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Après l’évaluation intérimaire des effets de la sécheresse de cette année, effectuée en août, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue en République Populaire Démocratique (RPD) de Corée du 21 octobre au 4 novembre pour estimer le volume final de la récolte de cette année et évaluer les perspectives des approvisionnements alimentaires pour la campagne de commercialisation de 1997/98. Cette évaluation s’est fondée sur des entretiens avec les départements clés du gouvernement, des institutions des Nations Unies et des ONG et sur des tournées d’inspections dans les principales zones agricoles, not mment dans les provinces d’Hwangae Nord et Sud, de Pyongan Sud et de Kangwon. En outre, pour évaluer les disponibilités et la distribution alimentaires, la mission a effectué un certain nombre de visites, parfois surprise, chez des ménages individuels des zones urbaines et rurales, dans des entrepôts et des centres de diffusion et de distribution de céréales, des écoles et des garderies.
La mission a constaté que les effets négatifs de la sécheresse prolongée de cette année s’étaient surtout traduits par une diminution considérable de la production de maïs, l’une des deux principales céréales produites dans le pays. La production de maïs non irrigué, qui couvre la majeure partie de la surface sous production, a été fortement réduite, mais on peut encore compter sur un niveau de production acceptable dans les zones irriguées à des degrés divers. La production globale de maïs est estimée à environ 1,14 million de tonnes, soit plus de 50 pour cent de moins que le niveau qui aurait pu être obtenu cette année avec des conditions météorologiques favorables. Cette forte chute de la production du maïs s’est accompagnée de réductions notables dans les principales zones de production du nord-est de la Chine, qui ont également été touchées par la sécheresse cette année. L’impact négatif de la sécheresse sur la production rizicole a cependant été nettement moins prononcé car cette culture est essentiellement irriguée. Malgré la forte baisse du niveau de quelques réservoirs d’eau d’irrigation, surtout de ceux qui sont alimentés par l’eau de pluie, les cultures n’ont pas autant souffert du manque d’eau que ne l’avait prévu la mission précédente du mois d’août. En outre, dans les zones où l’irrigation est assurée, les rendements en paddy seraient plus élevés que prévu au vu des pénuries actuelles d’intrants. Ce phénomène est attribué à divers facteurs, notamment à l’utilisation plus efficace des engrais et à l’emploi accru de main-d’oeuvre. Dans les zones côtières, les cultures de riz ont également été un peu endommagées par les raz-de-marée qui ont inondé les terres après le typhon Winnie, à la fin du mois d’août. Cependant, lors de l’évaluation finale de la récolte de cette année, les pertes dues aux typhons ont été jugées moins importantes qu’on le prévoyait antérieurement. La production de riz usiné en 1997, après prise en compte de ces pertes, est estimée à environ 1,52 million de tonnes, ce qui, avec le maïs, porte la production totale de céréales à 2,66 millions de tonnes en équivalent riz usiné ou à 3,48 millions de tonnes en équivalent paddy. Les disponibilités intérieures de céréales seront donc cette année encore bien inférieures aux besoins pour la troisième année consécutive et une fois de plus le pays devra mobiliser une aide alimentaire substantielle pour satisfaire la demande.
L’offre réduite de céréales ces dernières années a conduit à modifier considérablement la stratégie d’utilisation des céréales pour faire face à la crise. Le changement le plus important a été la réduction des utilisations fourragères des céréales et la diminution du cheptel. Bien évidemment, cette réduction aura des conséquences à long terme car les disponibilités de protéines animales dans le régime alimentaire tomberont bien en dessous des niveaux considérés comme souhaitables. Si l’on tient compte de ces réductions, tout en maintenant les utilisations vivrières à un niveau minimal, il faudra importer environ 1,95 million de tonnes de céréales en 1997/98. Sur ce total, on estime que les importations commerciales, y compris le commerce transfrontalier officieux avec la Chine, représenteront 700 000 tonnes, alors que l’aide alimentaire engagée dans la filière fournira 241 000 tonnes de plus. Le déficit restant à couvrir par une aide alimentaire, notamment dans le cadre de programmes, s’élève donc à environ un million de tonnes.
