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En raison des perspectives peu favorables pour la sécurité alimentaire, une mission FAO/PAM s’est rendue en Indonésie pour évaluer la situation des récoltes et des disponibilités alimentaires et pour déterminer les importations nécessaires, y compris les besoins d’aide alimentaire d’urgence destinés aux populations touchées. Du 9 mars au 1er avril 1998, une équipe de 11 membres (dont 7 experts indonésiens) a visité 26 des 27 provinces du pays. Pour le Timor oriental, que la mission n’a pas pu parcourir, les renseignements ont été fournis par le CICR. C’est la première fois qu’une mission de ce genre se rend en Indonésie. Il s’agit aussi du seul effort international actuellement mis en oeuvre pour aider le gouvernement à évaluer les récoltes et la situation alimentaire dans l’ensemble du pays. La mission a bénéficié du soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le travail des membres de la mission comportait divers aspects: entretiens avec les responsables des pouvoirs publics, aussi bien à l’échelle du district et de la province qu’au niveau de l’administration centrale; discussions avec des agriculteurs, des négociants et des informateurs clés, au niveau local; contacts avec des instituts de recherche; enquêtes sur le terrain et études de marché; consultations avec les organismes du système des Nations Unies, les donateurs bilatéraux et multilatéraux et les ONG; examen des études disponibles sur la question, des conclusions et des recommandations de séminaires et des rapports établis à la suite de missions effectuées sur le terrain, dans certaines régions.
D’après la mission, en 1998, la récolte de riz devrait atteindre 47,5 millions de tonnes, soit 3,6 pour cent de moins que la production déjà réduite de l’année dernière, 6,2 pour cent de moins que la récolte de 1996 et 11 pour cent de moins que les objectifs officiels. La diminution de la production de riz est due pour plus de 90 pour cent, à la diminution des superficies ensemencées, en raison du retard des pluies. Les agriculteurs ont préféré abandonner le riz et se tourner vers des cultures secondaires (palawija) comme le maïs, le soja, les racines et tubercules et les arachides dont la production devrait augmenter, ce qui permettra d’assurer une certaine marge de sécurité alimentaire. Toutes les estimations dépendent toutefois de l’évolution du phénomène El Niño d’ici la fin de 1998. Dans environ trois mois, il conviendrait de procéder à une évaluation rapide des cultures pour réévaluer les perspectives concernant les cultures de la deuxième campagne et ajuster les estimations relatives à la production totale et aux besoins d’importations céréalières.
Pour la mission, les besoins d’importations de riz, calculés à partir des prévisions actuelles de production et des besoins d’utilisation, devraient atteindre un niveau record de 3,5 millions de tonnes au cours de la campagne de commercialisation 1998/99 (avril/mars). Ces données sont toutefois sujettes à caution car elles reposent sur l’hypothèse que les conditions météorologiques seront plus ou moins normales au cours de la deuxième campagne de 1998, qui fournit un tiers de la production totale. Une nouvelle vague de sécheresse renforcerait encore le déficit rizicole.
Le Gouvernement indonésien, confronté à des besoins d’importations de riz de 3,5 millions de tonnes, prévoit d’importer environ 1,5 million de tonnes d’avril à septembre 1998. Toutefois, il sera difficile de procéder à d’autres importations commerciales, et il reste donc un déficit de 2 millions de tonnes qui devra être couvert par l’aide internationale sous la forme de prêts en riz, de dons, d’importations subventionnées et d’aide alimentaire ciblée. Il convient également de noter que le pays devra également importer 4 millions de tonnes de blé en 1998/99, ce qui aggravera encore la pression sur sa balance commerciale déjà fortement déficitaire.
Du point de vue de la sécurité alimentaire, les conséquences
liées aux faibles disponibilités de riz, sont encore amplifiées
par la gravité de la crise financière et économique,
qui a considérablement réduit les capacités d’importation
de vivres, d’aliments pour le bétail et d’intrants agricoles. Au
cours des derniers mois, on a assisté à une flambée
des prix, notamment pour les produits alimentaires et à la montée
du chômage, qui ont réduit l’accès à la nourriture
d’un grand nombre de personnes. On ne peut que s’inquiéter de l’augmentation
du nombre de personnes touchées par une forte insécurité
alimentaire. Selon les estimations, 7,5 millions de personnes environ pourraient
avoir besoin d’une aide alimentaire entre la mi-1998 et le début
de la prochaine campagne principale, en mars 1999.
Le pays dispose d’un potentiel agricole considérable, ce qui a toujours permis à l’agriculture de jouer un rôle significatif, tant du point de vue de la création d’emplois que de celui de la production. En outre, les richesses minérales sont considérables. Au cours des trente dernières années, l’exploitation du pétrole s’est développée à un rythme soutenu. Le secteur industriel a aussi enregistré une forte croissance, surtout à partir du milieu des années 80. En 1991, la part de l’industrie dans le PIB a pour la première fois dépassé celle de l’agriculture. Elle représentait en 1996, 25 pour cent du PIB contre 16 pour cent pour l’agriculture. Par ailleurs, le secteur des services représente 41 pour cent du PIB et emploie environ 30 pour cent de la main-d’oeuvre.
De plus en plus, les exportations sont véritablement le moteur de la croissance de l’économie indonésienne. Avant le milieu des années 70, les exportations portaient essentiellement sur un petit nombre de matières premières comme le caoutchouc, l’huile de coco et le coprah, l’étain et le pétrole brut. La flambée des prix du pétrole et l’exploitation du gaz naturel au milieu des années 70, ont propulsé ces deux produits en tête des sources de richesses du pays. A la suite du fléchissement des cours du pétrole après 1983, il a été décidé de façon concertée, de favoriser les produits industriels destinés à l’exportation, et de ce fait les produits finis et semi-finis ont gagné en importance. En 1996, le PIB se montait à 226 milliards de dollars E.-U.(soit 1 149 dollars E.-U. par habitant) et le taux réel de croissance, à 7,8 pour cent. En 1997, par contre, le PIB a chuté et cette tendance se confirme pour 1998.
Le plan quinquennal actuel de développement, Repelita VI (avril 1994 - mars 1999) représente la première étape d’une deuxième période de développement à long terme d’une durée de 25 ans, qui devrait permettre d’assister aux alentours de l’an 2020 au "décollage" de l’Indonésie en tant qu’économie moderne orientée vers le secteur industriel. Le plan Repelita VI a fixé le taux de croissance global du PIB à 7,1 pour cent par an et prévoit de parvenir à la croissance économique dans le respect de l’équité et de l’égalité. Les résultats obtenus au cours des trois premières années (respectivement 7,5 pour cent, 8,2 pour cent et 7,8 pour cent ) dépassent nettement les objectifs, mais comme indiqué précédemment, une récession s’est amorcée en 1997 et devrait se poursuivre en 1998.
