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A la suite d'une diminution des récoltes en 1996/97, la situation globale des disponibilités alimentaires reste tendue avec une augmentation marquée des prix des denrées, qui ne sont plus à la portée de larges segments de la population. La distribution de l'aide alimentaire se poursuit dans les régions agricoles pastorales et marginales touchées par une sécheresse prolongée pendant la saison des courtes pluies de 1996/97. Les perspectives initiales concernant la principale culture céréalière des pluies longues de 1997, qui sera récoltée à partir d'octobre dans les principales zones agricoles, sont favorables en raison des pluies abondantes de la fin mars et avril. Dans les zones pastorales des provinces de l'est et du nord-est, des précipitations satisfaisantes ont entraîné une régénération des pâtures et une reconstitution des réserves en eau, améliorant progressivement la situation alimentaire. Toutefois, les précipitations ont été tardives et importantes dans la plupart des régions, ce qui a retardé les opérations d'ensemencement et provoqué une réduction des intentions de mise en culture du maïs. Malgré les prix actuels élevés du maïs, les premières estimations montrent que les zones ensemencées seront inférieures aux objectifs. Quoiqu'il en soit, si les bonnes conditions atmosphériques persistent pendant le reste de la saison de croissance, les rendements et la production devraient augmenter sensiblement l'année prochaine à la suite d'une utilisation plus importante d'intrants agricoles.
Les prix du maïs au moment de l'ensemencement, qui se situaient entre 1 400 et 1 600 shillings kenyans par sac de 90 kg, étaient deux fois supérieurs au niveau qu'ils avaient atteint à la même période de l'année précédente. Dans les principales zones de culture de la province du Rift Valley (Eldoret, Kitale, Nakuru), le prix du maïs en mars-avril était de 160 pour cent supérieur à celui de 1996. Toutefois, malgré les incitations à produire induites par les prix élevés et les pluies abondantes, l'augmentation prévue des surfaces ensemencées en maïs ne s'est pas produite en raison du démarrage tardif de la saison et de l'abandon du maïs au profit du blé dans certaines régions. Dans les régions où cette substitution était possible et a eu lieu l'année dernière (par exemple dans le District de Uasin Gishu), des prix stables du blé ont empêché les agriculteurs de revenir au maïs dont les prix avaient considérablement fluctué ces dernières années.
Fin avril, les premières estimations montraient que les surfaces cultivées en maïs atteignaient 1 044 millions d'hectares. Ce chiffre est inférieur à l'objectif de 1,2 million d'hectares fixé par le Ministère de l'agriculture mais comparable au niveau normal de 1995. Dans la province du Rift Valley, important producteur de maïs, qui représente environ 60 pour cent de la récolte pendant la saison des pluies longues, les mises en culture ont baissé de 19 pour cent par rapport au bas niveau de l'année précédente en raison des facteurs
mentionnés ci-dessus. En revanche, dans les provinces du Nyanza, de l'est et du centre, où les pluies courtes sont importantes pour la production vivrière et où les récoltes de 1996/97 avaient gravement diminué, l'ensemencement a augmenté sensiblement à la suite des précipitations satisfaisantes de l'actuelle campagne. La petite taille des parcelles et la faible mécanisation agricole dans ces provinces ont permis aux agriculteurs de mieux faire face au début tardif de la saison des pluies.
Les perspectives concernant les surfaces actuellement ensemencées de blé sont prometteuses et l'ensemencement devrait rester au niveau supérieur à la moyenne de l'année dernière. En revanche, les surfaces ensemencées de haricots et de pommes de terre devraient diminuer en raison d'une grave pénurie de semences due à la mauvaise récolte de la saison des pluies courtes de 1996/97.
Sous réserve que des conditions météorologiques favorables persistent pendant le reste de la période de pousse, les rendements du maïs devraient être supérieurs à la fois au niveau normal et au niveau réduit de l'année dernière, en raison d'une utilisation accrue d'intrants agricoles. Alors que les prix des semences et des engrais sont restés stables par rapport à l'année dernière ou ont même chuté dans certains cas, les prix du maïs ont augmenté sensiblement, rendant l'utilisation d'intrants attractive au plan économique. L'effet positif sur les rendements seront plus importants dans les principales zones de culture de la province du Rift Valley où presque tous les agriculteurs utilisent des engrais et quelque 60 pour cent achètent des semences certifiées.
D'une manière générale, les premières prévisions
font état d'un rendement du maïs supérieur aux niveaux
moyen et inférieur à la normale de l'an passé, mais
bien inférieur à celui de la récolte exceptionnelle
de 1994. On prévoit également une récolte de blé
satisfaisante. Toutefois, la production de haricots et de pommes de terre
devrait rester faible.