En ce qui concerne les questions générales des disponibilités et de l’aide alimentaires, la mission a fait les observations suivantes. Si l’incidence de la malnutrition chronique ne s’est pas généralisée davantage, c’est dans une large mesure grâce à l’aide alimentaire sans précédent qu’a reçue le pays au cours des deux dernières années. Sans cette assistance, il n’y a guère de doute que les problèmes auraient été plus graves, en particulier parmi les groupes vulnérables, comme les enfants. La mission note cependant qu’aucun indice quantitatif acceptable de l’ampleur actuelle de la malnutrition dans le pays n’ayant été mis à sa disposition, une évaluation complète et détaillée doit être entreprise [ Le PAM et d’autres institutions des Nations Unies ont effectué une étude portant sur 3965 enfants de moins de sept ans dans 40 garderies et jardins d’enfants situés dans 19 comtés de 4 provinces. La méthodologie employée n’était pas basée sur des sondages aléatoires, si bien que les résultats ne sauraient être considérés comme représentatifs de l’ensemble du pays. Ils serviront cependant de base pour une étude plus étendue et plus représentative, dans le futur. ] . Ceci est d’autant plus important que l’on craint que les difficultés d’approvisionnement alimentaire et les problèmes sanitaires endémiques sur plusieurs années (pré-urgence), ajoutés aux pénuries alimentaires dramatiques de ces dernières années, n’entraînent des carences nutritionnelles, accompagnées de symptômes, tels que retards de croissance. En outre, de plus en plus d’éléments indiquent que la consommation alimentaire est beaucoup plus "polarisée" dans la population qu’on le pensait. Cette concentration s’explique par plusieurs facteurs: problèmes de transport; différences géographiques, certaines provinces étant mieux équipées que d’autres pour faire face à des pénuries; accès aux vivres plus facile dans les campagnes que dans les villes; et disparité d’accès aux biens et aux envois de fonds de l’étranger permettant d’acheter des aliments sur les marchés "privés" naissants, encore relativement peu développés. Il est donc indispensable de mieux cibler l’aide alimentaire.
Compte tenu des possibilités limitées de développer la production vivrière intérieure grâce à une expansion de la surface cultivée et des contraintes climatiques qui font qu’il n’était possible de récolter qu’une campagne chaque année, les efforts ont été concentrés dans le passé sur l’intensification de l’agriculture pour accroître les rendements à l’hectare. Cette orientation reposait largement sur l’irrigation, la mécanisation, l’application d’engrais chimiques pour renforcer les rendements, et la fourniture d’énergie électrique. Bien que l’on estime que 80 pour cent de la surface sous céréales puisse être irriguée, ce potentiel a été réduit car beaucoup d’ouvrages d’irrigation ont été endommagés par les inondations dévastatrices de 1995 et 1996. En outre, par suite de la crise économique que traverse actuellement le pays, les prestations d’autres services agricoles ont considérablement diminué. L’utilisation d’engrais chimiques a enregistré un recul notable dans les années 90 en raison de la diminution des importations de pétrole pour les manufactures et des importations directes d’engrais; les machines agricoles sont inutilisées, soit parce qu’elles sont obsolètes, soit à cause des pénuries de carburants et de pièces détachées, alors que la fourniture d’électricité pour les diverses opérations agricoles a diminué à cause de la forte baisse de la capacité des centrales. Tous ces facteurs se sont combinés pour réduire considérablement la productivité et l’agriculture est de plus en plus tributaire de la main-d’oeuvre, de la traction animale et des engrais organiques.
En ce qui concerne spécifiquement les engrais, les difficultés économiques ont entraîné ces dernières années un déclin notable de la fabrication, de l’importation et de l’utilisation d’engrais chimiques. Le pays possède actuellement trois unités de production à Namhung dans le Sud-Ouest et à Hungnam et Aoji dans l’Est/Nord-Est. Cependant, le secteur manufacturier se heurte à deux gros problèmes: premièrement, les équipements sont obsolètes et mal entretenus, si bien que des investissements considérables sont nécessaires pour moderniser les usines et améliorer leur capacité de production, et deuxièmement la grave pénurie de matières premières, principalement de pétrole. On estime que si les usines tournaient à pleine capacité, il serait possible de produire chaque année quelque 410 000 tonnes d’équivalent azote. Or cette année, le gouvernement estime qu’environ 300 000 tonnes d’urée, de fabrication locale ou importée, ont été fournies à l’agriculture. D’après la mission, moins de la moitié de ce volume a été produit dans le pays. Une part importante de la fourniture totale d’éléments nutritifs est réservée à la production de fruits et de légumes. Compte tenu de cela, on estime qu’entre 50 et 60 kg/ha d’équivalent azote ont été appliqués aux cultures de riz et de maïs en 1997, alors que la dose optimale d’azote serait d’environ 120 à 125 kg/ha. Le déficit actuel des applications est donc, en gros, de 50 à 60 pour cent. La corrélation entre la baisse de l’utilisation d’engrais et le déclin de la production de maïs et de paddy est illustrée aux graphiques 1 et 2.