La roupie indonésienne a commencé à subir le contrecoup de la crise financière asiatique dès le mois d’août 1997 et s’est rapidement dévaluée au cours des mois suivants. Sous l’action conjuguée de la sécheresse et de la dévaluation, les prix sont montés en flèche, notamment pour les produits alimentaires. Le soutien massif en liquidités de la Banque d’Indonésie a encore accru la pression sur le taux de change et sur les réserves internationales. Qui plus est, les banques étrangères ayant refusé d’accorder aux banques et aux entreprises indonésiennes des découverts commerciaux et des lignes de crédit, les importations d’intrants, dont l’importance est vitale pour la production, ont dû être considérablement réduites.
Le 31 octobre 1997, l’Indonésie a obtenu un engagement d’environ 43 milliards de dollars, de la part du FMI et d’autres organismes internationaux, sous forme de prêts extérieurs et de garanties d’emprunts, à condition que certaines réformes financières et économiques soient mises en place. Cet accord n’est pas parvenu à stabiliser la roupie, qui, avec les autres devises des pays de l’Asie du Sud-Est a continué à se déprécier au cours des mois suivants. La roupie, qui s’échangeait en juillet 1997 au taux de 2 450 roupies/dollar s’est effondrée à 12 000 roupies/dollar pour remonter ensuite à 8 000 roupies/dollar au début du mois d’avril 1998. Les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière ont réagi en débauchant, ce qui a provoqué un accroissement du chômage qui, selon les estimations, atteindrait désormais le chiffre de 8 à 9 millions de personnes.
Jusqu’à la mi-1997, le Gouvernement indonésien a accompli des progrès considérables dans un certain nombre de secteurs sociaux, comme la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois et l’accès des plus défavorisés à une quantité suffisante de nourriture, mais à partir d’août 1997, avec la crise financière, ces tendances se sont inversées.
D’après de récents rapports, le programme économique
et financier, modifié au début du mois d’avril, prévoit
un redressement rapide du taux de change au cours du premier trimestre
1998/99 et un ralentissement de l’inflation dont le niveau toutefois pourrait
encore rester au-dessus de 45 pour cent, pendant tout 1998. Ce programme
prévoit un contrôle minutieux de l’avancement de la réforme,
et fixe des objectifs précis pour éliminer toutes les limitations
concernant les investissements étrangers dans le commerce de gros
et instaurer des conditions équitables entre le BULOG et le secteur
privé dans le domaine de l’importation et de la distribution des
denrées alimentaires de première nécessité.
Un calendrier est établi pour la suppression des subventions dont
bénéficient certains produits. Ce programme prévoit
également l’accroissement des subventions pour les denrées
alimentaires et les produits de première nécessité
et l’introduction de programmes de travail au niveau communautaire visant
à renforcer le pouvoir d’achat des pauvres dans les zones rurales
et urbaines. En outre, la Banque d’Indonésie est tenue de publier,
chaque semaine, les informations monétaires les plus importantes.
L’Indonésie est l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux d’une vaste gamme de produits agricoles qui assuraient, en 1995, 33 pour cent des recettes d’exportation (à l’exclusion du pétrole et du gaz). C’est le premier producteur mondial de noix de coco, le deuxième producteur mondial de coprah, de palmistes, d’huile de palme et de caoutchouc naturel, ainsi que le troisième producteur mondial de riz. On estime que la superficie des terres cultivables du pays se monte environ à 19 millions d’hectares. Pratiquement tout le sous-secteur des cultures vivrières est détenu par de petits propriétaires. Depuis le milieu des années 60, le gouvernement a mis au point une action concertée pour augmenter sa productivité en appliquant les techniques de la "révolution verte". Le riz et le maïs occupent quelque 80 pour cent de la superficie consacrée aux cultures vivrières, dont 60 pour cent seulement pour le riz. Pour le sous-secteur des cultures de rapport, la répartition des terres se fait entre les petites exploitations, les grands domaines commerciaux essentiellement privés et les plantations d’Etat.
La production vivrière est concentrée pour l’essentiel à Java, suivie de Sumatra et de Sulawesi. Java produit environ 60 pour cent du riz et du maïs, Sumatra environ 20 pour cent et Sulawesi environ 10 pour cent, soit au total 90 pour cent des deux principaux aliments de base du pays.
Dans le secteur agricole, les taux de croissance ont été importants. De 1975 à 1985 ils étaient en moyenne de 4,2 pour cent par an, pour tomber ensuite à 3,4 pour cent de 1986 à 1996. L’autosuffisance en riz, principal aliment de base, est l’un des objectifs stratégiques de la politique agricole, qui a été atteint vers le milieu des années 80. Toutefois au cours des années 90, la production est tombée au-dessous de la demande, et les importations de riz ont atteint respectivement 1,8 et 3 millions de tonnes au cours des campagnes commerciales 1994/95 et 1995/96, puis ont chuté à moins de 500 000 tonnes en 1996/97. Au cours des années 70, l’Indonésie était le plus gros importateur mondial de riz. Pour la période 1970-80, les importations annuelles de riz du pays se situaient en moyenne à 1,5 million de tonnes. Par contre dans les années 80, la production de riz a enregistré une croissance impressionnante et les importations ont ralenti brusquement jusqu’au milieu des années 80. Le pays est alors parvenu à couvrir ses propres besoins en riz et il a en outre réussi à dégager des excédents qui ont été prêtés à divers pays de la région. Au cours de cette période d’essor, l’Indonésie a également fourni une aide alimentaire (sous forme de riz) à l’Afrique. Les gains de productivité se sont tassés au début des années 90, et le déficit rizicole s’est progressivement accru, au point que l’Indonésie a dû, en 1995, importer les quantités records de 3 millions de tonnes de riz du fait des effets de la sécheresse sur les récoltes de 1994.
La croissance du secteur agricole a permis de réduire la pauvreté,
qui a diminué dans les zones rurales, passant de plus de 40 pour
cent en 1976 à 14 pour cent en 1997. Cependant, cette tendance est
en train de s’inverser sous l’effet de la crise financière, qui
a relégué un nombre croissant de personnes au-dessous du
seuil de pauvreté.
A l’exception de la période de végétation de 1995-96, les conditions météorologiques ont été défavorables pendant la plus grande partie de cette décennie. Le caractère persistant de ces conditions a constitué un lourd handicap pour les petits agriculteurs, notamment pour la monoculture du maïs en Indonésie orientale. En 1997/98, le phénomène météorologique El Niño a atteint des proportions exceptionnelles non seulement à cause de sa force, mais aussi parce qu’il s’est développé en deux vagues distinctes. Cette perturbation, qui a débuté entre février et avril 1997, a atteint son point le plus fort en juillet et août. Ceci a coïncidé avec les grands incendies de forêt dans le Kalimantan et à Sumatra et avec l’apparition de la sécheresse et de gelées dans l’Irian Jaya. Sur les 500 000 hectares environ qui ont été touchés par la sécheresse, on enregistre de grosses pertes pour les cultures sur 85 000 hectares.