Fin avril, les stocks de maïs de l'Office national des céréales et des produits (NCPB) atteignaient, si l'on inclut ses importantions récentes, 72 000 tonnes, chiffre inférieur à l'objectif de 270 000 tonnes fixé par la Réserve stratégique de céréales. Les prélèvements sur les stocks du NCPB reflètent les importantes distributions d'aide d'urgence aux régions touchées par la sécheresse. Les stocks de maïs détenus par les agriculteurs auraient atteint des niveaux minimum à la suite de la baisse de la production de 1996/97, alors que ceux des négociants et des minotiers sont considérés comme négligeables. Au 30 avril 1997, le prix du maïs sur le marché de Nairobi, qui a augmenté régulièrement depuis mars 1996, était de 1 500 shillings kenyans par sac de 90 kg (320 $ E.U par tonne), soit 108 pour cent au-dessus du niveau d'il y a un an. Le prix des haricots, qui s'établissait à 6 200 shillings kenyans par sac (1 323 $ E.U. par tonne), a augmenté de 206 pour cent par rapport à l'année passée. L'augmentation importante des prix du haricot reflète également les importations limitées dues aux mauvaises récoltes de la saison courte des pluies en 1997 dans les pays voisins. Les pénuries ainsi que les prix élevés des haricots devraient se poursuivre en 1997. Le prix de la pomme de terre a également augmenté de façon significative. L'augmentation des prix des denrées alimentaires est largement supérieure au niveau général de l'inflation dans le pays, estimé à 9 pour cent en 1996 et chiffré à 15 pour cent pour 1997.
Le tableau 1 montre les prix moyens du maïs et des haricots pour avril 1996, octobre 1996 et avril 1997 dans six principaux centres urbains.
Tableau 1: Prix de gros moyen du maïs et des haricots dans six principaux centres urbains, octobre 1996/avril 1997 (Shilling kenyans/sac de 90 kg) et variation en pourcentage avril 1996/avril 1997.
VILLE | MAIS | HARICOT 1/ | ||||||
avril
1996 |
octobre
1996 |
avril
1997 2/ |
variation en % avril 1997/avril 1996 |
avril
1996 |
octobre 1996 | avril
1997 |
variation en % avril 1997/
avril 1996 |
|
Nairobi | 721 | 1,119 | 1,500 | 108 | 2,025 | 2,576 | 6,200 | 206 |
Monbasa | 865 | 1,175 | 1,480 | 71 | 2,128 | 2,482 | 6,200 | 191 |
Eldoret | 555 | 853 | 1,400 | 152 | 2,000 | 1,812 | 4,500 | 125 |
Kitale | 524 | 830 | 1,360 | 160 | 1,560 | 1,840 | 4,400 | 182 |
Kisumu | 766 | 1,020 | 1,700 | 122 | 2,410 | 2,363 | 5,200 | 116 |
Meru | 545 | 978 | 1,400 | 157 | 1,530 | 2,625 | 5,400 | 253 |
Source: Office d' information en matière
de commercialisation, Ministère de l'agriculture (chiffres compilés
par le PAM, Nairobi).
1/ Haricots coco.
2/ Provisoire.
Dans les zones pastorales de l'est et du nord-est, touchées en grande partie par la sécheresse depuis novembre dernier, des pluies supérieures à la normale en avril ont régénéré les pâtures et réalimenté les ressources en eau. Les bergers qui s'étaient déplacé à la recherche de nourriture et d'eau sont retournés dans leur région d'origine. Les animaux se rétablissent progressivement et la production de lait a également repris. L'amélioration de la santé des animaux, associée à des disponibilités d'eau et à un rétablissement partiel des prix du bétail, entraîne une amélioration progressive de la situation alimentaire et sanitaire dans ces régions. Toutefois, l'appauvrissement des réserves et des ressources céréalières, ajouté au niveau élevé actuel des prix des denrées, signifie que la population pastorale restera tributaire de l'aide alimentaire pendant les mois à venir, jusqu'à ce que les troupeaux se soient complètement rétablis.
Dans les régions agricoles marginales des provinces de l'est, du centre et du litoral, où les cultures de la saison des pluies courtes ont été mauvaises pour la troisième année consécutive, on prévoit que la situation alimentaire restera tendue jusqu'à la prochaine récolte de juillet. Toutefois, les pluies d'avril ont amélioré les disponibilités en eau, permis la production de légumes et autres cultures à cycle court et stimulé les ressources provenant de la pêche. Cela a contribué à alléger quelque peu les difficultés.
Les programmes de distribution d'aide alimentaire se poursuivent dans
40 districts des zones pastorales et agricoles marginales. Dans le cadre
de l'opération d'urgence 5803, approuvée conjointement par
le Directeur général de la FAO et le Directeur exécutif
du PAM en février 1997, une aide d'urgence est fournie par le Programme
à 852 000 personnes touchées par la sécheresse, outre
l'assistance continue fournie dans le cadre du programme d'alimentation
scolaire à 350 000 enfants. L'attribution de l'aide alimentaire
par le Gouvernement cible un plus grand nombre de personnes mais l'impact
nutritionnel est réduit en raison des faibles quantités distribuées
à chacun.