Un phénomène perturbateur pour l’environnement semble s’être accéléré ces dernières années sous l’effet des pénuries alimentaires: de plus en plus de terres très marginales ont été mises en culture, sur les versants des collines. Ceci a obligé à déboiser de grandes surfaces et exacerbé les problèmes d’érosion des sols et d’envasement. L’augmentation des dépôts de limon dans les cours d’eau a, à son tour, accru le risque d’inondations, même les années où les pluies sont relativement modérées.
On cultive du blé, de l’orge et du mil en quantités limitées, mais les principales cultures céréalières sont le riz et le maïs. Le riz est principalement produit dans le sud-ouest du pays, où sont concentrés la plupart des ouvrages d’irrigation et où le climat est un peu plus propice. Le maïs est la culture dominante dans les hauts plateaux du nord. Le manque de terres et la priorité donnée au riz et au maïs ont conduit à cultiver les terres en permanence, sans pratiquer la rotation des cultures et la mise en jachère, ce qui a aggravé le problème de l’appauvrissement des sols.
D’après les observations de terrain, les densités de plantation à l’hectare sont relativement élevées et se situent dans une fourchette de 420 000 à 480 000 plants/hectares pour le riz et de 70 000 à 80 000 plants/ha pour le maïs. La dose d’ensemencement est aussi relativement élevée, puisqu’elle oscille entre 120 et 150 kg/ha pour le riz repiqué, et entre 40 et 50 kg/ha pour le maïs. Vu la qualité des semences, et les pertes et les dégâts potentiels, ces taux sont assez représentatifs de la plupart des autres pays d’Asie du sud-est, à l’exception du Japon où ils sont nettement plus faibles. Le Tableau 1 recense les principaux types de semences disponibles, avec le pourcentage de la surface ensemencée et leurs autres caractéristiques, dans des conditions favorables. Le choix du type de semences est fonction de l’altitude et de la durée, en nombre de jours, de la période sans gelées, dans les différentes zones.
Tableau 1: Types de semences dominants et principales caractéristiques
Type de semences | Durée en jours | Rendement optimal (tonnes/ha 2) | Rendements moyens (tonnes/ha 3) | % de la surface totale ensemencée |
Riz | ||||
Pyongyang | 180 | 10 | 7 | 70-80 |
Hamzu | 150-160 | 5-6 | 4-5 | |
Yomzu | 135 | 4-5 | 3-4 | 20-30 |
Pyonbuk | 160-170 | 6-7 | 4-5 | |
Autres | - | - | - | |
Maïs | ||||
Hwansong5 | 110-135 | 7-8 | 6.5 | 55 |
Unsan | 110-135 | 8 | 6-6.5 | 20 |
Pyongan | 150 | 10 | 5-6 | 15 |
Autres | 150 | - | - | 10 |
Compte tenu de la rareté des terres productives, les systèmes de culture intensifs non mécanisés ont gagné du terrain ces dernières années, à cause de la pénurie de machines en bon état de marche et de carburant. On doit donc normalement faire appel pour les principaux travaux agricoles à une main-d’oeuvre importante, embauchée parmi les travailleurs non agricoles venus des villes.
La sécheresse a surtout eu des effets négatifs sur les cultures pluviales de maïs, mais elle a aussi eu pour autre conséquence importante de réduire le niveau d’eau de certains réservoirs d’irrigation, principalement alimentés par l’eau de pluie. La baisse du niveau de ces réservoirs aura aussi une incidence négative sur les perspectives de récolte de 1998, car le volume d’eau disponible sera très insuffisant pour la préparation des terres et les principaux travaux d’ensemencement, en avril et en mai prochains.