A la fin de 1997, le phénomène El Niño a entamé une phase de recrudescence, qui s’est poursuivie jusqu’en mars 1998. Son incidence sur la campagne de 1998 s’est jusqu’à présent traduite par un retard de un à deux mois du début des pluies au cours du dernier trimestre de 1997, qui a entravé les semis dans l’ensemble du pays. Par la suite, les précipitations ont été irrégulières à Sumatra, Sulawesi, dans la plus grande partie de Kalimantan et en Indonésie orientale. Néanmoins dans la plus grande partie de Java et de l’Irian Jaya, qui avait particulièrement souffert de la sécheresse en 1997, les pluies, après un retard initial, ont été régulières.
Le diagramme 1 illustre la diminution brutale des précipitations
dans diverses régions du pays, en 1997, par rapport aux niveaux
de deux années précédentes. Les baisses les plus importantes
ont été enregistrées dans l’Irian Jaya, dans le Kalimantan
et à Sulawesi.
Au cours de la campagne 1997, les précipitations ont démarré en retard et leur niveau cumulatif dans l’ensemble du pays est bien inférieur à la normale. Les graphiques 2 et 3 illustrent le niveau des précipitations mensuelles de 1997 par rapport à celles de l’année précédente, dans les principales zones de production des provinces de Java et de Sumatra.
Les conditions des cultures, dans l’ensemble du pays, sont indiquées dans la carte ci-après pour la campagne principale de 1997/98.
Il est actuellement difficile d’établir des prévisions pour la récolte de riz de la deuxième campagne, car les semis ayant été différés, parfois de deux mois, à cause du retard des pluies. Pour cette campagne qui représente normalement un tiers environ de la production vivrière totale, les semis auront lieu en avril/mai et la récolte est prévue à partir du mois d’août. Compte tenu du faible niveau des cours d’eau et des lacs dans plusieurs régions, une nouvelle vague de sécheresse prolongée pendant la période de végétation risquerait de réduire considérablement les rendements et la production en 1998.
La grande inconnue reste l’évolution du phénomène El Niño et son incidence sur la prochaine campagne. L’Agence nationale de météorologie affiche un optimisme prudent et estime à 50 pour cent les probabilités d’une campagne normale, et à 15 pour cent les probabilités d’une nouvelle vague de sécheresse. Selon les prévisions, les précipitations devraient être normales ou supérieures à la normale dans 60 pour cent des 102 régions météorologiques. Il convient toutefois, de prévoir une réévaluation de la situation, dans un délai d’environ trois mois, pour pouvoir éventuellement ajuster les prévisions de la récolte de 1998 et les besoins d’aide et d’importations alimentaires.
Pour le reste des récoltes secondaires, on prévoit des augmentations de rendement non homogènes. Les rendements du soja devraient enregistrer une légère amélioration par rapport aux rendements de l’année dernière et s’établir à 1,2 tonne/hectare, soit 1,3 pour cent de plus. Les rendements du manioc devraient progresser et atteindre ainsi 13 tonnes/hectare soit 5,7 pour cent de plus. Cette amélioration est probablement due, en partie, à la distribution de plants améliorés par le gouvernement. Par contre, le rendement des patates douces ne devrait augmenter que de 1,8 pour cent pour atteindre 9,7 tonnes/hectare. Pour les arachides, les rendements devraient faire un bond de 3,7 pour cent et atteindre 1,1 tonne/hectare. La faible incidence des maladies et des ravageurs, favorisée par la sécheresse, a également permis d’améliorer les rendements de certaines cultures.
Tableau 1. Indonésie: Superficies récoltées:
Riz et autres cultures vivrières ventilés par région,
prévisions pour 1998
Riz | Maïs | Soja | Manioc | Patates douces | Arachides | Total | ||||||||
Région | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % | Superf. (milliers d’ha) | % |
Sumatra | 2 865 | 26.8 | 718 | 19.8 | 260 | 20.8 | 265 | 20.8 | 46 | 20.7 | 109 | 16.8 | 4 263 | 24.1 |
Java | 5 247 | 49.1 | 1 970 | 54.5 | 719 | 57.6 | 739 | 58.0 | 76 | 34.4 | 397 | 61.3 | 9 149 | 51.7 |
Bali, N.T. | 619 | 5.8 | 314 | 8.7 | 138 | 11.0 | 126 | 9.9 | 30 | 13.3 | 51 | 7.8 | 1 277 | 7.2 |
Kalimantan | 923 | 8.6 | 65 | 1.8 | 28 | 2.3 | 46 | 3.6 | 10 | 4.3 | 28 | 4.3 | 1 099 | 6.2 |
Sulawasi | 995 | 9.3 | 520 | 14.4 | 93 | 7.5 | 75 | 5.9 | 18 | 8.1 | 53 | 8.2 | 1 755 | 9.9 |
Maluku/Irian | 43 | 0.4 | 30 | 0.8 | 11 | 0.8 | 23 | 1.8 | 43 | 19.2 | 10 | 1.6 | 159 | 0.9 |
Total 1998 | 10 693 | 100 | 3 617 | 100 | 1 249 | 100 | 1 274 | 100 | 222 | 100 | 648 | 100 | 17 703 | 100 |
Total 1997 | 11 072 | 3 350 | 1 120 | 1 234 | 195 | 628 | 17 599 | |||||||
Variation pour 1998 en % par rapport à 1997 | -3.4 | +8.0 | +11.5 | +3.2 | +13.9 | +3.2 | +0.1 |
Par ailleurs, la production de maïs devrait progresser de 10 pour cent par rapport à l’année passée, à la suite d’une reconversion des terres à riz. Selon les prévisions, elle devrait dépasser de près de 5 pour cent le niveau de 1996. La production de manioc devrait également progresser sous l’effet conjugué d’une amélioration sensible des rendements et d’un certain accroissement des superficies récoltées. La plus forte hausse relative (18 pour cent) devrait être enregistrée par les patates douces, mais les quantités concernées sont relativement faibles.
Tableau 2 - Indonésie - Prévisions concernant la production
vivrière, par rapport à la production des années précédentes
(en milliers de tonnes)
Cultures | Prévisions dela mission pour 1998 | 1997 1/ (Prélim.) | 1996 2/ | 1994 3/ | Variations en % 1998 par rapport à 1997 | Variations en % 1998 par rapport à 1996 | Variations en % 1998 par apport à 1994 |
Riz paddy | 47 456 | 49 206 | 50 575 | 46 642 | -3.6 | -6.2 | 1.7 |
Maïs | 9 576 | 8 663 | 9 142 | 6 869 | 10.5 | 4.8 | 39.4 |
Soja | 1 533 | 1 357 | 1 510 | 1 565 | 13.0 | 1.5 | -2.0 |
Manioc | 16 592 | 15 037 | 16 910 | 15 729 | 10.3 | -1.9 | 5.5 |
Patates douces | 2 162 | 1 835 | 2 029 | 1 845 | 17.8 | 6.6 | 17.2 |
Arachides | 736 | 685 | 747 | 632 | 7.5 | 1.4 | 16.5 |
Le tableau 3 indique la production prévue pour 1998, par régions et par provinces. La répartition générale de la production des cultures essentielles dans les principales îles productrices est confirmée: près de 60 pour cent de la production provient de Java, 20 pour cent de Sumatra et environ 10 pour cent de Sulawesi (15 pour cent pour ce qui est du maïs).