Tableau 2: Kenya - Situation de l'offre et de la demande de maïs,
1996/1997 (octobre/septembre) (en millions de tonnes)
Population: 28,85 millions
Disponibilité nationales | 2,743 |
Stocks d'ouverture | 583 |
Production | 2,160 |
Utilisation 1/ | 3,464 |
Utilisation alimentaire | 2,770 |
Utilisation comme fourrage | 86 |
Autres utilisation/pertes | 358 |
Stocks de clôture | 250 |
Besoins d’importations | 721 |
Importations commerciales | 503 |
Aide alimentaire | 218 |
1/ Les besoins d'importation de maïs de 721 000 tonnes calculés par la FAO sont légèrement différents des estimations du Gouvernement qui s'établissent à 639 000 tonnes, principalement parce que ces dernières ont été calculées en tenant compte seulement de l'utilisation du maïs en tant qu'aliment.
Après avoir déclaré l'urgence alimentaire en février 1997, le Gouvernement a autorisé jusqu'à la fin juin des importations de maïs en franchise de douane, pour un maximum de 360 000 tonnes. Après cette date, la réglementation antérieure prévoyant un droit de 25 pour cent sur la valeur du maïs importée (soit 2,5 shillings kenyans par kg) sera rétablie. Le Gouvernement a l'intention de protéger la production domestique en évitant des importations au moment de la récolte, et d'empêcher ainsi de perturber le marché, comme ce fut le cas en 1994/95. Toutefois, il faut noter que la récolte qui commence en juillet ne concerne que des zones bénéficiant de pluies courtes et de pluies longues, alors que le gros de la récolte est normalement ramassé à partir d'octobre. Non seulement les récoltes de maïs faites en juillet représentent moins de 20 pour cent de la production de la saison des pluies longues, mais aussi la plupart des cultures sont pratiquées dans les provinces de l'est et dans certaines parties des provinces du centre où la production est consacrée en grande partie à la subsistance. Les excédents commercialisables proviennent seulement de certaines parties des provinces du Nyanza et de l'ouest. Si le volume autorisé des importations en franchise de douane n'est pas atteint d'ici la fin juin, les importations de maïs devront être soumises à un droit de 25 % et les prix augmenteront considérablement entre juillet et septembre, d'autant plus que le NCPB ne dispose pas de stocks qu'il pourrait mettre sur le marché pendant cette période, ce qui était la pratique habituelle avant la libéralisation des marchés.
Les importations de maïs destinées aux distributions d'aide alimentaire et au secteur commercial sont consignées depuis février. Les importations d'aide alimentaire s'élevaient à la fin mars à 88 000 tonnes. Ce chiffre inclut les 38 000 tonnes importées par le PAM et les 50 000 tonnes importés par le NCPB, qui est sur le point de recevoir 50 000 tonnes supplémentaires et prévoit une importation additionnelle de 80 000 tonnes qui seront distribuées jusqu'au début août.
Les autorisations d'importations commerciales autorisées par le Gouvernement portent au total sur 360 000 tonnes. Les importations réelles enregistrées dans le port de Mombasa ont atteint 235 000 tonnes au 30 mars 1997. Quatre+vingt mille tonnes supplémentaires étaient prévues en avril. Le secteur privé semble réagir positivement aux incitations commerciales du Gouvernement, malgré le plafond imposé au volume pouvant être importé sans droit de douane et le délai fixé. Ces contraintes associées à des réglementations commerciales qui ont beaucoup changé ces dernières années, font que l'activité d'importation est aux dires des intéressés eux+mêmes assez risquée.
Les projections qui tiennent compte des importations prévues montrent que les importations de maïs provenant toutes sources confondues jusqu'à la fin avril s'élèvent à 421 000 tonnes, soit un peu plus de la moitié des besoins d'importation estimés à 721 000 tonnes par la FAO.
Cependant, une fois tenu compte des importations d'aide alimentaire,
la FAO estime que, pour couvrir complètement le déficit et
maintenir des niveaux de consommation normale en 1996/97, les importations
commerciales devraient atteindre 503 000 tonnes. Même si la totalité
des importations de maïs commerciales autorisées par le Gouvernement
(360 000 tonnes) est atteinte, il y aura toujours un déficit de
143 000 tonnes. Ce déficit pourrait être quelque peu inférieur
si l'on prend en compte les importations commerciales transfrontières
qui ne sont pas enregistrées en général. Etant donné
que de nouvelles annonces de contributions alimentaires sont peu probables
dans les mois à venir, le NCPB pourrait envisager de réviser
à la hausse ses objectifs d'importation de maïs, fixés
pour le moment à 180 000 tonnes. Une autre solution consisterait
à relever le plafond des importations commerciales en franchises
de douane pour permettre un approvisionnement suffisant pendant les mois
creux précédant la prochaine récolte d'octobre.
Le présent rapport est préparé sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO; il contient des informations de sources officielles et officieuses et ne peut être utilisé qu’à des fins officielles . Étant donné que les circonstances peuvent changer rapidement, vous pouvez contacter M. Abdur Rashid, Chef de ESCG, FAO, (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5225-4495, courrier électronique (INTERNET) : [email protected] pour toute autre information dont vous auriez besoin. |