D’ici le début de la prochaine campagne agricole, des pluies limitées et la fonte des neiges rempliront un peu les réservoirs, mais leur niveau restera très insuffisant car, durant ces mois-là, les précipitations sont faibles dans le pays (graphiques 3 et 4). Actuellement, d’après les observations, on estime que les niveaux de certains réservoirs n’atteignent que 20 à 30 pour cent de leur capacité.
En plus de la sécheresse, les cultures des zones côtières
ont été gravement endommagées à la fin du mois
d’août par des raz-de-marée dus au typhon Winnie qui ont détruit
les digues qui protégeaient la côte ouest des intrusions d’eau
de mer. Dans ces zones, la récolte de riz a été complètement
détruite ou est impropre à la consommation, car les grains
ont une teneur en sel trop élevée.
Les estimations officielles des surfaces cultivées cette année
en maïs et en riz, dans chaque province, figurent au Tableau 2.
Province | Riz | Maïs | Total | |||
Surface | % du total | Surface | % du total | Surface | % du total | |
Pyongyang | 26 302 | 4.4 | 16 289 | 2.3 | 42 591 | 3.3 |
Pyongan Sud | 98 495 | 16.4 | 72 208 | 10.3 | 170 703 | 13.1 |
Pyongan Nord | 104 951 | 17.5 | 105 213 | 15.0 | 210 164 | 16.2 |
Chagang | 6 859 | 1.1 | 39 915 | 5.7 | 46 774 | 3.6 |
Hwangae | 150 117 | 25.0 | 105 378 | 15.1 | 255 495 | 19.6 |
Hwangae Nord | 49 852 | 8.3 | 85 270 | 12.2 | 135 122 | 10.4 |
Kangwon | 36 208 | 6.0 | 41 828 | 6.0 | 78 036 | 6.0 |
Hamyong Sud | 59 868 | 10.0 | 53 212 | 7.6 | 113 080 | 8.7 |
Hamyong Nord | 22 954 | 3.8 | 59 296 | 8.5 | 82 250 | 6.3 |
Ryangang | 1 975 | 0.3 | 9 599 | 1.4 | 11 574 | 0.9 |
Kaesong | 12 412 | 2.1 | 2 633 | 0.4 | 15 045 | 1.2 |
Nampo | 15 529 | 2.6 | 8 640 | 1.2 | 24 169 | 1.9 |
Autresa | 15 000 | 2.5 | 50 000 | 14.3 | 115 000 | 8.8 |
Total | 601 000b | 100.0 | 650 000b | 100.0 | 1 251 000b | 100.0 |
En termes de potentiel agricole, les provinces du Hwangae Nord et Sud représentent environ 30 pour cent et celle du Pyongan Nord 16 pour cent des principales superficies céréalières.
Par rapport à la superficie cultivée dans les fermes gérées par les coopératives ou par l’Etat, l’augmentation est estimée à 4 pour cent pour le paddy et à 3 pour cent pour le maïs cette année. Cette expansion est attribuée à la remise en état des zones antérieurement dévastées par les inondations et à l’augmentation des cultures sur les terres marginales.
En plus du riz et du maïs, on estime que 50 000 hectares sont cultivés
en blé, en sarrasin et en orge et 40 000 hectares en pommes de terre.
(a) L’impact négatif de la diminution des doses d’engrais appliquées à l’hectare en 1990 a été moins prononcé que prévu, premièrement parce que les engrais ont été utilisés de façon plus efficace, et deuxièmement parce que les éléments nutritifs présents dans le sol grâce aux applications élevées des années passés, ont continué à produire des effets. Dans ces circonstances, les applications d’azote restent cruciales pour renforcer ou maintenir les rendements, mais les phosphates et le potassium sont moins nécessaires. En effet, dans le cas du Phosphore, l’introduction de bactéries libérant du phosphate, comme engrais microbiens, contribue à renforcer la teneur en phosphate du sol.
(b) l’utilisation d’engrais organiques et microbiens s’est accrue.
(c) compte tenu de la qualité des sols, le niveau de référence des rendements, c’est-à-dire celui qui pourrait être obtenu même sans applications d’engrais chimiques, est relativement élevé et estimé à environ 3 tonnes/ha sur sols fertiles.