Tableau 3 - Indonésie : Prévisions concernant la production
vivrière de 1998 par région/province (en milliers de tonnes
) 1/
REGION/ PROVINCE | RIZ PADDY | MAIS | SOJA | MANIOCA | PATATES DOUCES | ARACHIDES |
SUMATRA | 10 602 | 1 807 | 309 | 3 081 | 415 | 136 |
Banda Atjeh | 1 630 | 69 | 183 | 141 | 41 | 50 |
Nord de Sumatra | 3 019 | 409 | 37 | 425 | 116 | 31 |
Ouest de Sumatra | 1 722 | 48 | 10 | 95 | 35 | 10 |
Riau | 416 | 41 | 10 | 69 | 15 | 7 |
Djambi | 513 | 20 | 10 | 101 | 18 | 3 |
Sud de Sumatra | 1 426 | 83 | 17 | 396 | 42 | 15 |
Bengkulu | 321 | 61 | 11 | 109 | 119 | 9 |
Lampung | 1 555 | 1 076 | 30 | 1 744 | 30 | 11 |
JAVA | 27 288 | 5 517 | 912 | 10 283 | 869 | 444 |
DKI Jakarta | ||||||
Ouest de Java | 9 851 | 514 | 77 | 1 842 | 406 | 93 |
Centre de Java | 8 222 | 1 704 | 222 | 3 874 | 205 | 144 |
DI Yogyakarta | 676 | 138 | 85 | 726 | 12 | 47 |
Est de Java | 8 539 | 3 161 | 528 | 3 841 | 246 | 161 |
BALI & NUSA TENGGARA | 2 582 | 654 | 150 | 1 262 | 288 | 56 |
Bali | 841 | 92 | 29 | 211 | 83 | 19 |
Ouest de Nusa Tenggara | 1 274 | 61 | 112 | 130 | 32 | 26 |
Est de Nusa Tenggara | 467 | 502 | 9 | 920 | 173 | 11 |
KALIMANTAN | 2 311 | 93 | 30 | 566 | 79 | 30 |
Ouest de Kalimantan | 826 | 37 | 7 | 217 | 17 | 2 |
Centre de Kalimantan | 303 | 9 | 8 | 72 | 10 | 2 |
Sude de Kalimantan | 1 012 | 34 | 11 | 159 | 23 | 23 |
Est de Kalimantan | 170 | 13 | 4 | 118 | 28 | 3 |
SULAWESI (Cèlèbes) | 4 540 | 1 462 | 122 | 1 177 | 136 | 59 |
Nord de Sulawesi | 328 | 125 | 7 | 51 | 31 | 5 |
Centre de Sulawesi | 398 | 30 | 10 | 53 | 20 | 4 |
Sud de Sulawesi | 3 600 | 1 234 | 101 | 886 | 72 | 48 |
Sud-Est de Sulawesi | 214 | 73 | 4 | 187 | 13 | 2 |
MALUKU & IRIAN | 133 | 43 | 10 | 223 | 375 | 11 |
Maluku | 42 | 35 | 3 | 180 | 88 | 6 |
Irian Jaya | 91 | 8 | 7 | 43 | 287 | 4 |
INDONESIE (ensemble de) | 47 456 | 9 576 | 1 533 | 16 592 | 2 162 | 736 |
Le graphique 4 illustre l’évolution de la production de riz, de maïs et de manioc, à partir de 1990.
Dans toutes les provinces, les pluies sont arrivées avec environ deux mois de retard. Par la suite, elles ont été régulières et normales, à l’exception de Java Est qui a souffert de précipitations inférieures à la normale, même si elles ont augmenté fin février et en mars. Les niveaux d’eau dans les lacs et les fleuves étaient encore inférieurs à la normale lors de la visite de la mission. Les rendements en riz devraient être semblables aux niveaux de l’an dernier (quelque 5,2 tonnes /ha), mais on prévoit que la production sera en recul d’environ 2 pour cent compte tenu de la réduction des superficies ensemencées. La production de maïs devrait augmenter de 14 pour cent du fait des accroissements de superficies et de rendements. Toutefois, l’essentiel du maïs est cultivé durant la deuxième moitié de l’année, surtout à Java Est, et la confirmation des prévisions de la mission dépendra de façon cruciale de l’évolution du phénomène El Niño au cours des mois à venir. Cela s’applique aussi à toutes les autres cultures secondaires, dont les perspectives sont pour le moment favorables.
Le Gouvernement encourage l’introduction de pompes diesel dans les régions tributaires des pluies pour l’irrigation des rizières au moyen de puits tubulaires peu profonds. Ceci a contribué à atténuer quelques graves pénuries d’eau dans les zones d’irrigation traditionnelle et de culture pluviale de Java Est. Il a également fourni un supplément de semences aux agriculteurs qui ont perdu leurs semis de riz à cause du démarrage tardif des pluies, car les semis sont préparés environ un mois avant l’arrivée escomptée des pluies. Ces mesures ont limité la réduction des superficies ensemencées et la baisse des rendements, mais de nombreux districts de Java Est prévoient un fléchissement de la production de riz pouvant aller jusqu’à environ 10 pour cent.
Dans certaines zones de Java Ouest et Est - relativement peu étendues
-, la mission a observé les effets d’attaques de pyrale du riz.
Si l’on cultive en permanence du riz, essentiellement de la variété
IR64, il y a un risque de voir proliférer ce ravageur. La situation
devrait être surveillée avec attention durant le reste de
la campagne.
Hormis dans la province d’Aceh, les pluies ainsi que les semis de la campagne de 1998 ont été retardés de 4 à 10 semaines. Les précipitations ont été généralement irrégulières et inférieures à la normale. Les zones victimes de la sécheresse comprennent les hauts plateaux relativement moins fertiles, les marais littoraux et autres terres basses aux sols sablonneux, où l’agriculture est fortement tributaire des précipitations. Depuis 1997, les niveaux d’eau de la plupart des ressources en eau - fleuves, lacs, réservoirs artificiels (embung-embung) - ont considérablement diminué, suscitant des craintes en ce qui concerne l’approvisionnement en eau pour l’irrigation traditionnelle et moderne durant la saison sèche de 1998. D’après les prévisions du Service météorologique de mars 1998, la saison sèche de 1998 pourrait démarrer plus tôt, et les précipitations pourraient être inférieures à la normale dans de nombreuses zones de Sumatra.
