SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 

ALERTE SPECIALE N° 282

(Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l’état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements sont préoccupants)

PAYS: SOUDAN

DATE: 15 mai 1998


 

GRAVES DIFFICULTÉS D'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE DANS LE SUD DU SOUDAN ET PERSPECTIVES DE PRODUCTION INQUIÉTANTES POUR 1998

La situation des approvisionnements alimentaires dans le sud du Soudan est très préoccupante. L'aggravation de la guerre civile depuis janvier, en particulier dans le Bahr El Ghazal, a entraîné de nouveaux déplacements de populations, ce qui a aggravé la situation alimentaire déjà précaire après la récolte de 1997 réduite par la sécheresse. Cette situation, ainsi que les difficultés de distribution de l'aide d'urgence, a provoqué une grave malnutrition dans les Etats de Bahr El Ghazal, du Haut Nil occidental et de l'Equatoria oriental, et des décès liés à la famine ont été signalés dans certaines zones. Les prix des produits alimentaires sont montés en flèche dans toute la région et ils sont hors de portée de la majorité de la population. Les mécanismes d'adaptation sont pratiquement épuisés. Compte tenu des graves pénuries alimentaires, les gens en sont réduits à consommer des fruits et plantes sauvages. Dans la seule région du Bahr El Ghazal, 350 000 personnes, dont 150 000 personnes récemment déplacées, sont menacées de famine si une aide d'urgence adéquate n'est pas distribuée dans les plus brefs délais. Les enquêtes nutritionnelles effectuées par l'UNICEF sur les enfants de moins de cinq ans à Wau, capitale du Bahr El Ghazal occidental, révèlent que la malnutrition touche 29 pour cent d'entre eux, dont quelque 9 pour cent sont gravement atteints.

Quinze ans de guerre civile ont porté un coup très grave à l'économie du sud Soudan et endommagé une grande partie des infrastructures de cette région. Les activités économiques et agricoles, ainsi que les circuits et schémas d'échanges traditionnels ont été bouleversés. L'agriculture a subi des dégâts matériels dans ses infrastructures, et souffre des déplacements de populations et du bouleversement des réseaux de commercialisation et des mécanismes de livraison des intrants. De fréquents aléas météorologiques ont compromis la production. Tous ces facteurs ont considérablement réduit la productivité et les disponibilités alimentaires mettant en péril la sécurité alimentaire des populations. Selon la mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de décembre 1997, la production céréalière dans le sud du Soudan (à l'exclusion de la zone de culture mécanisée de Renk) a baissé de 45 pour cent par rapport à celle de 1996. Les Etats de l'Equatoria oriental, des Lacs, de Bahr El Jebel et de Bahr El Ghazal ont été les plus touchés, les récoltes ayant été anéanties un peu partout en raison d'une période prolongée de temps sec. La sécheresse de l'année dernière se répercute également sur l'état du bétail et des pâturages.

Il y a quinze ans, les deux tiers de la population du sud du Soudan vivaient du pastoralisme. Toutefois, la guerre civile prolongée a entraîné des pillages et des vols de bétail incessants. Même dans les zones où des excédents localisés de céréales sont disponibles les bonnes années, le mauvais état des infrastructures et l'insécurité rendent pratiquement impossible le transport de ces excédents vers des zones déficitaires. Le bouleversement de l'activité économique a entraîné beaucoup de chômage, ce qui se traduit par un accès limité aux vivres pour de nombreux chômeurs. Par conséquent, des couches importantes de la population sont désormais dépendantes de l'aide alimentaire et extrêmement vulnérables à la moindre baisse de la production. Quelque 60 à 70 pour cent de la population de l'Equatoria oriental, de Bahr El Ghazal, de la province des Lacs, d'une partie de l'Etat de Jonglei et les zones limitrophes ont actuellement besoin d'une aide alimentaire d'urgence.

Les difficultés de transport de l'aide alimentaire d'urgence imputables à l'insécurité et au mauvais état des routes, ainsi que les restrictions à la distribution depuis début février, ont fait que la population touchée n'a reçu que des quantités limitées d'aide. La situation devrait s'améliorer car le Gouvernement a donné son accord au Secrétaire général de l'ONU début mai en vue d'autoriser des vols supplémentaires pour acheminer les secours dans la plupart des zones du sud. Toutefois, ces vols ont récemment été interrompus par de fortes pluies dans le nord du Kenya, et ces pluies ont aussi emporté des ponts d'importance stratégique pour l'acheminement de l'aide.

Les perspectives des cultures vivrières de la campagne principale de 1998, qui seront récoltées à partir du mois de juillet, dépendent largement des précipitations des deux prochains mois. Toutefois, les premières indications ne sont pas encourageantes. Les semis, qui ont lieu normalement en avril, ont été réduits. De vastes superficies sont restés incultes à cause des déplacements de populations. Selon les dernières images satellite, des pluies tardives, sporadiques et généralement insuffisantes entre la fin mars et la première décade de mai, et des précipitations nettement inférieures à la normale dans le Bahr El Ghazal, Etat le plus touché par la guerre civile, et dans certaines zones de l'Equatoria occidental, ont été enregistrées. De graves pénuries de semences, après la récolte médiocre de l'année dernière, ont également compromis les semis. Les perspectives de récolte cette année sont donc défavorables. Une nouvelle récolte médiocre cette année aurait des conséquences graves pour la sécurité alimentaire de la population, et une famine généralisée pourrait se déclencher si une aide adéquate d'urgence n'est pas mobilisée pour secourir la population touchée.

Les donateurs sont instamment invités à faire de nouvelles offres d'aide alimentaire et à accorder un soutien financier afin d'acheter des semences et des outils pour la prochaine campagne agricole. Un appui pour la distribution de l'aide d'urgence à la population affectée est également nécessaire.

  

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser, pour tout complément d’information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5705-4495, Mél: [email protected]).
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