(d) le recours à un système de culture intensif à
fort coefficient de main-d’oeuvre qui favorise les densités de plantation
élevées à l’hectare et couvre l’ensemble des travaux
des champs. En outre, on a probablement employé ces dernières
années plus de main-d’oeuvre dans l’agriculture en raison du chômage
élevé dans le secteur industriel et de la nécessité
pour la population urbaine de bénéficier d’un accès
physique plus direct aux disponibilités alimentaires.
Pour son estimation de la production de maïs de cette année, la mission s’est fondée sur les scénarios et hypothèses suivants:
ii) environ 130 000 hectares ont reçu un complément d’irrigation insuffisant, et leur rendement est estimé à 1,75 tonne/ha, soit au total 227 500 tonnes.
iii) les 325 000 hectares de maïs pluvial, auront un rendement moyen de 0,7 tonne à l’hectare, soit au total 227 500 tonnes.
D’après les observations de terrain effectuées pour estimer la production de paddy, la sécheresse de cette année et l’assèchement de certains réservoirs d’eau d’irrigation ont eu des répercussions moins graves que ne le laissait présager la mission précédente du mois d’août. En outre, les pertes de paddy dans les zones dévastées par le typhon et les raz-de-marée n’ont pas atteint l’ampleur prévue. L’estimation de la production de paddy se fonde sur les scénarios et hypothèses suivants:
ii) Une surface estimée à 90 000 hectares de paddy a été partiellement irriguée, ce qui a permis de maintenir un niveau d’humidité réduit dans les rizières. Dans ces zones, les observations de terrain laissent présager un rendement moyen de 3,5 tonnes/ha, d’où une production totale de 315 000 tonnes.
iii) Sur quelque 35 000 hectares de paddy, qui ont été insuffisamment irrigués, les sols se sont asséchés, mais pas complètement, ce qui a réduit les rendements à environ 2 tonnes à l’hectare, soit un total de 70 000 tonnes pour ces zones.
iv) Une surface estimée à 15 000 hectares a gravement souffert du manque d’irrigation. Les échantillons prélevés au moment de la récolte indiquent de très faibles rendements s’échelonnant entre 0,1 et 0,5 tonne/ha. Sur la base d’un rendement moyen de 0,3 tonne/ha, la production de ces zones est estimée à 4 500 tonnes.
Le Tableau 4 résume les estimations de la production céréalière, selon les scénarios décrits ci-dessus.
Culture/scénario | Surface
(hectares) |
Rendement estimé
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Maïs | |||
i) Irrigué - non endommagé | 195 000 | 3 500 | 682 500 |
ii) Partiellement irrigué - un peu endommagé | 130 000 | 1 750 | 227 500 |
iii) Pluvial - gravement endommagé | 325 000 | 700 | 227 500 |
Total maïs | 1 137 500 | ||
Paddy/Riz | |||
i) irrigué - non endommagé | 461 000 | 4 300 | 1 982 300 |
ii) irrigation réduite - perte de rendement limitée | 90 000 | 3 500 | 315 000 |
iii) irrigation réduite - perte de rendement importante | 35 000 | 2 000 | 70 000 |
iv) irrigation réduite - perte de rendement considérable | 15 000 | 300 | 4 500 |
v) dégâts dus aux typhons/marées | (10 000) | 2 500 | (25 000) |
Total production de paddy | 2 346 800 | ||
Total production de riz (a) | 1 525 420 | ||
Total maïs + riz | 2 662 920 |
Au cours des douze derniers mois, le volume sans précédent d’aide alimentaire dont a bénéficié le pays a été crucial pour nourrir une grande part de la population; sans cette aide, les conséquences des pénuries alimentaires, notamment l’incidence de la malnutrition parmi la population, auraient été considérablement plus graves. Aucune donnée statistique ne permet d’évaluer l’ampleur du problème, même si une foule de rapports signalent des problèmes sanitaires et nutritionnels imputables aux pénuries alimentaires.