De nombreux agriculteurs, notamment dans les zones non irriguées, voient leur capacité d’achat d’intrants agricoles réduite sous l’effet conjugué de la baisse des revenus due à la sécheresse de l’an dernier et de la hausse des prix des intrants. D’après les enquêtes de la mission sur les marchés locaux, cette hausse aurait atteint jusqu’à 50 pour cent au cours des 12 derniers mois.
Dans ce contexte, la mission estime que les rendements de paddy diminueront
de 3,6 pour cent par rapport à l’an dernier et prévoit un
fléchissement de la production de 3,7 pour cent. Cette contraction
devrait être particulièrement prononcée dans le Sumatra
occidental et Riau, où la production de riz devrait être respectivement
inférieure de 5,5 pour cent et de 11,5 pour cent à celle
de l’an dernier. Les rendements en maïs devraient également
reculer de 3,8 pour cent et la production de 3,5 pour cent. Pour les autres
cultures secondaires, les perspectives des rendements et de la production
indiquent une amélioration des résultats par rapport à
l’an passé.
En conséquence, en 1998, les superficies récoltées devraient reculer de quelque 145 000 hectares, soit 13 pour cent, et la production de riz d’environ 10 pour cent. La contraction des superficies sous riz est largement compensée par une augmentation des superficies (et de la production) de maïs et de soja. On prévoit également un accroissement des superficies des cultures commerciales. Les superficies récoltées et la production de manioc et de soja devraient augmenter, celles d’arachides demeurer à peu près au même niveau, et celles de patates douces fléchir. Les rendements s’annoncent en général favorables par rapport à l’an dernier.
La sécheresse prolongée a réduit les revenus agricoles
ainsi que les stocks à l’exploitation. Contraints d’acheter les
aliments de base au marché, les ménages agricoles se heurtent
à des prix en forte hausse. Pour couvrir leurs besoins alimentaires
de base, les agriculteurs vendent le bétail. D’où une diminution
du cheptel - porcins au nord et au sud-est, et bovins, caprins et volaille,
dans les quatre provinces - aggravée par la pénurie d’aliments
de bétail due aux prix élevés.
La production de riz devrait fléchir de 17 pour cent, compte tenu de la réduction des superficies et des rendements. Toutefois, on devrait enregistrer une hausse de la production de toutes les cultures secondaires par rapport à 1997.
Les prix des denrées alimentaires, notamment du riz, des arachides
et du soja, ont pratiquement doublé au cours des douze derniers
mois, et les filiales de province et de district (DOLOG) de l’Office national
de logistique (BULOG) ont mis en vente sur le marché deux fois plus
de riz de janvier à mars 1998 que durant la même période
de l’an dernier.
La province de NTT, constituée de quatre îles principales, Flores, Sumba, Timor et Adonara, est la province la plus sèche et la plus pauvre du pays. On y cultive un peu de riz, pluvial et irrigué, mais les cultures vivrières principales sont le maïs, le mil, le sorgho et les haricots (en particulier, les haricots mungo). Le manioc et les patates douces sont d’importantes cultures de réserve pour la sécurité alimentaire, ainsi que le taro et les ignames, dans une moindre mesure. Celles-ci acquièrent toute leur importance durant la "période de soudure" qui précède la récolte de maïs en février/mars et en période de sécheresse.
Après une série de sécheresses intermittentes au cours des dernières années, la sécheresse qui sévit actuellement pourrait s’avérer la plus grave du siècle dans cette province, ce qui porterait à une famine d’une extrême gravité. La majeure partie de la province est victime de la sécheresse, mais les districts (Kabupaten) les plus touchés sont Sumba Timur, Flores Timur, Sikka, Ende et Alor; dans le Timor occidental, les districts de Belu, Timor Tengah Utara et Timor Tengah Selatan sont particulièrement en difficulté et ont besoin d’une assistance immédiate. Le Gouvernement a pris l’initiative de limiter les semis de riz aux zones bénéficiant d’une irrigation assurée, et encouragé les semis de légumineuses à la place (haricots mungo, soja et arachides). Toutefois, ceux-ci ont été gravement entravés par la pénurie de semences: les disponibilités représenteraient seulement un tiers des besoins.
Contrairement à la tendance qui a vu progresser la production de maïs dans toute l’Indonésie, dans la province de NTT, celle-ci devrait diminuer d’au moins 30 pour cent, voire 40 ou 50 pour cent. Cependant, la nature même du phénomène El Niño donne lieu à une répartition intermittente et très variable des pluies, ce qui se traduira par de nombreuses poches de pénuries alimentaires entrecoupées de zones d’autosuffisance.
Timor oriental [ La mission n’a pu visiter le Timor oriental à cause des mesures de sécurité de l’ONU. Les informations sur la province ont été fournies par le CICR.]
Avec la reprise des pluies, les conditions des cultures dans les zones montagneuses sont relativement favorables. Toutefois, la sécheresse a gravement perturbé la production de maïs le long de toutes les régions côtières, entraînant un échec partiel ou total des récoltes; en moyenne, la production de ces régions devrait s’établir, au mieux, à 40 pour cent du résultat normal. Les semis de riz pluvial ont été dérisoires. Les prévisions sont médiocres pour les racines et tubercules, dont la production ne suffira en aucune façon à compenser les disponibilités réduites de maïs et de riz.
Dans le cadre de leurs mécanismes d’adaptation à la famine, les populations touchées se sont mises à consommer davantage de sago. Toutefois, leur surexploitation est une grave menace pour les plantations de palmiers existantes, qui mettent 18 ans à se régénérer. D’autres éléments d’adaptation comprennent la consommation accrue de noix de coco, de coprah et d’huile végétale. Les activités économiques comme la pêche, la vente de bétail, en particulier de porcins, ainsi que les programmes de construction de routes (avec paiement au comptant) fournissent des ressources pour acheter les denrées alimentaires de base. Il est important de ne pas désorganiser ces activités grâce à une distribution gratuite de vivres correctement ciblée et rapide. La situation doit être constamment suivie pour garantir que l’aide alimentaire, qui démarrera durant la période juin-août, sera distribuée aux familles les plus touchées.
Province de Nusa Tenggara Barat (NTB)
La province de NTB est composée de deux îles principales, Lombok et Sumbawa. Les précipitations de l’an dernier (884 mm) ont été à peine supérieures à la moitié de la moyenne vicennale (1 533 mm). Les pluies de la campagne agricole ont démarré avec deux mois de retard et ont été irrégulières, parfois légèrement inférieures à la moyenne. Les zones qui en ont subi le contrecoup sont essentiellement les zones accidentées du sud et de l’est de Lombok et le district de Sumbawa sur l’île de Sumbawa. Dans ces régions, les autorités locales encouragent les agriculteurs à semer des haricots et d’autres cultures secondaires. Parallèlement, les plantations de tabac accordées à une société de production de cigarettes et les cultures vivrières se disputent la terre; on signale que les agriculteurs sont dissuadés de pratiquer la polyculture du tabac avec des cultures vivrières secondaires et des cultures maraîchères.
