceux-là mêmes qui produisent les aliments destinés à l’ensemble des consommateurs.

Ce sont eux qui sont en proie à de nombreuses difficultés, notamment l’absence d’accès aux ressources dont ils ont besoin et aux marchés, ainsi que l’inégalité des chances.

Nous devons produire plus avec moins.

Nous devons aussi nous efforcer de lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires, les maladies liées à l’alimentation, l’épuisement des ressources naturelles et les effets de la crise climatique, entre autres.

Les agriculteurs contribuent de manière fondamentale à la transformation des systèmes agroalimentaires et en sont concrètement les moteurs.

Ils sont les premiers vecteurs de la transformation nécessaire, en raison de leurs pratiques innovantes et de leurs connaissances traditionnelles considérables.

Le monde compte environ 4,53 milliards de personnes vivant dans les zones rurales et 608 millions d’exploitations agricoles, dont plus de 90 pour cent sont dirigées par un individu ou une famille et reposent essentiellement sur la main-d’œuvre familiale.

Bien que de petite taille, ces exploitations représentent, en valeur, quelque 80 pour cent de la production alimentaire mondiale.

Elles remplissent également des fonctions environnementales, sociales et culturelles essentielles.

Gardiens de la biodiversité, les petits exploitants sont profondément ancrés dans leur communauté et dotés d’une compréhension et d’une capacité uniques leur permettant de protéger les écosystèmes, les connaissances et le patrimoine au niveau local.

Les agriculteurs familiaux forment aussi la plus grande partie des investisseurs privés dans l’agriculture et sont l’épine dorsale de la structure économique rurale.

Malgré leur rôle primordial, ils sont souvent les plus vulnérables et les plus touchés par la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Mesdames et Messieurs,

Pour surmonter les obstacles, les agriculteurs doivent mieux se coordonner et renforcer leur collaboration, afin d’améliorer leur accès aux ressources agricoles, aux services publics et aux politiques.

L’Organisation mondiale des agriculteurs (OMA), qui regroupe plus de 80 organisations nationales d’agriculteurs du monde entier, illustre parfaitement l’efficacité de cette collaboration.

Les organisations de producteurs peuvent réaliser des économies d’échelle au niveau des intrants agricoles, des machines et des technologies et améliorer l’accès aux ressources financières et aux marchés.

Elles assurent également la diffusion des connaissances, des informations et des innovations et créent des réseaux de solidarité au sein des communautés rurales.

Enfin, elles sont à même de contribuer au changement de politiques, en établissant un lien entre les solutions locales et les objectifs et les enjeux de portée nationale et mondiale.

La FAO travaille en étroite collaboration avec différentes organisations d’agriculteurs, notamment par l’intermédiaire de l’OMA, en vue de promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires.

Elle s’appuie sur des partenariats efficaces pour mener à bien ses activités.

Nous devons créer un environnement favorable à la prise de décisions participatives et fondées sur des données probantes, qui donne à tous les acteurs de la chaîne de valeur les moyens d’agir, sans laisser personne de côté.

Ensemble, nous pouvons mettre en œuvre des solutions innovantes à grande échelle.

La FAO est fière de jouer le rôle de chef de file au sein du système des Nations Unies, aux côtés du FIDA, dans la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028).

Celle-ci a été instaurée pour promouvoir des politiques publiques offrant un meilleur soutien aux agriculteurs familiaux dans le monde entier.

La FAO se réjouit de travailler avec l’OMA, qui assurera la vice-présidence du comité directeur international chargé de la Décennie des Nations Unies.

D’autant plus que 2024 marque le 5e anniversaire de la Décennie des Nations Unies et se situe donc à mi-parcours de sa mise en œuvre².

La manifestation d’aujourd’hui se veut une étape essentielle vers le Forum mondial de l’agriculture familiale, qui se tiendra à Rome en octobre 2024, et qui sera l’occasion d’annoncer officiellement l’arrivée à mi-parcours de la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale.

Par ailleurs, le mois dernier, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2026 «Année internationale des agricultrices». Cette décision témoigne à nouveau de l’importance accordée aux femmes rurales depuis que l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé, en 1996, de faire du 15 octobre la Journée internationale des femmes rurales.

L’Année internationale des agricultrices ne manquera pas d’ajouter une excellente occasion de promouvoir des politiques et des actions efficaces contre les obstacles et les difficultés auxquels les agricultrices sont confrontées dans l’ensemble des systèmes agroalimentaires.

J’encourage l’OMA à mieux faire connaître le rôle crucial que les agricultrices du monde entier jouent au sein des systèmes agroalimentaires et à promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation de toutes les femmes dans le secteur agricole.

Chers collègues,

Nous devons mettre en place des mesures incitatives non seulement pour les agriculteurs d’aujourd’hui, mais aussi pour les futures générations d’agriculteurs familiaux, notamment les agricultrices.

La FAO continuera à reconnaître les contributions vitales apportées par les agriculteurs familiaux à la transformation des systèmes agroalimentaires, et cette Assemblée constitue une plateforme importante qui permet à ces petits exploitants d’avoir voix au chapitre, de partager leur expérience, de renforcer la solidarité et de tirer des enseignements de l’expérience des uns et des autres.

L’objectif est de tirer parti de tout leur potentiel au service des quatre améliorations, à savoir celles qui concernent la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, sans laisser personne de côté.

Vous avez le pouvoir de changer la donne au sein des systèmes agroalimentaires et êtes les garants de la sécurité alimentaire et de la durabilité de la planète.

Je vous remercie de votre attention.