Pendant la campagne de commercialisation de 1996/97, compte tenu des disponibilités intérieures de céréales, du volume de céréales importé, aide alimentaire comprise, et déduction faite des céréales utilisées aux fins de l’ensemencement, pour l’alimentation animale et à d’autres fins, et des pertes, on estime que les disponibilités céréalières par habitant étaient d’environ 129 kg/par an ou 353 g par jour, ce qui correspond approximativement à un apport de 1235 Kcal/habitant/jour. En outre, alors que l’on partait auparavant du principe que les aliments étaient distribués assez équitablement à toute la population par le biais de structures institutionnelles, telles que le Système public de distribution (SPD), on constate à présent, après plusieurs pénuries importantes, que la consommation alimentaire est de plus en plus "polarisée", quelques provinces et groupes consommant davantage que d’autres. Les provinces voisines de la Chine sont assurément beaucoup mieux placées pour surmonter les pénuries alimentaires grâce à des échanges transfrontaliers que celles qui sont plus éloignées. En outre, il est peu probable que les marchandises ainsi achetées soient systématiquement acheminées pour approvisionner le reste de la population, d’autant que les transports intérieurs ont pratiquement cessé de fonctionner, en raison de la pénurie de carburant. Même à l’intérieur des provinces et des communes, la population agricole peut se procurer des aliments plus facilement que la population urbaine car les quantités fournies au SPD ont été considérablement réduites. Malheureusement, il est difficile d’étayer par des enquêtes et par des observations le degré de cette concentration et des disparités de consommation, car l’accès et les déplacements à l’intérieur du pays restent difficiles.
On remarque aussi que les nouveaux débouchés alimentaires,
tels que les marchés privés et les points de vente spéciaux
gérés par des entrepreneurs individuels, prennent peu à
peu de l’importance. Les possibilités d’accès à ces
mécanismes sont cependant extrêmement variables.
Disponibilités totales | 2 663 |
Production | 2 663 |
Prélèvement sur les stocks | 0 |
Utilisation totale | 4 614 |
Utilisation vivrière | 3 874 |
Utilisation fourragère | 300 |
Autres utilisations, semences et pertes | 440 |
Besoins d’importation | 1 951 |
Importations commerciales | 700 |
Aide alimentaire promise (a) | 241 |
Besoins restant à couvrir | 1 010 |
Du fait de l’importante baisse de la production vivrière intérieure au cours des dernières années, la population agricole hésite de plus en plus à approvisionner la population urbaine en vivres, à moins de recevoir une compensation suffisante en biens et services. Or, ces biens et services se font de plus en plus rares car de nombreuses unités de production industrielle ont cessé de tourner, puisque l’on estime que seulement 30 pour cent de la capacité industrielle est actuellement en service.
De même, cette année, les fermes gérées par des coopératives et par l’Etat, ne seront pas en mesure d’approvisionner comme il convient le Système public de distribution (SPD) et les transferts de vivres des zones excédentaires vers les zones déficitaires seront très insuffisants, compte tenu des problèmes de transport.
Ces différents facteurs ont contribué à concentrer la consommation alimentaire à bien des égards: les habitants qui ont des biens et qui reçoivent des fonds de l’étranger sont nettement privilégiés, la communauté agricole est mieux placée pour faire face aux pénuries que les habitants des villes, alors que les provinces individuelles, notamment celles qui sont voisines de la Chine ou qui ont une production agricole plus abondante, ont eu davantage de possibilités de résoudre par elles-mêmes leurs problèmes d’approvisionnement alimentaire. Dans l’ensemble, les pénuries alimentaires frappent donc surtout les zones urbaines et, plus particulièrement certains groupes de population qui jusque là étaient entièrement tributaires du SPD.
Malgré les mécanismes mis en oeuvre dans le pays pour
atténuer les pénuries alimentaires, l’an prochain la République
Populaire Démocratique (RPD) de Corée aura encore besoin
d’une aide alimentaire internationale importante pour les couches de la
population qui sont trop pauvres pour acheter des denrées ou qui
ont difficilement accès à d’autres circuits d’approvisionnements,
par exemple aux marchés.
Dans les garderies et les jardins d’enfants, les enfants recevront des repas cuisinés qui leur fourniront environ 1600 kcal/jour et la dose de protéines requises. Le programme atteindra un effectif de 2,6 millions d’enfants de 6 ans ou moins.
En outre, un programme d’assistance aux femmes enceintes et aux mères allaitantes devrait leur fournir un complément d’alimentation, sous forme de rations à emporter, contenant environ 980 kcal/jour et 25 grammes de protéines, pendant une période de dix-huit mois. Ce programme pourrait atteindre environ 460 000 mères/an, dans le cadre de programmes exécutés en association avec des partenaires du secteur de la santé.