Dans les autres zones, la production de riz s’annonce bonne. Une part considérable du riz récolté à l’époque de la mission a été exportée vers d’autres provinces offrant des prix plus élevés que d’habitude à ce moment. En conséquence, le DOLOG/NTB a dû intervenir sur le marché pour éviter des pénuries locales.
Province de Bali
En dépit du rôle prédominant du tourisme pour l’économie de Bali, l’agriculture demeure une activité économique importante. Ce secteur est connu pour l’efficacité de son système de gestion de l’eau par les agriculteurs, appelé "Système Subak", qui a permis d’atténuer les effets négatifs de la sécheresse actuelle causée par El Niño.
Les agriculteurs vulnérables et marginaux sont ceux qui pratiquent
les cultures associées de maïs et de manioc. Durant la saison
sèche, ils arrondissent leurs revenus avec la pêche lorsqu’ils
le peuvent. Récemment, le gouvernement local a encouragé
la diversification agricole vers des cultures de rapport telles que noix
de cajou, noix de bancoul, oranges et noix de coco. Ces efforts pourraient
se traduire par un recul de la production de maïs et des autres cultures
vivrières secondaires.
Province de Maluku
Maluku est divisé en deux zones agricoles distinctes: la zone de production de riz au centre et au nord, et la zone de culture de maïs et de manioc essentiellement au sud-est qui est beaucoup plus sec. Les pluies de la campagne actuelle sont arrivées avec environ deux mois de retard, démarrant en février 1998 au lieu de décembre 1997. De ce fait, les superficies ensemencées en riz, maïs et manioc devraient avoir diminué de 10-35 pour cent, tandis que les rendements devraient baisser de 6-7 pour cent aussi bien pour le riz que pour le maïs. Ce fléchissement des rendements s’explique en partie par l’utilisation réduite d’intrants due aux prix élevés et à la diminution des revenus agricoles qui a fait suite à la sécheresse de l’an dernier, et par la hausse du coût de la main-d’oeuvre.
La production totale de riz, de maïs et de manioc de 1998 est estimée respectivement à environ 41 432 tonnes, 34 974 tonnes et 180 033 tonnes. Le DOLOG de la province de Maluku a bon espoir de combler le déficit par des achats dans d’autres provinces. En 1998, la production de manioc et de maïs, qui sont surtout consommés par les habitants du sud-est de Maluku, devrait couvrir les besoins locaux.
Pour ce qui est des produits animaux, Maluku fait beaucoup plus appel au poisson qu’à la viande et sa consommation de poisson par habitant est trois fois plus élevée que la moyenne nationale. La production de poisson de 1998 devrait s’établir à environ 366 400 tonnes. L’offre de bétail (bovins et caprins) devrait suffire à satisfaire la demande, mais les prix augmentent. La population avicole a considérablement diminué en raison des prix élevés des aliments dus à la crise financière. Les prix ont pratiquement doublé, passant de 5 000 Rp/kg il y a 12 mois à 10 000 Rp/kg lors de la visite de la mission. Les prix du riz, de l’huile végétale et des oeufs ont également augmenté de quelque 20 à 50 pour cent.
Irian Jaya
Cette province est également divisée en deux zones distinctes pour ce qui concerne le régime des pluies: le sud, qui est semblable à Java, et le nord, beaucoup plus humide toute l’année. L’an dernier, Irian Jaya a été gravement victime de la sécheresse, en particulier les districts de Jayawijaya, Puncak et Merauke. En outre, les gelées ont détruit les cultures de racines et tubercules à haute altitude. 80 000-90 000 personnes ont eu besoin de secours alimentaires. La saison humide de 1997/98 a démarré avec environ un mois de retard. Les pluies ont commencé en décembre, puis, contrairement à ce qui s’est passé dans la plupart des zones d’Indonésie, sont demeurées normales et régulières.
La principale zone rizicole de la province est le district de Merauke qui assure la moitié de la production totale de riz d’Irian Jaya. Les patates douces sont essentiellement cultivées sur les hauts plateaux tels que les districts de Jaya Wijaya et Puncak Jaya, qui couvrent 90 pour cent de la production totale de cette province. Le maïs et le manioc sont cultivés dans toutes les basses terres.
Les rendements escomptés en riz et en maïs sont inférieurs à ceux de l’an dernier (respectivement 4 tonnes/hectare et 1 tonne/ha) compte tenu de l’utilisation réduite d’engrais et de pesticides due à la baisse du pouvoir d’achat des agriculteurs. La production totale de riz de 1998 est estimée à 91 156 tonnes et celle de maïs à 7 690 tonnes. Pour le manioc et les patates douces, la production est estimée respectivement à 43 024 tonnes et 286 916 tonnes.
Les stocks de riz du DOLOG, qui ont récemment augmenté à cause des importations du Viet Nam, suffisent à couvrir les besoins de consommation de l’Irian Jaya. D’autres organismes tels que le Département des affaires sociales et des ONG détiennent des stocks vivriers supplémentaires. Le problème principal consiste à distribuer la nourriture aux zones reculées des sous-districts de Jaya Wijaya, Puncak et Merauke, car les pluies incessantes rendent les transports par voies aérienne et terrestre difficiles.
Un facteur qui permettrait d’améliorer la situation de la sécurité alimentaire est le bon résultat de production escompté pour les cultures secondaires. Toutefois, dans certaines zones traditionnelles de consommation de cultures secondaires, notamment Nusa Tenggara Timur, la production devrait être fortement réduite à cause de la sécheresse - contrairement à plusieurs autres zones qui ont enregistré des gains de production importants.
L’offre de produits de l’élevage est également plus faible compte tenu de graves réductions dans le secteur. Ceci s’explique par la montée en flèche des prix des aliments du bétail importés due à la dévaluation de la monnaie. Le secteur avicole est particulièrement touché, avec un recul de la production qui devrait être de l’ordre de 30-50 pour cent.
La situation précaire des approvisionnements de riz et les stocks réduits ont entraîné une forte hausse des prix alimentaires à la consommation. Durant le premier semestre de 1997, l’indice des prix urbains à la consommation pour le riz n’a que légèrement augmenté de 101 en janvier à 104 en juillet et a continué à progresser en août et en septembre. Cependant, depuis octobre, l’inflation des prix du riz s’est accélérée; en décembre, ils avaient augmenté de 27 pour cent en 12 mois. Et au cours des deux mois suivants, en février 1998, l’indice a gagné encore 27 points - soit le même accroissement que durant toute l’année 1997 (graphique 5). Les hausses les plus récentes ne sont pas entièrement dues à la dévaluation et à la raréfaction actuelle des disponibilités - elles s’expliquent également par les hausses attendues en 1998, qui font actuellement grimper les prix. Ces hausses devraient toutefois ralentir, car la récolte qui avait été retardée est sur le point d’être rentrée.
L’inflation des prix des denrées alimentaires aurait sans nul doute été encore plus prononcée si l’Office national de logistique (BULOG) n’avait institué des mesures de stabilisation. Jusqu’à récemment, BULOG jouissait d’une position dominante pour la gestion du marché du riz, du sucre, de la farine de blé et du soja en Indonésie. Il faisait à la fois fonction d’importateur, d’acheteur et de distributeur local, et s’efforçait de stabiliser les prix en intervenant sur le marché en achetant et en vendant aux prix minimums et aux prix plafonds. En vertu de l’accord signé récemment avec le FMI, les opérations de BULOG sont libéralisées, même si l’organisme conserve un rôle vital sur le marché du riz. En outre, BULOG approvisionne la fonction publique et les militaires. Il gère un vaste réseau d’entrepôts et d’installations de stockage dans tout le pays, jusque dans les îles les plus reculées. Il accomplit donc une fonction sociale qui pourrait ne pas être pleinement satisfaite par le secteur privé.
En dépit de son rôle important dans la distribution des
vivres, BULOG a une part inférieure à 10 pour cent sur le
marché intérieur du riz. Durant la période allant
de 1994/95 à 1996/97, ses achats intérieurs ont avoisiné
les 1,3 million de tonnes de riz usiné, soit environ 3,4 pour cent
de la production. Pendant la même période, ses importations
de riz étaient aux alentours de 1,7 million de tonnes. Ses opérations
de stabilisation du marché s’élevaient à une moyenne
de 0,7 million de tonnes par an. En 1997/98, toutefois, en raison du déficit
de la production interne, les achats locaux seraient tombés à
moins de 700 000 tonnes, les importations auraient augmenté et les
opérations sur le marché seraient passées à
2,5 millions de tonnes. En outre, BULOG a distribué 1,8 million
de tonnes de riz aux groupes bénéficiaires, soit à
peu près autant que les années précédentes.
• Une population de 203,3 millions d’habitants au milieu de la campagne de commercialisation 1998/99.
• Une prévision de production pour 1997/98 fondée sur l’évaluation sur place de la récolte de riz de la campagne principale, et sur l’hypothèse d’une récolte secondaire normale en août 1998.
• Des stocks d’ouverture de riz calculés à partir des stocks BULOG (1,22 million de tonnes) et des stocks privés (2,4 millions de tonnes).
• Une consommation annuelle par habitant de 149 kg de riz, de 26 kg de maïs, de 19 kg de blé. Le niveau de consommation du riz tient compte de la substitution par d’autres aliments produits dans le pays (maïs, manioc, patates douces, .).
• Les autres utilisations du riz: taux d’ensemencement de 40 kg/ha, aliment du bétail 1,5 pour cent (normal 2 pour cent), utilisations industrielles et pertes après récolte 8 pour cent de la production. Pour le maïs, on suppose des taux d’ensemencement de 28 kg/ha, alimentation du bétail 20 pour cent (normal 33 pour cent), autres utilisations (par ex. aliments transformés) 15 pour cent et pertes après récolte 5 pour cent.
• Les stocks de clôture de riz sont estimés à un niveau légèrement plus élevé que les stocks d’ouverture pour laisser à BULOG une marge de stabilisation des prix. Compte tenu de la hausse des prix, il faudra un stock de riz suffisant pour servir de tampon au cas où les effets négatifs de la sécheresse se feraient sentir sur la deuxième récolte de riz.
Les pertes de production durant et après la récolte ont suscité un intérêt considérable ces dernières années. D’après une étude récente du Bureau central de statistiques, la plupart des pertes ont lieu durant la récolte, le battage et le séchage à la ferme, où on estime les pertes de riz brut à 17 ou 18 pour cent, dues essentiellement aux méthodes archaïques. Les pertes aux stades successifs entre l’exploitation et la rizerie sont estimées inférieures à 5 pour cent. Dans le présent rapport, les pertes désignent les pertes après récolte, car les pertes durant la récolte figurent dans les chiffres de la production.
Tableau 4: Indonésie - Bilan de l’offre et de la demande de
céréales, avril 1998-mars 1999 (en milliers de tonnes)
RIZ | MAIS | BLE | |
Disponibilités intérieures | 33 612 | 9 876 | 369 |
Stocks d’ouverture | 3 620 | 300 | 369 |
Production | 29 992 | 9 576 | 0 |
Utilisation totale | 37 119 | 9 876 | 4 344 |
Consommation | 30 292 | 5 286 | 3 822 |
Autres utilisations/pertes | 3 127 | 3 893 | 153 |
Stocks de clôture | 3 700 | 450 | 369 |
Excédents exportables | 0 | 247 | 0 |
Besoins d’importations | 3 507 | 0 | 3 975 |
Les besoins d’importations qui ressortent du bilan céréalier s’établissent à 3,5 millions de tonnes de riz, soit le niveau le plus élevé jamais atteint en Indonésie, qui va dans le droit fil de la tendance à l’augmentation des importations dans les années 90, comme le montre le graphique 6. Le bilan indique également des besoins d’importations de blé de quelque 4 millions de tonnes. Parallèlement, il y aura probablement un excédent important de maïs d’environ 250 000 tonnes, qui s’explique à la fois par le bon résultat général de la récolte et une utilisation réduite pour l’alimentation du bétail. En 1991, l’Indonésie avait exporté un record de 150 000 tonnes de maïs, mais ces dernières années, elle n’exportait en moyenne que 40 000 tonnes par an. La production de maïs a progressé dans l’ensemble durant la campagne de production actuelle, mais cet accroissement est dû principalement aux variétés hybrides cultivées dans le sud de Sumatra, servant essentiellement à l’alimentation animale.
L’attention de la communauté internationale est actuellement
concentrée sur les possibilités d’aider l’Indonésie
en offrant un soutien à sa balance des paiements pour faciliter
ses importations de riz, et de pourvoir aux besoins des groupes vulnérables.
Cependant, il faudrait veiller à lui fournir une aide également
pour les importations de blé et de soja (quelque 600 000 tonnes
en 1997), ce qui allégerait la pression générale sur
la balance des paiements.
Le Gouvernement prend des mesures pour garantir la disponibilité
régulière de riz à des prix accessibles dans tout
le pays, mais dans plusieurs régions, de nombreux foyers n’ont même
pas les moyens d’acheter du riz aux prix subventionnés. On peut
prévoir que dans plusieurs zones du pays, le nombre de ménages
victimes de l’insécurité alimentaire augmentera durant la
prochaine saison sèche car les mécanismes d’adaptation des
ménages marginaux ont atteint leurs limites: i) les réserves
financières, alimentaires et les semences des ménages ont
été réduites par des tentatives répétées
et tardives de semis fin 1997; ii) la récolte actuelle du riz sera
réduite à cause de la sécheresse; et iii) les possibilités
d’emplois non agricoles seront limitées compte tenu de la crise
économique.