Le programme d’alimentation des groupes vulnérables décrit ci-dessus nécessiterait au maximum 315 000 tonnes de céréales, plus 95 000 tonnes d’autres denrées.
Au cas où les donateurs fourniraient un appui suffisant pour soutenir la production de biscuits et/ou la préparation de repas pour les élèves de la tranche d’âge des 7-12 ans, la fourniture d’un complément d’alimentation d’une teneur énergétique de 525 kcal/jour serait très utile pour améliorer le régime alimentaire de ce groupe vulnérable. Ce programme permettrait de venir en aide à 2,2 millions d’écoliers et nécessiterait environ 160 000 tonnes de céréales.
Au cours des deux dernières années, des activités vivres-contre-travail ont été mises en oeuvre avec un grand succès et appréciées par les bénéficiaires et par le gouvernement. La mission recommande d’intensifier ce type d’activités afin de soutenir les travaux de remise en état des terres et de stimuler d’autres activités susceptibles de créer des emplois pour de nombreux ouvriers du secteur industriel actuellement au chômage, en raison de la stagnation de l’économie.
Ce programme absorberait au maximum 320 000 tonnes de céréales,
et devrait fournir un emploi pendant 6 mois, en moyenne, à environ
0,9 million de travailleurs, qui recevraient des denrées, pour eux
et pour toute leur famille (au total, environ 4 millions de bénéficiaires).
Ce programme atténuerait la pression sur le SPD, et permettrait
d’améliorer le ciblage et le suivi de l’aide alimentaire internationale.
L’aide alimentaire requise pour ces programmes ciblés est récapitulée
au Tableau 6.
Tableau 6 - RPDC: Aide alimentaire requise pour les bénéficiaires
des programmes ciblés
Type d’assistance | Quantité de céréales (milliers de tonnes) | Bénéficiaires (en milliers) |
Appui nutritionnel dans les garderies et les jardins d’enfants (enfants âgés de six ans ou moins) | 290 | 2 630 |
Femmes enceintes et mères allaitantes | 25 | 460 |
Alimentation scolaire (7-12 ans) | 160 | 2 200 |
Vivres-contre-travail | 320 | 4 000 |
Total | 795 | 9 290 |
Etant donné que le déficit à combler par une aide
extérieure se monte au total à 1,251 millions de tonnes de
céréales en 1997/98, y compris l’aide alimentaire déjà
dans la filière, la mission recommande que le solde, hormis l’assistance
aux bénéficiaires des programmes ciblés indiqués
ci-dessus, qui s’élève à quelque 456 000 tonnes, soit
acheminé par le biais du SPD, vers les régions les plus démunies,
dans le cadre d’une aide alimentaire de programme.
A court ou à moyen terme, le pays a aussi besoin d’une aide pour relancer l’agriculture afin de renforcer la production alimentaire intérieure. Compte tenu des ressources en terres limitées, il serait évidemment souhaitable d’optimiser l’utilisation des terres disponibles en intensifiant le système de culture de manière à pouvoir obtenir plus d’une récolte par an. L’an dernier, le pays a mis en oeuvre, avec l’assistance de la FAO et d’autres organismes des Nations Unies, un programme de double culture d’une ampleur limitée, avec un appui sous forme de semences d’orge et d’engrais. On estime qu’environ 150 000 hectares se prêteront à l’avenir à ce système de culture, auquel la communauté internationale pourrait contribuer, par la fourniture de semences appropriées et d’engrais. Une assistance de la communauté internationale, sous forme d’herbicides et d’insecticides dont les disponibilités sont très insuffisantes dans le pays, renforcerait aussi la productivité.
Les autres secteurs à appuyer pour renforcer la sécurité alimentaire sont les suivants:
- Recherches et essais portant sur des variétés à maturation précoce ou à cycle court, pour optimiser l’utilisation des sols.
- Recherches pour trouver des systèmes de rotation des cultures efficaces et des légumineuses appropriées pour renforcer la fertilité et la productivité des sols.
- Recherche et développement dans le domaine des systèmes intégrés d’agriculture et d’élevage.
- Programmes de reforestation pour corriger les problèmes écologiques
dus à la mise en culture des terres marginales en pente.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant | |
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