La sécheresse a particulièrement compromis la sécurité alimentaire des ménages dans les zones d’agriculture pluviale des provinces suivantes: Nusa Tenggara Timur, Maluku, Kalimantan Tengah, Sulawesi Tengah, Timor Timur, Irian Jaya, Kalimantan Timur et Nusa Tenggara Barat.
Selon le BAPPENAS (Organisme national de planification du développement), début 1997, plus de 8 millions de familles dans les pays vivaient au-dessous du seuil de subsistance. Il s’agit de personnes qui mangent moins de deux fois par jour, n’ont pas les moyens de s’habiller correctement et de s’offrir des services médicaux. En se fondant sur les indicateurs historiques de santé et d’insécurité alimentaire, associés aux perspectives des récoltes actuelles, tous les districts du pays ont été classés et les trois derniers seraient ceux dont les ménages souffriront vraisemblablement d’une insécurité alimentaire. On estime que 1,56 million de familles (soit environ 7,8 millions de personnes) de 53 districts appartenant à 15 provinces risquent d’être victimes de grave insécurité alimentaire au cours de la saison sèche à venir jusqu’à la prochaine grande récolte de mars 1999. Ces districts sont situés dans les provinces de Jawa Tengah, Aceh, Sumatra Selatan, Benkulu, Lampung, Kalimantan Selatan, Sulawesi Selatan, Sulawesi Tenggara, Nusa Tenggara Timur, Maluku, Sulawesi Tengah, Timor Timur, Irian Jaya, Kalimantan Timur et Nusa Tenggara Barat.
Le Gouvernement indonésien a une politique de secours alimentaires qui se limite à quelques jours après une calamité naturelle. Si les besoins persistent, les autorités locales s’efforcent d’organiser des mini-projets de développement communautaire à forte intensité de main-d’oeuvre au niveau du village. Dans ce cadre, les ouvriers reçoivent soit des espèces, soit des vivres, soit les deux, pour les inciter à participer à ces projets d’auto-assistance. Les financements pourraient provenir de donations des riches locaux, ou de fonds gouvernementaux (des districts, des provinces ou du gouvernement central, selon la gravité de la calamité).
Avec le concours des partenaires internationaux, le Gouvernement est en train de renforcer son dispositif de sécurité sociale afin de pourvoir aux besoins des gens dont les moyens sont inférieurs au niveau de subsistance. Malheureusement, les ressources disponibles à cet effet seront probablement insuffisantes pour couvrir l’ensemble des régions touchées, en particulier les zones rurales reculées et très pauvres. Le Gouvernement a, par conséquent, sollicité une aide alimentaire externe auprès des organisations humanitaires internationales. A l’appui de la politique gouvernementale, des activités de vivres-contre-travail seront lancées en collaboration avec les ministères, les administrations locales ou les ONG. Par ailleurs, des aliments composés seront distribués dans certaines zones aux catégories les plus touchées: femmes enceintes, mères allaitantes et enfants de moins de cinq ans. Les distributions générales de secours seraient effectuées par le biais de Depsos.
Le tableau suivant offre une vue d’ensemble des activités des organismes externes offrant actuellement une aide alimentaire ou envisageant des opérations en Indonésie en 1998. Le PAM luttera également de façon active contre l’insécurité alimentaire des ménages dans les régions du pays qui ont été victimes de la sécheresse.
Tableau 6: Distribution actuelle d’aide alimentaire par les ONG (en tonnes) 1/
Organisation | Denrée | Quantité | Bénéficiaires |
CARE | Riz
Blé (monétisation) |
19 600
5 000 |
134 247 |
CRS | Riz
Mélange blé-soja |
12 500
1 500 |
85 616
13 699 |
CICR 2/ | Divers | 15 000 | |
World Vision | Riz | 2 400 | 85 000 |
1/ En outre, 10 000 tonnes de riz, 30 000 tonnes de soja et 75 000 tonnes de blé sont fournis au titre du programme PL 480 (Intitulé I) des Etats-Unis.2/ Le CICR est en train de livrer 24 tonnes de denrées mixtes par semaine à 20 villages de Timika (Irian Jaya).
Dans le cadre d’une opération d’urgence, le PAM identifiera des partenaires de mise en oeuvre ayant des activités en cours dans les zones du pays les plus touchées par la sécheresse. En travaillant en collaboration avec les opérations en cours actuellement, les délais de démarrage et les coûts de fonctionnement seront réduits. Les partenaires pourraient être les ministères compétents, les gouvernements locaux ou les ONG.
Il faut que le système des Nations Unies et le Gouvernement collaborent afin de coordonner un nombre croissant de pourvoyeurs d’aide alimentaire. Le PAM collaborerait avec d’autres fournisseurs d’aide alimentaire pour éliminer la possibilité de double emploi et élargir la couverture globale de l’assistance.
La fourniture de l’aide alimentaire d’urgence du PAM serait ventilée en trois grandes catégories:
• Groupes vulnérables
• Activités de développement communautaire "vivres-contre-travail"
• Distribution générale de secours
En accord avec la politique du PAM, le réseau logistique suivant
est proposé: Le PAM assumerait la responsabilité et les coûts
de livraison des vivres jusqu’au port d’entrée. BULOG, en s’appuyant
sur son réseau national de 1 506 entrepôts ayant une capacité
de stockage de 3,5 millions de tonnes, organiserait le transport du riz
aux magasins de district (SubDulog) les plus proches des sites de distribution
prévus. Etant chargé de la fourniture d’une ration mensuelle
de riz à chaque fonctionnaire du pays, BULOG a mis sur pied les
mécanismes nécessaires pour que tous ses entrepôts
soient constamment approvisionnés. On ne prévoit donc pas
de grandes difficultés opérationnelles pour livrer le riz
des donateurs aux magasins de district où le PAM serait actif. On
estime que BAPPENAS remboursera BULOG de ses frais de livraison au niveau
des districts. Vu le terrain accidenté de nombreuses îles,
le transport de l’entrepôt SubDulog aux sous-districts devra souvent
être effectué à l’aide de petits caboteurs et de bateaux
traditionnels. Les moyens matériels de le faire existent. Les administrations
de district disposent de la main-d’oeuvre nécessaire et de l’expérience
pour approvisionner les sous-districts. Dans certains districts, le ministère
chargé de la mise en oeuvre ou le gouvernement de district pourra
organiser le transport du SubDulog au sous-district bénéficiaire.
Toutefois, la plupart des districts auraient besoin d’une aide financière.
Etant donné les conditions exceptionnellement négatives,
le PAM pourrait être appelé à contribuer au transport
des magasins SubDulog aux sous-districts. Le transport du sous-district
aux villages bénéficiaires serait organisé par les
comités de village.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. | |
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